vendredi 10 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -45

Marcel envisage de déménager.
Mardi 25 avril.
Marcel commence à chahuter avec la nouvelle dactylo, JoJo, dix-huit ans, qui vient taper le courrier l'après-midi. Elle est au bureau depuis 15 jours, elle en a déjà entendues des vertes et des pas-mûres, Rolande et lui ne mâchant pas leurs mots, mais elle n'est pas bégueule. Elle s'y est faite très vite et maintenant elle réplique et devient insupportable avec lui, ce qui ne plaît pas à Rolande qui l'avait pourtant "gentiment avertie" : "Il ne s'intéresse pas aux filles, c'est un homosexuel!". Résultat : elle est tout le temps en train de le taquiner.
Du vendredi 28 au lundi 1er mai.
Week-end passé au Havre, à se reposer et à bouffer. La rupture avec Rolande semble définitive, et celà à cause de Martin. Celui-ci, en effet, ne peut plus accepter Marcel. Voulant revenir à une vie "normale", le Guadeloupéen ne veut plus entendre parler de son passé, et maintenant qu'il est l'amant -et le futur mari- de Rolande, il va tout faire pour se débarrasser de ses anciennes amours. De plus, son orgueil a terriblement souffert à la lecture de la lettre de Marcel lui précisant qu'il n'avait été pour lui qu'une aventure, un "amant de passage" parmi tant d'autres...
Heureusement, Claudine ne peut pas sentir Martin, c'est une chance car celui-ci aurait pu tenter de l'influencer et de la mettre de son côté.
Bien entendu, Rolande était au Havre durant ces trois jours. Mais elle s'est retranchée chez Martin. Les Sammy sont venus, et ils ont fait la navette entre les deux couples, un peu amusés par ces divergences qui ne pouvaient guère les perturber.
Vendredi 5.
Hier soir, en sortant du bureau, Marcel rencontre Michel, de la Grand-Mare, puis, en arrivant rue des Sapins, Jacques. Ce soir, c'est Michou, qui a retrouvé du travail et qui est redevenu aussi dingue qu'avant.
Ce midi, Rolande lui avoue, au Donjon, que ce n'est pas elle qui cherche la rupture, et qu'elle avait voulu venir prendre l'apéritif, le 1er mai, chez Claudine, mais que Martin l'en avait empêchée.
Marcel va voir rue Saint-Patrice, pour un autre meublé. Il doit emménager lundi soir. Il en a marre de la rue des Sapins : ses voisins font du bruit, il dort mal, il a froid et il paye trop cher.
Hier soir, il a fait un rêve érotique, très court mais libérateur. Il était avec un type, ils étaient en pleine phase amoureuse, et il a ressenti les deux jouissances : d'abord celle du mec, et puis la sienne. Il s'est vraiment donné à fond. Tous ses nerfs et ses muscles se sont détendus. Il s'est retrouvé avec un pyjama et des draps pleins de sperme. Ca faisait comme une sorte de pléxiglas. Il n'arrivait pas à s'en débarrasser. L'inspecteur Lerméchant est entré dans la chambre, il a regardé tout ça et il s'est écrié : "Mais c'est du conin!". Il s'est réveillé, mouillé. Il n'était que minuit trente.
Lorsqu'il commence à se demander à quelle date il a revu David pour la dernière fois, il peut être sûr de le revoir dans le courant de la semaine. Ca ne rate pas. Il se radine, à plus de minuit, et lui fait un beau sourire. Puis il va se garer juste devant les tasses de la rue du Baillage, et attend qu'il vienne le rejoindre. Ils sont heureux d'être dans les bras l'un de l'autre. Et quels bras! Ils sont plus amoureux que d'habitude : ils n'arrêtent pas de se bécoter! Sur le retour, Mme Soleil débite ses conneries, et ils se foutent copieusement de sa gueule.
"J'ai vu - ou revu- tellement de personnes en 2 jours, se dit Marcel, que je peux rester un mois sans voir ou parler à personne!".
Dimanche 7.
