samedi 11 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -46

Marcel se prépare à partir en vacances.
Mardi 23 mai.
Comme Marcel s'ennuie à la gare, qu'il faut y aller trop tard, et que les flics et les voyous commencent à bien l'y repérer, il sort plus tôt, à 21h, et retourne à la rue du Baillage.
Ce soir, il est accosté par un 27. Comme le mec marche devant lui, il a le temps d'apprécier le volume de ses fesses. Rue des Sapins, il révèle une poitrine velue et beaucoup d'affection. Leur jouissance étant partagée, ils décident de se revoir un jour. Il s'appelle Robert, et il travaille au Centre Hospitalier d'Elbeuf.
Vendredi 26.
Marcel est énervé. Robert lui a téléphoné pour lui annoncer qu'il ne pourrait pas venir le voir le lendemain, samedi soir. Il est sûr qu'il y met de la mauvaise volonté. Hier soir, il a rencontré un Grenoblois, et depuis il a mal au ventre. De plus, ses voisins ont fait une "omelette partie" qui a tourné à la foire. Rolande se fout de sa gueule après le coup de fil de Robert, et ensuite sur le fait que ça lui "passera sous le nez" samedi soir. Il hésite : aller au Havre? aller à Paris samedi matin? Mais c'est pas mal de fric pour pas grand-chose! Plus que le fric et le temps, son horoscope est incertain jusqu'à demain 15h. Il décide de téléphoner à Claudine, s'y prend trop tard : la Poste est fermée, et il n'y met pas assez de conviction. Rolande part au Havre, avec sa valise et ses règles. Elle aussi, ça lui passera sous le nez! Ce matin, Martin lui a téléphoné. Paraît-il qu'il aurait invité Marcel à prendre l'apéritif s'il était venu avec elle!
Mais s'il ne va pas à Paris, du moins Paris viendra-t-il à lui, et malgré les dires de Rolande, il ne fera pas ceinture. Le parisien du samedi 4 mars se radine à la gare. Il part sans qu'ils aient pu échanger un seul mot. Méfiance? Marcel se dit que l'homme n'a plus envie de lui. C'est faux puisqu'à 23h il vient à lui et lui demande de monter dans sa voiture. Dans le lit il tient absolument, comme la fois précédente, à lui faire partager les bienfaits d'une sexualité complice. C'est bien gentil de sa part. Comme Marcel se lève ensuite pour faire un brin de toilette, il surveille du coin de l'oeil ce que l'homme va faire : se rhabiller en vitesse? baîller et compter les mouches au plafond (il n'y en a qu'une)? Non : il s'enfonce dans le lit et l'attend. Marcel se couche dans ses bras et éteint la lumière.
Il ne se réveillera le lendemain qu'à 8h15. Pendant qu'il dort, Marcel l'observe, tôt le matin : il a un menton volontaire, des muscles longs et fins. Il a de la classe. Bien entendu, il ne s'appelle pas comme tout le monde : Walter. Il le quitte pour aller à Dieppe, chez ses parents.
Samedi 27.
Insatisfaction. Passagère, espère-t-il. Due à Walter, en tout cas. Voilà un homme qui ne se pose pas de questions : il arrive, il drague, il couche, il s'endort et il repart le lendemain chez ses parents, frais et dispos. Marcel se console avec un autre habitant d'Elbeuf, un certain Jean-Claude. Mais hélas, il n'a pas les belles fesses de Robert, et ne possède pas l'art et la manière de Walter. Alors, après avoir supporté son baratin sentimental pendant une heure, il l'expédie rapidement car il a envie de dormir seul, pour peut-être rêver à ses deux amants qui lui avaient procuré tant de plaisir!
Lundi 29.
Les vacances approchent, et Marcel veut se déchaîner avant de partir.
Tandis qu'un 22, cheveux grisonnants, voiture jaune, cherche, il se fait suivre par un petit type qui est un ami d'une folle qu'il rencontrait souvent rue du Baillage. Présentations. Le petit type, Jehan-Bernard, lui parle de coup de foudre. Il parle aussi -trop peu- de Walter, qu'il connaît, qui a 33 ans et une liaison. Marcel voudrait en savoir davantage mais préfère rester discret. En tout cas, Jehan-Bernard connaît beaucoup de monde. Les voilà arrivés dans la chambre de Joel -la folle- dans un hôtel-restaurant de la rue de Joyeuse (patron "comme ça" précise Jehan-Bernard) Marcel échange avec ce dernier une partie de fausses confidences, alors que les autres -Joel et un autre homme- les croient au lit. Mais si Marcel est tenté par le physique de Jehan-Bernard (trop petit mais super-musclé) il préfère garder ses distances car le mec est très intelligent, et connaît parfaitement le monde interlope des invertis et des bisexuels bourgeoisement établis. Faire l'amour avec lui trop vite serait peut-être le perdre et ne plus bénéficier de ses savants conseils. Les chers petits le raccompagnent donc jusque devant chez lui après un échange d'adresses, de numéros de téléphone et de savants baisers. Marcel reste toutefois sur sa faim car il aurait bien aimé finir sa nuit avec l'homme qui se trouvait avec la folle, un 14 (Calvados), que Jehan-Bernard appelle "le forain" et qui a, paraît-il, des "fesses de jument". Peut-être un autre soir?
Mardi 30.
Déjeuner au Café de la Poste, tous les trois : Rolande, Claudine et Marcel. Claudine va à la banque faire le change de l'argent français et achète l'eau de Cologne Monsieur de Chanel pendant que Marcel cherche une valise. Rolande a passé avec Martin un triste week-end au Havre. Elle lui a écrit hier et, aujourd'hui, elle a attendue, nerveuse et lassée mais folle d'un espoir destructeur, son coup de fil. Silence. Le téléphone a sonné, mais pour Marcel, de la part de Jehan-Bernard. Il lui envoie une carte postale de Caen, et sa photo. "Attendons, se dit Marcel. Rien ne presse de ce côté-là".
Dialogue avec un petit bourgeois. Il est 22h passées. Une 204 coupée tourne autour de lui, rue du Baillage, et va se garer dans un coin sombre. Monsieur ne descend pas. Marcel l'aborde.
Marcel : Vous faites toujours comme ça, lorsque vous draguez?
Pas de réponse. Il ouvre la portière pour le faire monter.
Lui : Peut-on aller chez vous?
Marcel : Oui, mais pas tout de suite.
Lui : A quelle heure?
Marcel : 23 h. Vous êtes pressé?
Il dit non, puis il se gratte la tête.
Lui : C'est-à-dire...Il faut que je me lève de bonne heure pour aller travailler...
Marcel : Moi aussi.
Lui : Mais...je ne travaille pas à Rouen.
Marcel : Où travaillez-vous?
Lui : au Havre.
Marcel (sourire ironique) : Le Havre? Ce n'est pas loin! Mais si vous êtes pressé, moi j'ai tout mon temps. Alors bonsoir.
Il sort de la voiture, le mec ne le retient pas. Deux superbes italiens, la trentaine passée, virils, grands et bien bâtis, moulés dans des pantalons seyants, roulent leurs fesses en marchant. Ils passent. Marcel rentre à pied.
Mercredi 31.
Coup de fil de Jacques.
Marcel : Tiens! Un revenant!
Jacques : Un revenant? (il ne comprend pas) Que fais-tu ce soir?
Marcel : Je vais au cinéma.
Jacques : On peut se voir après?
Marcel : Non.
Jacques : Non?
Marcel : Non. En général, je ne reste pas un mois sans téléphoner à mes amis.
Jacques : Ca ne fait pas un mois!
Marcel : Si! Je pars en vacances demain soir. Je n'ai pas l'intention de me disputer avec toi au téléphone. Je te dis adieu. C'est tout.
Il raccroche. Rolande jubile.
Le soir, cinéma : "Macbeth" de Polanski. Beaucoup de sang. Une salle hilare. Aucune fascination, mais quelques bons moments. Pas de sauvetage possible. Dommage.
En rentrant, véhiculé par un autre parisien en Mercedes que Marcel laisse à la grille, il trouve une longue lettre très amoureuse de Jehan-Bernard, avec sa photo.
Pourquoi, dans la scène de somnambulisme, avoir montré Lady Macbeth à poil? Elle a des fesses horribles.
Vacances. VENEZIA.

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