samedi 1 août 2009

La (petite) vie de Marcel -60

Marcel retrouve Gillou.
3-4-5 mars. Le Havre.
Ecoute de l'enregistrement officiel de La Norma, avec le couple Caballé-Cossotto.
Visite de Bernard, qui a semble-t-il l'intention de s'installer définitivement (?) à Louviers, chez une de ses nouvelles copines.
Samedi 10. Le Havre.
Il y a des proverbes qui mettent en valeur les vertus de la patience. Steinbeck prétend ("East of Eden") que le mieux, quand on s'est fixé un but, c'est de l'oublier. Mais ce n'est pas toujours évident (Peut-on oublier qu'on va mourir un jour?). Il y a deux ans, Marcel rencontrait Gillou, et se prenait pour lui d'une passion physique irraisonnée. Le flamboiement dura peu, la guerre civile se déclara, puis la rupture. Ils avaient eu des torts. Peut-être, plus tard, ils pourraient se revoir, remettre sur le tapis (de catch?) leurs différences...Marcel perdit son adresse, oublia son numéro de téléphone. On lui parla de lui, il en parla à Rolande (l'année dernière, alors qu'elle sortait avec Martin, le Guadeloupéen). De temps en temps, il repensait à ses fesses en béton, à ses cuisses de footballeur, à son étreinte maladroite et brutale.
Ce soir, sorti pour prendre l'air, Gillou l'interpelle. Il monte dans sa nouvelle voiture , et ils vont dans sa nouvelle piaule. Très bien aménagée. Marcel s'assoit sur le divan, Gillou sur le fauteuil.
Marcel : Tu peux venir t'asseoir près de moi, je ne te boufferai pas!
Il obéit et ils causent. Marcel regarde son corps et se dit qu'il n'a pas changé : la masse des reins et des cuisses est la même. Ses mains l'attirent. Il remet en place une mèche de ses cheveux, et ils se retrouvent l'un sur l'autre. Deux ans! Qui aurait pu lui faire oublier la force de son corps? Ils restent une demi-heure sans presque bouger, enlacés étroitement. A minuit, Marcel lui demande de le raccompagner.
Dimanche calme avec Claudine : musique et gastronomie peinardes.
Mardi 13.
Le soir, il téléphone à Gillou. Comme il y a deux ans, celui-ci lui parle de sa soif d'avoir un ami. Il a cette étrange manie, comme Claudine, de s'emmerder tout seul chez lui. Il lui dit qu'il va acheter un appartement pour la fin de l'année et qu'il voudrait qu'il vienne habiter avec lui. Marcel se sent étrangement déçu. Se retrouver au Havre, entre quatre murs, avec un type costaud, certes, mais jaloux, pantouflard et renfermé? "Ah non! Plutôt crever!". A 22h, il sort pour retrouver le mec de Grand-Couronne, qui le pelote dans la rue, l'embrasse dans sa bagnole.
Marcel : Tu n'es pas un peu fou?
Le mec : Oui, je suis fou de toi!
Chez lui, Marcel se laisse faire. Ensuite, ils bavardent un peu, allongés, et le mec veut remettre ça.
Marcel : Non, je suis fatigué.
Le mec (insistant) : Je t'en prie, mon chou!
Mais le chou n'a pas envie de se faire défoncer une seconde fois, le repousse hors du lit et le renvoie à sa femme.
Lundi 26.
La mère de Claudine est décédée (samedi 17). Bien entendu, Marcel était au Havre, près d'elle, et l'a aidée de son mieux. Quant à l'affaire Gillou, elle ne lui apporte rien de nouveau. Le vigoureux footballeur du dimanche, aux cuisses d'enfer, s'obstine dans la voie du conformisme radical. Jeudi soir, au téléphone, il avait dit à Marcel qu'il devait prendre une décision importante : à la Transat, où il travaille, on l'avait pressenti pour passer 3 ans aux Antilles. Il devait donner sa réponse le lendemain matin. Marcel l'avait pressé de dire oui. Mais il avait dit non.
Marcel : Dommage, ça m'aurait plu d'avoir un amant très loin, à qui j'aurais écrit de grandes lettres romantiques sans jamais le voir.
Mais Gillou préfère ses pantoufles à une aventure qui convenait pourtant à sa jeunesse et à sa force physique.
Aujourd'hui, grand jour de froid entre M.Poiret et Mlle Rolande. Le w.e. se serait-il mal passé? Marcel s'en fout, il travaille assidument à son roman "La Mort du Paysage".

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