dimanche 31 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -22

Marcel se dévergonde.
Au bureau, Marcel fait une réflexion à Rolande qui ne lui plaît pas, mais qui plaît à Babeth :
"Tu es brutale avec certains -moi, par exemple- mais pas avec d'autres -Peter, pour ne pas le nommer!".
Il trouve étrange qu'elle ménage tout le temps Peter alors qu'il l'a laissée tomber sans aucune explication.
21h30. Il part pour la gare. Beaucoup de monde, mais il n'y reste pas. En fait, il se sent plutôt fatigué. Rue du Baillage, ses petites copines ne sont pas là, mais il y a beaucoup d'allées et venues. Un gros mâle, brun, le reluque, tourne autour de lui, mais Marcel est énervé, agacé. Une voiture vert sombre s'arrête du côté du trottoir des filles, qui ne sont toujours pas là. Un homme, veste claire, lunettes, en descend, cigarette au bec, et passe près de lui. Il a le choix entre le gros et lui, mais il ne se sent pas en forme : en fait il attend David qui ne vient pas. Et brusquement il a la trouille, sans savoir pourquoi. C'est ridicule, mais c'est dû sûrement à son manque d'entrain, à la phase de la lune ou à l'absence de ses amies tapineuses. Le type en blanc est remonté dans sa voiture, et se radine avec un autre. Ils s'arrêtent près de lui. L'autre se tire, le blanc revient rôder à ses côtés. Comme il pleut, Marcel ouvre son pépin et se décide à aller voir ce qu'il veut. Il commence à lui parler, il monte dans sa voiture, et ils foutent le camp. Le train-train habituel, à part que ça ne l'intéresse pas du tout. Ils se retrouvent à Mont Saint Aignan, dans une ruelle très pittoresque, à poil tous les deux dans la bagnole. Champion! Le mec déconne à plein tube, Marcel reste de glace tandis que, paraît-il, son simple contact le fait jouir. Il a une queue énorme, genre gros boudin, il veut le voir à Paris, il veut le voir à Saint Tropez... ça n'en finit pas. Enfin, prétextant la peur de se faire surprendre, Marcel le décide à retourner à Rouen. Il est 23h. Le type capte au passage son copain Jean-Philippe, laid, myope, avide de pseudo-psychologie. Marcel en profite pour les emmener au Milord, où il prétend être déjà allé mais où il n'a jamais mis les pieds. C'est petit et charmant. Il y a là le "frère" de Rolande qui ne lui adresse pas la parole, et un barman très mignon sur lequel il porte toute son attention toute la soirée, car il s'emmerde comme c'est pas possible. Il ne voit que lui, entre ses deux lascars qui, c'est visible, chechent à le saoûler... Ils en sont pour leurs frais : après deux bière et un whisky il reste toujours aussi gelé. Les minets débarquent, papotent, s'en vont. Le gros type se frotte à lui, bande, et l'embrasse à pleine bouche. Il commence enfin à s'amuser lorsque ces messieurs décident de partir. Il demande à ce qu'on le raccompagne et les laisse à la grille, après leur avoir promis de leur donner de ses nouvelles. Ouf! il se couche, seul, à deux heures du matin.
Fin de semaine normale.
Au Havre, avec Claudine, écoute de quelques disques et puis, samedi soir, retransmis du Covent Garden, "Un Ballo" de Verdi, avec un Bergonzi dans une forme splendide, qui se taille un succès fou, très bien secondé par Milnes.
Lundi 26.
Rolande, venue le chercher rue du Baillage, s'affole parce que les types la prennent pour une nouvelle. "C'est la dernière fois que je viens te chercher!" lui crie-t-elle.
Mardi 27.
Soirée aux Oubliettes où ils retrouvent Michou, le "frère" de Rolande, en pleine forme, ce qui ne semble pas faire plaisir à cette dernière qui le croyait "redevenu normal". Avec lui un jeune homme bien fait, mignon mais assez con, et une grande folle plutôt déprimante. Marcel se couche à 2 heures.
Jeudi 29.
Soirée sans grand intérêt. Ils vont aux "Pleiades", du côté d'Elbeuf, une boite assez moche. Claudine est de la partie ainsi que Michou et son petit copain. C'est Rolande qui conduit, avec cette délicatesse (!) qui la caractérise. Germaine rapplique avec sa copine, Marie-Jo, qui fait la gueule. Ils ont droit à la danse du tapis. Puis au flirt de Michou et de son gigolo. Marcel n'a qu'une hâte : foutre le camp. Il persuade Rolande, et ils retournent à Rouen. Le temps de déposer le petit gigolo, et Michou veut aller chez Maurice. Ils y vont donc, et débarquent à 5h du matin. Claudine leur fait du chocolat. Michou et Rolande font les andouilles. Finalement ils se tirent, et Marcel et Claudine se couchent, enfin seuls.
Vendredi 30.
Jour de grève. Ils ne sont pas frais, Rolande et lui. Le soir, ils mangent chez Germaine. Il y a deux personnes nouvelles : Jean-Pierre, qui est au bar, et Corinne. Il y a aussi François, l'ami de Germaine, qui a des vues sur Marcel, et quand celui-ci se met à danser au milieu du bar, François rapplique et l'embrasse. Germaine se fâche. Marcel laisse faire et, à 3h30, devant Rolande et Germaine, monte avec lui dans sa chambre, histoire d'emmerder tout le monde.
Samedi 1er mai.
Après avoir quitté François, à 8h, il rentre rue des Sapins, où il est rejoint par Claudine. Ils vont manger chez Rolande, puis ils remontent. Ils dorment jusqu'à 18h. Ils mangent une brioche et ils descendent chez Germaine. Claudine a du mal à se faire à l'atmosphère qui règne dans ce bar. Elle part, puis revient, dans tous ses états : elle s'est faite attaquer rue Jeanne d'Arc. Des voyous ont voulu lui arracher son sac. Elle ne se remet pas de ses émotions. Corinne essaye de la réconforter. Marcel ramène Claudine chez lui, à 4h du matin. Ils sont très fatigués.
Dimanche 2.
Il conduit Claudine à la gare. Il se sent déprimé, fatigué, malade. Il descend chez Germaine, où il retrouve Jean-Paul et son ami Noël. Germaine l'accueille fraîchement (est-ce parce qu'il a couché avec François?). Les petites tapettes arrivent, fraîches, et font impression. Marcel a de nouveau envie de foutre le camp, mais Rolande paraît : elle a couché en haut. Elle l'embrasse, et ça le ravigote un peu. Ils partent, Marcel avec Marie-Jo, Jean-Pierre, François et le chien Râlou. Rolande est dans la voiture de Germaine. Ils dépassent Honfleur et débarquent sur une plage quasi-déserte. Impossible de se foutre en slip de bain : il fait trop froid. Les tapettes s'organisent. Tout le monde s'applique à faire du feu et à déballer les victuailles. Mais ils ne boufferont qu'après 2h de l'après-midi. En attendant ils prennent l'apéritif, et c'est la débâcle : les tapettes sont saoules, roulent par terre et font les folles. Le jeune Portugais se tripote tout seul, le travesti (ZéZé) perd son rimmel, Michou, qu'un seul Ricard abat, se traîne par terre, reçoit le contenu du verre de Jean-Pierre à la figure, bave, chiale et se tord de rire. Jean-Pierre et Rolande en sont aux confidences tandis que Germaine, délaissant Marie-Jo, cherche à flirter avec Corinne. Marcel reste résolument seul, dans son coin, repoussant les avances de Jean-Paul, qui cherche à se séparer de Noël. Où est David? se demande-t-il avec tristesse, où est cet homme plein de force et de tendresse? Il ne voit devant ses yeux que des marionnettes essoufflées qui jouent un vaudeville ridicule.
A 17h, Marie-Jo, qui en a marre, propose de rentrer. Germaine va chercher Jean-Pierre et Rolande, perdus dans les rochers. Ils partent : Marie-Jo, François, Jean-Pierre, Rolande et Marcel, dans la 4L. Ils s'arrêtent à Pont Audemer pour siffler 6 apéritifs. Passablement excités, fatigués, ils rentrent à Rouen. Ils vont manger au Self. Puis Marcel emmène Rolande se coucher.

La (petite) vie de Marcel -21

Marcel se bagarre avec Rolande et retrouve David.
Du samedi 10 au mercredi 14 avril.
Marcel se souvient de l'expression de Gillou, la première fois qu'il a vu Rolande : "Ne serait-elle pas amoureuse de toi?". Il ne sait pas s'ils sont amoureux mais il pense qu'ils sont liés malgré tout, étant tout le temps fourrés ensemble, mais plus comme des gamins que comme des adultes.
Samedi : Paris, avec Rolande et Claudine. C'est drôle, mais elles semblent bien s'entendre, ces deux-là! Temps superbe. Beaucoup d'Américains. Ils font tous les grands magasins et rapportent beaucoup de fringues.
Dimanche et lundi : Claudine et lui. Coq au vin très réussi. Ils écoutent Solti et Caballé (airs français où ils la trouvent plus à l'aise que dans Puccini).
Mardi, Marcel rentre à Rouen et, à 22h30, va réveiller Rolande. Ils vont aux Oubliettes.
Mercredi : il fait sensation, au bureau, avec sa chemise à fleur sur son pantalon nègre. Résultat : il fait la gueule une bonne partie de la matinée. Le midi, il dévore un poulet entier, au bureau, avec Rolande et Léontine.
Jeudi 15.
Après avoir passé une partie de la soirée avec Rolande il va draguer et ramène chez lui un type jeune et pas très malin, sur le point de se marier. Rigolo et pourvu d'un très gros membre.
Vendredi 16.
Il se bagarre avec Rolande qui lui balance une boite dans l'oeil. Le voilà borgne. Il est obligé de rester chez lui toute la soirée, et ça l'embête.
Samedi 17.
Il passe la journée à soigner son oeil.
Dimanche 18.
Arrivée de Claudine. L'oeil de Marcel pleure moins mais, une fois dehors, il a du mal à marcher droit. Temps ensoleillé. Ils déjeunent et ça va un peu mieux. Ils vont chez Rolande l'avertir que la séance de cinéma est à 14h15, puis ils filent au Donjon.
Dans "Raphaël ou le Débauché" Marcel est fasciné par la beauté de Françoise Fabian et l'extraordinaire palette de sentiments qu'elle exprime à travers ce film en costumes. Ils vont chez lui manger des gâteaux puis redescendent rive gauche. Son oeil va mieux. Après le diner ils vont promener le chien que Rolande a en garde. Belle soirée le long des quais.
Lundi 19.
Marcel s'ennuie au bureau. Le midi, il flirte avec Rolande, à la Licorne, devant Peter et Babeth qui ne laissent rien paraître.
Le soir, il se souvient de la phrase qu'il avait lâchée, en revoyant David avec ses copains : "Il a grossi, le cochon, va falloir que je lui remette la main dessus".
Il est 21h30, rue du Baillage. Il est arrivé depuis 10 minutes. Une Major blanche arrive et s'arrête côté gauche, à 50m. à peu près, dans l'ombre. Marcel ne se déplace pas. Au bout de quelques secondes d'attente la voiture démarre et passe devant lui sans s'arrêter. Il ne reconnaît pas le conducteur. Il décide d'aller faire un tour à la gare. Il va partir lorsque la voiture blanche réapparaît, le conducteur le regarde longuement. Il a idée que ce peut être David, mais il n'en est pas sûr. Il décide d'attendre. Pas longtemps. La voiture revient et s'arrête. C'est bien David qui lui demande de monter.
David : "Ca fait un siècle que je ne t'ai pas vu".
Marcel : "C'est vrai. Je suis content de te voir".
David : "Moi aussi".
Leurs mains s'étreignent. Ils partent.
David : "Je pensais que tu étais retourné au Havre".
Marcel : "Non, je ne fréquente plus la place du Vieux Marché".
David : "Tu as eu des histoires?".
Marcel : "Oui".
La main de David glisse entre les cuisses de Marcel et lui étreint fortement le sexe. Il roule vite. Il conduit d'une main. Ils arrivent en forêt, mais pas à l'endroit habituel. Une sorte de grande clairière. Il y a déjà quelques voitures. Ils s'étreignent longuement, avec force. David embrasse Marcel, ce qu'il ne faisait pas d'habitude. Ils font l'amour, longuement. Le retour se fait par Mont Saint Aignan. Lumières au loin, mal aux cuisses : le bonheur, peut-être?
Mercredi 21.
Ses trois copines de la rue du Baillage sont en short. Rolande vient le chercher, en voiture, vers 22h30. Il les lui présente, puis ils vont faire un tour. Rolande se marre.

