dimanche 14 juin 2009

La (petite) vie de Marcel -30

Marcel visite la Pologne.
Week-end à Paris.
Samedi 21 août, Marcel avait rdv à 19h place du Vieux Marché, avec un Suisse et -à la même heure- gare Saint Lazare avec un parisien. Or, à cette heure-là, il était à Neuilly, dans les bras d'un Polonais.
C'est, en très bref, le résumé d'un week-end passionnant, sillonné de pluie, mais d'un intérêt toujours constant.
Mais tout a commencé vendredi soir, à Rouen.
De 22h à 23h, il n'y avait personne, ni à la gare, ni rue du Baillage. Seul, un ancien copain l'avait accepté dans sa voiture, et ils avaient fait le tour de la ville ensemble (Vieux Marché, Saint Maclou, etc.). Puis ils s'étaient séparés rue du Baillage. Là, Marcel avait remarqué une Volkswagen bleu sombre, mais elle n'avait fait que passer, et puis une voiture suisse à l'arrêt. Il est monté dans celle-ci. Il a flirté avec le conducteur, qui lui a annoncé qu'il venait de tirer son coup et qui lui a donné rdv pour le lendemain, à 19h, place du Vieux Marché où il devait aller faire son tiercé. Marcel est descendu de sa voiture et a rencontré un autre ancien copain qui voulait monter chez lui, mais il a refusé. C'était la Volkswagen bleue qui l'intriguait. Allait-elle repasser? Il décida d'attendre. Elle ne tarda pas à revenir, s'arrêta plus loin, et il se précipita. Il aborda directement le conducteur et l'amena chez lui. Il s'appelait Jean-Claude apparemment, habitait Le Havre et avait de très belles cuisses, bien rondes. Ils firent l'amour et le mec, très bronzé, lui dit "Heureusement que tu n'es pas raciste!". Il partit, et Marcel se coucha, à 3h du matin.
Il se réveilla, ce samedi 21 août, à 8h, dans une forme exceptionnelle. D'ailleurs il ne se souvenait pas, en se remémorant sa vie à Rouen, d'avoir été dans une forme pareille : absolument sûr de lui! Aussi, pas question de rester sur place : vite, Paris et sa drague permanente!
Il partit au train de 10h. Il commença par faire ses courses, le train-train habituel : le Printemps, les Galeries, et Brummel. A 13h15, débarrassé de la corvée des magasins, il fila directement aux Tuileries. Tout en lui désirait une rencontre. Il fit le tour de l'emplacement réservé aux habitués, et remarqua un homme d'âge moyen (certainement plus de 40 ans) bien habillé sans ostentation, cheveux courts et grisonnants, teint hâlé, yeux clairs, grand (1m80) qui, assis, le regardait. Il s'assit, lui tourna le dos, et contempla la place de la Concorde d'un air absent.. Cinq minutes après il se leva, se retourna. L'homme était debout et parlait avec un autre mec, plus jeune, genre métis, très bien fait. Marcel passa près d'eux, les regarda et commença à redescendre la rampe, où il s'accouda. Apparut, venant de l'extérieur, un jeune homme, sûr de lui, démarche adéquate, pas mal, mais tout à fait le genre gigolo. Il monta, tandis que l'autre redescendait. Ils se regardèrent. Le gigolo s'arrêta, au-dessus de Marcel, s'appuya à la rampe à son tour. Le type était en bas, et n'arrêtait pas de le regarder, avant de se diriger vers les tasses. Aussitôt, le gigolo redescendit et alla l'y rejoindre. Marcel ne bougea pas et patienta, intrigué par leur manège. Le gigolo sortit de la tasse le premier, remonta vers la rampe, se posa. Le type sortit à son tour, leva les yeux vers lui, hésita, alla vers la grille qui donnait sur la place, s'arrêta, revint. Marcel décida d'intervenir. Il descendit, passa devant l'homme, le regarda intensément, stoppa à la grille puis revint à la charge, le fixant sans ambiguité. L'homme se décida enfin et l'aborda. Le gigolo, au-dessus d'eux, émettait des sons divers avec sa bouche. Marcel parla, du mauvais temps, tout en assurant que septembre serait magnifique. L'homme, alors, se rapprocha lentement de lui et, à voix basse :
Lui : Je tiens à vous prévenir : je suis très bien monté.... C'est quelque chose d'énorme...
Marcel (les yeux ébahis) : ..........
Lui : Avez-vous quelque chose? De la crème?
Marcel : Non, je ne mets rien... Un peu de salive, peut-être...
Lui (étonné) : Mais ça ne vous fait pas mal?
Marcel : Non, j'adore ça.
Le dialogue continua. Le mec lui expliqua qu'il habitait en banlieue, qu'il ne pouvait pas l'y emmener tout de suite mais que, s'il voulait, ce soir....
Lui : A 19h, gare Saint Lazare. Et je t'assure que tu n'auras pas à te plaindre : je te prendrai autant de fois que tu voudras.
Marcel acquiesça, et s'en alla. Il regarda sa montre : 14h. Son train pour Rouen était à 16h15, l'autre à 17h30. Il avait tout son temps. Il refit le tour des allées et avisa un homme, blond, jeune (pas 30 ans, se dit-il) qui était assis et lisait un journal posé sur sa braguette ouverte. Marcel se mit devant lui et l'homme lui désigna la chaise près de lui où il s'assit. Redémarrage. Passage en première d'une façon très détendue puisque le type faisait semblant de lire un journal qui était placé à l'envers sur ses cuisses. Rigolade, et pointe d'accent dans la voix. Marcel, passant en seconde, chercha à localiser sa nationalité. Le Nord? Non. L'Allemagne? C'est presque ça. Heu... La Pologne? Nous y sommes. Voilà, la route est dégagée, la voie est libre. Philo, examens, et prise en main du levier de vitesse dans la braguette ouverte. Tout va bien.
Ils se lèvent, prennent le métro, arrivent à Neuilly, près de l'Etoile, montent chez lui. Une petite chambre, louée nue 450F par mois. Plein de bouquins entassés les uns sur les autres, des souvenirs de Pologne, un ours que Marcel baptise Antoine, un magnifique tapis et un désordre indescriptible. Tadziu lui parle de sa faim, de son désir, de son corps, de son frère, de la vie, des études, de sa concierge, de son logement. A 18h, sortis du lit, épuisés mais non rassasiés, ils vont faire un tour au Bois de Boulogne. Ciel bas. Ils parlent de l'eau, vertige et miroir, de la vie en Pologne. Ils rentrent, mangent et refont l'amour.
Dimanche 22.
Après des rêves et des caresses ébauchés, ils se réveillent à 8h15. Il faut se lever, se laver, et aller faire le marché. Sous la pluie, Marcel tenant le pépin, lui en dégueulasse. Puis ils rentrent, prennent le petit déjeuner. Pendant qu'il fait des confitures, Marcel épluche les haricots. Ils se quittent.
Marcel va sur les Champs Elysées, l'air ensommeillé, et retourne à la gare.
Il est à Rouen à 15h et va directement chez Rolande. Claudine vient les rejoindre à 19h30. Elle a déjà passablement bu chez sa cousine, et Marcel craint fort que la soirée se termine mal. Elle se termine mal, en effet, mais par la faute de Rolande qui touche à peine aux plats, pourtant bons, qu'on lui sert, et se venge par des méchancetés soudaines que le vin ne fait qu'accentuer. Elle les reconduit, mais avec une hargne qui semble ridicule. Après la tempête c'est la décrépitude : Claudine se met à chialer dans le lit. Charmante soirée. Heureusement, Marcel se referme en lui-même, évoquant avec émotion son beau Polonais et leurs ébats pleins de tendresse et de vivacité.

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