mardi 23 juin 2009

La (petite) vie de Marcel -34

Marcel se bat avec Rolande.
Semaine du 10 au 17 octobre.
Marcel est sorti tous les soirs. Est-ce l'idée de passer en Correctionnelle qui le défoule à ce point?
Il a passé deux soirées avec Freddy (dimanche 11 et jeudi 14). Mercredi 13, il est sorti avec Claudine et Rolande. Ils se sont fait la gueule avec un ensemble parfait. Vendredi soir il a rencontré un type superbe qui aurait plu à Rolande : tempes grisonnantes, corps mince et musclé, entreprenant et vicieux ("Ah! Je t'encule! Je t'encule!").
Samedi 16, diner avec Freddy : Americano au Diplomate, et resto chez Tony. Repas succulent : moules à l'Espagnol, couscous, pâtisseries, thé à la menthe, en partie gâché par l'incontrôlable baratin du jeune éphèbe très porté sur les commérages interminables.
Semaine du 18 au 24 octobre.
Semaine calme dans l'ensemble. Claudine a attrapé des morpions en baisant avec un jeune loubard dans une maison en construction (ou en démolition? elle n'a pas précisé).
Mardi soir, en allant chez Rolande, Marcel est passé à la gare, où il a retrouvé, dans les tasses, le type qui faisait courir tout le monde place du Vieux Marché. Toujours aussi impressionnant et indifférent à son égard. Sans se démonter, il est donc allé chez Rolande, mais elle n'était pas là. En revenant (22h30, peut-être plus) comme il n'avait pas envie de remonter à pied, il a trouvé un homme sympa pour le raccompagner, dans une jolie 2CV. Une fois arrivé rue des Sapins, il l'a remercié et l'a laissé en plan devant la grille.
Ses rapports avec Rolande sont toujours aussi venimeux. Elle devait venir passer le week-end au Havre. Mais vendredi, elle a repris avec Peter ses mauvaises habitudes : échange de petits bouts de papier. Le midi, à la Maison des Jeunes, Marcel lui a annoncé qu'elle avait jusqu'à 16h pour avouer ce qu'elle lui avait écrit. A 16h, comme elle ne voulait rien lui dire, il a décroché le téléphone et il a annoncé à Claudine qu'elle ne viendrait pas. En partant, à 18h, il a trouvé un mot dans la poche de son imperméable : "C'est terminé, Marcel". C'était tellement absurde qu'il a ri pendant 5 minutes. Au Havre, il lui a écrit une lettre cinglante où il lui reproche sa lâcheté.
Très beau temps, samedi et dimanche. Il en a profité pour taper la 2ème partie de son nouveau récit. Il avait tapé la 1ère partie sur la machine à écrire de Babeth, au bureau.
Dimanche soir, au Havre, il drague un jeune, plutôt costaud. Il a du mal à l'avoir. Après avoir tourné en rond pendant une demi-heure, le micheton se décide enfin à se laisser aborder. Il se met dans un coin, ouvre sa braguette, sort son engin et se met à pisser. Et déclare à Marcel, qui s'approche de lui : "J'ai envie de faire l'amour". Une fois à la maison, le mec se laisser aller deux fois avec un manque de savoir-faire qui tient de la niaiserie. C'est Marcel qui est obligé de faire tout le travail. Et quand il repart, c'est après lui avoir fait un tas de recommandations qui lui flanquent le fou-rire : "Si je te rencontre de jour dans la rue, je ne te connais pas...Si nous nous rencontrons de nuit, tu n'auras qu'à me demander du feu...Je pars et si je ne trouve pas de taxi pour rentrer, je reviens et je frappe deux coups...".
Le magnifique type, sorte de catcheur-rugbyman, au regard calme, inébranlable, à l'aplomb merveilleux, taillé en armoire à glace, etc. dont il est question un peu plus haut, s'est fait sucer dans les tasses de la gare par un affreux mec à lunettes. Le scoop a duré 2 minutes, avec tous les bruits à l'appui. Après avoir déchargé, le beau macho s'est reboutonné et s'en est allé, le regard toujours aussi impénétrable.
Lundi 25.
Passage au Tribunal Correctionnel. Marcel n'avait pas envie d'y aller, mais Léontine l'a poussé à s'y rendre. Condamnation : une semaine avec sursis. Soulagement.
Mardi 2 novembre.
Rolande vient passer la nuit chez lui. Elle est excitée et ils se battent comme des chiffonniers. Mais comme ils n'ont envie de faire l'amour ni l'un ni l'autre, ils s'endorment chacun de leur côté.
Jeudi 4.
