jeudi 4 juin 2009

La (petite) vie de Marcel -24

Marcel part en vacances avec Claudine.
Mardi 1er juin.
Troisième journée à Rome. Aujourd'hui, il ne fait pas beau. Ciel couvert.
Revenons en arrière.
Samedi, à Paris, Marcel et Claudine sont allés voir "La Mort à Venise" de Visconti. Ils ont trouvé que l'adaptation était assez fidèle au roman de T. Mann, à part que dans le film Tadziu en fait beaucoup plus (regards, sourires). Au début, Marcel se demandait si Dirk Bogarde n'allait pas en faire trop, lui aussi, mais non, il l'a trouvé épatant (comme d'habitude) et, dans la scène du faux-départ, carrément sublime.
Ce mardi matin, donc, à Rome, Marcel est abordé par un jeune romain, près du Colisée, qui parlemente, se met la main entre les cuisses, réclame 1.000 lires pour baiser ou être baisé. Ca se termine par un échange de colliers. Celui de Marcel ne lui avait pas coûté cher, car il l'avait piqué le matin même dans un magasin genre Monoprix.
Mercredi 2.
Le soleil est revenu. Il fait chaud, très beau. C'est jour de fête nationale. Marcel perd très vite son enthousiasme : son oeil lui refait mal et son rhume, dû à une insolation, le fait chialer comme un gamin. Ils vont au Pincio, mais il y a vraiment trop de monde. Ils mettent les voiles pour le parc de la villa Borghese où ils mangent sur l'herbe. Un homme passe, châtain, s'assoit plus loin puis revient s'asseoir plus près. Il les regarde, écarte les cuisses et ouvre sa braguette. Pas de doute. Marcel se lève et s'approche de lui. L'homme est irlandais, instituteur à Londres, et parle très bien le français. Il dit qu'il a essayé de draguer les jeunes italiens, mais qu'ils ne font ça que pour du fric. Il accepte la présence de Claudine, qui les rejoint. Ils flirtent à la sauvette.
Jeudi 3.
L'oeil de Marcel lui fait mal et il en a déjà marre de Rome. Ils partiront demain, mais il a l'impression qu'ailleurs ce ne sera pas mieux qu'ici. Le soir, ils assistent à une représentation sans intérêt des "Puritains" de Bellini. Dans des décors (?) d'un autre âge dont la laideur fait frémir, les choeurs se pavanent avec l'envie manifeste de ne pas se fatiguer la voix, et l'orchestre fait des siennes, cherchant à défigurer le plus possible une musique qui est pourtant la souplesse même. Le baryton lance des aigus très applaudis. Mirella Freni, la beauté même, incarne une pauvre fille que l'on martyrise à plaisir. Les italiens sont ravis, mais les anglais et les américains, venus ce soir-là, ne semblent guère apprécier. Ceux qui ronchonnent, près de Claudine, partiront bien avant la fin.
Vendredi 4.
Florence. Chaleur. La ville apparaît en déséquilibre. Pour Marcel, la place dei Signori, en particulier, est totalement disproportionnée.
Le temps se gâte très vite et l'orage gronde.
Dimanche 6.
Superbe représentation de "Turandot" au Teatro Communale, l'après-midi, à 16h. Le spectacle était autant dans la salle que sur la scène. Dans la salle, Marcel se fait remarquer par un groupe d'hommes très excentrique. Sur scène, Placido Domingo se taille un succès fou. C'est en effet la grande révélation de ces dernière années : une voix riche, avec un medium très corsé, beaucoup d'assurance et un jeu d'acteur assez exceptionnel. Claudine le compare à Jussi Björling.
Lundi 7.
Retour au Havre. Semaine de repos. Marcel soigne son oeil, Claudine achète une nouvelle chaîne stéréo. Pour compléter le voyage italien, ils écoutent beaucoup d'opéras de Verdi.

Aucun commentaire: