dimanche 15 mars 2009

Les vacances de Nicole (1)

Samedi 18.
Eh bien voilà, ça y est : Nicole est en vacances! Ou bien presque. En tout cas elle est partie.
Toute la semaine elle a fait sa teigne. Et pourtant tout le monde a été gentil avec elle, au bureau comme à l'extérieur (les copains, les copines, les relations amoureuses, etc.). Oui. Eric lui a téléphoné, et André B. (mais lui, c'est tous les 2 soirs qu'il lui téléphone...et pour lui dire quoi?).
Et Jacques, ce cher Jacques, qui lui a laissé un message, avant qu'elle parte, pour lui annoncer qu'il avait préparé l'ex-chambre de sa fille pour y recevoir Sarah (la chatte de Nicole) pendant 15 jours.
Eh bien malgré ça elle n'était pas contente. Pourquoi? Trop vieille (la trentaine) pour partir en vacances? Ou bien alors (surtout) parce qu'elle partait seule? Et puis tout ça, Austerlitz, Brive-la-Gaillarde, ça lui rappelait trop de souvenirs -à elle qui, pourtant, avait si peu de mémoire! Combien de fois était-elle partie, et arrivée, combien de fois s'était-elle payé Austerlitz (payé? non, gratuit, jusqu'à sa majorité!). Voilà : Brive, son premier vrai amant, un homme marié, père de famille, la femme et les enfants en Bretagne, l'homme seul errant dans la gare à la recherche d'une fille comme elle, paumée. Une rencontre de salle d'attente.
Le soleil brille, le ciel est bleu, pas un souffle de vent. Elle va retrouver José (sera-t-il à la gare? elle l'espère) et demain ce sera Sophie, son mari (Jerry) et leur fille (Béa) qui débarqueront dans son campement, mais tant pis, jusqu'au bout elle aura regretté de partir, d'abandonner son logement, ses disques, sa Sarah (pourtant, qu'est-ce qu'elle est chiante, en ce moment). Voilà : la vieillerie, sans doute.
Aujourd'hui, à Paris, c'est la Gay-Pride, et c'était si bien, l'année dernière, avec Eric, et il fait si beau. Cette année, il va y avoir plein de beaux mecs, torses nus et en shorts. Basta, elle est vraiment trop conne. Elle a fait un rêve, cette nuit, alors que son corps était en sueur, le rêve sans doute de toute sa vie. Le dernier rêve, avant 4h moins 5 (elle avait mis le réveil sur 4h, elle l'a arrêté juste avant qu'il sonne). Elle ne se rappelait plus très bien, mais c'était à peu près pareil, il y avait du monde dans la maison (celle de Tours). Dans la chambre, tout le monde dormait mais elle était inquiéte, on devait être debout à 2h du matin, et elle s'est réveillée à 4h, l'horreur! Elle a demandé à JGLG (pourquoi lui?) de l'emmener à la gare. Il était d'accord. Mais pendant qu'il se préparait, en haut, elle est descendue et elle a ouvert la porte de la cuisine. Il ne fallait pas. Elle a vu sa mère avec une gamine. Son visage (le sien dans dix ans!). Elle a refermé la porte, elle est remontée aussitôt : il n'y avait plus personne, JGLG s'était barré! Il l'avait abandonnée. Elle était seule. Après tout, n'était-ce pas ce qu'elle avait toujours voulu?

Avant que le train ne parte, il faut qu'elle reparle d'André B. Il lui a téléphoné la veille. Lui aussi, il partait ce matin, en voiture avec sa copine et il était en train de faire cuire une tarte aux pommes pour le voyage! Voilà au moins un type prévoyant. C'est sans doute ce qu'elle lui reproche : son trop plein de prévoyance. Et pourtant, partir en vacances avec un mec comme ça, c'est vachement rassurant, mais aussi qu'est-ce que c'est chiant, ce manque de fantaisie, de "turbulence". Et puis il s'était mis à recommencer, comme d'habitude, les mêmes sempiternelles questions qui n'ont plus aucun sens : "Pourquoi est-ce que tu m'engueules tout le temps? Est-ce que tu fais la même chose avec les autres?". Mais, mon pauvre chéri, les autres, ça n'existe pas, on s'en fout! et puis, tout le monde est différent!

Maintenant, la gare de l'Est, le soleil, le monde, les gens qui cherchent leur place, elle aussi. Un serrement de coeur : qu'est-ce qui l'attend, là-bas? Pourtant, tout est bien programmé, non?
Allez, merde, c'est parti!

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