jeudi 16 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -50

Marcel retrouve la routine Rouen-Le Havre.
Lundi 31 juillet.
Coup de téléphone, vers 11h, de Jehan-Bernard. Rendez-vous pris pour le soir, 19h. Il se radine avec Christophe, ainsi qu'un vieux que Marcel connaissait déjà (doux et bon-enfant) et une vieille tante rouennaise assez énervante. Soirée sans intérêt, mais où il apprend quelques nouvelles assez étonnantes. D'abord que Burt, depuis le 14 juillet, n'a pas donné signe de vie à Christophe. Départ pour New-York compromis, donc? Ensuite que Tim, lorsqu'il est saoul, n'est pas drôle : Christophe, la première fois qu'il est venu au château, en aurait fait l'expérience. Tim lui aurait demandé de descendre avec lui à la cave et là, saisissant une bouteille de vin d'une main et ouvrant sa braguette de l'autre, l'aurait menacé de lui fracasser la tête s'il ne lui faisait pas une petite gâterie. Marcel n'en reste pas moins sur sa position initiale : Tim lui est apparu comme un homme intelligent, cultivé, et en tout point remarquable.
Mardi 8 août.
Marcel a fêté son anniversaire (28 ans) avec un nouvel amant, Philippe, et une lettre de Tim (qui lui exprime son amitié).
Il a dragué Philippe hier soir. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas couru après un mec : 21 ans, des fesses de cheval, un membre superbe. Ils ont fait l'amour rue Jean Revel.
Au bureau, il y a deux nouveaux arrivants : le rédacteur, Poiret, qui est là depuis le 1er juin en remplacement de Peter, parti à Bonsecours, et Sylvie, arrivée le 1er juillet, stenodactylo. Poiret est jeune, fade physiquement (par rapport à Peter), intellectuel et argumenteur. Sylvie est sympathique, directe, très vive et très enjouée.
Jeudi 10.
Hier soir, rendez-vous à 20h30 avec Philippe. Ils vont prendre un pot, puis ils vont faire l'amour chez Marcel.
Marcel : Monte sur moi.
Philippe s'exécute.
Marcel : Qu'est-ce que t'es lourd!
Philippe : Dis tout de suite que je suis gros!
Marcel : Non, pas gros : lourd.
Philippe : Tu te fous de ma gueule?
Marcel : Mais non!
Philippe pèse sur lui de tout son poids : "Je voudrais que tu ais des marques partout, demain, quand tu iras travailler" et puis : "Je ne te fais pas mal?" et, dans un sanglot : "Dis-le moi si je te fais mal! Je ne veux pas te faire de mal!".
Après l'amour ils restent allongés, puis ils vont prendre un pot. Marcel le raccompagne jusque chez ses parents. En passant dans une rue sombre, déserte, il lui palpe les fesses. Du deuxième étage, un type leur lance : "Hé, là-bas, vous voulez que j'appelle la police?". Ils éclatent de rire. Après avoir quitté Philippe, Marcel rentre par le boulevard des Belges. Un type, saoul sans doute, tape contre une porte obstinément fermée. Une fenêtre s'ouvre. Un homme, en chemise, fait : "Chut!". Le type l'apostrophe : "Va te faire enculer!". La chaleur ne rend pas les gens aimables.
Aujourd'hui, ne sachant toujours pas ce que fait cette andoulle de Jehan-Bernard durant le week-end, Marcel lui téléphone. Aussitôt, l'autre éclate violemment : "Dis-donc, qu'est-ce que c'est que ce mec que tu as présenté à M.C.? C'est un gigolo, une pute!". Marcel réplique : "Ce n'est pas moi qui l'ai fait venir au château, c'est M.C. qui est venu nous chercher". Paraît-il que la châtelaine se serait entichée de Patrice au point que celui-ci voudrait s'y installer, et que M.C. ne saurait plus quoi faire pour se débarrasser d'un garçon devenu trop envahissant.
Marcel éclate à son tour : "Après tout, c'est de la faute à M.C. Il lui a tout promis dès le premier jour : le secrétariat, les voyages autour du monde et les vacances à Rome! Pas étonnant que Patrice se soit monté la tête!".
Jehan-Bernard se calme un peu et, d'une voix gémissante : "Mais il fallait prévenir M.C. Tu comprends, quand je lui présente quelqu'un de louche, je lui dis : "Attention, M.C.!" et alors il est seulement question de se l'envoyer....et rien d'autre!".
Mercredi 16.
Le week-end s'est déroulé au Havre, sans Jehan-Bernard qui avait envisagé de venir mais qui s'est désisté. Rolande était en forme. Ils ont beaucoup bu mais ils n'ont jamais été ivres. Claudine a été insupportable, querelleuse, de mauvaise foi, aigrie... Willy est venu leur rendre visite, avec un nouvel ami, Bernard. Marcel remarque tout de suite sa mauvaise dentition, son col roulé troué, et son extraordinaire vitalité. D'emblée, il sait qu'il ne couchera jamais avec lui mais qu'il s'en fera un formidable ami, si tout se passe bien.
Ce soir, il attend Philippe, qui ne vient pas. Enervé, il va draguer, un Nantais (Alain), bronzé. Il l'emmène chez lui et, dans le lit, il le bouscule. Il veut se venger de Philippe, et la lutte les déchaîne. Les coups succèdent au délire érotique. Avant de partir, épuisé, Alain lui balance : "Dans les lieux de drague, on ne rencontre que des voyous, des dégénérés ou des folles!". Marcel préfère ne pas répondre.
Jeudi 17.
A 13h, il va crânement trouver Philippe sur son lieu de travail, sous les Halles. A voir son oeil, il comprend tout de suite que le mec n'a plus envie de coucher avec lui.
Marcel : Tu veux me revoir?
Philippe : Oui. Quand? Ce soir?
Marcel : Si tu veux.
A 18h, il va retrouver Rolande, et ils vont à la clinique Sainte-Anne, où Réjane a accouché hier soir d'une petite fille, Béatrice.
Philippe se radine rue Jean Revel, vers 21h. Il nargue Marcel : "Tu ne peux pas te passer de moi?". Marcel accuse le coup et, le déculottant, se dit : "Ok. Puisque c'est la dernière fois, profitons des appâts qu'on nous offre".
Jehan-Bernard a téléphoné pour lui annoncer que Christophe est finalement parti retrouver Burt à New-York.
Fin de semaine calme, à Rouen, seul. Samedi soir (19) il bavarde pendant une heure avec un copain, et lui demande s'il connaît Philippe. Oui, il le connaît de vue. Il l'a même vu faire les tasses de la place du Vieux-Marché, après avoir quitté Marcel, le jeudi soir, et repartir avec un mec.
Dimanche soir, il retrouve Patrice et va prendre un pot avec lui : il a trouvé du travail et c'est fini avec M.C. Marcel envoie une lettre à Jehan-Bernard : "Tu vois, c'était pas la peine de m'engueuler... et de faire tout ce tapage!". Et sa nouvelle "Le Couple d'Hommes" à trois éditeurs.

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