vendredi 29 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -20

Marcel s'explique avec Gillou.
Vendredi 2 avril.
Gillou se pointe à 19h45. Il est en forme. Le duo qu'il forme avec Marcel est physiquement violent, à la limite du sadisme. Mais c'est un amour d'impuissant. Gillou cherche le désir ininterrompu, la présence continuelle d'un être qu'il veut tout à lui, dans lequel il espère s'abîmer. Marcel veut oublier l'amour physique pour le dépasser, ce n'est pour lui qu'une étape, nécessaire et quelquefois indispensable, pour mieux connaître l'autre, appréhender ses contradictions et son mode de vie. Une fois que Gillou a joui, il est foutu, il roupille. D'ailleurs, il le reconnaît lui-même, puisqu'il avoue, après avoir joui "Maintenant, je ne vaux plus rien. Attends un peu que je sois de nouveau en forme".
Samedi 3.
Le matin s'éternise un peu, entre des flambées physiques et une certaine lassitude. Gillou admet enfin qu'il ne se sent pas capable de partir avec Claudine.
Après avoir mangé, Marcel le conduit chez Rolande. Elle est en bigoudis et short blanc. Comme il lui a déjà fait lire toutes les lettres que Gillou lui a envoyées, elle n'est pas très étonnée lorsqu'il lui apprend qu'il a l'intention de rompre. Puis il repart avec son amant, direction Le Havre. La vue de Canteleu le force à revenir en arrière, du temps de David.
Arrivés au Havre à 14h30, Marcel laisse Gillou et rejoint Claudine. Il lui fait part de sa détermination : ou bien ils partent en Hollande tous les trois, ou bien il raye Gillou de son carnet de bal. Ils écoutent La Caballé dans des airs de Puccini. Pas vraiment convaincus.
A 20h30 Gillou se radine et l'emmène voir "Love Story". Marcel fait la gueule "T'as pas trouvé mieux que cette connerie?" lui fait-il. Après le cinéma il le fait monter chez Claudine, qui est en pyjama (un des siens, d'ailleurs). Il fait tout pour les mettre à l'aise, mais Gillou fait sa tronche de cake, se refermant sur lui-même, tête basse, regardant rarement Claudine en face (ce qui avait exaspéré Rolande). Il part. Marcel fait l'amour avec Claudine.
Dimanche 4.
Gillou arrive à 12h30. Il a faim. Marcel et Claudine le font manger et boire. Il est plus détendu et s'endort sur le divan pendant qu'ils écoutent quelques disques tout en flirtant innocemment. Il se réveille et regarde avec eux quelques diapositives. A 19h, pendant qu'ils mangent, il recommence à faire sa tête de cochon. Et dans la voiture, en ramenant Marcel à Rouen, il vide son sac : il ne partira pas avec eux et il a pensé à rompre. Marcel est pris de vitesse, il voulait rompre le premier et il se sent piégé. Il temporise, abat quelques cartes et, au lit, le fait jouir deux fois de suite.
Lundi 6.
Marcel explique la situation à Rolande. Elle comprend très bien puisqu'elle a vécu le même dilemne avec un de ses copains "Moi, lui dit-elle, j'ai perdu, et c'est ce qui m'a fait souffrir".
Marcel écrit à Gillou : "Tu es libre, si tu veux me quitter, dis-le moi franchement". Il pense que c'est cette liberté qui déconcerte les gens. Quand on leur dit qu'ils sont libres, ils approuvent, mais une fois en possession de cette liberté, ils ne savent plus quoi en faire. Les devancer les déconcerte.
L'aventure Gillou tire à sa fin. Mercredi soir il fait à Marcel un baratin terrible qui le fait rigoler. Ils passent la nuit ensemble mais, le lendemain matin, vers 5h, il recommence. Il se fait brutal, se veut possessif. Marcel le rejette. Vers 8h45, au bureau, il lui téléphone : il a changé d'avis, il veut bien les emmener en Hollande, Claudine et lui. Satisfait dans son orgueil, Marcel refuse et lui envoie une lettre de rupture.
Le soir, il emmène Rolande aux Oubliettes pour essayer de se distraire, mais l'ambiance n'est pas terrible et ils se quittent de bonne heure.
Vendredi midi Claudine vient manger avec lui. Sachant que l'aventure Gillou se termine, elle est de bonne humeur.

mercredi 27 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -19

Marcel expérimente le S.M.
Dimanche 21 mars.
Le Havre. Marcel pense à Gillou, qu'il n'a pas encore vu nu, qu'il désire physiquement, et qui doit venir le chercher à 19h pour l'emmener à Rouen.
En attendant, il écoute quelques disques, avec Claudine (Rigoletto, notamment).
A 18h30, Gillou est déjà là, ce qui fait rire Marcel, d'ailleurs. Il descend le rejoindre et ils partent. Il y a beaucoup de vent sur la route. Ils arrivent vers 20h. Marcel prend une douche et se couche. Gillou se déshabille -enfin! Pas mal, mais peut-être un peu trop musclé. Ses cuisses, ses fesses, c'est du véritable béton. Ils passent la nuit ensemble.
Lundi 22.
Réveil à 5h30. Gillou annonce la couleur : il veut partir en vacances avec lui. Marcel est plutôt réticent. Il lui semble que ce genre de décision est assez prématurée, ne connaissant pas assez l'individu.
Une fois au bureau, il lui écrit longuement, ce qui emmerde Rolande et Léontine, qui essayent de le surprendre.
Il est assez fatigué, car la nuit fut courte au point de vue sommeil, et longue en ce qui concerne la violence des ébats.
Mardi 23.
Il a un cafard terrible en constatant que le temps est au beau fixe : il aurait préféré une pluie torrentielle!
A 18h il retrouve Claudine. Ils vont manger à la Maison des Jeunes, rive gauche, où Rolande les rejoint. Tous les trois, ils font les andouilles de 19h à 21h.
Mercredi 24.
Il remonte spécialement rue des Sapins, à midi, et il trouve une lettre de Gillou. Le soir, à 20h, comme il revient de la Maison des Jeunes, il voit sa 2CV arriver, rampe Saint Hilaire. Ils passent la nuit ensemble, aussi excités l'un que l'autre. Marcel a mal aux mains à force de palper les fesses de son amant.
Jeudi 25.
6h30. Gillou vient de partir. La question vacances tracasse Marcel. Il faut absolument qu'il trouve une solution. Gillou voudrait l'emmener, en voiture, en Hollande. L'occasion est très tentante. Oui mais voilà, pas question de laisser tomber Claudine. Connaissant les deux lascars, leur caractère renfermé et jaloux, il ne pense pas qu'un ménage à trois soit possible.
Rolande est de nouveau seule : son petit ami "Choupette" l'a mise au rencard. Il lui a écrit une lettre bêtifiante et elle le traite de "petit con vaniteux".
Il téléphone à Claudine pour lui demander de venir demain midi. Reçu une autre lettre de Gillou, toujours aussi enflammée.
Vendredi 26.
Babeth fait une tête "longue comme ça".
Rolande a retrouvé la forme. Elle demande à Marcel de lui pondre un brouillon "méchant" pour répondre à la lettre de Choupette, il s'exécute et elle est toute contente. "Si j'avais su, dit-elle en recopiant le texte, j'aurais comencé plus tôt" (à être vache).
Claudine rapplique. Elle s'attend à ce qu'il va lui raconter. Il lui parle franchement, et même assez brutalement. Il lui fait savoir qu'il ne la laissera jamais tomber, mais qu'il a certaines préférences physiques.
Samedi 27.
Marcel prend le train de 6h35 pour Paris. Ils vont, Claudine et lui, au Théâtre des Champs Elysées. Le ciel est gris, avec des aperçus de bleu. Georges Prêtre dirige une Sinfonietta de Poulenc qui le laisse sur sa faim. Puis Marilyn Horne fait son entrée et, d'emblée, se taille un succès avec le grand air d'Arsace, de Rossini. Prêtre réapparait pour le Boléro. Il se fait huer par une partie du public, à qui il répond "Merde" et "Cons"! Grand cinéma, succès personnel indiscutable. Mais ils ne sont pas venus pour lui. Marilyn Horne est là, elle est belle, elle resplendit. Elle termine son air du saule (celui de Rossini, dans "Otello") par un trille en demi-teinte, et obtient un triomphe dans l'air d'entrée d'Isabella "Cruda sorte" où, cocasse, irrésistible, elle donne l'envie immédiate de la voir sur scène dans l'opéra entier. Elle doit d'ailleurs bisser la fin de l'air, devant l'enthousiasme du public. En fin de concert ils vont la rejoindre dans sa loge. Elle est secondée par un superbe interprète au physique hollywoodien. Claudine lui fait signer son livret.
Après le ciel gris, la flotte. Ils vont au cinéma : "Jours tranquilles à Clichy" qui barbe Marcel. La fesse est triste, quand elle est inutilement exhibée. De plus, les interprètes ne lui semblent pas très reluisants.
Ils prennent le train après quelques achats et, à 18h40, Marcel quitte Claudine pour retrouver Gillou à Rouen. Maison des Jeunes, puis lit.
Dimanche 28.
Le midi, Rolande est à la Maison des Jeunes. Gillou n'apprécie pas du tout et se referme sur lui-même. Elle le dévisage. Comme avec Claudine, c'est Marcel qui doit faire les frais de la conversation, chacun se repliant derrière ses propres barricades.
Café, puis ils laissent Rolande et partent pour les Andelys. Soleil et après-midi merveilleux, dans l'herbe, face au château. Marcel est heureux. Ils rentrent par Louviers, Elbeuf. Ils passent une heure au lit puis ils vont manger.
Mardi 30.
Marcel est trop occupé par la pensée de Gillou pour participer aux moqueries du bureau. Le midi, il emmène tout de même Rolande dans les grands magasins.
Mercredi 31.
Il paye son dentiste et s'achète un peignoir.
Gillou vient le voir et passe la nuit avec lui. Physiquement, c'est presque obsessionnel, à la limite du sado-masochisme. Mais moralement, c'est une autre affaire. Tout va se décider dimanche. Si Gillou ne veut pas de Claudine, Marcel devra le tenir à l'écart.

mardi 26 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -18

Marcel rencontre Gillou, le "footballeur".
Mardi 2 mars.
Marcel devient plus distant vis-à-vis de Rolande.
Ce matin, son voisin de pallier, Claude D., lui adresse la parole alors qu'il sort des chiottes. Il lui parle de la neige, mais Marcel n'est pas encore réveillé, et le mec n'insiste pas, vu son air hébété.
Babeth ne comprend pas pourquoi Peter est en train de se détacher d'elle.
Rue du Baillage, le soir, la blonde platine fait des grand signes de main à Marcel, en passant devant lui en voiture. "Alors, lui crie-t-elle, as-tu bossé?". Elle est extra.
Fin de semaine assez heurtée.
Rolande se replie sur elle-même. Babeth n'a toujours pas compris pourquoi Peter la laisse tomber ("Il doit avoir du travail"). Marcel essaie de lui faire entendre qu'il y a peut-être une autre femme. Elle hésite, puis écrit à l'ami de Peter, à Albi. Marcel ne sort pas le soir, il travaille à un nouveau récit "La mort du paysage". De toute façon, dehors, il gèle. Vendredi soir il rentre au Havre, où il trouve une Claudine fatiguée et sans enthousiasme. Il n'arrive pas à la faire réagir. Ils écoutent quelques disques, l'esprit morose : "L'Ormindo", "Tosca" et le "Sacre" version Colin Davis.
Dimanche soir, il prend le train de 21h et se coltine trois cons (2 mecs et une gonzesse), très fils à papa, qui étalent les charmes de leurs vertus bourgeoises ("Moi, je ne me plais qu'avec mon whisky, ma femme et mon lit à trois places!").
Lundi 8.
Le midi il rencontre, rue du Gros Horloge, le blond que les trois filles avaient traité de con, l'autre soir rue du Baillage, et qu'il s'était amusé à aborder. Le type le reconnaît et reste bouche-bée devant son salut amical.
A 18h, il voit David qui monte dans une bagnole avec des copains. Le cochon semble avoir grossi. "Il faudra que je lui remette la main dessus" se dit-il.
L'après-midi, il a amené son album de photos (l'Italie) au bureau. Comme il s'y attendait, Léontine est la seule à l'apprécier. Les autres s'en foutent complétement.
Le soir, il retrouve ses trois copines et ils bavardent longuement.
Visite de Claudine au bureau, mercredi, le chef étant à Paris.
Peter fait une sale gueule quand on lui balance à la figure le nom de Marie-Thérèse. Puis il se reprend. Vendredi il fait son petit numéro de cirque pour se justifier : ce n'est pas de sa faute s'il a une belle gueule, s'il est bien foutu et s'il plaît aux femmes -lui, il cherche simplement à ne pas les décevoir. Marcel le trouve à la fois super-bandant, et super-défoncé du côté du cerveau.
Par contre, samedi soir, il n'est pas du tout content de voir se pointer le beau Gérard, qui ne lui dit même pas bonjour. Il se venge en papotant avec ses copines. La brune lui plaît de plus en plus. Il discute avec l'autre, la châtain, qui a la voiture, et il l'approuve entièrement lorsqu'elle lui dit "Quand on est bon avec un type, le lendamin on se fait baiser par un autre".
Visite de Claudine, samedi et dimanche. Achat de fringues.
Dimanche. Peter avait proféré des propos racistes à propos du film de Michel Drach "Elise, ou la vraie vie". Marcel avait voulu y aller avec Claudine le dimanche d'avant, mais comme il faisait beau, ils avaient préféré aller se balader. Mais cette fois-ci ils vont le voir, et ils ne sont pas déçus. A part un début assez mauvais (Marcel a trouvé que Marie-José Nat n'avait pas le ton juste à une situation dramatique) le reste était très bon. L'acteur algérien était excellent. Claudine a retenu la phrase "Ce qui compte, c'est ce qu'on est, pas ce qu'on fait".
Lundi 15.
Déchainements lubriques, rue du Baillage. Est-ce l'influence des trois filles de joie? Marcel se sent un potentiel viril à faire éclater les pierres du trottoir. Il drague un vieux, très bien conservé, en train de se branler dans sa belle voiture rouge. Il l'emmène chez lui, mais le type n'a pas la jouissance discrète "Ah! Marcel! Je n'ai jamais été sucé comme ça! Ah! Marcel! Fais de moi ce que tu veux!". Ensuite il drague un 92, voiture rouge également, mais il est trop fatigué pour le faire monter chez lui, et il remet sa jouissance à un autre jour.
Mardi 16.
Il est en forme au bureau, il plaisante, et Peter en profite pour lui annoncer brusquement que Babeth est devenue sa maîtresse. Marcel, sidéré, va raconter la nouvelle à Léontine, qui est sceptique. Pourtant, l'attitude décomplexée de Babeth semble probante. Rolande est écoeurée. Marcel lui fait cadeau d'une casquette, aux Galeries. Elle apprécie.
Fin de semaine mouvementée.
Mercredi, le chef est de très mauvais poil. Il reproche à tout le monde une dangereuse "inertie".
Jeudi matin, pendant qu'il est à une Commission de Sécurité, Meunier en profite pour faire venir des plantes. Il en dispose partout, sur les guichets et sur les tables. En rentrant, le chef accuse mal le coup, fait de l'humour (vaseux) et se fait rabrouer par Léontine.
Le soir, un beau parisien passe, rue du Baillage, très bien mis. "C'est pour moi ou pour toi?" dit la brune à Marcel. C'est pour elle. Un quart d'heure après, elle revient. Marcel : "Tu sais, il me plaisait bien, ton parisien. J'aurais bien voulu me le faire". Elle, faisant la moue "Tu parles! Un con. C'est tout juste s'il savait baiser".
Samedi après-midi il va au cinéma, au Havre, avec Claudine, voir "Le Conformiste". Film glacial. Claudine est impressionnée par Stefania Sandrelli.
Samedi soir, Marcel commence à écouter une retransmission du Covent Garden, "La Sonnambula" avec Scotto et Burrows. Après le duo du 1er acte il arrête car la radio cafouille. Il sort faire un tour. Le Havre est désert. Place Gambetta, un type dans une 2CV. Il a beau écarquiller les yeux, il n'arrive pas à distinguer ses traits. Il part faire un tour puis revient du côté des jets d'eau, où il reste en contemplation. Il aperçoit un homme qui s'avance. Il lui jette un coup d'oeil. L'homme hésite et puis se lance "C'est beau, hein?" dit-il en désignant les jets d'eau. "Oui, dit Marcel, c'est pas mal". Ils marchent, côte à côte, jusqu'à la plage. Puis ils reviennent place Gambetta. C'est donc lui, l'homme à la 2CV. Ils roulent en direction de Sainte-Adresse. L'homme est grand, assez fort. Le visage est assez brut, taillé dans la pierre, les yeux petits, enfoncés, sans éclat. "Un mec stable" pense Marcel. Ils roulent un long moment sans se toucher, et Marcel commence à avoir des doutes. Il le questionne, pour essayer de le cerner. Pas de fille dans sa vie, un goût certain pour la solitude et l'entêtement. Vers 22h, ils retournent devant la maison de Claudine, qui n'est pas encore arrivée. Ils continuent à discuter. L'homme s'appelle Gillou, et son physique de footballeur commence à fortement perturber Marcel. Claudine arrive, Marcel l'appelle et lui présente Gillou. Elle rentre chez elle et il la rejoint, une demi-heure après. Ils se cognent l'un à l'autre.

dimanche 24 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -17

Marcel fait la connaissance de 3 filles de joie.
Dimanche 7 février.
Cinéma, avec Claudine, à Mont Saint Aignan : "A man called horse" où Richard Harris déploie les beautés de son corps. Claudine trouve le personnage du fou déplaisant.
Mardi 9.
Au bureau, Léontine se méfie d'un renouveau d'affection que lui prodigue Rolande. Babeth est amorphe. Peter est inquiet, désorienté, et se raccroche à elle comme à une bouée de sauvetage.
Dimanche 14.
Revu, à la télé "Eva" de Losey, qui a perdu de son pouvoir, mais gardé sa sublime beauté. Ecouté "Pelléas" dans la version Boulez.
Lundi 15.
Le chef est absent pour la semaine. Marcel va voir son dentiste et lui demande d'arrêter de lui faire du mal. Il donne un exemplaire du "Corps de Maud" à Rolande. Léontine l'a lu d'une traite. Elle a aimé. Par contre, elle trouve que Babeth devient "conne" à force de défendre les faiblesses de Peter.
Mercredi 17.
Hier soir, Marcel est allé aux Oubliettes avec Rolande. A cette occasion le "petit frère" de cette dernière, Michou, a fait son apparition. Il est roux, plein de taches de rousseur, et avoue crânement qu'il est pédé et qu'il aime ça. Malheureusement, l'ambiance de la soirée n'était pas terrible.
Week-end passé au Havre, à écouter des opéras (Lucia, avec Sills et le "glassharmonika"), à bouffer et à se reposer (très bonne blanquette de veau, préparée par Claudine).
Mercredi 24.
Hier soir, 2ème soirée aux Oubliettes. Cette fois-ci, Marcel et Rolande étaient déguisés, mais Rolande restera de marbre dans son coin. Elle refusera de descendre sur la piste et de danser. Marcel se saoule et fout le camp. Il rentrera, complétement bourré, vers les 3h du matin.
Au bureau, il joue les pédés et invente toute une histoire pour emmerder les autres : qu'un parisien l'a raccompagné en bagnole et qu'ils ont baisé toute la nuit comme des malades. Rolande refuse de le croire. Il lui laisse le bénéfice du doute.
Jeudi 25.
Le plus rigolo, c'est que Peter a encaissé l'histoire comme tout à fait crédible. Marcel intercepte une lettre qu'il a écrite à son copain d'Albi. Il y raconte son "aventure" et lui promet d'autres détails "croustillants". Il ajoute même qu'il a "remonté le moral" à Marcel et qu'il n'est pas "responsable de ses conneries". Marcel est interloqué..
Vendredi 26.
Marcel emmène Rolande manger au Château d'O.
Le soir, il va draguer. Rue du Baillage, son nouveau lieu de champ de bataille depuis que la place du Vieux Marché ne lui réussit guère, une superbe bagnole rouge s'arrête près de lui. N'arrivant pas à voir la tête du chauffeur, il préfère attendre qu'il baisse sa vitre. Mais non, le mec ne se manifeste pas et repart avec sa chiotte. Vers 23h, comme il s'apprête à foutre le camp, la voiture rouge rapplique et va se garer plus loin. Marcel se décide à aller parlementer. "Faut pas avoir peur" lui dit le conducteur. Ben voyons! Rémy, pur produit de 1949, est plus petit que Gérard mais plus musclé. Le dominant facilement, Marcel n'arrête pas de faire l'andouille. "J'ai une belle queue!" lui dit Rémy. "Prétentieux! répond-il. C'est pas beau d'être prétentieux comme ça!".
Samedi 27.
Froid et beau.
L'aventure Rémy lui a remonté le moral. C'est drôle, mais les fins de mois lui réussissent, en général.
Il passe une partie de l'après-midi avec Rolande, qu'il est allé chercher. Ils font des courses.
Dimanche 28.
Visite de Claudine. Ils vont manger à la Maison des Jeunes rive gauche, puis ils vont chez Rolande chercher son transistor, une antiquité qui marche quand il a le temps. Ils remontent chez Marcel pour écouter la radio, bouffer et faire l'amour. Claudine est heureuse.
Lundi 1er mars.
2ème lettre de Peter interceptée. Il explique à son copain qu'il est amoureux d'une certaine Marie-Thérèse et qu'il ne veut plus de Babeth. Marcel s'en veut d'avoir dérobé le courrier et se jure de ne plus recommencer (?).
Le soir, il fait la connaissance des trois filles de la rue du Baillage. Elles l'ont interpellé "Hé! Ne reste pas tout seul dans ton coin! Viens donc faire la causette!". La brune est très belle, fine et racée. La seconde, châtain, n'a pas froid aux yeux, mais elle lui plaît. Quant à la troisième, une blonde, elle est très marrante, très belle aussi, et très sympa. Marcel sent qu'il ne va pas s'ennuyer, avec elles.

jeudi 21 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -16

Marcel fait de la marche à pied.
Semaine du 11 au 18 janvier.
Semaine calme, si ce n'est qu'au bureau Babeth commence à s'animer. Elle réagit assez vivement et montre de l'aigreur vis-à-vis de Rolande.
Rencontre de C., chef de bureau à la mairie de Saint Etienne du Rouvray. Il emmène Marcel chez lui, mais celui-ci ne lui cède pas.
Nulle trace de Raymond. Daniel demeure introuvable. Il les suppose filant le parfait amour.
Il commence un nouveau récit, encouragé par Rolande et Peter.
Week-end au Havre. Ecoute d'enregistrements d'opéras et de captations via la radio. Sills dans Lucia, symphonie n°8 de Mahler par Bernstein. Cinéma : "Benjamin". Le dernier rôle de Michèle Morgan?
Dimanche 17.
Il retrouve David sur la place. Direction Canteleu.
Lundi 18.
Dentiste, à 18h. Arrachage d'une dent, après 3 piqûres. Douloureux.
Mercredi 20.
Hier, il avait la gueule ensanglantée (Léontine : "Il t'a massacré, ton dentiste!"). Aujourd'hui, le sang ne coule plus mais il a un peu mal. Il a fini son récit (Le corps de Maud) qu'il a fait lire à Rolande. Il ne lui reste plus qu'à le recopier.
Nouvelle attaque, de la part de 2 voyous, toujours place du Vieux Marché.
Mardi 26.
Revu Daniel, sur la place. Discussion, jusqu'à 23h30. Evidemment, le sujet principal est Raymond, dont Daniel est très amoureux.
Jeudi 28.
Nouvelle entrevue avec Daniel, qui lui fait lire un poème qu'il a composé pour Raymond.
Vendredi 29.
Le Big Ben leur paraissant moins attractif, Rolande et Marcel vont découvrir le "Joly Ox", bar-restaurant pour "hommes d'affaires". Le café est supérieur.
Relation stable avec Rolande, à condition que la sentimentalité soit exclue de leurs rapports.
Nouvelle entrevue avec Daniel, chez Germaine, où ils retrouvent Raymond. Celui-ci, dans le dos de Daniel, fait des grimaces désespérées à Marcel qui a du mal à freiner son hilarité. Il préfère les laisser seuls mais, dans la rue, Daniel le rejoint : il s'est aperçu que Raymond ne l'aimait pas comme il le souhaiterait, mais il est bien décidé à tout faire pour se rendre indispensable à ses yeux. Marcel ne se sent pas le droit de le contredire et le laisse se débrouiller avec son amant.
Samedi 30.
Il passe l'après-midi avec Rolande. Ils vont faire des courses. Le soleil resplendissant, il fait tout pour que sa compagnie lui soit agréable.
Chez Germaine, Daniel le relançant au sujet de Raymond, Marcel préfère se tirer et filer à la gare. Il pleut. Cinq minutes, un coup d'oeil sur une paire de mollets, un pas rapide et une question stupide lancée au vol : "Connaissez-vous bien Rouen?". Le mec sourit. Il s'appelle Gérard, il a 23 ans, il a un corps magnifique que la consistance de ses mollets laissait supposer. Il a une gueule de mâle et un parler de mâle. Marcel l'emmène chez lui pour le travailler au corps et, après l'amour, il le raccompagne jusqu'à Petit Quevilly. Retour à pied, évidemment, à 2h du matin.
Dimanche 31.
"Drame de la jalousie" avec Claudine. Coups de pied au communisme, au tourisme, à la circulation automobile, à la prostitution, à l'habitat moderne.... Le film gonfle, s'enfle et devient un abcès qu'un coup de couteau libère de son pus.
Lundi 1er février.
Marcel arrive en pleine forme au bureau, mais il ne se leurre pas longtemps. Chez Gérard, il y avait quelque chose de dur dans les mains, d'insolent dans la tête. Et penser qu'il ne le reverra sans doute jamais lui fait froid dans le dos. Entrevu, consommé, oublié, mais toujours en mémoire.
Jeudi 4.
Gérard l'avait prévenu : "Je sors très rarement. Quelquefois le samedi soir". Marcel cherche à compenser. Rencontre d'un certain Jean Marc, qui désire l'emmener chez lui, à Bois-Guillaume : "Vous savez, c'est un quartier résidentiel!" - "Sans blague?" mais sa vantardise étant égale à son manque d'intérêt physique, Marcel ne peut se résoudre à l'accompagner. "Quel dommage! Je vais encore passer une soirée tout seul!".
Vendredi 5.
Il raconte au bureau qu'il a rencontré une tapette (Jean Marc) et qu'il va peut-être devenir pédé, ce qui les amuse follement.
Samedi 6.
Marcel va faire des courses et se coltine Daniel qui veut venir chez lui pour lui parler de Raymond : "Tu as bien du café?" insiste Daniel. "Non, non, non!" - "Alors je boirai de l'eau!". Mais Marcel refuse catégoriquement de l'inviter et Daniel le quitte en essayant de faire de l'humour. Pourtant, il semble profondément ébranlé.

mercredi 20 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -15

Marcel se fait agresser.
Dimanche 13 décembre.
Le soir, ballet Cubain, au Théâtre de l'Hôtel de Ville du Havre. Après une première partie folle (les Incas sont là), la deuxième partie est d'une platitude qui frise l'aberration. La 3ème partie, se voulant plus moderne, relève un peu plus le niveau.
Lundi 14.
Rouen, avec Claudine.
Le soir, Marcel revoit David. Echange un peu tendu. Marcel le quitte en pensant l'avoir vexé. S'il s'arrête, la prochaine fois, c'est que c'est un bon mec.
Mardi 15.
Big Ben, après avoir mangé au Kent (il n'aime pas, c'est trop petit). Servis par Tintin, qui est charmant. Claudine va porter des truffes à Léontine, qui rapplique. Marcel est content de la voir. Pour le travail, c'est le vrai merdier, lui dit-elle. Il en est ravi (elle aussi, d'ailleurs).
Il retourne au Havre, avec Claudine.
Il lit Simenon.
Mercredi 16.
Ecoute Flagsatd dans des extraits du Götterdämmerung. Un peu déçu.
Vendredi 18.
Claudine rentre d'une soirée, à 22h, passablement éméchée. Elle sent le tabac et l'alcool. Elle ne cesse de geindre, de grincer des dents et de répéter "Ah! Marcel! Tu ne m'as jamais vue comme ça! Ah, Marcel, je suis foutue!". Ce serait très drôle si les maux de dent de Marcel n'avaient repris.
Mercredi 23.
Rouen.
A 21h, grand bruit à sa fenêtre : c'est Andrea. Comme il n'apporte ni cognac, ni cigarettes, Marcel l'expédie en vitesse.
Gelées nocturnes.
Noël au Havre. Télévision. "Le fil à la patte" avec un étourdissant Robert Hirsch.
Mardi 29.
Il est seul au bureau, cette semaine. Tous les autres (même Léontine, hélas) sont en vacances. Le soir, Lerméchant pique une belle colère devant ses inspecteurs. Marcel le trouve encore plus sexy quand il gueule.
Mercredi 30.
A 18h, Rolande l'attendait. Ils sont allés prendre un café au Big Ben, mais ni Tintin, ni Milou n'étaient là.
Non, David n'est pas vexé, ni rancunier. Au contraire, il accepte même de venir chez Marcel. Mais, manifestement, il n'est pas à l'aise entre quatre murs, il préfère s'envoyer en l'air dans sa voiture.
Jeudi 31.
Visite en coup de vent de Babeth, très en beauté.
Marcel passe le cap de la nouvelle année au Havre, où ses dents et son estomac se rebellent. La mère de Claudine vient manger, et elle est insupportable. Elle inspecte l'appartement, critique la propreté du frigo et se complait en remarques désobligeantes. Claudine ne réplique pas.
Lundi 4 janvier.
Neige et verglas. A 8h, Marcel commence par se foutre bas au sommet de la côte de la rue des Sapins. Ensuite, en bas, il s'aperçoit qu'il a perdu la clé du bureau. Il regrimpe la côte, cherche la clé, la trouve dans la neige et redescent. Il arrive à 8h35 au bureau. Léontine a mis une perruque, et Rolande un pantalon à braguette. Il n'est pas de bonne humeur et téléphone (enfin) à un dentiste, qui le convoque pour vendredi soir. C'est trop tard. Il prend un autre rendez-vous pour le soir même, et se fait faire un plombage provisoire. Il rentre, fatigué, mais un peu soulagé.
Jeudi 7.
Soirée avec un barman qui s'appelle Raymond Jacques Simon. Il a vingt ans et il fait le con. Ils vont chez Germaine, où il y a de superbes mâles. Ils se quittent à minuit, après avoir esquinté une voiture.
Vendredi 8.
Chez Germaine, Marcel retrouve Raymond, et ils sont abordés par un type qui était déjà là hier soir. Le mec commence à se foutre d'eux avec une certaine insolence. De 22h à la fermeture du bar il n'arrête pas de parler. Il s'appelle, parait-il, Daniel, né à Istanbul. Un mélange de cynisme, d'objectivité et d'égocentrisme. Marcel se rend compte très vite que Raymond est sous le charme de ce moulin à paroles.
Samedi 9.
En se réveillant, à 11h, Marcel essaye de comprendre pourquoi Raymond semblait très attiré par Daniel, hier soir, alors que son bavardage lui paraissait totalement surfait.
Le soir, place du Vieux Marché, il est abordé par deux petits voyous aux intentions malveillantes. Il parvient à leur échapper sans trop d'égratignures (cette première attaque sera suivie d'autres qui lui feront perdre quelque peu son optimisme, lui rendant la place du Vieux Marché à jamais supecte, le forçant à changer de rue, ce qui aura pour conséquence de lui faire connaître des dames de petite vertu et leurs nombreux clients).

mardi 19 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -14

Marcel n'est pas une tantine.
Lundi 16 novembre.
Café, avec Rolande, au Maxim's Pub. C'est plutôt rigolo d'entendre celle-ci proclamer que Marcel est un pote et que ce n'est pas une "tantine" (pour elle, presque tous les hommes sont des "tantines", même Peter).
Babeth est triste "Comme je voudrais changer de service!" confie-t-elle à Marcel. Quant à Peter, fidèle à lui-même, il ne fait pas de différence entre les gens, car "ils sont tous intéressants".
Mardi 17.
Sur la place, un type se ramène en voiture et demande à Marcel de coucher avec lui. Encore un qui n'a "jamais fait ça"! Il lui dit que la veille quelqu'un -un homme- lui a demandé de coucher avec lui et qu'il a refusé. "Mais, ajoute-t-il, ça m'a tracassé toute la nuit". Et maintenant, il est disposé. "Cherchez quelqu'un d'autre, répond Marcel, je suis déjà pris".
Mercredi 18.
Toujours le Maxim's Pub, avec Rolande. Mais il s'ennuie, car Léontine n'est pas là.
Cognac.
Lundi 23.
C'est marrant, mais dès qu'un beau mec arrive, c'est la ruée sur la place. Celui-là, 1m80, 80kgs de muscles, une tête à faire pâmer n'importe quel individu, mâle ou femelle, et tout ce qu'il faut dans le pantalon, roule des mécaniques en se faisant draguer. Il passe, repasse, jouant l'indifférent, et puis il s'en va.
Mardi 24.
Léontine est enfin revenue au bureau.
Big Ben avec Rolande. Elle est amoureuse d'un certain Alain. Sur son visage se lisent tous les espoirs et toutes les craintes de l'amour.
Marcel a demandé ses congés à son chef (du 7 au 20 juin). Il téléphone la nouvelle à Claudine.
Jeudi 26.
Andréa l'attend, rue des Sapins. Marcel a du mal à quitter ses rêves et, après l'avoir gentiment accueilli, il a hâte de se retrouver seul.
Vendredi 27.
Toujours le Big Ben, avec Rolande, qui lui parle d'Alain, son nouveau soupirant. Il aimerait qu'elle en parlât un peu moins et qu'elle s'occupe un peu plus du serveur -Tintin- superbe specimen du type qui fait tomber les femmes. Il n'arrête pas, en effet, de la reluquer. Elle le sait, mais elle n'arrive pas à comprendre ce qu'il peut lui trouver d'intéressant.
Le soir, Marcel a rendez-vous avec Andréa. Ca l'ennuie, parce qu'il n'a pas envie de lui. Mais il est là, avec une grande bouteille de cognac. A 22h il le raccompagne.
Samedi 28.
Rouen.
Marcel sent en lui une sorte de calme qui n'est peut-être que de la lassitude. Plus que jamais, après l'expérience du Havre avec Claudine, il ne se sent pas le courage, l'aplomb, la patience, de s'attacher à quelqu'un. Il ne pense pas être fait pour la vie commune, les petits ménages et les concessions. Il aurait certainement fini par ne plus supporter Claudine si il était resté au Havre avec elle. Son départ aura été salutaire, et l'éloignement lui aura permis de conserver le minimum nécessaire à une bonne entente, sans le gaspillage d'énergie qu'entraînent la jalousie et la mesquinerie, conséquences souvent de l'obligation de se voir tous les jours.
Du côté bureau, la seule personne en qui il ait une entière confiance reste Léontine. Rolande est un cas particulier. Il n'a pas confiance en elle, mais il a besoin de ses humeurs pour éliminer les siennes. Quant à Babeth et à Peter, s'ils sont sympathiques, ils lui sont carrément indifférents.
Mardi 1er décembre.
Après un bon dimanche avec Claudine, venue lui rendre visite, la vie de bureau reprend ses droits. Babeth s'étant assise sur ses genoux, ce matin, a droit à un mot de Peter. Le soir, elle le plaque et, avec Rolande, ils prennent l'apéritif au Big Ben. Servis par Milou.
Jeudi 3.
Soirée passée avec J. de Clermont-Ferrand. Ce genre de rencontre, de pur hasard, qui ne doit pas avoir de lendemain, pousse souvent les gens à vouloir résumer, en quelques heures, toute leur vie. Le mec de Clermont-Ferrand explique à Marcel qu'il n'a pas beaucoup de choix : son dernier car est à 22h. Ou bien il le prend, ou bien il passe la nuit chez lui. Marcel accepte de le garder et ne le regrette pas. Malgré sa tendance à vouloir se justifier (une femme, trois enfants, mais un appêtit sexuel insatisfait en permanence) il a une façon très particulière de faire durer le plaisir qui est à la fois énervante et excitante.
Vendredi 4.
Marcel raccompagne J. à la gare, où il va prendre son car. Ayant pris le petit-déjeuner à l'aube, Marcel arrive au bureau l'un des premiers. Il fait nuit encore, et il se souvient du temps où il travaillait à Martainville. Il allait chercher son lait tôt le matin, dans la nuit pas encore dissipée, et il aimait le silence à peine troublé des rues, l'odeur de l'aube grise et plate.
Bien entendu, fatigué, encore sous le coup du plaisir presque morbide d'une nuit passée sans sommeil mais battue par l'odeur des corps, il est d'une humeur excécrable où tous, sauf Léontine, l'horripilent soudain.
Il se couche à 20h, et se réveille à minuit. Bizarre.
Samedi 5.
Sa montre retardant de 10 minutes, il loupe le train qui devait le conduire à Paris. Obligé de prendre celui de 12h. Il retrouve Claudine à Saint Lazare. La pauvre a juste le temps de lui dire bonjour avant de prendre son train pour retourner au Havre. Il va seul au Printemps. Un monde fou. Il achète des disques.
Deux semaines de congés. Il va au Havre.

