lundi 16 mars 2009

les vacances de Nicole (2)

Dimanche 19 - 8h.
Tout a basculé, hier soir, à l'arrivée à 19h47. Dans le train, bizarrement, Nicole retrouvait quelque chose de son enfance. Non pas à Limoges, qui ne lui fit aucun effet (la gare - et alors?) mais à partir de Brive. Elle ne se souvenait pas de la gare, mais elle la retrouvait, vieille et moche, complétement usée, et en 10 ans elle n'avait certainement pas changé. Et ensuite, ces paysages brûlés par le soleil, ces vieilles maisons avec leurs pierres si lourdes, si brunes, leurs toits de tuile, impossible de se tromper : c'était bien là son enfance, terrienne et présente.
Au fur et à mesure que le voyage se poursuivait, que l'accent des contôleurs se mettait à chanter, que leurs sourires devenaient plus aimables que leurs collègues parisiens, son angoisse augmentait : qu'allait-elle trouver à Perpignan? José, bien sûr, mais ensuite? Sans doute un taxi qui la conduirait à Saint Cyprien, et basta!
Mais ce fut mieux que ça, ou peut-être pire encore, elle ne savait pas, il était trop tôt pour le dire. Elle était contente de voir José sur le quai de la gare, de l'embrasser, et il lui a présenté un type de Saint Cyprien qui allait la conduire là-bas : brun, carré, pas trop grand, juste sa taille. José ne viendrait pas avec eux, mais lui donnait rdv le lendemain à 14h, dans un endroit impossible : un parking, près de la plage, avec un vieux bistrot, elle ne comprenait pas très bien. De toute façon, que pouvait-elle comprendre? Debout à 4h du matin, avec plus de 9h de train dans le cul (c'est le cas de le dire, elle en avait plein le cul d'être assise dans le train!). Et maintenant elle était seule avec un homme, qui lui paraissait sympathique et qui la conduisait n'importe où. Et quand il lui a dit "Si quelqu'un me plaît, je le lui dis, et toi tu me plais!" elle s'est sentie plus à l'aise, même si elle trouvait ça plutôt rapide mais c'était assez agréable -question de tempérament, sans doute, mais surtout de caractère. Sur la route brûlante, coupée par les bambous, ils ont rencontré un homme couché sur le sol, épuisé, son étui à guitare à côté de lui. Impossible de le résoudre à se lever. Il cherchait la gare, leur dit-il. Et puis tout a été très vite. Par l'intermédiaire d'une copine de Saint Cyprien ils ont trouvé le Clos. Il était 20h35. Elle a payé la caution, récupéré la clé. Dans son appartement, ils se sont embrassés. Il lui a dit qu'il avait un couteau à cran d'arrêt dans la poche de son blouson "pour se défendre en cas d'attaque". Elle y a vu un symbole phallique, le truc "toujours prêt si on m'excite". Ils sont descendus prendre une bière dans un bar tenu par un couple "d'homosexuels" dit-il (sans intérêt) et remontés pour flirter à nouveau. Elle ne pensait pas prudent de faire l'amour tout de suite, même si elle avait envie qu'il reste. Il est parti à 22h, en lui promettant de revenir pour 8h , pour prendre le petit déjeuner avec elle.
Elle l'attend.
Il est parti danser sous la lune, avec son couteau à cran d'arrêt, et elle a écouté les bruits de la nuit, beaucoup moins romantiques, jusqu'à minuit : la circulation, surtout, dans la rue en bas de sa chambre, et puis, vers 2h, le chauffe-eau qui se mettait en route dans le placard.

Aucun commentaire: