mardi 19 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -14

Marcel n'est pas une tantine.
Lundi 16 novembre.
Café, avec Rolande, au Maxim's Pub. C'est plutôt rigolo d'entendre celle-ci proclamer que Marcel est un pote et que ce n'est pas une "tantine" (pour elle, presque tous les hommes sont des "tantines", même Peter).
Babeth est triste "Comme je voudrais changer de service!" confie-t-elle à Marcel. Quant à Peter, fidèle à lui-même, il ne fait pas de différence entre les gens, car "ils sont tous intéressants".
Mardi 17.
Sur la place, un type se ramène en voiture et demande à Marcel de coucher avec lui. Encore un qui n'a "jamais fait ça"! Il lui dit que la veille quelqu'un -un homme- lui a demandé de coucher avec lui et qu'il a refusé. "Mais, ajoute-t-il, ça m'a tracassé toute la nuit". Et maintenant, il est disposé. "Cherchez quelqu'un d'autre, répond Marcel, je suis déjà pris".
Mercredi 18.
Toujours le Maxim's Pub, avec Rolande. Mais il s'ennuie, car Léontine n'est pas là.
Cognac.
Lundi 23.
C'est marrant, mais dès qu'un beau mec arrive, c'est la ruée sur la place. Celui-là, 1m80, 80kgs de muscles, une tête à faire pâmer n'importe quel individu, mâle ou femelle, et tout ce qu'il faut dans le pantalon, roule des mécaniques en se faisant draguer. Il passe, repasse, jouant l'indifférent, et puis il s'en va.
Mardi 24.
Léontine est enfin revenue au bureau.
Big Ben avec Rolande. Elle est amoureuse d'un certain Alain. Sur son visage se lisent tous les espoirs et toutes les craintes de l'amour.
Marcel a demandé ses congés à son chef (du 7 au 20 juin). Il téléphone la nouvelle à Claudine.
Jeudi 26.
Andréa l'attend, rue des Sapins. Marcel a du mal à quitter ses rêves et, après l'avoir gentiment accueilli, il a hâte de se retrouver seul.
Vendredi 27.
Toujours le Big Ben, avec Rolande, qui lui parle d'Alain, son nouveau soupirant. Il aimerait qu'elle en parlât un peu moins et qu'elle s'occupe un peu plus du serveur -Tintin- superbe specimen du type qui fait tomber les femmes. Il n'arrête pas, en effet, de la reluquer. Elle le sait, mais elle n'arrive pas à comprendre ce qu'il peut lui trouver d'intéressant.
Le soir, Marcel a rendez-vous avec Andréa. Ca l'ennuie, parce qu'il n'a pas envie de lui. Mais il est là, avec une grande bouteille de cognac. A 22h il le raccompagne.
Samedi 28.
Rouen.
Marcel sent en lui une sorte de calme qui n'est peut-être que de la lassitude. Plus que jamais, après l'expérience du Havre avec Claudine, il ne se sent pas le courage, l'aplomb, la patience, de s'attacher à quelqu'un. Il ne pense pas être fait pour la vie commune, les petits ménages et les concessions. Il aurait certainement fini par ne plus supporter Claudine si il était resté au Havre avec elle. Son départ aura été salutaire, et l'éloignement lui aura permis de conserver le minimum nécessaire à une bonne entente, sans le gaspillage d'énergie qu'entraînent la jalousie et la mesquinerie, conséquences souvent de l'obligation de se voir tous les jours.
Du côté bureau, la seule personne en qui il ait une entière confiance reste Léontine. Rolande est un cas particulier. Il n'a pas confiance en elle, mais il a besoin de ses humeurs pour éliminer les siennes. Quant à Babeth et à Peter, s'ils sont sympathiques, ils lui sont carrément indifférents.
Mardi 1er décembre.
Après un bon dimanche avec Claudine, venue lui rendre visite, la vie de bureau reprend ses droits. Babeth s'étant assise sur ses genoux, ce matin, a droit à un mot de Peter. Le soir, elle le plaque et, avec Rolande, ils prennent l'apéritif au Big Ben. Servis par Milou.
Jeudi 3.
Soirée passée avec J. de Clermont-Ferrand. Ce genre de rencontre, de pur hasard, qui ne doit pas avoir de lendemain, pousse souvent les gens à vouloir résumer, en quelques heures, toute leur vie. Le mec de Clermont-Ferrand explique à Marcel qu'il n'a pas beaucoup de choix : son dernier car est à 22h. Ou bien il le prend, ou bien il passe la nuit chez lui. Marcel accepte de le garder et ne le regrette pas. Malgré sa tendance à vouloir se justifier (une femme, trois enfants, mais un appêtit sexuel insatisfait en permanence) il a une façon très particulière de faire durer le plaisir qui est à la fois énervante et excitante.
Vendredi 4.
Marcel raccompagne J. à la gare, où il va prendre son car. Ayant pris le petit-déjeuner à l'aube, Marcel arrive au bureau l'un des premiers. Il fait nuit encore, et il se souvient du temps où il travaillait à Martainville. Il allait chercher son lait tôt le matin, dans la nuit pas encore dissipée, et il aimait le silence à peine troublé des rues, l'odeur de l'aube grise et plate.
Bien entendu, fatigué, encore sous le coup du plaisir presque morbide d'une nuit passée sans sommeil mais battue par l'odeur des corps, il est d'une humeur excécrable où tous, sauf Léontine, l'horripilent soudain.
Il se couche à 20h, et se réveille à minuit. Bizarre.
Samedi 5.
Sa montre retardant de 10 minutes, il loupe le train qui devait le conduire à Paris. Obligé de prendre celui de 12h. Il retrouve Claudine à Saint Lazare. La pauvre a juste le temps de lui dire bonjour avant de prendre son train pour retourner au Havre. Il va seul au Printemps. Un monde fou. Il achète des disques.
Deux semaines de congés. Il va au Havre.

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