dimanche 7 juin 2009

La (petite) vie de Marcel -25

Marcel continue de draguer.
Lundi 21 juin.
Vers 6h, Marcel rêve : Claudine fait l'andouille avec un gamin. Comme punition, elle doit recevoir 20 coups d'aiguille dans les fesses. Elle le supplie du regard. Il reste stoïque. L'un des bourreaux n'est autre que David.
Retour au bureau, après les vacances. Réflexions très plaisantes du personnel:
- Vous êtes bronzé de l'intérieur (Gruyère).
- Tu as dû être plus souvent dessous que dessus (un inspecteur).
Léontine n'étant pas là (grippe), l'ambiance est des plus excitante : Peter va de l'une à l'autre avec la légéreté qui lui est propre (celle d'un éléphant portant des couches), la bouche en coeur, les yeux brillants.
Le soir, Marcel retrouve un habitué (Belle Gueule) qui lui jette un coup d'oeil languissant. Il se souvient de leur première rencontre : c'était au café de la Poste. Marcel y était avec Serge (triste souvenir!) tandis que Belle Gueule mangeait avec une copine à lui, mais il n'avait pas arrêté de le reluquer de toute la soirée. Après, quand il l'avait revu, place du Vieux Marché, Belle Gueule n'était jamais seul. Mais il lui accordait toujours un sourire qui lui faisait plaisir. Ensuite, Marcel l'a revu chez Germaine (veille du 1er mai?) : il était encore très entouré. A la gare, il a essayé de l'aborder, mais il l'a renvoyé balader. Et enfin, rue du Baillage, il l'a vu avec Raymond, qui lui a dit bonjour. Depuis l'incident de la gare, Marcel l'avait toujours regardé avec insistance, mais sans essayer de lui reparler. C'est un homme assez petit, bien fait, avec surtout une tête très fine et de beaux yeux vifs. Un peu plus grand, il serait irrésistible...
Pendant ce temps, ce soir, rue du Baillage, les voitures font la queue devant une occasionnelle, petite et grosse, qu'ils essaient d'avoir au rabais.
Mardi 22.
Marcel se remet à écrire. Il commence à ébaucher une nouvelle qu'il pense pouvoir étoffer au bureau, pendant les vacances de Gruyère (au mois d'août).
Jeudi 24.
L'atmosphère, au bureau, est à la fraternité collective. Rolande, reprenant ses bonnes habitudes (tantôt blanc, tantôt noir) se remet en cheville avec Peter et minaude avec Babeth. Léontine les a baptisé "le trio des masques".
Certains soirs Marcel s'emmerde à s'en faire crever le moral, d'autres, comme ce soir, ça va tout seul, comme une mécanique bien huilée qui ne demande qu'à se mettre en route. Il va à la gare (22h) où il rencontre un ancien copain. Ils bavardent, le temps de voir défiler les voitures habituelles, et puis il va faire un tour rue du Baillage (22h20). A peine arrivé, il remarque un type qui le rattrape et qui le ramène chez lui en camionnette. Le temps de lui faire son affaire et de remarquer qu'il a des chaussettes archi-trouées, il retourne en courant rue du Baillage (23h30) où il se fait embarquer par un second type qu'il pense avoir déjà amené chez lui puisque ses mensurations lui reviennent en mémoire au moment opportun....
Vendredi 25.
Pas trop épuisé, le Marcel, mais la fatigue commence tout de même à se faire sentir.
Il reste de marbre au bureau. Le chef étant à Paris, il passe l'après-midi avec Léontine. Le trio semble s'amuser follement mais Rolande, qui d'habitude est très franche avec lui (parfois même brutalement) n'a pas le même langage avec les deux autres. Avec Léontine, ce n'est pas pareil, ils s'entendent parfaitement, souvent ils n'ont même pas besoin de se parler : un seul regard leur suffit. Elle lui dit toujours "Comment se fait-il que tu penses la même chose que moi?".
Le soir, malgré une légère fatigue, il se sent en forme. Il le faut, car il veut profiter de la chance qu'il a en ce moment.
Il sort (21h30). Il n'y a pas grand monde rue du Baillage. Il remonte vers la gare (22h10). En chemin, il croise un homme qui, lui, descend de la gare. Marcel le regarde intensément (il lui dira plus tard "Quels yeux tu me lançais!"). Ils se retournent mutuellement et continuent, en hésitant, chacun leur chemin.Le type s'éloigne du côté du boulevard. Marcel s'arrête, suppute ses chances et, en souriant, se lance à sa poursuite.
Marcel : "Qu'aurais-tu fait si je ne t'avais pas rejoint?".
Lui : "J'aurais continué mon chemin".
Marcel insiste, pose des questions.
Lui : "A quoi bon toutes ces questions?".
Marcel : "Pour essayer de se connaître, non?".
L'homme hausse les épaules mais, une fois au lit, c'est lui qui n'arrêtera pas de parler au point que Marcel ne saura plus comment le faire taire : "On est bien, non? Pourquoi veux-tu absolument parler, maintenant?".
Le type de la veille (le 2ème, pas celui aux chaussettes trouées mais celui aux mensurations étonnantes) le faisait baîller d'ennui avec ses histoires de travail, de femme et d'enfants. Celui de ce soir, une fois lancé, ne connaît plus de freins. Au lit, le premier assaut passé, c'est une avalanche de "si" et de "mais". A partir de minuit il regarde sa montre toutes les 5 minutes. Pour le faire taire, Marcel s'occupe de son corps, et le deuxième assaut est beaucoup plus dur, plus violent, plus instructif.
Lui : "Pourquoi tu as envie de moi?".
Marcel : "Parce que tu as une grosse bite".
Lui : "Et tu l'as su, tout de suite, en me voyant?".
Marcel : "J'avais cinquante chances sur cent pour que ce soit vrai. J'avais donc raison de le croire. De toute façon, même si tu en avais eu une petite, tu m'aurais pris quand même!".
Lui : "Ben oui!".
Marcel : "Bon, alors!".
A 1h du matin, il faut se lever. Marcel le raccompagne, par la rue Saint Hilaire et la rue Bourg l'Abbé. Là, il recommence. Marcel a eu le malheur, au début, de lui dire que les vieilles maisons de Rouen étaient très jolies pour l'oeil du touriste mais qu'elles étaient pourries à l'intérieur. Depuis, il n'arrête pas. Marcel est obligé d'employer un langage plus précis, du genre "Tu m'emmerdes" ou "Fous-moi la paix" mais il le retient par le bras : "Et celle-là, tu la foutrais en l'air?...et celle-là aussi?". Ils se séparent au Palais de Justice, où le type prend un taxi.
Rentré à 2h du matin.
Samedi 26.
Réveillé à 8h, puis à 10h30. Complètement lessivé, mal à l'oeil. Il va manger, puis il va faire des courses. C'est la braderie. Autant dire un déballage d'horreurs où on a des chances de rencontrer des gens qu'il vaut mieux éviter. Lunettes noires sur les yeux, il évite soigneusement les endroits encombrés.
A 14h30 il va chercher Claudine à la gare. Ils vont directement chez lui. A 19h ils mangent des sandwiches puis ils s'habillent et vont au Théâtre des Arts. Pas mal de monde, mais ce n'est pas plein. Il y a quelques jeunes. Karajan paraît et attaque le Requiem de Verdi avec une rapidité qu'il n'abandonnera jamais tout au long de l'ouvrage. Marcel est complétement sidéré par l'ampleur de la voix de Ghiaurov. Il est heureux de retrouver la belle Mirella Freni, plus en valeur ici qu'à Rome, mais il n'arrive pas à comprendre ce qui a bien pu pousser un chef d'orchestre aussi illustre à venir se produire dans une ville comme Rouen.
Dimanche 27.
Marcel avait vu "Leviathan" de Léonard Keigel, et il avait beaucoup aimé. Il attendait donc avec une certaine curiosité son nouvel opus : "Qui?". La déception fut à la hauteur de l'attente. Passe encore sur Maurice Ronet, habitué désormais aux rôles de "beau gosse qui trouve toujours le moyen de se bourrer la gueule à un moment donné" mais Romy Schneider!... Pourquoi avoir accepté un rôle aussi con? Et puis l'intrigue!... L'enterrement du cadavre dans le jardin fut pour lui un grand morceau de cinéma loufoque. Il sortit du cinoche mort de rire, et fila vite boire un verre avec Claudine pour oublier sa déception et s'occuper l'esprit à d'autres élucubrations plus enrichissantes.

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