samedi 2 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -2

Marcel tombe amoureux.
Lundi 27 juillet.
Marcel rêve et se réveille. Il se dit "Ah! s'il pouvait être 5h!". Il glisse un coup d'oeil timide vers le réveil : 4h55. Chic. Son rêve était étrange : il se préparait à aller à l'école (cours de Science Nat) mais il ne pouvait s'empêcher de jouer au foot dans la rue avec son frère. Le cours commençait à 10h, il se pointait à la maison à 9h45, très excité, le torse demi-nu, pour entendre les sarcasmes de son père. Il se souvenait aussi qu'en jouant au foot, la balle allait souvent dans une épicerie où une fille (était-ce Mauricette?) en blouse blanche leur renvoyait la balle.
Marcel prend le train pour Rouen.
Journée merveilleuse, le temps se dégage dans l'après-midi. Comme d'habitude lorsqu'il est en forme il fait le pitre au bureau.
Il retrouve Claude L.G. de 18h à 20h.
Le soir, ça se gâte. Accès de mélancolie.
Mardi 28.
Journée calme.
Le soir, Marcel repère une Simca blanche, qui fait le tour de la place du Vieux Marché. Elle va s'arrêter dans une rue isolée. Le conducteur ne descend pas. Marcel s'approche, et le mec le fait monter. Le début, assez tendu, lui fait prévoir une aventure peu banale. La voiture file vers Canteleu, dépasse la ville et s'enfonce dans les bois. Elle s'arrête, dans un endroit désert, et Marcel dévouvre que David -c'est son prénom- possède un corps tout en muscles. Il met dans l'amour une force peu banale. Son étreinte est brutale, mais non exempte de tendresse. Médusé, Marcel reste sans mot, tandis que David le ramène à Rouen. Le ciel est clair, les lumières scintillent et lui rappellent d'autres lumières (Nice et Rome). Tout celà concoure à le rendre mélancolique.
Mercredi 29.
Journée calme, qui passe lentement.
L'après-midi, Marcel regarde une carte de Rouen et de ses environs, et il peut retrouver un bout de la route que David a prise, hier soir. Le souvenir de cette nuit afflue en lui. L'odeur de la peau de l'homme, de son tabac, et de cette sueur qui nait de l'amour, il sent tout ça sur son propre corps. Ce trouble ne peut être une illusion.
Le soir, il reste quelque temps au jardin St Roch, du côté des jeux des enfants. Là, la fine fleur de Rouen se rassemble : jeunes en jean's, mômes débraillés, clochards, filles vulgaires. Il aime les regarder, les entendre. Mais pas une seule fois, malgré le ciel très pur, il ne retrouve cette atmosphère si particulière, si chaude et si sensuelle, qu'il goûtait fort dans les jardins de Rome, de Bergame, de Vérone.
En rentrant, vers 20h45, son voisin de palier est sur le pas de sa porte, torse nu. C'est un homme qui a toujours chaud. Il a de la chance.

Aucun commentaire: