vendredi 24 juillet 2009

La (petite) vie de Marcel -55

Marcel est-il insensible?
Du 2 au 17 décembre - 15 jours de vacances au Havre.
Les jours vont passer vite, à enregistrer de la musique, à en écouter, à faire les magasins pour meubler la chambre et le salon. Claudine, bien sûr, est en vacances elle aussi. Ils auront des visites, car ils adorent recevoir. C'est d'abord, le premier week-end, Didier, le jeune minet que Claudine aime bien parce qu'il a un sommeil de plomb et que ladite Claudine peut lui caresser la bite pendant qu'il dort ("Je ne voudrais pas me faire sodomiser par lui, il en a une trop grosse" a-t-elle assuré à Marcel, qui lui a répondu : "Pourquoi voudrais-tu te faire sodomiser par lui?"). Ils l'emmènent au cinéma voir "Les contes de Canterbury", vaste fête paillarde en ligne directe avec les oeuvres d'un Rabelais-made-in-Italie. C'est ensuite les Poiret qui se radinent, les 9 et 10. Si Didier se conduit pas trop mal, Poiret a des faiblesses. Il sera malade ou dormira pendant presque tout le w.e. Claudine résumera son attitude par un définitif : "C'est une lavette". Rolande, plus habituée, résistera mieux à l'ambiance et aux boissons havraises. Enfin Bernard, qui vient les voir un soir, radieux parce qu'il a foutu dehors l'amie avec qui il vivait : "Je suis libre, et me voilà de nouveau pédé!" clame-t-il, et toute la soirée il va leur raconter ses anciennes aventures (notamment la seule fois où il s'est fait prendre, dans un hôtel à Rouen, par un type dont il était dingue : "Je recommencerai jamais! Je gueulais! Je gueulais!") et un chapelet d'histoires plus ou moins obscènes qui les laissent pantois, avant de les inviter à une soirée chez lui, le 24 prochain, avec "rien que des homosexuels!". Claudine, qui va voir Noureev le 17 et qui exulte, n'arrête pas de faire du rentre-dedans à Marcel en lui criant : "Dis : c'est quoi, des homosexuels?".
Les journées passent, sans accroc. Un jour, au marché, un jeune vendeur, blond et barbu, le buste moulé dans un pull, les hypnoptise par ses fesses rondes et pleines, bien prises dans un pantalon de toile. Ils le suivent et Claudine, s'attardant à son stand, y trouve le pull bleu-marine qu'elle cherchait en vain depuis trois mois. Ils rentrent, hilares.
Le 17, il faut pourtant que Marcel regagne Rouen. Il est de mauvais poil, mais sa propriétaire a rouvert le radiateur -fermé durant son absence- et il a sur sa table la lettre d'un inconnu, un certain Phil L. qui l'attend : "Bonne future année, Marcel". Sa mauvaise humeur disparaît. Il prend sa plume des jours de gloire : "Que voulez-vous de moi, Phil? Que nous allions cueillir des roses ensemble? Que nous les regardions se faner, main dans la main? Je les aime très rouges... Si c'est le cas, dépêchez-vous de me répondre, nous avons des chances de nous entendre". Il a pourtant du mal à s'habituer au bruit de son réveil.
Jeudi 21.
Cet après-midi, grande partie de rigolade au bureau. Une vieille femme assez tarte vient leur signaler qu'elle a des fissures chez elle, et qu'elle voudrait être relogée ailleurs. Comme Marcel va chercher la liste des administrateurs de biens chez Léontine, celle-ci s'écrie tout haut : "Pourquoi faire? Elle va se torcher le cul avec!" Il se radine quand même avec la liste, la vieille lui fait : "Je voudrais un appartement avec une cour". Il réplique : "Vous savez, un appartement avec une cour, ça ne court pas les rues!". Sylvie, pliée en deux, doit aller se réfugier chez Léontine.
L'intermède des Poiret au Havre aura porté ses fruits : Rolande traite son mec de "fasciste" et de "dindon stupide et vaniteux" mais, comme le truc de Pascal, il plie mais ne rompt pas.
Hier soir, Marcel a reçu Michel dans sa chambre. Il lui avait téléphoné dans l'après-midi. "Qu'as-tu fait pendant ces 15 jours de stage? (Marcel lui avait dit qu'il allait faire un stage au Havre) Moi, j'ai tiré mon coup avec ma femme. J'en avais pas du tout envie, alors j'ai pensé à toi!" - "Ben voyons, répond Marcel, et tu lui as fait un enfant qui me ressemblera!". Michel se jette sur lui, mauvais : "Je voudrais te faire du mal, te laisser des traces sur tout le corps pour que tu te souviennes de moi!".
Vendredi 22.
Avant de partir pour passer Noël au Havre, il trouve une deuxième lettre de Phil. Prendrait-il le jeu au sérieux? Il la fait lire à Rolande. Elle lui dit : "J'aimerais bien le connaître". Marcel lui écrit très rapidement et lui propose d'aller le retrouver à Epernon à la fin de la première semaine de janvier (les 6-8) mais ne lui cache pas qu'il a "peur" : "Si nous nous emballons tous les deux, que va-t-il nous tomber sur le coin de la figure?". A 16h, coup de fil de Jehan-Bernard, qui commence par l'engueuler parce qu'il n'est pas allé le voir pendant ses vacances (Marcel : "Ah bon? C'était prévu?") et qui lui parle de Phil. "Oui, dit-il, c'est moi qui lui ai dit de prendre contact avec toi. C'est un mec très bien : il est royaliste et il a passé sa licence de droit".
Marcel : Tu serais pas un peu maquerelle, par hasard?
Jehan-Bernard : Entremetteuse, chéri, pas maquerelle! Ne mélangeons pas les dindes et les pintades!
Entremetteuse, royaliste et antiquaire, tout un programme...
Noël au Havre.
Samedi matin, à 2h, Marcel se rend compte soudain de son insensibilité. Un coup de sonnette, puis des appels étouffés les réveillent : c'est Didier. Claudine ne veut pas répondre. Marcel se glisse hors du lit, coupe l'électricité. Mais le minet insiste. Marcel entrouvre la porte : "Qu'est-ce que tu veux?".
Didier : Laisse-moi entrer, je caille.
Marcel : Impossible. Pas question. Ya du monde.
Didier : Dans la cuisine. Laisse-moi entrer dans la cuisine, que je me réchauffe. Je reprends le travail à 6h.
Marcel : Non. Va à l'hôtel. Va chez Bernard.
Il referme la porte et il va à la fenêtre le voir partir. Le sol est gelé. Didier traverse la rue, les mains dans les poches de son veston. Marcel se recouche et sourit. "Il est parti?" demande Claudine. "Oui. J'ai honte!" - "Menteur!" réplique-t-elle.
Le dimanche soir, ils sont invités chez Bernard. Ils y seront à 19h, ils en repartiront à 4h du matin. Il y a un couple de tantes sans intérêt qui, après avoir bu et mangé, s'endort sur le lit, et un autre couple plus singulier : lui est polyvalent, elle est lesbienne. Elle s'appelle Dominique et saute sur Marcel. Toute jeune, menue, mais avec une résistance assez singulière. Elle boit, fume, et danse toute la nuit. Elle lui apprend la valse, entre quelques baisers appuyés qui ne le font pas bander. A 4h, profitant du bordel ambiant, Bernard le pousse dans sa chambre et le renverse sur le lit. Marcel n'étant pas disposé à céder, traîne Claudine dehors qui voudrait bien rester parce que d'autres minets arrivent.

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