samedi 16 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -13

Marcel fait des "achats" avec Léontine.
Lundi 2 novembre.
Le chef étant de meilleure humeur, Marcel en profite pour lui demander 2 jours de congés, les 9 et 12. Il s'emporte contre Peter qui ne veut pas croire qu'il déteste Gruyère. Comment pourrait-il en être autrement puisque, physiquement et moralement, Marcel ne peut pas le blairer. Il est vrai que Peter, lui, aime "tout le monde" -c'est sans doute pour celà qu'il fait cocu sa femme et que celle-ci demande le divorce.
Le soir, il trace le portrait caractériel de Rolande, pour s'amuser.
Mardi 3.
Au début, Rolande n'apprécie pas tellement le portrait qu'il a écrit sur elle, et puis, au fur et à mesure de sa lecture, elle reconnaît que c'est "assez véridique".
Le midi, ils vont tous les quatre au Big Ben, où ils retrouvent le gentil serveur (Milou) qui avait fait tant d'effet sur Claudine samedi soir. A 13h, il raccompagne Rolande, laissant roucouler Babeth et Peter, et elle lui demande, après quelques hésitations, s'il croit qu'elle a couché avec Peter. Il lui répond que non. Elle est contente. "J'étais prête à le faire, explique-t-elle. Et puis, au dernier moment, je me suis reprise. Je ne le regrette pas". Vraiment? Il a des doutes "Moi, à sa place, pense-t-il, j'aurais pas hésité".
L'après-midi, Peter est avachi sur son bureau. Ca rend triste Babeth.
Marcel écrit à Claudine.
Jeudi 5.
Journée d'achats.
Le midi, il retrouve Léontine qui l'emmène au Printemps. Ils choisissent des bonbons et, la vendeuse n'étant pas là, ils partent sans les payer. Puis ils vont faire un tour aux Galeries. Il y a des pulls en réclame. "Va en essayer un" lui dit Léontine. Il y va. Elle se radine avec un autre. "C'était pas la peine, lui dit-il avec innocence, celui-là me va" - "Alors planque le bon et ramène le mauvais". Pour la peine, il l'emmène prendre un café au Big Ben.
Il retourne le soir aux Galeries où il fait un échange d'étiquettes, ce qui lui permet de payer 9,95 une cravate de 20F.
Il téléphone à Claudine, qui n'est pas là, qui lui téléphone mais qu'il est obligé de brusquer, Lerméchant étant dans les parages.
Hier, lettre de Freud, qui le relance, et de Claudine.
Vers 17h, Peter, écroulé de rire, lui montre un bouquin rempli de queues et de vagins. Marcel, qui n'est même pas excité, trouve le mec un rien débile.
Samedi 7.
Paris, avec Claudine. Vrais achats au Discobole. Le soir, retour à Rouen et dîner au Big Ben.
Long w.e. au Havre, jusqu'à mercredi, dans le nouveau logement de Claudine, rue Amiral Courbet. Musique et farniente.
Mercredi 11.
Retour à Rouen. Retrouvailles, le soir, avec Serge, qui ne lui fait aucun effet. Pas de trace de David.
Jeudi 12.
Ecriture d'un nouveau récit. Le soir Marcel drague et ramène chez lui un nouvel Hollandais, Andrea. Conversation en langage mitigé anglais-allemand-français qui finit au pieu d'une façon beaucoup plus persuasive. Très beau corps tout en muscles et en finesse. Il n'y a pas que les tulipes qui s'épanouissent en Hollande.
Vendredi 13.
Retour aux bonnes habitudes : café avec Rolande au Big Ben.
Le soir, revoici David. Joie réciproque. Torpillage en règle. Marcel lui dit, en le quittant "J'espère que tu n'attendras pas 3 semaines avant de me revoir". "Et voilà! répond-il, il me fait des reproches maintenant!"

jeudi 14 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -12

Marcel s'amuse avec Gabriel.
Lundi 19 octobre.
Bonne nuit.
Peter n'est pas au bureau. Babeth affirme qu'il est allé à Albi pour 8 jours, dans sa famille. C'est donc de là que lui vient cet accent chantant qui, en plus de sa belle gueule, le rend si sympathique!
Le midi, il pleut des cordes. Gabriel conduit Marcel à Mont Saint Aignan voir le propriétaire d'un studio. C'est cher : 350 F par mois. Marcel pense de plus en plus à laisser tomber Gabriel qui le saoûle par son bagoût et son omniprésence.
Lerméchant appelle Peter le "very dynamic". C'est extra.
Mardi 20.
Le midi, Babeth et Rolande sortent, pendues au bras de Marcel. Café au Commerce. Le soir, pastis avec Léontine.
Il repense à David. Décidement, il n'y a que lui et Claudine qui comptent dans sa vie, en ce moment. Mais ni l'un ni l'autre ne peuvent lui apporter ce qu'il réclame et qui semble n'exister que dans ses rêves.
Gabriel, ou l'art de s'en débarrasser:
Marcel descend, à 21h, et lui dit que son feu s'est éteint. C'est le cas de le dire. En bagnole, il lui demande d'aller à Canteleu, mais cette andouille l'emmène à Mont Saint Aignan. Alors, pour se venger, il lui raconte une salade monstre : il a une copine qu'il voudrait quitter mais qui le fait chanter, qui a des affaires à lui et qui les garde pour qu'il reste avec elle. "Après tout, conclut Marcel, je n'ai peut-être pas envie de la quitter". Gabriel fait une sale tronche. Marcel se fend la gueule, intérieurement.
Jeudi 22.
Café, au Big Ben, avec Babeth et Rolande. L'après-midi, il flirte avec Léontine. Le soir, il va rive gauche avec Rolande.
Samedi 24 - Dimanche 25 - Le Havre.
Cinéma : "Une Passion" de Bergman. Très froid et très important. La scène de l'accident-raconté est de premier ordre. Tout le film le passionne. Surtout la phrase "Rends-moi ma solitude" (et non pas "Rends-moi ma liberté"). Avec Claudine, le lendemain "El Condor". Marrante, la scène des coups de pistolet dans les fesses.
Longue explication avec Claudine concernant leurs vacances.
Lundi 26.
Peter est rentré.
Dominique, le soir. Pas terrible.
Mardi 27.
Mauvaise humeur. Ménage à trois Rolande-Peter-Babeth. Grincement de dents. Marcel va en parler à Léontine, dans son bureau. Elle confirme : "Ca craquera!".
Mercredi 28.
Coup de téléphone, l'après-midi, pendant l'absence de Peter, d'une certaine Marianne. Puis coup de téléphone du soi-disant mari de Marianne : "Si M. Peter Machin continue à avoir des relations avec ma femme, ça va barder!". C'est sûrement un coup monté, mais comme Peter commence à fatiguer les nougatines de Marcel, il va prévenir Léontine, qui prévient Lerméchant. Peter, une fois rentré, accusé publiquement, proteste et mouille ses joues de larmes amères. "T'est trop beau, Peter, quand tu pleures!" gémit Marcel.
Jeudi 29.
Il écrit une lettre à Babeth où il essaye de lui faire comprendre que ce qu'elle éprouve pour Peter n'est pas de l'amour (ce serait plutôt une sorte de "paresse intellectuelle"). Elle lit la lettre mais ne fait aucun commentaire.
Marcel va voir une nouvelle piaule rue des Sapins, recommandée par Lerméchant.
Vendredi 30.
Rencontre, le soir, de Freud, étudiant en lettres. Conversation de 3 heures sur la littérature et le cinéma. Marcel s'aperçoit, en rentrant, qu'il a laissé sa cravate chez lui.
Samedi 31.
Le matin, Marcel emménage rue des Sapins.
Le midi, en sortant de la Maison des Jeunes, il retrouve Freud, venu lui rapporter sa cravate, avec un sourire plein de sous-entendus. Devant une bière, il a droit à un long discours sur la comparaison entre la cravate et le pénis, le désir inconscient de retrouvaille et les sentiments inavoués. Manque de bol, c'est pas tout à fait en situation, car Freud ne l'intéresse absolument pas physiquement.
Il va chercher Claudine à la gare. Le soir, ils mangent au Big Ben, dans une ambiance délicieuse (sic). Ils sont un peu saouls, mais enchantés.
Dimanche 1er novembre.
Assez mal dormi, en raison de tout ce qu'il a bu au Big Ben.
Ils écoutent une tribune de critiques de disques consacrée au "Requiem" de Verdi. Pas très euphorique mais relaxant.
Vont manger au Self, place du Vieux Marché, toujours aussi peu appêtissant.

mercredi 13 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -11

Marcel change de crêche.
Jeudi 8 octobre.
Température froide mais beau soleil. Marcel envoie une lettre à Claudine pour la rassurer.
Matinée énervante avec les infirmières. Nostalgie de Yann, son bel Hollandais.
Prétextant un besoin urgent de certificats internationaux, il part dans l'après-midi à la recherche d'un meublé. Rue Ganterie, une chambre acceuillante mais dans un hôtel-restaurant. Pas commode, question discrétion.
Lu dans "Elle" : "des rencontres nouvelles qui vous redonneront l'enthousiasme" et "à partir du 7, activité intense".
Il continue, le soir, sa randonnée à la recherche d'un gîte. Le meublé, rampe Bouvreuil, est désespérément vide (plus tard, le service Hygiène le fera fermer, pour non-conformité).
A21h15, un type passe en 404, du côté du jardin où il s'est égaré, et le reluque. Marcel le retrouve au feu, puis sur la place (il devait lui avouer ensuite qu'il l'aurait suivi toute la nuit, s'il l'avait fallu -c'est le genre de déclaration qu'il ne faut pas lui faire, ça ne le flatte pas et ça le rend plutôt cynique). Et puis voilà qu'une autre voiture se radine, que le mec au volant lui fait un signe de la main et puis s'en va. Bizarre. La 404 revient, s'arrête, le conducteur tousse. Marcel s'énerve, passe devant lui sans lui accorder un regard. La voiture repart, s'arrête plus loin. Cette fois-ci Marcel va directement à lui. L'homme a un visage assez fin, il n'est pas très grand mais il a de l'allure. Marcel est dubitatif. Avant de monter près de lui il lui demande : "Pourquoi moi?". Il répond "Ca ne s'explique pas!". Ils roulent vers Duclair, se perdent en chemin, atterrissent dans un champ. Ils parlent de "Don Giovanni". Il s'appelle Gabriel et il chante (contre-ténor) au Théâtre des Arts. Marcel lui susurre (en falsetto?) l'air des "Pêcheurs de Perles". Gabriel apprécie.
Vendredi 9.
Gabriel semble bien décidé à mettre la main sur Marcel. Il l'attend, à 18h, à la sortie de son bureau. Visite d'un logement, au vallon Saint Hilaire.
Dimanche 11.
Marcel est mal foutu.
Lundi 12.
Le soir, Gabriel l'expédie dans une pharmacie, puis ils vont faire l'amour dans un coin retiré, mais le baratin de Gabriel gâche le plaisir de Marcel.
Mardi 13.
Gabriel ne le lâche pas. Ils vont manger au Self, puis ils vont à Yvetot chercher une chambre d'hôtel pour passer la nuit, car Monsieur Ténorino a peur qu'on le "reconnaisse" à Rouen. Brouillard. Pas de chambre à Yvetot. Fatigué, Marcel le laisse tomber à 22h30. Il a de la chance : Gabriel a tellement peur d'attraper un rhume qu'il n'a aucun mal à le convaincre de ne pas monter avec lui dans son boui-boui qui n'est pas chauffé!
Mercredi 14.
Le rhume s'éloigne, le moral revient, et Gabriel téléphone, à 17h (oh lala! quel pot de colle!).
Jeudi 15.
Un des inspecteurs, genre vieille tantouse à la noix, traite Marcel de "con" devant tout le monde, au sujet d'une négligence de sa part. Marcel ne le digére pas, et ne le digérera jamais.
L'après-midi, la lettre qu'il avait envoyée à Serge lui revient : fausse adrese. "Le salaud me le payera!" râle-t-il.
Vu Gabriel, ce midi et tantôt.
Coup de téléphone à Claudine. Il lui envoie une lettre. Elle viendra dimanche. Il est entre deux eaux.
Avant de s'en aller du boulot, Lerméchant, le chef des inspecteurs, le convoque dans son bureau. Il n'a pas du tout apprécié que l'autre tête-de-noeud le traite de con en public et il l'assure que celà ne se reproduira plus. Marcel est bouche bée devant cet homme massif qui ressemble à Lino Ventura.
Il emménage enfin dans sa nouvelle chambre meublée : 33 rue de Buffon. Toujours pas de chauffage mais l'immeuble est superbe. Il adore.
Gabriel en profite pour se radiner et passer la nuit avec lui. Heu....est-ce que Madame est au courant? Non, elle n'est pas à Rouen en ce moment, paraît-il...
Vendredi 16.
Pastis au bureau, à 17h. Initiative de Léontine.
Coup de téléphone à Claudine, rassurée, contente.
Samedi 17.
Temps merveilleux. A midi, Gabriel l'aide à finir d'emménager - mais alors, quel baratin!
Pour se calmer, le soir, Marcel va redraguer David. Il lui dit "T'as pas l'air de bon poil!" mais il baise toujours aussi bien, le salaud!
Dimanchc 18.
Il va chercher Claudine à la gare (10h). Ils passent une très bonne journée ensemble. Déjeuner au Self et, le soir, apéritif au Commerce.

lundi 11 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -10

Marcel se tape un Hollandais.
Lundi 28 septembre.
Marcel a dormi près de 10 heures. Physiquement, ça va mieux.
Après avoir fait ses courses et s'être changé, il retrouve Babeth au bureau et lui demande ce qu'elle attend pour plaquer la bande et aller se promener toute seule avec Peter. Elle dit "Tu as raison".
Mardi 29.
Rolande continue de faire la gueule. Elle n'a pas dit deux mots de la matinée. Il est visible que la nouvelle intimité Babeth-Peter lui fait mal au coeur. Babeth, par contre, fait l'andouille et n'arrête pas de taquiner Marcel.
Hier soir, il sentait le vide total dans sa poitrine, comme si tous les organes en avaient été arrachés. Sensation étrange qui lui donnait le vertige, comme à 11 ans lorsqu'il avait failli se noyer et que, mort-vivant, il avait compris que Dieu n'existait pas. Intense mélancolie, présence du vide, au-delà de toute expression.
Mercredi 30.
Il tire à pile ou face sa rencontre avec Serge "Viendra-t-il?" "Viendra-t-il pas?". Il le trouve avec un autre mec. Serge s'excuse rapidement pour mercredi dernier : il n'a pas pu venir. Puis il continue sa conversation avec l'autre mec sans s'occuper de lui. Restés seuls, Marcel lui dit qu'il a quelque chose pour lui. Ils vont boire un pot. Serge commence à lui raconter sa vie, avec beaucoup de phrases "adultes" du genre "Tu es jeune, toi...Tu verras...". Marcel lui donne ses poèmes, s'excuse et rentre chez lui.
Jeudi 1er octobre.
Il achète un imper maxi. Il se sent délivré d'un grand poids vis-à-vis de Serge.
Il va sur la place où David l'embarque. S'il lui fallait un contre-poison à l'indifférence de Serge, le voilà! Quel baiseur!
3-4. Le Havre.
Longue et nécessaire discussion avec Claudine. Marcel lui parle de son désir d'être libre et de le rester.
Ils écoutent une sélection d'opérettes viennoises : "Giuditta" et "Wiener Blut".
Lundi 5.
Peter a pour Babeth les mêmes gestes qu'il avait pour Rolande, et ceci face à cette dernière. Marcel trouve ça assez crispant.
Il envoie une lettre à Serge.
Samedi soir il a revu "Bons baisers de Russie" avec l'étonnante Lotte Lenya, et "Le deuxième souffle" de Melville.
Il se couche à 20h30 et fait une série de rêves érotiques.
Mardi 6.
Il retourne au Tyrol avec la bande. Il se met à penser avec regret à sa première année de philo, mais il n'a pas gardé le journal qu'il tenait alors.
Le soir, il drague un Hollandais, superbe, avec des yeux bleus magnifiques. Ils vont chercher un hôtel, pour lui. Il le quitte à minuit.
Mercredi 7.
Jeannine, son ancienne copine de Tours, se marie. Claudine est malade (mal au dos).
Il pleut et il fait froid. Il gèle dans sa chambre. Cette fois-ci, il est bien décidé à emménager ailleurs.
Vers 20h, en allant chez Jean, il rencontre Claude L.G. rue des Bons Enfants. Ils bavardent un moment. Jean n'a pas de meublé de libre à lui proposer pour l'instant.
Il file en direction de la place où il retrouve son Hollandais. Celui-ci lui fait signe de monter dans sa voiture, et ils vont aux Postes. En sortant des Postes ils retrouvent Claude L.G.
Marcel termine la soirée avec son Hollandais. Ils sont très en forme tous les deux.

dimanche 10 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -9

Marcel pense à ouvrir une agence matrimoniale.
Lundi 21 septembre.
Dans le train, le soleil est rouge, le ciel parsemé de petits nuages, toute la campagne est sous la brume. "Cest Zoli" comme dirait Babeth.
Au bureau, Rolande est insupportable avec Peter, qui ne comprend pas pourquoi elle est comme ça.
A 18h, Peter emmène Marcel manger chez lui. Il lui parle de Babeth et avoue être amoureux d'elle. Marcel le quitte avant 21h.
Il se couche à 21h30. A 22h45 il est réveillé par la soif. Il boit, très excité par des rêves érotiques.
Mardi 22.
Peter a 10 jours de congés de maladie. Marcel va le retrouver, avec Babeth, après avoir mangé. Il les emmène au Drugstore sucer des glaces. Puis au Cid, pour boire un café. Demain, il les laissera seuls.
Toute la journée, Rolande donne des conseils à Babeth au sujet de Peter. Réfugié au Logement, Marcel se marre avec Léontine.
Mercredi 23.
Marcel devrait ouvrir une agence matrimoniale. Il aurait certainement beaucoup de succès, beaucoup plus qu'en faisant le poireau, le soir, surtout lorsque Serge ne vient pas.
Peter s'est déclaré à Babeth. Elle a pleuré et il lui a tout promis : mariage et bonheur sans égal. Et puis il téléphone à Marcel, du Château d'O. Voilà ce dernier promu entremetteur. Il va donc voir Peter, qui lui remet une lettre pour Babeth, qui, bien entendu, s'empresse de la lui faire lire. Ensuite Peter le relance et ils vont au Donjon, de 18h à 19h. Peter a cette phrase étonnante : "Elle a dû prendre le dictionnaire, à un certain moment". Marcel le regarde, médusé, et le trouve soudain très beau et très con.
Jeudi 24.
Marcel a mal dormi. Il se réveille à 5h, commence à écrire à Serge, mais abandonne. Il décide de passer le week-end à Rouen.
Il passe le midi avec Peter et Babeth. Ah, ces deux-là! "Demain, je les laisse se démerder tout seuls!" se dit-il. Toute l'après-midi Babeth est énervée.
Marcel a le cafard. Il est dans le jardin et il voit l'étoile, dans le ciel. Il la supplie de l'aider. Sur la place il rencontre un type assez bête, Philippe, qui l'emmène à La Souricière, boîte à pédés. Il a des ennuis avec une fille, paraît-il.
A 22h il file avec David à Canteleu. Il fait bien l'amour, le salaud! "Ah! s'écrie David, ça fait du bien, depuis le temps!". Il était en Corrèze. A 23h Marcel va chez Peter qui écoute Joan Baez et, bien sûr, lui parle de Babeth.
Vendredi 25.
Marcel est d'humeur folâtre, grâce au David d'hier soir.
Voulant savoir jusqu'où ira Babeth, si elle ira plus loin que Rolande, il lui donne une lettre où il lui écrit que Peter l'aime. Elle est contente. Le midi, il se fait une nouvelle fois remarquer au Tyrol où, décidant toute la bande à changer de place, ils sont obligés de prendre deux cafés.
Il rentre au Havre, mais bien décidé cette fois à ne pas y passer tout le week-end. Lorsqu'il annonce à Claudine qu'il repartira le lendemain dans l'après-midi, il sent qu'elle flanche.
Samedi 26.
Il va rejoindre Peter chez lui, vers 17h, heure à laquelle il quitte Claudine, venue l'accompagner à Rouen. Peter est avec son ami Marco. Ils l'invitent à venir manger avec eux au Flandres mais il refuse. Peter est tout heureux : Babeth l'a invité à venir passer le dimanche chez ses parents, dans la banlieue rouennaise.
Sur la place, il revoit une ancienne connaissance, La Récamier, en chemise ajourée. Papotage pour trouer l'ennui.
Dimanche 27.
La musique du Havre lui manque. Il repense à Venise. Est-ce donc là qu'il a été le plus heureux?
Il se repose, de 14h à 15h, mais à Claudine, qu'il va chercher à la gare, il dit franchement que ça ne va pas. Pourtant, ils arrivent à se remonter le moral et le soir, après avoir mangé au Self de la rue Guillaume le Conquérant (c'est dégueulasse, ce Self!) ils se séparent en riant.
Il se couche à 21h.

samedi 9 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -8

Marcel a des doutes.
Lundi 7 septembre.
Marcel quitte l'air du Havre qui, en ce moment, ne lui vaut rien (tant du point de vue moral que du point de vue physique). Il fait beau et chaud à Rouen, et il est tout surpris de passer un lundi agréable au bureau. Visite de Rolande, en vacances, mais que son amour pour Peter enchaîne à Rouen. Pourtant, elle ne semble pas avoir réussi à se l'attacher puisqu'il tourne autour de Babeth.
Mardi 8.
David vient sur la place, vers 21h15. Marcel le trouve de plus en plus étrange et commence à avoir de sérieux doutes à son sujet. Bien sûr, il aime faire l'amour avec lui, il aime ces échappées nocturnes, mais il aimerait bien, tout de même, passer à autre chose. Il lui a plusieurs fois proposé de venir chez lui, mais David a toujours refusé. Il en vient à penser que leur relation se limitera uniquement à ces étreintes viriles coincées entre le volant, la portière et le siège avant d'une voiture-hôtel de passe....
Mercredi 9.
Gruyère n'est pas là. Gâteaux et bière. Marcel téléphone à Claudine, qui lui a enregistré une version "pirate" du "Prophète" avec Marilyn Horne et Nicolai Gedda. Super.
De 18h à 19h bistrot avec Peter (un bistrot minable, près de chez lui -affreux!) et Peter ne répond pas à la question que Marcel lui pose brutalement "As-tu couché avec Rolande?".
David se pointe à 22h20. Ce soir, il est bien, très gentil et tout. Ils passent par St Etienne, mais c'est toujours le même tabac. Ils rentrent par Sotteville. Marcel commence à connaître Rouen illuminé!
Jeudi 10.
Matinée tumulteuse avec les infirmières qui lui flanquent un mal de tête à tout casser.
Ping-pong, le midi, à la Maison des Jeunes, avec Babeth, Lydia et Lucette.
L'après-midi, Peter se pointe au bureau avec une demi-heure de retard. Il ne semble pas étonné. Léontine le renvoie chier. Les potins vont bon train au sujet de sa liaison avec Rolande.
Marcel attend David, de 21h à 23h. Il lui avait dit, hier, qu'il viendrait. Il ne vient pas et Marcel commence à en avoir marre.
Lassitude. Tristesse. Nuit agitée. Il rêve de son frère.
Vendredi 11.
L'impression d'hier se confirme. Extrème nervosité. Au Tyrol, avec la bande, il joue avec les cendriers. Geste anodin qui choque ces dames et fait rire Jean, invité surprise. Mais il n'arrive pas à se reprendre en main.
12-13 septembre.
Week-end calme, au Havre. Beaucoup moins nerveux. Dimanche, avec Claudine, il va voir Mickey. Le truc des fantômes lui plait beaucoup.
Lundi 14.
Rolande, de retour, continue à s'ennuyer et à faire la gueule. Elle fait semblant de ne pas entendre les plaisanteries qui accompagnent sa "love-story".
Mardi 15.
Déjeuner au Tyrol, avec les trois Grâces. Lydia, refusant le cidre, prend de la bière. Elle est saoule en sortant, et se fait remarquer.
Marcel échange sa cravate contre celle de Peter.
Orage, vers 17h, et trombes d'eau.
Hier soir, par bravade, Marcel a abordé un type, un parisien, qui l'a renvoyé chier.
Il pleut, il pleut. Il se couche, à 21h30. Il étend les jambes : les draps sont gelés. "Il fait rien froid!" il se dit. Tu parles : les draps sont trempés. Il pleut dans sa chambre.
Mercredi 16.
Le ciel s'est dégagé. Les inspecteurs n'arrêtent pas de gueuler. Rolande fait moins la gueule. Marcel est de bonne humeur, malgré une profonde tristesse. Il déconne. Il envoie une lettre à Claudine.
Le soir, les étoiles sont au rendez-vous. Il fait la rencontre de Serge. Il l'écoute parler, au Café des Postes. Puis ils vont chez Marcel jusqu'à minuit et demi. Le rêve se brise lorsque Serge lui annonce qu'il sera absent de Rouen pendant une semaine.
Jeudi 17.
Le midi, il va manger chez Rolande avec Babeth et Peter. Rognons cuisinés par Peter (très bons), vin rouge, disques. Toute l'après-midi ils sont très, très énervés tous les quatre. Marcel répond aux clients d'une façon sérieuse qui fait rire Babeth aux larmes et l'oblige à aller se réfugier chez Léontine.
Vendredi 18.
Temps superbe. Le matin, Marcel va à Charles Nicolle porter des vaccins anticholériques.
19-20. Le Havre.
Encore un peu d'anxiété. Vieillissement psychique prématuré? A Tours, il était beaucoup mieux rôdé, beaucoup plus insouciant, comme si les soucis n'avaient aucune prise sur lui.
Samedi soir, il va au cinéma avec Claudine voir le film de Wyler "On n'achète pas le silence", film qui lui fait une très forte impression.

jeudi 7 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -7

Marcel se saoule la gueule.
Lundi 31 août.
Courses à Rouen. Sandwiches dans la chambre de Marcel. Il a reçu une carte de Claude L.G. L'après-midi, celui-ci lui téléphone de Paris.
Il fait chaud. La pensée de David ne le harcèle plus comme avant. Il se sent prêt pour une autre aventure, sans doute parce qu'il est sûr désormais qu'il peut avoir confiance en lui. Il sait qu'il sera là, quand il le voudra.
Il lit "Les mendiants de miracle" qui le passionnent.
Il travaille à sa troisième histoire, mais il n'arrive pas à s'intéresser à son sujet (un bal, suivi d'un viol). Le concierge s'engueule avec un locataire, et il file sur la place. David arrive. Ils longent les quais de la Seine. Des bruits incertains les séparent, encore brisés par leur étreinte. Ils rentrent, très amoureux.
Mardi 1er septembre.
Gruyère ne viendra pas de toute la journée. C'est la grande foire au bureau. A midi, Marcel va manger à la Maison des Jeunes (réouverte) avec Lydia, revenue très bronzée de Corse, Lucette et Babeth. Ensuite il va porter son recueil de poèmes à Jean (qui n'est pas là).
L'après-midi, Léontine l'accepte dans son bureau, signe qu'il fait des progès avec elle, et qu'il aboutira certainement -pour l'instant il la surveille, il cherche à la comprendre. Il téléphone à Claudine, au Havre, et puis à Jean, qu'il va voir à 19h30. Il boit son calva et il l'écoute déblatérer. Sa nouvelle télé en couleur n'est pas terrible. Il se sauve à 21h15 et David ne tarde pas à venir le rejoindre. Il a eu un accident avec sa nouvelle voiture, qui s'est littéralement désintégrée. Sa fureur le bouleverse, et plus encore les intentions qu'il manifeste. C'est un anarchiste, ce garçon. Marcel l'approuve mais tremble pour lui. Sa tendresse prend, ce soir, un goût désespéré.
Mercredi 2.
Gruyère leur annonce qu'il ne sera pas là jeudi et vendredi. Quelle joie! Marcel en profitera pour aller chez le coiffeur.
Peter est désemparé. Son inconscience frise la folie. Il s'affiche partout avec Rolande. Celle-ci rayonne. Marcel parle de tout ça à Léontine, devenue enfin son amie. Elle lui répond ; "Il plane! Gare à l'atterrissage!".
Marcel va se balader à la Préfecture.
21h30. David l'emmène faire un tour à Petit-Quevilly. Son histoire ne s'arrange guère. Le garagiste-bidon qui lui a vendu la voiture ne veut pas le rembourser, et il menace de tout casser. Comme il a la police avec lui, Marcel lui conseille d'être prudent. Pour la première fois depuis qu'ils se fréquentent, David lui dit, en le quittant : "A demain soir". C'est peut-être étrange, mais c'est le premier homme pour qui Marcel éprouve du respect.
Il commence à en avoir marre de son taudis du 7 rue Bourg l'Abbé. Son voisin parle tout seul. C'est pas drôle et le pire, c'est qu'il a l'air d'aimer ça. Vers 19h30 il s'est mis à pousser des soupirs comme s'il jouissait (peut-être jouissait-il vraiment -toujours est-il qu'il n'a pas la jouissance discrète). De plus, l'autre con qui est toujours en chaleur laisse la fenêtre du couloir ouverte toute la nuit, et comme il commence à ne pas faire chaud, Marcel se les caille.
Jeudi 3.
D'après son horoscope, ce devait être sa meilleure journée de la semaine.
Après une bonne nuit, il passe la matinée avec les infirmières, braves femmes s'il en est, mais tout à fait hors de course. Babeth a mis sa robe bleue et ils vont manger tous les deux au Flandres. Bien entendu, ils parlent de Venise. L'après-midi, Marcel file chez le coiffeur. Ensuite, c'est Peter qui va chercher une bouteille de scotch. Ils boivent, tous ensemble, et bientôt le bureau est en effervescence.. Peter est pâle comme un mort, Léontine est rouge comme un coquelicot, Babeth tricote en faisant l'andouille. Marcel téléphone à Claudine. Elle a reçu son "Gramophone". A 18h Peter l'emmène chez lui, rue de la Glacière. Sa femme rapplique avec 4 pétasses. Ils reboivent. Prudemment, Marcel laisse son whisky de côté. Toutes les femmes parties, Peter veut l'emmener au Flandres. Marcel refuse et ils font des oeufs sur le plat. Peter entame une discussion survoltée que le retour de sa femme, heureusement, vient interrompre. Il est 20h15, Marcel file chez lui à pied et s'aperçoit qu'il a du mal à marcher droit. Il se change et va sur la place où, à peine arrivé, David l'embarque. Son affaire s'arrange, pas celle de Marcel. Il a tellement envie de s'envoyer en l'air qu'il se surpasse. Ils filent à une allure record à Canteleu, le pantalon baissé. "T'es pas trouillard pour deux ronds!" lui dit David. Son imprudence semble l'irriter mais il s'en fout. Ils jouissent, mais Marcel est toujours aussi saoul.
Nuit agitée.
4-5-6-7. Week-end au Havre.
Que s'est-il passé? Marcel passe, samedi et dimanche, deux jours d'un ennui mortel.
Vendredi soir, avant de prendre le train, il avait emmené Claudine, venue le chercher, manger une assiette anglaise au Tyrol. Le samedi, ils écoutent des disques. "Vénus, rends-moi ton fils!" implore Janet Baker à la fin des Troyens. "Vénus, rends-moi David!" marmonne Marcel, la tête basse et le front soucieux. "Ah! Où sont-ils ces jours?" déclame encore la belle Janet-Cléopâtre avant de se faire transpercer le sein. "Ah! Où sont-elles ces nuits avec David!" gémit Marcel, étendu sur le divan du salon.
Quant aux valses de Strauss, elles lui donnent la nausée.

La (petite) vie de Marcel -6

Marcel se détache de David.
Lundi 24 août.
Marcel continue d'écrire. Il a envoyé sa nouvelle histoire à Nicole K.
Il n'oubliera pas la façon dont David a pris son visage dans sa main, jeudi soir, alors qu'ils roulaient vers Canteleu, et l'a tourné vers lui, pour qu'il l'embrasse.
Marcel repense à Venise, à cause des cloches de la cathédrale. Inoubliable vision.
Maux de tête.
Mardi 25.
Peter arrive au bureau, très agité, et montre à Marcel une convocation pour une tentative de conciliation. Sa femme veut divorcer et lui aurait, paraît-il, tendu un guet-apens. Marcel ne peut s'empêcher de le trouver terriblement inconscient.
Le soir, un bonhomme d'âge respectable, mais encore bien bâti, aborde Marcel sur la place. Par curiosité il désirerait coucher avec lui. Il lui avoue n'avoir jamais fait ça avec un garçon, étant plutôt attiré par les femmes. Un quart d'heure de baratin pour pas grand chose car Marcel n'est pas disposé à satisfaire son envie de changement.
Mercredi 26.
Peter ne tient pas en place au bureau. Ses déboires conjugaux le foutent de mauvais poil. Marcel le trouve sympathique parce qu'il est grand, fort, qu'il a un charmant sourire, et qu'il est toujours prêt à vous payer le restaurant, mais sous la carapace de muscles se cache un cerveau quelque peu insouciant.
David aime les biches. Il dit à Marcel "Je ne me suis jamais laissé mettre en cage". Est-ce un avertissement? Sur le retour ils écoutent, après l'étreinte, la "Heldenleben" de R. Strauss. Fasciné, Marcel laisse l'orchestre lui rentrer dans la peau tandis que Rouen scintille et que, près de lui, son amant occupe toutes ses pensées.
Jeudi 27.
A 19h30, Marcel va récupérer l'histoire (Rose) qu'il a prêtée à Jean. Apparemment, le récit lui a plu, c'est déjà quelque chose. Avant son départ en vacances (le 7 septembre) Marcel lui promet quelques poèmes. Mais quelle fatuité chez Jean! Monsieur plaisait, il y a dix ans. On lui courait après. Maintenant, c'est lui qui court après les autres.
Vendredi 28.
Pour la première fois, Marcel est accablé de doutes vis-à-vis de David. Mais ce n'est pas à cause de lui. C'est qu'il se demande comment cette aventure va se poursuivre.
Il a hâte d'être au Havre, car il est crevé.
Il lit "Les visages de l'ombre", mais ça ne lui plait pas.
29-30. Week-end au Havre.
Peu à peu il pense se libérer de David, comme si cet amour était impossible.
Dimanche après-midi il va à la plage avec Claudine. Le soir, ils écoutent une version "pirate" du "Bal masqué" de Verdi. Caballé et Labo sont excellents dans le grand duo du 2ème acte, mais Mario Sereni manque de profondeur dans son rôle de faux cocu.

mercredi 6 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -5

Marcel se remet à écrire.
Mardi 11 août.
Réveillé à 5h par des bruits suspects.
Au bureau, Babeth semble de bonne humeur. Marcel s'emmerde. C'est affreux, mais il est vraiment amoureux de David.
L'après-midi, il est d'excellente humeur. Le ciel se dégage, il fait l'andouille et il essaye de s'attirer l'amitié de la redoutable Léontine. Pour l'instant, elle semble l'accepter. Par contre, un qu'elle n'accepte pas, c'est Delalande, l'inspecteur qu'on lui a refilé, au Logement. Ce soir, il dit que demain il lui faudra "mettre un noeud à son mouchoir", elle réplique "C'est ça, mettez un mouchoir à votre noeud" ce qui déclenche l'hilarité générale.
Soirée gâchée à cause d'un barman à la gomme qui raconte à Marcel des tas de conneries.
Mercredi 12.
Le midi, après avoir mangé aux PTT, Marcel va chez Jean pour lui casser un peu les pieds, pour se faire payer un café et pour se renseigner au sujet du barman. Ce dernier aurait couché avec Jean, s'appellerait Pierre et aurait 19 ans.
Le soir, bonheur sans égal, Marcel se remet à écrire, dans le jardin Solférino (St Roch). Il ébauche une nouvelle histoire, et il est obligé d'arrêter, la nuit tombant. A 21h il part vers le lieu habituel de ses pérégrinations et David ne tarde pas à rappliquer. Tout en conduisant il lui parle de son travail et de la raison de son absence, la semaine dernière : il était à Paris. Il lui parle aussi de ses vacances prochaines, en septembre, ce qui rend Marcel tout triste. Dans la forêt ils s'étreignent passionnément. Sur le retour, ils n'échangent pas une parole. Marcel a le souffle coupé, la gorge séche.
Jeudi 13.
Marcel téléphone, à 13h30, à Jean. Le pauvre est très déçu à son sujet.
En rentrant du travail il trouve une carte de Claude L.G.
A 21h30 il voit se radiner sur la place le barman à la noix et il lui saute dessus. Il lui en dit de toutes les couleurs et, à 21h45, il le laisse pour courir rejoindre David qui arrive en voiture. "Tiens! le voilà celui-là!" fait le barman. Parole énigmatique que Marcel n'a pas le temps d'élucider. Désir et possession, frénésie et brutalité non dénués d'une prenante tendresse. Les lueurs sur Rouen sont déchaînées.
14-15-16. Week-end au Havre.
Samedi et dimanche Marcel travaille avec acharnement sur la nouvelle qu'il a ébauchée à St Roch. Il a reçu une carte de Nicole K. qui lui a fait énormément plaisir car elle a aimé son précédent récit "Rayon Parfumerie".
Dimanche matin il est très heureux car il fait beau, et l'après-midi il va avec Claudine voire le départ de la cavalcade. David est là, il conduit le char du Tyrol. Marcel va lui dire bonjour et le prend en photo, à son insu.
Lundi 17.
Tristesse. Marcel a eu un mal fou à s'endormir. Il est fatigué et énervé. Rolande est revenue, mais elle a décidé d'être aimable avec lui. Pourquoi? Il l'ignore.
Mardi 18.
Bonne nuit.
Gruyère n'étant pas là de la journée, bataille navale et bataille tout court entre l'Hygiène et le Logement, avec des bouts de papier.
Mercredi 19.
Passé une bonne nuit. Rêves obscènes.
Marcel va chercher les photos du corso, dont deux sont consacrées à David. Pas mal.
Jeudi 20.
Le midi, il va voir Jean. Il le laisse parler.
Peter, le rédacteur, est déchaîné. Rolande rêve. Marcel découvre alors qu'il y a quelque chose entre eux. C'est le début des emmerdements. Il n'y a pas de doute : Rolande est pincée. Celà saute aux yeux de Marcel qui lui passe un billet : "Ou bien tu es amoureuse, ou bien tu veux quitter un garçon et tu ne sais pas comment t'y prendre". Elle lui répond : "Les deux". C'est la logique même. L'atmosphère du bureau, désormais, ne sera plus jamais la même.
Défilé de vedettes sur la place. Marcel tourne en rond. D'ailleurs il pleut. A 22h30, David arrive. Il lui parle de lui, de ses copains de travail et, pour la première fois, de sa "nénette" ("Saloperie!" dit-il).
Au fait, cet après-midi, il y a eu une violente prise de bec entre Meunier et Gruyère. C'était assez drôle.
21-22-23. Week-end au Havre.
Marcel écoute "Schéhérazade" en super-stéréo. C'est assez percutant. Mais la tristesse l'envahit en écoutant la "Suite espagnole".
Claudine est triste. Marcel sent qu'une explication entre eux va devenir nécesaire.