Au bureau, échange de propos acerbes entre eux deux. Elle décide de récidiver et lui annonce qu'à 21h elle sera chez lui. Il lui répond qu'à 21h il sera ailleurs. Ils se croisent à la Foire. Si elle était venue seule, comme une grande, il l'aurait acceptée dans son lit avec joie. Mais elle se fait traîner en voiture par sa soeur et il la renvoie balader.
A 21h, dans un état voisin du somnambulisme où il a cru entrevoir David, il est rue du Baillage. Mais David est bien là, et lui fait signe de monter dans sa voiture. Du côté de Canteleu le brouillard, par nappes, les force à ralentir. Ils parlent peu, comme d'habitude. Les gestes sont les mêmes. Marcel aime que David lui caresse les cheveux pendant que, tout en roulant, il s'occupe de son sexe. La main de l'homme est douce, comme retenue.
Sur le retour, à 23h, le brouillard descend, frôle la voiture. Tandis que David se penche pour allumer la radio, son avant-bras s'appuie sur la cuisse de Marcel. Puis il le retire, et sa main palpe son genou avant de reprendre le volant. Tout ça sans un mot. Marcel a le souffle coupé.
Fin de semaine dégueulasse, avec pluie, vent, froid, et pour couronner le tout, toute une envolée de flics, sortis de nulle part, en uniforme comme en civil, avec des voitures différentes (4L rouge, 404 noire et 4L grise). Ils contrôlent tout le monde et ils font des plaisanteries d'un goût douteux, du genre :
Le flic : Quelle est votre profession?
David : Monteur.
Le flic : Ah oui? Et lequel des deux monte sur l'autre?
Lundi 15.
A la gare, Marcel voit une voiture s'arrêter, un jeune mec en descendre et entrer directement dans les tasses. Il l'y rejoint et lui demande s'il ne connaît pas un endroit plus discret. L'homme parle, et sa voix déraille. Emotion? Timidité? Marcel veut le rejeter mais il insiste, il est tendu à l'extrème et semble torturé par d'insondables contrarietés. Marcel lui demande de l'embrasser, il refuse, prétextant qu'il n'embrasse que les femmes. Alors il lui propose un marché : "Je monte dans votre voiture, mais vous me promettez de m'embrasser sur la bouche". Il accepte.
Un coin perdu, du côté du Mont Saint Aignan. Voiture arrêtée, commencent les questions. Le type harcèle Marcel qui trouve en lui un mélange de passion (son étreinte est forte, presque sauvage), de froideur, de liberté et de frigidité qui l'intrigue et le pousse à devenir cynique. Il ment à toutes ses questions, lui réclame son baiser, et comme il essuie un refus il le fait bondir en lui lançant : "Au fait, c'est toi qui baises ou tu te fais baiser?". Les mots le hérissent. "Faire le tapin", "Aller dans les tasses" lui font l'effet de coups de poignard. Et puis il se laisse embrasser, s'enflamme. Marcel lui demande brusquement de le raccompagner.
Il aurait dû le laisser à la grille, mais il n'est pas assez vache pour ne pas le faire entrer dans sa chambre. Il lui dit qu'il n'a pas envie de lui (ce qui est faux) et le mec lui répond qu'il a tout son temps, et s'installe pour passer la nuit. Ils se cherchent, se chamaillent, finissent par se jeter sur le lit. Une fois l'acte sexuel accompli Marcel se redresse brusquement et lui crie : "Alors, tu es content? Tu as eu ce que tu voulais? Maintenant va-t-en!". L'homme le traitre de dingue, de malade, s'habille et s'en va.
Ils sont retournés chez Germaine, Rolande et lui. Michou tient le bar et, tout compte fait, ils se sont bien amusés. Ils y retourneront.
Claudine va faire aménager sa chambre. Marcel lui a acheté une table en verre pour le salon, dont il est tombé amoureux, et un tapis.
Ils sont allés voir quelques bons films : "Un dimanche comme les autres" (Claudine a trouvé que Glenda Jackson était la Simone Signoret anglaise), "Le Sauveur" avec une scène de bain magnifique et un modèle de perversion morale, et "Easy Rider" qui contribue à démystifier l'Amérique tout en devenant, lui-même, un film mythique.
Il y a un nouveau à l'Instruction Publique, un jeune de 20 ans, pas mal foutu, qui s'appelle Jean-René, qui intéresse Rolande et qui s'intéresse à elle. "Attendons de voir ce que ça va donner..." se dit Marcel, toujours méfiant vis-à-vis des humeurs de son amie.

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