mardi 14 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -49

Marcel joue les entremetteurs.
Lundi 24 juillet.
De retour au bureau après avoir écouté hier soir, chez Rolande, un assez décevant Trovatore, retransmis d'Orange avec La Caballé, Marcel téléphone en début d'après-midi à M.C., devant Rolande qu'il a mise au courant. A la perspective d'avoir un nouveau secrétaire, jeune, beau et actif, M.C. est tout de suite intéressé. Il rappelle Marcel dans l'après-midi pour l'inviter, ainsi que Patrice, à passer le week-end au château de M. "Vous savez, ajoute-t-il, Tim sera là et il a beaucoup insisté pour faire votre connaissance". Enfin!....
Dans l'après-midi, Rolande téléphone à Martin et lui réclame 150F pour les lunettes que sa chienne a abîmées la dernière fois qu'elle est allée chez lui. Monsieur devient grossier : "Tes lunettes, tu peux te les foutre au cul!". Elle réplique, remontée : "Ca, mon vieux, c'est beaucoup plus de ton ressort, puisque c'est ton gagne-pain!". Marcel écrit une lettre à Patrice, pour lui donner rendez-vous vendredi soir, M.C. devant les récupérer à 18h15 au Café de la Poste. Rolande y sera, incognito, pour assister aux présentations. Elle se mettra le plus près possible de leur table pour bien entendre leur conversation. Et bien entendu elle fera semblant de ne pas les connaître.
Mardi 25.
Nouveau coup de fil de M.C. Il demande des précisions au sujet de Patrice : "Je voyage beaucoup, j'ai besoin de quelqu'un de fiable et de présentable". Marcel ne lui ment pas en lui parlant de ses yeux bleu-vert et de son corps magnifique, mince et musclé. Il lui vante aussi sa disponibilité, ce dernier point étant confirmé par Patrice lui-même, dans une première lettre répondant à la sienne.
Mercredi 26.
Marcel contacte Jehan-Bernard, qui a dû voir M.C. la veille. La lettre que Marcel lui a envoyée ne lui a pas plu ("Je ne t'aime pas...je ne t'aimerai jamais...") et il devient brusquement méchant, traitant Patrice (qu'il ne connaît pas) de "bestiole" et de "chose", puis carrément cynique : "Tim sera là, tu vas pouvoir t'envoyer en l'air!".
Deuxième lettre de Patrice, avec photo (belle) à l'appui.
28-29-30.
Deuxième week-end au château de M.
Marcel n'a été ni déçu, ni surpris. Patrice et M.C. se sont très vite mis d'accord, et Tim s'est montré pertinent.
Vendredi soir (le 28) M.C. est arrivé avec presque une heure de retard au Café de la Poste. L'ayant mis en face de Patrice, Marcel n'avait plus qu'à s'effacer, les laissant établir leurs plans d'entente et de collaboration. Rolande assistait à la rencontre, imperturbable.
Arrivés vers 21h au château. La châtelaine est venue les accueillir, vieille dame très digne et très sympathique. Tim n'était pas là. Ils ont mangé, puis ils sont passés au salon, où la brave dame les a laissés tous les trois. M.C. s'est chargé de la conversation. Comme le temps passait, il n'a pas pu s'empêcher d'insinuer : "J'ai peur que Tim ne rentre ivre". Tim n'est pas rentré ivre, vers 23h, mais avec une crise d'arthrite. M.C. s'est cru obligé de rajouter : "Et encore, ce n'est rien! Si vous l'aviez vu en rentrant de Venise!..." et il imite quelqu'un qui marcherait plié en deux. Après leur avoir dit bonjour, Tim regagne aussitôt sa chambre. Marcel en fait autant, laissant les autres seuls.
Samedi 29.
Levé à 8h, Marcel écoute les bruits. Il se lave et descend rejoindre la propriétaire. Ils bavardent dans la cuisine. Tim vient les rejoindre et commence à parler avec lui. L'homme lui apparait d'un tact remarquable. Marcel va cueillir des haricots verts dans le jardin avec la vieille dame, et Tim l'aide à les éplucher. L'arrivée de Patrice met fin à une intimité calme et sans désir. Tim se retire, et Patrice raconte sa soirée à Marcel, ce dont il se passerait volontiers. M.C. a tout promis : le secrétariat, l'appartement à Paris, et même des vacances à Rome. Heureusement, la vieille dame revient : il faut préparer le pique-nique. Ensuite, ils partent pour la plage. Déception : Tim ne partagera pas un seul repas avec eux. Avant d'arriver à la plage, ils passent voir les N., au cimetière américain. Ils les rejoindront sur la plage. Marcel évite le plus possible de rester seul avec Patrice. Ses confidences l'ennuient, et aussi son aplomb : il s'agite, crie après les chiens, s'occupe de la châtelaine, et parle à M.C. comme s'il faisait partie de la famille depuis des années. Heureusement, les N. arrivent, les invitent à prendre le thé chez eux, où Patrice ne peut s'empêcher de tourner autour de leur fils, Stephen, 17 ans, blond et musclé. Retour au château. Comme la veille, Marcel va se coucher de bonne heure, vers 23h.
Dimanche 30.
La meilleure journée. Marcel passe presque toute la matinée avec Tim, dans le jardin. Il a acheté une villa près de Florence, il doit la restaurer et s'y installer définitivement. Il lui fait voir des livres, ce qui leur permet de se rapprocher. Patrice intervenant, Marcel préfère aller s'amuser avec Socrate, le teckel. De nouveau, le midi, la plage. Cette fois, les N. sont déjà là. Ils ont fait un feu de bois dans la dune. Les enfants sont avec eux. Patrice n'arrête pas de regarder Stephen. Comme le plus jeune des fils N., blond aux yeux bleu-sombre, n'arrête pas de lui sourire, Marcel l'invite à faire la course sur la plage, avec Socrate. Puis ils vont tous les deux se baigner, tandis que Socrate les regarde et pleurniche, car l'eau ne semble pas beaucoup l'attirer. Monsieur N. et un ami viennent les rejoindre pour une partie de boules. Puis, tous ensemble, avec Stephen et les filles, ils entament une partie de base-ball. Ils rentrent, vers 17h30. Tim est là, et accapare aussitôt Marcel, l'entraînant dans la bibliothèque où ils regardent ensemble, allongés sur le sol, des photos de la villa que Tim veut restaurer à Florence. M.C., fatigué sans doute par la journée passée à la plage, s'est endormi sur le divan du salon. Tim emmène Marcel dehors avec des livres, et lui parle de toutes ces villas, palais, qui lui tiennent tant à coeur. La châtelaine paraît, interrompant le rêve. Il est l'heure que Marcel parte. "Je le regrette" lui dit simplement Tim. Pas de mots, pas de gestes inutiles. M.C. les raccompagne, Patrice et lui, à la gare. Dans le train, Marcel se referme, refusant le dialogue. L'image de Tim le hante. Le reverra-t-il un jour? Le bruit du train lui répond, monotone "Peut-être...peut-être...peut-être...".

Aucun commentaire: