jeudi 23 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -54

Marcel autopsie César et Rosalie.
Dimanche 19 novembre.
Excellente fin de semaine. Il n'avait décidé de remonter dans la voiture de David que lorsqu'il serait totalement décontracté vis-à-vis de lui. Il semblerait que ce soit désormais chose faite : vendredi soir, lorsque la voiture arrive rue du Baillage, qu'il passe, et qu'il suffise que Marcel lui adresse un sourire pour que l'homme s'arrête aussitôt. Inoubliable heure d'amour. Force et tendresse. Libération de puissances et de sentiments qui étaient en attente, qui s'étaient mis entre parenthèses pour pouvoir mieux se déchaîner... Aussi, lorsque samedi soir, Philippe le rencontre et lui paye un pot, c'est calmement qu'il l'accueille, sans lui reprocher de ne plus vouloir faire l'amour avec lui, mais dans l'expectative d'un nouveau rendez-vous qui lui permettra d'apprécier à nouveau la beauté de son corps musclé de loubard des Halles.
Dimanche, Claudine vient le voir. Elle est dans une forme superbe. Depuis son aventure ratée avec Guy elle s'est considérablement décontractée. Ils passent la journée à se marrer comme des petites fous (folles). Comme ils montent à pied la côte pour aller à l'Ariel, elle lui dit : "Il fut un temps où j'avais un chauffeur (Guy), mais monsieur n'a pas été content de mes services, et il m'a donné congé". Puis, à l'Ariel, au bout d'une demi-heure de film (César et Rosalie) : "Dis donc, tu trouves pas que la fille qui joue ressemble drôlement à Romy Schneider?". Marcel, quant à lui, trouve que le film aurait dû s'arrêter au moment où Romy (Rosalie) écrit à Sami Frey (David) alors qu'elle est partie en Vendée. Tout le reste, à partir de ce moment-là, lui a paru constamment faux.
Autopsie de César et Rosalie, par Marcel (sans l'approbation de Claudine).
Ah c'est formidable! ça démarre sur des chapeaux de roue. Montand est formidable -il en fait juste un tout petit peu trop au début, mais ça ne se voit pas; Schneider est formidable -ça fait dix ans en France qu'elle joue le même rôle, mais quelle importance du moment qu'elle a réussi à s'échapper du rôle de Sissi, n'est-ce pas?; quant à Sami Frey, il a trouvé de l'épaisseur, de la maturité virile -c'est important, car il n'a pratiquement rien à dire. Tout est parfait. Pendant une heure on s'emballe pour César, on reconnaît l'intelligence de Rosalie, on voudrait coucher avec David. Tout ce petit monde s'aime, se quitte, se rattrape, se requitte... ("Au fait, lui dit le mec de l'Instruction Civique, le lundi matin au bureau, alors si j'ai bien compris : César couche avec Rosalie, Rosalie couche avec David, et David couche avec César?") - on croirait entendre "Le Toubillon" avec la voix ironique de Jeanne Moreau. Et puis crac! tout s'écroule. Pourquoi? Parce que le réalisateur n'a pas eu la présence d'esprit, l'intelligence ou l'intuition, d'arrêter son film au moment où Rosalie, installée avec César en Vendée, écrit à David, resté à Paris, cette lettre géniale qui est un véritable point final. Mais non! il restait une demi-heure, alors on brode, on fait revenir David, on fait repartir Rosalie, on continue et on s'essouffle. Le spectateur commence à se demander si on ne se fout pas de lui, la vraisemblance vacille et le film se termine en catastrophe par le retour de Rosalie. Le plaisir de la première heure s'est estompé, a disparu.
24-25-26. Week-end au Havre.
Vendredi matin (le 24) Marcel fait un rêve érotique, vers 6h30. Est-ce le fait de n'avoir pas revu Georges? Il rêve qu'il est dans un couloir et qu'un type le serre dans ses bras. Celà pourrait être chez ses parents, à Tours. Marcel lui met la main à la braguette, mais son sexe ne bande pas. Alors il baisse sa culotte et lui offre ses fesses. "Tu veux la fessée?" lui dit l'homme. Il répond : "Oui, mais pas ici. Montons dans ma chambre". Manque de pot, au moment où ils montent, son rêve le quitte.
Le soir, à Rouen, le train a une heure de retard. Il débarque au Havre à 20h30 au lieu de 19h30. Pense-t-il que Claudine se serait inquiétée? Pas du tout, elle est installée dans le salon avec Didier, un jeune mec pas trop con. Marcel s'en fout, il est dans une forme sensass. Il prépare une omelette et ils passent tous les trois à table. Après le dîner, ils boivent en écoutant des disques. De whisky en whisky, Marcel prend une cuite mémorable. A 1h30 du matin, il les laisse pour aller prendre l'air, et quand il revient, Didier s'étant volatilisé, il a juste la force de s'écrouler sur le plumard.
Samedi 25, il se lève de bonne heure pour ranger et faire sa toilette pendant que Claudine est partie travailler. A 9h30, Didier rapplique. Marcel l'installe dans le salon et va faire des courses. Il le retrouve une heure plus tard plongé dans l'écoute de l'Adagio d'Albinoni. L'après-midi, il retourne faire des courses avec Claudine. Ils se couchent à 20h30, crevés. Le dimanche, pendant que Claudine va manger chez sa mère, Marcel fait du crochet.
Lundi 27.
Le chef n'est pas là pendant une semaine. Cette nuit, il a de nouveau rêvé. Le propriétaire venait le voir et se déculottait devant lui (ventre, sexe et cuisses nus) pour lui donner un bouton à recoudre. Et puis il se mettait tranquillement à causer avec Claudine, qui était là, elle aussi, et leur bavardage l'énervait tellement qu'il finissait par les foutre dehors à coups de pied dans le derrière.
Mardi 28. Tard le soir.
Un autre homme au corps tout en muscles, un autre visage à oublier, une autre voix qui insiste pour avoir son numéro de téléphone, avant de repartir... Alain? Michel? Une tête de mâle, marié, père de trois enfants... La routine.

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