samedi 18 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -51

Marcel n'est pas "inabordable".
Jeudi 24 août.
Marcel feuillette son journal : comment s'appelle donc cet homme, marié, père de famille, avec qui il a pratiqué l'empoignade sexuelle? Alain-le-Nantais? Oui, c'est celà.
Ce soir, à la gare, il dort sur son volant. Marcel le réveille, histoire de s'amuser. Le mec repart à l'attaque : il voudrait être libre, ne plus avoir de femme, etc...
Marcel : Tu es fatigué ou bien déprimé?
Alain : Déprimé.
Il le fait monter chez lui, la lutte commence.
Marcel : Dépêche-toi! Je ne veux pas me coucher tard.
Alain : Tu me feras crever!
Marcel : Mais non! C'est ta double-vie qui te fera crever. Pas moi.
25-26-27.
Week-end calme, dans l'ensemble. Il prend son après-midi de vendredi, et débarque au Havre à 13h. Le temps de manger, et il est à 14h15 à la plage. Un bouquin assez dément : "Le requiem des blondes" de Chase, où l'on sait, arrivé au milieu, que c'est Esslinger qui a fait le coup puisque l'auteur parle de tous les autres sauf de lui, mais où les derniers chapitres sont bougrement palpitants. Le soleil est là, et le bronzage italien ne tarde pas à refaire surface.
Samedi 26, beaucoup de dragueurs sur la place. Serge, un barbu déjà consommé, le redrague et l'invite à monter. Mais à la place de sa voiture de sport, il a une vulgaire 4L. Marcel a un pressentiment, mais il monte quand même. En pleine cambrousse, Serge l'avertit : seul son siège fait couchette. "Ca va être chié!" s'exclame Marcel tandis que l'autre se débarrasse de son pantalon et de son slip. Prudemment, il commence avec la bouche...et s'arrête en chemin : "Y a une vache qui nous regarde!" - "T'occupe pas de la vache!" fait Serge qui s'excite brusquement et veut lui monter dessus.
Marcel : Non, pas ici. J'ai peur.
Serge : De quoi as-tu peur?
Marcel : Je ne sais pas. Raccompagne-moi, je veux rentrer. On finira ça chez moi...
Et au moment où il se redresse, il voit par le rétroviseur deux gendarmes qui se radinent, torche à la main.
Marcel : Magne-toi! les flics!
Serge ne réalise pas. Il est allongé, les couilles à l'air. Les autres se rapprochent et les regardent, étonnés : "Mais c'est deux mecs!". Serge n'arrive pas à remettre son slip. Marcel a remis le sien n'importe comment. Heureusement, la voiture n'a pas de poignées extérieures. Tandis que les gendarmes leur ordonnent d'ouvrir, ils remontent leur froc. Les flics prennent leurs papiers, s'en vont rejoindre leur véhicule. Ils les entendent rire.
Marcel : Qu'est-ce qu'ils vont faire?
Serge : Ils vont se marrer, et puis nous laisser partir.
C'est ce qu'ils font. Serge est un peu accablé.
Marcel, en éclatant de rire : "Au moins, tu te souviendras de moi!".
Vendredi 1er septembre.
Semaine nulle. Il sort tous les soirs, sans succès, sans envie, morose, terne, obsédé par une rencontre inattendue qui le transporterait au-delà de la routine. Il voit souvent Gladys, ami de Michou, et qui l'amuse par sa conversation, mais que de changements depuis Chez Germaine!
Samedi 2.
Il passe la journée à Paris, avec Rolande. Et c'est à 21h, au moment de partir, qu'un beau garçon le drague dans la gare Saint-Lazare. "Je peux rentrer toute seule" lui dit Rolande. Non, il rentre avec elle.
Dimanche 3.
Il se lève, de très mauvais poil : il a fait un rêve érotique qui l'a laissé humide, mais dont il ne se souvient pas. Il n'aime pas perdre son sperme inutilement. L'après-midi, il se couche, seul, de 13h à 16h, tandis qu'une idée de roman lui trotte dans la tête.
Lundi 4.
Affaire David - et Canteleu- terminée. Il passe, repasse, au volant de sa chiotte, et ne s'arrête pas. A classer, malgré le dépit (amoureux).
Décidément, l'ambiance est à chier. A la gare, il commence par se faire engueuler par un type parce que, soi-disant, il n'arrête pas de le regarder. Or, il se trouve que si Marcel le regarde c'est parce que, justement, l'autre le regarde aussi! Il faudrait savoir!
Place du Vieux-Marché où il a atterri, un type en arrêt, grand, baraqué, le dévisage. Ah non! ça va pas recommencer! Il va faire un tour. A 23h, ne voyant plus rien à l'horizon, il s'apprête à remonter chez lui lorsque le mec baraqué se radine en voiture. Croisements d'yeux. Il lui fait signe de monter. Direction rue Jean Revel.
Le baraqué : Je vous ai vu pendant un an. Vous passiez près du lycée Corneille...
Marcel : Rue Bourg-l'Abbé. J'y travaille.
