lundi 29 juin 2009

La (petite) vie de Marcel -38

Marcel et la Jaguar de Georges.
Vendredi 4 février.
La semaine aura été longue. Marcel n'est pas sorti, et il s'emmerde au bureau. Il travaille toujours sur son dernier récit, qui est fini, mais dont il doit refaire certains passages.
Cet après-midi, il va porter du courrier à l'Urbanisme. Comme il descend la rue Bourg l'Abbé, il croise un des démolisseurs (on démolit actuellement l'ancienne baraque des Soeurs de Saint Vincent de Paul), un homme de plus de 40 ans, cheveux poivre et sel, bien bâti, qui lui fait un sourire. Ses yeux, verts, le regardent, très rieurs. Marcel est un peu étonné. En revenant, comme il lui sourit de nouveau, Marcel lui rend son sourire. Il arrive au bureau, tout excité, en chantant : "Démolissez-moi!... Mais pas trop vite!". Il demande à aller faire un tour dehors, et Peter l'envoie aux Archives. Chic, chic, chic. Entre parenthèses, tout le monde s'est mis à la fenêtre (Léontine, Rolande, Babeth) pour voir quel est ce type qui le rend dingue. Il file donc, et après avoir été aux Archives, il adresse carrément la parole au démolisseur. Ils causent, pendant plus de cinq minutes, et le "Bonne fin de journée" que l'homme lui lance lorsqu'il le quitte, le met dans un état voisin de l'extase.
Samedi 5.
Virée à Paris, tous les 3 (Claudine, Rolande et lui).
Cinéma, d'abord, avec "Les lèvres rouges", un film qui a de bons moment mais dont la direction d'acteurs, d'après Claudine, est lamentable. Apéritif, ensuite, au Flore, avec le monde habituel des polyvalents. Restaurant, pour continuer, au "Bureau" où Marcel retrouve Henri B., le "grand industriel", entouré de minets. Après avoir mangé, le trio descend au Club, qui leur fait une très bonne impression. Dommage, toutefois, qu'il y ait tant de monde. Mais, au "Nuage" où ils échouent ensuite, il y a encore plus de monde. Rolande se fait draguer pau un jeune Espagnol. Elle finit par se laisser baratiner et ils partent tous les deux pour aller dans une autre boite. Séparé de Claudine, Marcel se laisse draguer par un homme doux et viril, Noel, qui refuse de l'emmener chez lui, l'embrasse tendrement sur les lèvres et se retire. Claudine, pendant ce temps, se fait mettre la main aux fesses par un homme un peu parti. A 5h du matin, Rolande n'étant pas revenue, ils partent tous les deux en emportant son manteau. Ils prennent le train de 7h30 pour Rouen.
Lundi 7.
Visite à Henri B., à 19h30. Il a pris un bain, s'est lavé les cheveux. Enfin, il s'est fait beau. Marcel reste dans un fauteuil à siroter une bière. Henri cherche à l'avoir à la sortie. Leurs baisers s'échangent, l'un froid, l'autre insistant. Ils ont parlé de Freddy, de GiGi, des couples... Marcel était d'accord sur tout, sauf sur un point : la visite de sa chambre.
Week-end étonnant. Marcel végétait, mais le petit voyage à Paris lui a ouvert l'appêtit. Samedi 12, au Havre, il drague un minet, Christian. Ils vont chez Claudine. Ils écoutent des disques, boivent du whisky. Marcel garde ses distances. C'est Christian qui viendra à lui.
Plus intéressante est la rencontre de Michel, à Rouen, dimanche soir. Il pleut. Marcel cherche quelqu'un pour le remonter rue des Sapins. Michel est à pied, et lui propose de venir coucher chez lui, à la Grand-Mare. Marcel accepte, et ne le regrette pas. Le mec est doux, affectueux, brutal quand il le faut, et suffisamment vicieux. Son vocabulaire, dans la jouissance, vaut son pesant de décibels. Ils dorment, peu. Ils se réveillent pour un second tour de manège.
Rapide et éphémère liaison avec Michel. Marcel devait le revoir, chez lui, mercredi soir. Mais il n'y était pas. Un mot, sur la porte, qui ne lui était pas destiné, informait qu'il avait une réunion à la mairie d'Elbeuf. Marcel lui laisse son numéro de téléphone et, le lendemain, jeudi 17, Michel lui demande de venir coucher chez lui. Ce qu'il fait. Mais Michel s'annonce fatigué. Ils s'endorment, après quelques caresses. Le matin, en se quittant, Michel lui promet de l'appeler dans la journée.
Ce qu'il ne fait pas. Marcel attend son coup de fil. Rien. Celà l'énerve. Aussi, le soir, quand il le retrouve à la gare en train de draguer, il ne s'étonne pas. Ils se séparent, Marcel lui fait un sourire ironique et monte dans la Jaguar d'un parisien de passage, tandis que Michel est subitement secoué par une quinte de toux. La Jaguar file vers Canteleu, mais s'égare au milieu de nulle part, ce qui s'avère très agréable. Georges a sûrement plus de 40 ans, il a beaucoup voyagé et il est aussi doux avant et après l'étreinte sexuelle. Au bureau, lorsque Marcel raconte son aventure à Rolande, et lui affirme que les hommes disent rarement merci après avoir obtenu satisfaction, elle est assez perplexe.
Jeudi 24, après quelques fatigues dues à son oeil gauche qui lui a fait mal mardi et mercredi, il se fait draguer par un type, place du Vieux Marché, à 18h50. Baraqué, mais plutôt con. Très excité, le mec veut le baiser en cinq minutes, dans un coin sombre, avant de retrouver sa femme qui l'attend à Elbeuf. Marcel lui annonce qu'il n'est pas du tout d'accord. Déçu mais têtu, l'autre lui donne rencard mardi prochain, à 18h15, devant l'Union.
Georges lui ayant demandé à quel endroit il draguait de préférence, Marcel lui avait signalé la gare. Lorsqu'il le voit arriver, à 22h, au volant de sa Jaguar, il est étonné et content. Il monte à ses côtés et, cette fois-ci, ils réussissent à gagner Canteleu. Les lumières de la ville lui rappellent d'autres moments agréables, avec un homme aussi viril et aussi tendre que lui.
25-26-27. Week-end au Havre, avec Rolande et Claudine. Ils regardent les diapos de Venise, puisqu'ils ont prévu d'y aller tous les trois en juin. Ils écoutent du Monteverdi.

Aucun commentaire: