lundi 8 juin 2009

La (petite) vie de Marcel -26

Marcel fait de nouvelles rencontres.
Mardi 29 juin.
Marcel a été "saoûlé" par sa dernière conquête, au point d'en avoir marre, mais, une fois l'homme parti, il s'est retrouvé seul, plus seul que jamais. Pour fuir la panique, et le sentiment insistant des amours inutiles, il est sorti dimanche et lundi soirs. En vain.
Pourtant, il lui fallait une compensation, brutale, rapide. Il l'a eue ce soir, à 23h passées, alors qu'il n'y croyait plus, après avoir bavardé avec ses 2 copines revenues pour un soir rue du Baillage, avec un type en 4L, grand et costaud, avec de fortes cuisses et un membre viril très impressionnant
Lui : "Tu dragues?".
Marcel : "Ben oui, faut bien gagner sa vie".
Rigolo, va!
Jeudi 8 juillet.
18h. Chaleur accablante. Il espère trouver un coin d'ombre dans le jardin Solférino. Malheureusement tous les bancs sont pris : étalage de jambes dans l'atmosphère surchauffée.
Donc, résigné, il va faire un tour rive gauche. Là, le jardin de la Maison des Jeunes est moins encombré. Lunettes sur le nez, tête basse, il se fait intercepter par un homme assis sur un banc. C'est Jean-Paul, rencontré souvent chez Germaine, "mari" de Noël. En définitive, c'est une bonne surprise. Il s'assoit, et Jean-Paul se met à parler. Il parle -entre autre, car il a un baratin monstre- de la "mère Noël" avec qui il a rompu. A 19h, Marcel le quitte, et lui promet de revenir vers 21h30. Mais à 21h30 il est encore à la gare, où il poste une lettre pour Rolande. Il retourne là-bas à 21h50. Jean-Paul est toujours là. Ils vont boire un pot. Marcel est plein de bonne volonté, mais quand le mec commence par lui dire qu'il ne peut pas le faire venir chez lui parce qu'il y a ses parents, il se rebiffe -hé quoi, il a tant honte de lui qu'il ne veut même pas le présenter à eux?. Jean-Paul lui propose les bords de la Seine, comme à une vulgaire putain.
Marcel : "Mais non, mon chéri, j'ai mieux : pourquoi ne pas aller chez moi?"
Jean-Paul : "Tiens, c'est une bonne idée! Je n'y avais même pas pensé!"
Rasséréné, il se lance dans un baratin monstre. Tout y passe : service militaire, adoption, Saint- Tropez, reniement de sa vraie et riche famille, défilé des élèves de Saint Cyr, grandes manoeuvres, tapinage, salon de coiffure. Marcel n'a ni le temps, ni l'envie d'en placer une. Aussi, arrivés devant chez lui, il le remercie de l'avoir raccompagné et lui ferme la grille au nez. Il se couche. Il est 23h30.
Vendredi 9.
De nouveau, chaleur accablante. Tonton Gruyère a tombé la veste et retroussé les manches : ce n'est pas beau à voir. Claudine apporte "The Gramophone" qui concrétise la rivalité EMI-DECCA en matière d'enregistrements lyriques.
A 18h45 Jean-Paul, visiblement pas fâché d'avoir été plaqué devant la grille, se radine avec un mec barbu qu'il présente comme son neveu. Grande famille bourgeoise. Fortune faite en Algérie. Marcel les écoute sagement et puis les laisse, à 19h, pour aller manger, et donne rendez-vous à Jean-Paul pour le lundi suivant.
Mardi 20.
Le temps passe. Au bureau Léontine et Rolande sont en vacances. Babeth est gentille, Peter est en arrêt de maladie.
Quelques surprises amusantes : un mec qui le reconduit chez lui sans l'ombre d'une hésitation, alors que Marcel ne l'avait pas renseigné sur son adresse, un autre qui débarque directement, lundi 12, et qui le trouve en peignoir, les cheveux encore mouillés. Aussi, lorsqu'il part en lui affirmant qu'il reviendra le voir le lendemain soir, mardi 13, Marcel décide d'aller faire un tour au Havre pour ne pas le revoir. Au Havre, découpages, collages, enregistrements, engueulades avec Claudine, raccommodages.
Hier soir, lundi 19, une voiture immatriculée 94 s'arrête près de lui, rue du Baillage. Première phrase de Marcel :
- Vous n'êtes pas de la région. Et, bien sûr, vous n'avez pas d'endroit où aller coucher!
Le mec est écroulé : "Qu'est-ce qui vous fait droire ça? Allez, montez, je vous emmène at home!"
Il l'emmène chez lui, un grand meublé, genre bric-à-brac, qu'on lui loue, paraît-il, 850F par mois. C'est affolant (le prix, parce que le mec, lui, ne l'affole pas du tout -c'est le genre snobinard qui parle un langage recherché semé de mots d'argot). Marcel réclame du scotch. La soirée commence bien, en dents de scie. A 1h50 du matin, l'homme raconte sa vie. Déprimant. Marcel, la bouche sèche, réclame un autre verre de scotch, mais la bouteille est vide. Il s'endort, vers 3h, dans les bras de Jean-Michel, l'affreux Jojo en question. A 7h, réveil, machins de maïs, lait froid, café. Jean-Michel le raccompagne chez lui, où il se change.
Donc, aujourd'hui, mardi 20. Marcel va faire un tour à 19h à la Maison des Jeunes, puis il se rend chez Jean-Michel, qui le reçoit en short blanc, torse nu. Il est en train de s'escrimer avec les plats, dans la cuisine. Marcel en profite pour se faufiler dans la salle de bain et accaparer la baignoire.
Jean-Michel : "Mais pourquoi t'enfermes-tu?".
Marcel : "Par timidité".
En sortant du bain il trouve la table mise et se sert un grand verre de vin. Hélas! le beefsteak est dur et les patates sont cramées. Heureusement, Jean-Michel est assez convaincant pour le retenir. Une bonne soirée, très "bourgeoise" en fin de compte. Raccompagné, Marcel se couche, à 23h30, et s'endort ausitôt.
Mercredi 21.
A 18h, Claudine n'est pas là. Elle devait aller à Paris. Deux hypothèses : ou bien elle est malade, ou bien elle s'est fait pincer. Or, si elle était malade, elle l'aurait prévenu. Donc, elle s'est fait pincer. Marcel va manger et remonte vers la gare. Elle en sort juste au moment où il y arrive. C'est bien ce qu'il pensait : elle s'est fait pincer aux Galeries Lafayette. C'est malin! Elle lui raconte son histoire, avec forces détails. "La prochaine fois, qu'elle lui fait, j'irai en taule!". Ils rigolent comme des tordus.

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