jeudi 30 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -59

Marcel a des problèmes avec son oeil gauche.
Mercredi 9 février.
Michel téléphone vers 17h. Tiens! d'habitude, c'est le jeudi...Il attend Marcel à 21h près de chez lui. Il le fait marrer quand il lui demande s'il a fait l'amour avec un garçon pendant les trois semaines où il ne l'a pas vu. Lui, paraît-il, n'a pas fait l'amour. Il tripote durement Marcel en lui disant : "Est-ce que tu m'aimes?". Puis il se défoule brutalement.
Jeudi 8.
Concours de dessins pornos au bureau. Rolande a des vues sur une sorte d'extra-terrestre avec un houpet, des palmes et des testicules pendantes. Poiret s'applique : son mec est émacié avec une petite bite qui bande. Marcel préfère un mec rondouillard qui sourit bêtement, et remue son gros cul et son gros sexe. Tout le monde est content.
Carte de Bretagne, provenant de Dany. Il a passé le w.e. chez ses parents et il n'a pas oublié leur rencontre.
Mardi 13.
Rolande se fait faire des cadeaux (briquet Dupont, ceinture en croco, sac en chevreau...) par Poiret.
Marcel : Tu sais qu'elle est la différence entre une putain et une bourgeoise?
Rolande : Non, mais je vais le savoir.
Marcel : Une putain se donne quand on la paye, tandis qu'une bourgeoise se fait entretenir en se donnant le moins possible.
Le midi, Marcel téléphone à Denis et Jean-François. C'est Denis qui lui répond. Ils rentrent leurs griffes de chattes jalouses pour parler Opéra, et surtout disques-pirates. Denis doit aller à Paris pour rapporter une Norma-Callas. Il a reçu une liste des derniers enregistrements parus en Amérique. Des Caballé surtout, dans des inédits (Maria Stuarda, et Adriana Lecouvreur). Et puis ils bavardent -mondainement- de l'appartement de Jehan-Bernard et des travaux de tapisserie qui avancent.
Le soir, il va au cinéma voir "L'Autre" avec Claudine. Un inspecteur, la veille, lui disait que d'après lui il fallait donner à un enfant l'idée du Beau. Et Marcel pensait que c'était aussi dangereux que de lui donner l'idée du Mal. Dans le film, Nice est élevé par sa grand-mère dans un univers mythique. Il ne pouvait pas concevoir qu'il portait en lui quelque chose du Mal. C'est pourquoi, toutes les fois qu'il faisait du mal, il imputait ses mauvaises actions à son frère décédé, avec qui il n'avait jamais rompu le dialogue. Lorsque sa grand-mère s'apercevra qu'elle est allée trop loin, elle voudra à la fois se tuer et détruire son oeuvre. Guidé une fois de plus par l'instinct protecteur de son frère mort, Nice échappera à elle, qui lui avait mis dans le crane des idées fausses parce qu'elle avait pitié de son chagrin, et évitera la mort.
Mercredi 14.
Il passe la soirée avec David, dans la forêt de Canteleu. Comme il ne prend pas la route habituelle, ils vont se fourrer dans un drôle de bourbier. David s'énerve en constatant que Marcel ne bande pas, et il monte sur lui de tout son poids. Son dos est tout en muscles épais. Dommage qu'il soit toujours blanc comme un cachet d'aspirine.
16-17-18. Fin de semaine au Havre.
La mère de Claudine ne s'est pas remise de sa dernière opération. Elle est atteinte d'arthrose cervicale. Durs moments à passer pour Claudine qui doit rester près d'elle toutes les nuits car elle ne peut pas se lever toute seule.
Le samedi, Marcel va chercher des disques à la Maison de la Culture.
Le dimanche, ils ont de la visite : Bernard, une nouvelle venue La Goudoue, et deux autres folles. La Goudoue devait raccompagner les deux folles (elles habitent Louviers) mais elle avait décidé de passer la nuit au Havre avec Marcel. Mais celui-ci n'était pas au courant! Finalement, elle les raccompagnera, vu que le deal ne se fera pas. Elle sera très vexée. Elle aura quand même bien bu, bien bouffé et bien dansé toute l'après-midi.
Le samedi soir, ils étaient allés voir, avec Claudine "Dommage qu'elle soit une putain". Dommage surtout que le cinéma dans lequel passait le film (Le Rio) soit un infect repaire à loubards amateurs de bière et de pétages convulsifs.
Vendredi 23.
Marcel passe la soirée avec Jean-Claude V., un homme d'âge mur, qui travaille dans le commerce, qui a un chien -Domino- et trois chattes, et un joli appartement sur les quais, meublé de rustique.
Samedi 24.
A Paris, avec Claudine. Achat de disques. Il fait froid, mais il ne pleut pas.
Dimanche 25.
Claudine vient le rejoindre à Rouen, et ils vont voir "Les volets clos". Il faut tout le talent de Ginette Leclerc et de Marie Bell pour faire passer un texte aussi insipide. La palme revient tout de même à Laurence Badie, dans un rôle particulièrement ingrat. Jacques Charrier est beau, mais il a bien du mal à se mettre dans la peau de son personnage, d'ailleurs insignifiant. Idem pour les deux Catherine (Rouvel et Allégret). Il reste l'hommage que Brialy rend à Lucienne Bogaert, mais c'est vraiment du petit cinéma.
Mardi 27.
Marcel passe d'une voiture à l'autre. A 18h, un 76, jeune et nouille, qui n'est libre que jusqu'à 19h. Marcel le jette et lance à un parisien : "Je suppose que vous êtes pressé, vous aussi?". Le mec rigole mais lui annonce qu'il veut bien le retrouver à 22h sur la place du Vieux Marché. "Et je compte sur vous!" lui crie-t-il en démarrant. Pourquoi pas? En attendant, Marcel va manger mais, à 22h, il n'y a pas de parisien sur la place. Il décide de ne pas l'attendre et monte dans la voiture d'un habitant de Grand-Couronne. "Ah oui! Le pétrole!". Cette fois-ci, il l'emmène chez lui, il n'a pas envie de le perdre en route. L'homme est barbu, la quarantaine, très tendre. Après l'étreinte, il le raccompagne jusqu'à sa voiture, se laisse embrasser en pleine rue mais oublie complétement de lui demander ne serait-ce que son prénom.
Jeudi 1er mars.
Le vent tourne. Il avait décidé d'aller chez l'oculiste pour savoir, avant de partir en vacances, ce qu'il avait au juste dans son oeil gauche. Mais l'oculiste n'est libre que mardi prochain. Il va donc à Charles Nicolle. L'interne qui s'occupe de lui est jeune et plein de zèle. Mais il n'a pas l'air de se rendre compte qu'il a très mal. Marcel obtient 6 jours d'arrêt de travail, mais il ne peut pas aller au Havre à cause du traitement.
Vendredi 2.
Charles Nicolle. Ca ne va pas mieux. Il passe la journée dans sa chambre, avec une paupière enflée. Il espère bien aller tout de même au Havre le lendemain.

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