dimanche 21 juin 2009

La (petite) vie de Marcel -33

Marcel fréquente des maniaques.
Dimanche 19 septembre.
Jeudi, Marcel avait téléphoné à Bernard, mais il était en conférence. Bernard l'a rappelé vendredi et l'a invité à venir dîner et à passer la soirée chez lui. Pendant que Marcel accaparait la baignoire, Bernard en a profité pour ouvrir deux boites de thon, faire une pleine assiette de carottes râpées et une pleine casserole de nouilles.
Marcel : Mais nous ne mangerons jamais tout ça!
Bernard : Peut-être pas toi, mais moi, oui!
Dans le lit, c'est le même problème : le sexe du mec est un véritable poignard, mais Marcel sait comment s'y prendre pour le faire jouir en vitesse afin d'être débarrassé de ses instincts barbares.
Le samedi matin, debout à 7h30, Marcel comprend très vite que son amant n'a pas du tout envie de le raccompagner même si, couché dans le lit, il évoque vaguement la possibilité de le faire ("J'ai mal dormi, lui dit-il, j'ai fait des cauchemars"). Il part donc à pied (8h) et se perd dans ce vaste bordel que sont la Grand-Mare et les Sapins. Heureusement, un brave vieux lui indique la bonne route à prendre. Arrivé chez lui en courant (9h30) il a juste le temps de se raser, de se changer, et de prendre le train de 10h pour Paris.
L'après-midi, aux Tuileries, il se fait draguer par un type aux yeux magnifiques. Il reste une heure avec lui, d'abord dans le jardin à discuter art lyrique, ensuite dans un taxi à se tripoter les doigts, et finalement chez lui à se branler devant la glace. Sa quasi-impuissance pousse le mec à employer des expédients hors du commun comme, par exemple, à se mettre le doigt dans le fondement pour forcer Marcel à le lécher ensuite. Ce genre de jeu finit par lasser ce dernier qui se barre avant que l'homme ne devienne franchement méchant.
Mercredi 22.
Mauvaise semaine. Au bureau, Gruyère n'est pas de bon poil et les harcèle, tantôt Rolande, tantôt lui. De plus, le souvenir du parisien aux beaux yeux mais aux moeurs vicieuses ne l'incite pas à sortir à la recherche d'un compagnon. Comble d'emmerdements, il reçoit ce jour une convocation du Chef du Personnel, pour jeudi 30. Il se doute que c'est l'affaire du Printemps qui rebondit.
Mardi 28.
Eh bien, Marcel n'a plus rien à apprendre à David. Il ne sait pas si c'est sa nouvelle voiture (une DS bleue) qui l'excite à ce point, mais de 22h45 à 23h45, il n'arrive pas à l'épuiser. Au bout de la 3ème fois, il lui demande d'arrêter car David a le coeur qui bat la breloque. Mais il en veut encore et se remet à l'ouvrage. Et quand il se relève, après avoir joui, il ne peut plus tenir debout. Dehors, il s'écroule sur la voiture. Une fois rassis, dans la voiture, il lui faut un bon quart d'heure pour se reprendre. Le volant en mains, la route devant lui, les yeux fixes, il conduit comme un somnambule.
Lundi 4 octobre.
Semaine assez mauvaise dans l'ensemble. Mal au reins, difficultés à uriner. Le médecin lui donne un traitement à base d'ampoules.
Jeudi, il était convoqué dans le bureau du Chef du Personnel. Il l'embrouille tellement qu'il finit par s'embrouiller lui-même.
Samedi soir, un certain Francis lui fait oublier un peu tout ça en passant toute la nuit avec lui. Beau corps et tête de voyou.
Ce lundi matin, rêve érotique. Il est couché et, près de lui, il y a un fort beau mec. Marcel soulève sa chemise et lui montre ses fesses. L'homme relève la sienne : ses cuisses sont superbes, rondes et chaudes, lisses comme de l'or. Il y a dans son visage et dans son corps une nonchalance voisine de la volupté. Marcel lui relève sa chemise par derrière et lui frappe les fesses. Elles sont magnifiques, ce qui le fait jouir. Il se réveille aussitôt et se tâte pour voir s'il n'en a pas foutu partout. Mais non, il n'a joui que dans son rêve. Rassuré, il se rendort.
Le soir, pour essayer de réaliser son rêve, il sort draguer. Peu de monde, et un froid de canard. Il ramène quand même chez lui un parisien de Toulouse, Guy, étalagiste envoyé à Rouen pour l'inauguration du magasin de confection "Burton of London". Il est gentil, bien fait, mais ne reste que quelques heures avec lui.
Dimanche 10. Le Havre.
Jour de foire. Marcel s'abrutit dans la foule.
Rhume, nez qui coule. Il doit passer en Correctionnelle lundi 25. Il pose des questions à Claudine : est-ce que ce sera en public? en privé? Il lui demande de se renseigner. Pour oublier, il écrit beaucoup (deux nouveau récits) à cause aussi de Réjane, la soeur de Rolande, qui a trouvé "terrible" le dernier en date.
Vendredi soir, il est allé au cinéma avec Rolande, et elle n'a rien trouvé de mieux que d'amener son nouvel amant : Jimmy. Il a 18 ans. Pendant toute la soirée, Marcel n'a pas desserré les dents. Et après le film, qu'il a trouvé pesant ("L'homme de désir") il a fallu raccompagner le gamin. Une fois seul avec Rolande, ils sont retournés chez Germaine. Puis ils ont dormi ensemble, nus, sans se toucher, chastement.
Malgré tous ses efforts pour essayer de ne pas penser à David, Marcel ne peut l'arracher de lui-même. Cet homme qu'il a tant aimé, cet homme qui, au bout d'un an, continue à lui faire l'amour sans qu'ils aient échangé un vrai dialogue, sans qu'il sache ni son nom, ni son âge, ni où il habite. C'est incroyable, et pourtant c'est vrai. Il pense à lui, avec moins d'intensité que lors de leurs premières rencontres, mais tout de même avec passion.
Il rentre à Rouen à 20h30. Avec Claudine, ils ont écouté pas mal de musique, dont la nouvelle version des "Meistersingers" de Von Karajan.
A 21h30, il est rue du Baillage et, quelques instants après, il ramène Freddy chez lui. Il est jeune, blond, fade. Il travaille chez Raphaël, et il a des idées sur la vie. Grand bourgeois, petites passions. Ils passeront quand même toute la nuit ensemble.

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