Avec Claudine il va voir "Carnal Knowledge". "Pour tous ceux qui parlent d'éducation sexuelle, proclame Claudine, voilà le film qu'il faut aller voir! C'est complet, sans guimauve, c'est à déguster, à savourer, et ça donne à réfléchir". "Oui, renchérit Marcel, et ce qui ne gâche rien, c'est que Jack Nicholson est un sacré putain d'acteur!".
Lundi 8.
Marcel devait emménager. Claudine lui téléphone pour savoir si, en dernier ressort, il va voir La Caballé avec elle, à Paris. Il est obligé de dire non puisqu'il a promis à la logeuse de la rue Saint Patrice de venir vers 19h. Et voilà que cette dernière lui annonce qu'elle a loué la chambre à quelqu'un d'autre. "Mais, lui dit-il, je vous avais téléphoné vendredi. C'était d'accord!". Le plus bête c'est qu'il ne doit s'en prendre qu'à lui-même : il n'avait pas laissé son nom et pas laissé d'acompte. "Le comble, ajoute-t-il à la femme, c'est que je connais Jaime, le propriétaire!". Un de ses premiers amants Rouennais. Et le voilà justement qui se radine. "Merde! dit-il en voyant Marcel, si j'avais su!". Enfin, ils conviennent que si une autre chambre se libére, à la fin du mois....
Il retourne donc rue des Sapins.
Mardi 9.
Claudine est superbe, en robe Cacharel beige clair. Elle lui annonce que La Caballé s'est trouvée mal dans la deuxième partie de son récital, en plein "Addio del passato" alors qu'elle venait d'avoir une ovation monstre dans l'air du saule, de l'Otello de Verdi ("comme jamais personne ne l'avait chanté auparavant" rajoute-t-elle, toute émue) . Marcel a la chair de poule en l'écoutant.
Le soir, il va draguer. A la gare, il retrouve un ancien copain, qui l'emmène en voiture place du Vieux Marché. Resté seul, il drague un parisien qui le dédaigne. Arrive Jacques, en voiture, qui le ramène à la gare. Il y retrouve un autre copain, et le parisien de tout à l'heure, en train de parlementer ensemble.. Celà lui fout un tel fou-rire ("le copain est bien gentil, commente-t-il, mais sans me vanter, je suis tout de même bien mieux foutu que lui!") qu'il accepte de se faire raccompagner par Jacques. Une fois arrivés devant la grille il lui lance "Bon alors, tu viens?". Jacques est tout heureux. Il est 23h. Marcel le déshabille et lui dit : "Je te signale qu'à 23h je veux être couché!". L'autre lui fait l'amour en vitesse et repart sans se faire prier.
Mercredi 10.
Au bureau, il lance à Rolande : "Tu seras mariée, heureuse peut-être, tu auras des enfants, et puis, dans 10 ans, peut-être plus, tu ouvriras la radio, et tu entendras une certaine musique...tu comprends ce que je veux dire? On ne peut rien contre ça, RIEN!".
Au Gros-Horloge, où ils sont allés prendre un chocolat, elle se laisse enfin aller : "Martin et moi, nous nous aimons. Mais j'ai l'impression qu'en me mariant avec lui, je vais me caser. Or, je ne veux pas me marier pour me caser. Si je m'étais mariée avec toi, je ne me serais pas casée. C'est drôle, je t'ai toujours imaginé avec une femme et un gosse, et tu étais heureux!".
Son mariage avec Martin est prévu pour décembre.
Vendredi 19 - Samedi, dimanche, lundi - Week-end de Pentecôte au Havre.
Samedi après-midi, les Sammy arrivent pour l'apéritif. Ils mangent (omelette aux fines herbes et champignons) puis ils vont à l'Hôtel de Ville pour la soirée cinéma. Hélas, les "chefs d'oeuvre" qu'on leur sert, dont un interminable Griffith, ne leur apparaissent pas les bienvenus. Dommage. Ils rentrent boire la sangria.
Dimanche. La matinée passe vite. Ils déjeunent (pâté, saumon, thon, paupiettes de veau, jardinière, cerises à la crème) puis ils vont faire un tour à Tancarville. Il fait beau. Les Sammy les quittent vers 18h.
Lundi, ils vont à la plage, l'après-midi. Le soleil arrive à percer et à les faire rougir. Marcel rentre tranquillement à Rouen, à 21h.

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