mardi 5 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -4

Marcel se fait de nouveaux amis.
Lundi 3 août.
Tout le monde est rentré : Peter, le rédacteur, Gruyère, le chef de bureau, et Léontine, bien entendu.
Dans l'après-midi, coup de téléphone de Claude L.G. Il vient chercher Marcel à 18h, et celui-ci lui mène la vie dure, l'oblige à aller faire des courses et à manger dans son boui-boui. Et puis il lui annonce qu'il a un rendez-vous et il le fout dehors. Vexé, L.G. va le relancer sur la place du Vieux Marché où Marcel est allé, à tout hasard, au cas où David viendrait. De guerre lasse, Marcel accepte de prendre un pot avec lui et ils se quittent bons amis.
Mardi 4 août.
La Maison des Jeunes étant fermée, il est obligé d'aller manger aux PTT. Peter et Babeth y sont allés la veille mais ça ne leur a pas plu. Marcel se résout à y aller seul, mais il est rejoint par Lucette qui s'impose et dont il cherche à se débarrasser. Finalement, il la fait tellement marcher à travers la ville qu'il comprend très vite que demain il sera débarrassé d'elle.
Idées de suicide, le soir.
Ennui pesant.
Mercredi 5 août.
Marcel souffre, physiquement et moralement.
Le soir, il se laisse accoster par un étudiant qui l'emmène dans son collège abandonné, grande bâtisse pleine de dortoirs vides. Il l'écoute parler en écoutant "Petrouschka". Le moins que l'on puisse dire, c'est que son esprit s'est détaché de son corps.
Jeudi 6 août.
Il fait la connaissance de Jean, qui l'emmène chez lui. C'est pas mal, d'ailleurs, chez lui. Mais le type ne lui plaît pas. Sa façon de parler est maniérée, énervante. Il se croit intelligent en ne parlant que de sexe et de cul, et Marcel n'arrive pas à s'intéresser à lui.
8-9-10. Week-end au Havre.
Marcel se retape le Requiem de Verdi. Claudine fait du repassage.
Lundi 10 août.
Dans le train, obsessions érotiques.
Calme au bureau. Rolande a une semaine de congé, Babeth est toujours aussi grinçante, désagréable et bête (oui, c'est ça : elle est vraiment bête!). Il attend 18h avec impatience.
Il va directement chez Jean et il le trouve en robe de chambre, grippé. Ils mangent ensemble et Jean se met à lui faire la morale. Marcel ment et pense à se barrer mais Jean se remet à parler de ses expériences sexuelles : les femmes et les hommes qu'il a séduits, qu'il a aimés, qu'il a baisés, qu'il a abandonnés. Pour couronner le tout il prétend que la grippe l'empêche de bander et il voudrait que Marcel reste coucher avec lui, pensant que la chaleur de son corps fera trembler son outil. Pas du tout enchanté, Marcel le plaque à 22h, pour aller prendre l'air. Il se heurte à son étudiant, très nerveux, qui lui ramène une montre pourrie en prétextant qu'il l'a perdue chez lui, lorsqu'il est venu le voir dans son collège. "Un acte manqué de ta part!" proclame-t-il avec suffisance. Marcel trouve celà très con, se fait raccompagner en voiture mais le laisse froidement en plan devant la porte.

lundi 4 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -3

Marcel va à Paris.
Jeudi 30 juillet.
La journée passe, toujours morne. Le travail de Marcel n'est pas ennuyeux, mais l'atmosphère du bureau est quasi irrespirable. Rolande, surtout, n'est pas tendre avec lui. Il sait qu'il lui faut être patient pour se faire accepter, mais c'est souvent très dur.
Le soir, malgré la fatigue, la lassitude, il retourne là-bas, dans l'espoir insensé de revoir David. Beaucoup de touristes, pas mal de bagnoles. Et puis, vers 22h, il voit sa voiture qui passe, rapide comme l'éclair. Il ne l'a pas vu au volant, mais il est sûr que c'est lui. Et puis la voiture revient, ralentit à sa hauteur. David lui fait un signe amical et s'arrête pour le faire monter. Ils prennent la même route que l'autre soir. David lui parle de son travail et ils font l'amour.
Marcel rentre, complétement crevé, vers 23h.
Vendredi 31.
Il subit le contre-coup de cette nuit immense. Nul doute à avoir : David vient d'entrer dans sa vie. Il aime son plaisir, et la façon dont il le prend et le reprend sans cesse, sans jamais le quitter, sans jamais en finir avec la jouissance.
Léontine arrive au bureau. Elle travaille avec Meunier, au Logement. C'est une femme de 42 ans, grande, mince, brune. Elle frappe par son langage direct, par son parler qui frise la vulgarité. Or, dans les pires expressions de son vocabulaire, elle n'est jamais vulgaire. Voilà une femme d'un caractère peu commun qu'on doit aimer ou détester. Meunier la déteste, et elle le lui rend bien ("Tu me fais chier" lui dit-elle constamment). Marcel pense que c'est une femme à avoir pour alliée, et non pour ennemie.
Claudine vient le chercher à 18h. Mais Marcel est dans un état lamentable. Son angine a repris, sa dent lui fait mal. Ils pensent, un instant, à annuler leur voyage à Paris, prévu pour ce week-end. Mais ce serait trop bête car il fait un temps superbe. Ils l'écourteront, voilà tout. Marcel se couche, à 20h30, et Claudine va prendre une chambre à l'hôtel, ne voulant pas partager son boui-boui et ses microbes. A minuit, Marcel se réveille. Sa première pensée va à David. Mais il n'aimerait pas qu'il soit là en ce moment, qu'il le voit dans cet état. Il a horreur que l'on le voit malade. Quand il souffre, il aime être seul, replié sur lui-même pour ne pas offrir sa douleur en spectacle.
Samedi 1er août.
Départ pour Paris à 9h. Il fait une chaleur à crever, il y a un monde fou, et Marcel en a vite marre. Il prend aspirine sur aspirine. Ils vont au Printemps, aux Galeries. Claudine achète deux robes, et Marcel le "Requiem" de Verdi. Ils rentrent au Havre par le train de 14h.
Le soir, grog, tisane, aspirine et Requiem.
Dimanche 2.
Marcel roupille toute la matinée. Il est très fatigué. Dans l'après-midi ils vont à la plage profiter des bienfaits du soleil.

samedi 2 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -2

Marcel tombe amoureux.
Lundi 27 juillet.
Marcel rêve et se réveille. Il se dit "Ah! s'il pouvait être 5h!". Il glisse un coup d'oeil timide vers le réveil : 4h55. Chic. Son rêve était étrange : il se préparait à aller à l'école (cours de Science Nat) mais il ne pouvait s'empêcher de jouer au foot dans la rue avec son frère. Le cours commençait à 10h, il se pointait à la maison à 9h45, très excité, le torse demi-nu, pour entendre les sarcasmes de son père. Il se souvenait aussi qu'en jouant au foot, la balle allait souvent dans une épicerie où une fille (était-ce Mauricette?) en blouse blanche leur renvoyait la balle.
Marcel prend le train pour Rouen.
Journée merveilleuse, le temps se dégage dans l'après-midi. Comme d'habitude lorsqu'il est en forme il fait le pitre au bureau.
Il retrouve Claude L.G. de 18h à 20h.
Le soir, ça se gâte. Accès de mélancolie.
Mardi 28.
Journée calme.
Le soir, Marcel repère une Simca blanche, qui fait le tour de la place du Vieux Marché. Elle va s'arrêter dans une rue isolée. Le conducteur ne descend pas. Marcel s'approche, et le mec le fait monter. Le début, assez tendu, lui fait prévoir une aventure peu banale. La voiture file vers Canteleu, dépasse la ville et s'enfonce dans les bois. Elle s'arrête, dans un endroit désert, et Marcel dévouvre que David -c'est son prénom- possède un corps tout en muscles. Il met dans l'amour une force peu banale. Son étreinte est brutale, mais non exempte de tendresse. Médusé, Marcel reste sans mot, tandis que David le ramène à Rouen. Le ciel est clair, les lumières scintillent et lui rappellent d'autres lumières (Nice et Rome). Tout celà concoure à le rendre mélancolique.
Mercredi 29.
Journée calme, qui passe lentement.
L'après-midi, Marcel regarde une carte de Rouen et de ses environs, et il peut retrouver un bout de la route que David a prise, hier soir. Le souvenir de cette nuit afflue en lui. L'odeur de la peau de l'homme, de son tabac, et de cette sueur qui nait de l'amour, il sent tout ça sur son propre corps. Ce trouble ne peut être une illusion.
Le soir, il reste quelque temps au jardin St Roch, du côté des jeux des enfants. Là, la fine fleur de Rouen se rassemble : jeunes en jean's, mômes débraillés, clochards, filles vulgaires. Il aime les regarder, les entendre. Mais pas une seule fois, malgré le ciel très pur, il ne retrouve cette atmosphère si particulière, si chaude et si sensuelle, qu'il goûtait fort dans les jardins de Rome, de Bergame, de Vérone.
En rentrant, vers 20h45, son voisin de palier est sur le pas de sa porte, torse nu. C'est un homme qui a toujours chaud. Il a de la chance.

vendredi 1 mai 2009

La (petite) vie de Marcel -1

Marcel emménage.
Mercredi 15 juillet.
Ca y est : Marcel a emménagé dans son boui-boui, 7 rue Bourg l'Abbé. Ce n'est pas tout à fait l'idéal : pas de chauffage, pas d'eau courante. Quant aux w.c. ils sont dans la cour, deux étages en-dessous. Mais ça ne coûte pas cher : 50 F par mois.
Le soir, il se serre sous les couvertures et il a l'impression d'être dévoré par des dizaines de puces. Ce n'est qu'une impression, heureusement. Mais la hantise des cafards, souvenir Bordelais de chez sa soeur, le réveille au milieu de la nuit. Il allume : pas un seul. Il se rendort, légèrement rassuré.
Jeudi 16.
Hier, au bureau, il n'était pas en forme (mal aux dents). Aujourd'hui, ça va mieux, et il plaisante allégrement.
Le matin, arrivé d'un inspecteur, parti en vacances, Bernard. L'impression première est qu'il n'est pas net. Ce n'est pas seulement une question de vêtements, mais aussi de coup de peigne et d'haleine. Malgré celà, les deux filles s'extasient sur sa "beauté". Il a à peu près le même âge que lui.
Le midi, ping-pong à la Maison des Jeunes, avec Babeth et Lydia, son amie portugaise (charmante et tout à fait sympa). L'après-midi, gâteaux, bière et mise en boite.
18-19-20. Week-end au Havre.
Samedi soir, vu l'étonnante Liza Minnelli à la télé. Dimanche, il pleut toute la journée. Marcel et Claudine écoutent, aux Anglais, une ancienne version des "Puritani" avec Callas et Di Stefano. Claudine s'extasie, mais Marcel est sceptique, la grosse voix de Callas lui semble inadéquate. Le soir, à la télé, "Le parfum de la dame en noir". Beaucoup de moyens mis en oeuvre pour pas grand chose. Mais Marcel a aimé l'étonnante prestation du jeune acteur qui personnifiait si sportivement Rouletabille.
Lundi 20.
Temps plutôt frais. Début d'angine. Un peu de fièvre. Le soir, Marcel est à plat. Il se couche à 20h mais, énervé, il ne peut pas s'endormir et il se décide, à 21h, à aller faire un tour. Il rencontre un homme d'âge moyen, dans un bar de la place du Vieux Marché, assez grand, fin, demi-chauve, intelligent et sensible, Claude L.G.. Il passe avec lui une bonne soirée.
Mardi 21.
Journée calme. Son angine a viré et il tient un bon rhume. Il passe le midi avec Babeth, Lydia et Lucette. Après, au bureau, Babeth et Rolande débinent Lucette avec une vacherie très féminine. Il a relu entièrement "Sanctuaire" qui lui a fait un effet extraordinaire, encore plus que lorsqu'il l'avait lu la première fois. Et puis aussi "L'Ensorcelée" de d'Aurevilly, qui ne l'a pas beaucoup emballé, et il a commencé les "Contes" d'Hoffmann.
Passé la soirée avec Claude L.G.
Mercredi 22.
C'est avec joie qu'il constate, dans les "Contes" un chapitre consacré au "Don Giovanni" de Mozart.
Très belle journée. Ciel magnifique. L'après-midi, Georgette, la rédactrice, n'étant pas là, Marcel sort prendre l'air une demi-heure. Il va chercher de la bière aux N.G. et une grande bouteille de Coca pour Babeth. Rolande a un Jules, elle est plus aimable. Après avoir fait quelques dessins sur les carreaux (représentant le rédacteur en slip de bain) qui réjouissent fort ces dames, ils jouent tous ensemble au "Mot le plus long".
Dans la soirée, il lit "La Passe Dangereuse" qui le passionne.
Jeudi 23.
Le matin passe vite, avec les infirmières du Centre de vaccination, mais l'après-midi Rolande et Babeth sont insupportables, sans parvenir à émousser sa patience.
24-25-26. Week-end au Havre.
Dimanche, il pleut toute la journée. Marcel et Claudine écoutent une petite sélection stéréo. Rien de neuf à l'horizon. Lettre de Jeannine et de la mère de Marcel. Il écrit à Jeannine.