mercredi 1 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -40

Marcel fait une balade avec Thierry.
Samedi 18 mars. Week-end au Havre.
Marcel est d'une humeur exécrable. Il est obsédé par Georges et sa Jaguar, alors que Jacques n'arrête pas de l'emmerder avec son amour "incontrôlable".
Claudine, heureusement, a un moral éclatant (perspective d'aller en vacances à Venise -ville qu'elle adore), ce qui lui permet de le supporter. L'après-midi, ils vont voir "Deux hommes dans l'Ouest". Marcel pense qu'avec quelques coupures (10 bonnes minutes) le film aurait pu être formidable. Malheureusement, il y a des longueurs qui sont préjudiciable à la cohésien de l'oeuvre. Claudine, vicieuse comme pas deux, attendait avec impatience la scène du bain. Elle est restée sur sa faim. O'Neal lui a paru moins con que dans "Love Story" mais son jeu manquait de sincérité par un trop grand besoin de convaincre (jeux de visage, rictus...). Quelques très bonnes scènes, toutefois, et une musique réussie en font un spectacle de qualité qui se laisse voir sans déplaisir. Par contre, ils ont trouvé que la scène de l'extraction de la balle ne méritait pas d'être filmée.
La forme peut venir d'un courant d'air, ou simplement d'une ou deux balades dans la nuit étoilée (sortez les violons, Messieurs-Dames!). A 23h, un homme fait monter Marcel dans sa voiture. Ils font pas mal de tours pour trouver un endroit tranquille. Le type est tarte, la bagnole est moche, et il la conduit mal. En plus, il n'a pas la pratique. Enervé, Marcel lui demande de le ramener à l'endoit-même où il l'a trouvé. Il a beaucoup plus de chance avec un minet aux cheveux frisés, qui l'embarque dans sa Renault 12 TL (Très Laborieux) et il est soudain dans une forme exceptionnelle. Pendant un quart d'heure, le minet va se demander quelle sorte de mec il a fait monter dans sa chiotte.
Marcel : Comment vous appellez-vous?
Lui : Thierry.
Marcel : Thierry! Je n'ai jamais rencontré de Thierry. C'est doux, comme prénom. Vous sortez du cinéma?
Thierry : Non. J'ai dîné en famille. Le repas s'est prolongé.
Marcel : Et vous êtes allé faire un tour. Pour vous changer d'air.
Ils arrivent sur l'esplanade de la plage, où ils s'arrêtent. Une main, que Marcel glisse dans l'ouverture de la chemise de l'homme, lui prouve qu'il va avoir de quoi s'occuper : la poitrine est forte et poilue. Ils s'embrassent.
Marcel : Je ne crois pas que nous allons pouvoir rester ici : c'est le rendez-vous des couples normaux.
Thierry rit, le regarde, à la fois dubitatif et amusé. Ils repartent, du côté de Sainte-Adresse. Là, ils s'arrêtent dans une rue.
Marcel : J'espère que vous avez des siéges-couchettes.
Thierry : Oui.
Marcel : C'est une bonne chose. Je suis déjà monté dans une voiture qui n'en avait pas. Le lendemain, en me réveillant, j'avais des courbatures partout.
(Il appuie sur la manette pour faire baisser le siège).
Marcel : Tiens, c'est comme dans la DS.
Thierry : Vous êtes déjà monté en DS?
Marcel : Bien sûr! J'ai tout essayé!
(Thierry se couche sur lui. Marcel le déculotte à moitié. Pas mal. Tout ce qu'il faut sous la main pour ne pas s'ennuyer).
Marcel : Je tiens à vous prévenir : je vais avoir du mal à bander. Je viens de faire l'amour, il n'y a même pas une heure.
(Thierry lui adresse un nouveau coup d'oeil, intrigué et surpris. Des voitures passent et repassent sans arrêt).
Marcel : Vous croyez que c'est l'endroit idéal pour faire l'amour?
Thierry (se redressant, et s'adressant aux automobilistes) : Merde! Ils me font chier à la fin, pour parler poliment!
Ils rient et repartent.
Marcel : Au lieu de tourner en rond, je crois que le plus simple c'est d'aller chez mon amie.
Thierry : Mais qu'est-ce que vous allez lui dire?
Marcel : Eh bien, je vais vous présenter à elle, tout simplement.
Thierry conduit, d'une main, lentement. Ils ont envie l'un de l'autre. Marcel est lucide, d'une humeur ironique et sensuelle. Le mec a un corps magnifique : tout est parfait. Ils arrivent chez Claudine. Elle n'est pas là.
Thierry (perdant soudain son aplomb) : Que va-t-elle dire quand elle va rentrer?
Marcel : Mais rien.
Il l'installe sur le divan et lui sert un scotch. Puis il le drague. Au début, Thierry hésite. Marcel lèche les poils de sa poitrine avec une délectation non feinte. Thierry devient dingue et le renverse sur le divan. Ils font l'amour, le pantalon sur les chevilles. Il était temps! A peine reculottés, la porte s'ouvre. C'est Claudine. Seule. Elle n'apprécie guère, au tout début, mais elle s'installe à l'autre bout du divan, se sert un verre. L'atmosphère se détend très vite, et ils s'entendent comme trois phénomènes (Freaks) à la Foire du Trône. Il est plus d'une heure du matin lorsque Marcel met l'Adagio d'Albinoni. Il est aux anges, entre sa copine et son amant qui plaisantent et se mettent en boite avec une parfaite harmonie. A 2 heures, il reconduit Thierry jusqu'à la porte, et regagne le lit de Claudine.
Dimanche 19.
Fatigue. Soleil. Ils vont à la plage, voir le premier défilé de la saison. Peaux blanches ou rouges, sous la chaleur. Ils passent deux heures sur le peu de sable que les galets laissent entrevoir. Ils rentrent, crevés.

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