Le baraqué : A chaque fois, vous détourniez la tête.
Marcel (incrédule) : Je ne vous ai jamais remarqué.
Le baraqué : Je vous ai vu plusieurs fois au Café de la Poste, avec une femme.
Marcel (haussant le ton) : Une jeune fille blonde!
Le baraqué : Je ne sais pas si elle est blonde. Pour moi, elle est informe. Vous étiez le type même de l'homosexuel, mais quand je vous regardais, quelque chose fuyait, m'échappait. Vos yeux vous barrent le visage. On y lit une angoisse, un tourment...
Marcel n'en croit pas ses oreilles. Le type continue, longuement. Marcel regarde sa montre : il est 1 heure du matin.
Marcel (envoyant balader ses chaussures et ses chaussettes) : Vous allez me laisser dormir, maintenant.
L'homme se lève, déçu, regarde ses pieds nus : "Nous reverrons-nous?".
Marcel : Je ne crois pas.
Le baraqué : Je ne vous serre pas la main, j'ai horreur de ça.
Marcel (excédé, énervé) : Eh bien, embrassez-moi!
Le baraqué : Si je le fais, vous n'irez pas vous coucher.
Il ouvre la porte, Marcel se lève d'un bond, referme la porte, se jette sur lui, le fait tomber sur le lit : "Merde à la fin! Tirons un bon coup et n'en parlons plus!".
Mardi 5.
Claudine vient lui apporter The Gramophone. Rue Jeanne d'Arc, ils rencontrent Patrice qui leur paye un pot au Donjon. Ils boivent, et comme Patrice commence à les pomper avec ses histoires de job, de fric et d'amourettes, ils prétextent un rdv pour s'éclipser.
Marcel se couche, à 21h, crevé. Le baraqué de la veille était chiant, mais il avait un sacré membre!
Mercredi 6.
Eh bien, ça y est : la forme est revenue! Pourquoi? Mystère! Le nouveau rédacteur, Poiret, s'est mis à déconner. Au lieu de dire "Petit-Quevilly" il dit "Petite-Couille-Vieillie" ce qui a le don de le plier en deux. Quand l'affreux Machin-man, de l'Instruction Publique, se radine en demandant un bonbon et qu'il dit : "Il n'y a donc rien à sucer, ici?" Marcel ne se tient plus. Et pourtant, il devrait être triste : Gallimard et Julliard lui ont refusé sa nouvelle. Mais non : il s'amuse comme un petit fou. Il a profité que le chef n'était pas là pour se raser les poils de la poitrine dans les chiottes. Rolande est en vacances, et elle refuse de le voir pendant une semaine parce qu'elle aime bien "les retrouvailles"! Il se marre. Quant à Sylvie, au bout de deux mois de présence, faut voir comment elle parle : "Merde! Vous me faites chier! Il est chié, celui-là! etc, etc...). Quand Léontine proclame : "C'est moi qui commande, ici. C'est moi la plus vieille!" Poiret réplique : "Very funny : un bureau de débiles commandé par une sénile!".
Vendredi 8.
Marcel est au Havre. Son horoscope lui annonce un changement pour 22h. A 22h05 il monte dans la voiture d'un homme qui s'étonne de le voir au Havre. C'est le deuxième en une semaine (le premier était le baraqué) à lui dire qu'il l'a déjà vu et qu'il le trouve "inabordable"! Marcel n'en revient pas! Et les voilà à plus de 20 kms du Havre, dans une ancienne ferme-étable que l'homme a aménagée.
Marcel (vexé) : Si je suis si "inabordable" qu'est-ce que je fous avec vous? Ramenez-moi donc au Havre et laissez-moi tranquille!
Le mec (à poil dans le lit) : Si tu as envie de faire du stop....
Marcel (brutal) : La marche à pied, ça ne me fait pas peur!
L'homme se lève, furieux : "Bois un coup, ça te donnera des forces!
Ils boivent, mais c'est lui qui est saoul. Dehors, il titube.
Marcel : Vous croyez que vous allez pouvoir conduire?
Il n'en sait rien. Il roule doucement, presque toujours à gauche. Heureusement, il n'y a pas d'autres voitures. Il le laisse devant chez Claudine et lui dit qu'il le prendra samedi prochain à 20h devant la gare de Rouen, pour aller bouffer chez des amis à lui. Marcel n'en croit rien et le laisse filer. "Mensonges! marmonne-t-il. Et ils disent que c'est moi qui suis compliqué!...".
Samedi 9.
Après l'incident des gendarmes, il a décidé de ne plus faire l'amour en voiture. C'était bon avec David, parce qu'ils s'aimaient, mais les autres....
Il voit Bernard et Willy, avec leurs minets. Ambiance gentiment folle.
Dimanche 10.
Paisible. Il fait des essais au magnéto. L'amitié continue entre Claudine et lui, mais sans le secours du lit. Il lui dit : "Tu es mon vieux pote!". Elle rit : "Et toi, ma vieille tantouse!".
Carte de Christophe, l'ami de Burt, des USA.

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