jeudi 7 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -7

Marcel se saoule la gueule.
Lundi 31 août.
Courses à Rouen. Sandwiches dans la chambre de Marcel. Il a reçu une carte de Claude L.G. L'après-midi, celui-ci lui téléphone de Paris.
Il fait chaud. La pensée de David ne le harcèle plus comme avant. Il se sent prêt pour une autre aventure, sans doute parce qu'il est sûr désormais qu'il peut avoir confiance en lui. Il sait qu'il sera là, quand il le voudra.
Il lit "Les mendiants de miracle" qui le passionnent.
Il travaille à sa troisième histoire, mais il n'arrive pas à s'intéresser à son sujet (un bal, suivi d'un viol). Le concierge s'engueule avec un locataire, et il file sur la place. David arrive. Ils longent les quais de la Seine. Des bruits incertains les séparent, encore brisés par leur étreinte. Ils rentrent, très amoureux.
Mardi 1er septembre.
Gruyère ne viendra pas de toute la journée. C'est la grande foire au bureau. A midi, Marcel va manger à la Maison des Jeunes (réouverte) avec Lydia, revenue très bronzée de Corse, Lucette et Babeth. Ensuite il va porter son recueil de poèmes à Jean (qui n'est pas là).
L'après-midi, Léontine l'accepte dans son bureau, signe qu'il fait des progès avec elle, et qu'il aboutira certainement -pour l'instant il la surveille, il cherche à la comprendre. Il téléphone à Claudine, au Havre, et puis à Jean, qu'il va voir à 19h30. Il boit son calva et il l'écoute déblatérer. Sa nouvelle télé en couleur n'est pas terrible. Il se sauve à 21h15 et David ne tarde pas à venir le rejoindre. Il a eu un accident avec sa nouvelle voiture, qui s'est littéralement désintégrée. Sa fureur le bouleverse, et plus encore les intentions qu'il manifeste. C'est un anarchiste, ce garçon. Marcel l'approuve mais tremble pour lui. Sa tendresse prend, ce soir, un goût désespéré.
Mercredi 2.
Gruyère leur annonce qu'il ne sera pas là jeudi et vendredi. Quelle joie! Marcel en profitera pour aller chez le coiffeur.
Peter est désemparé. Son inconscience frise la folie. Il s'affiche partout avec Rolande. Celle-ci rayonne. Marcel parle de tout ça à Léontine, devenue enfin son amie. Elle lui répond ; "Il plane! Gare à l'atterrissage!".
Marcel va se balader à la Préfecture.
21h30. David l'emmène faire un tour à Petit-Quevilly. Son histoire ne s'arrange guère. Le garagiste-bidon qui lui a vendu la voiture ne veut pas le rembourser, et il menace de tout casser. Comme il a la police avec lui, Marcel lui conseille d'être prudent. Pour la première fois depuis qu'ils se fréquentent, David lui dit, en le quittant : "A demain soir". C'est peut-être étrange, mais c'est le premier homme pour qui Marcel éprouve du respect.
Il commence à en avoir marre de son taudis du 7 rue Bourg l'Abbé. Son voisin parle tout seul. C'est pas drôle et le pire, c'est qu'il a l'air d'aimer ça. Vers 19h30 il s'est mis à pousser des soupirs comme s'il jouissait (peut-être jouissait-il vraiment -toujours est-il qu'il n'a pas la jouissance discrète). De plus, l'autre con qui est toujours en chaleur laisse la fenêtre du couloir ouverte toute la nuit, et comme il commence à ne pas faire chaud, Marcel se les caille.
Jeudi 3.
D'après son horoscope, ce devait être sa meilleure journée de la semaine.
Après une bonne nuit, il passe la matinée avec les infirmières, braves femmes s'il en est, mais tout à fait hors de course. Babeth a mis sa robe bleue et ils vont manger tous les deux au Flandres. Bien entendu, ils parlent de Venise. L'après-midi, Marcel file chez le coiffeur. Ensuite, c'est Peter qui va chercher une bouteille de scotch. Ils boivent, tous ensemble, et bientôt le bureau est en effervescence.. Peter est pâle comme un mort, Léontine est rouge comme un coquelicot, Babeth tricote en faisant l'andouille. Marcel téléphone à Claudine. Elle a reçu son "Gramophone". A 18h Peter l'emmène chez lui, rue de la Glacière. Sa femme rapplique avec 4 pétasses. Ils reboivent. Prudemment, Marcel laisse son whisky de côté. Toutes les femmes parties, Peter veut l'emmener au Flandres. Marcel refuse et ils font des oeufs sur le plat. Peter entame une discussion survoltée que le retour de sa femme, heureusement, vient interrompre. Il est 20h15, Marcel file chez lui à pied et s'aperçoit qu'il a du mal à marcher droit. Il se change et va sur la place où, à peine arrivé, David l'embarque. Son affaire s'arrange, pas celle de Marcel. Il a tellement envie de s'envoyer en l'air qu'il se surpasse. Ils filent à une allure record à Canteleu, le pantalon baissé. "T'es pas trouillard pour deux ronds!" lui dit David. Son imprudence semble l'irriter mais il s'en fout. Ils jouissent, mais Marcel est toujours aussi saoul.
Nuit agitée.
4-5-6-7. Week-end au Havre.
Que s'est-il passé? Marcel passe, samedi et dimanche, deux jours d'un ennui mortel.
Vendredi soir, avant de prendre le train, il avait emmené Claudine, venue le chercher, manger une assiette anglaise au Tyrol. Le samedi, ils écoutent des disques. "Vénus, rends-moi ton fils!" implore Janet Baker à la fin des Troyens. "Vénus, rends-moi David!" marmonne Marcel, la tête basse et le front soucieux. "Ah! Où sont-ils ces jours?" déclame encore la belle Janet-Cléopâtre avant de se faire transpercer le sein. "Ah! Où sont-elles ces nuits avec David!" gémit Marcel, étendu sur le divan du salon.
Quant aux valses de Strauss, elles lui donnent la nausée.

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