mardi 3 mars 2009

Jeannot BeGood (5)

Plus les jours passent, plus je cotoie Jeannot et plus je l'apprécie. Les premières craintes se sont complétement dissipées (complétement?) et ce sont finalement ses qualités qui l'emportent sur ses défauts. Entre la tête, qui gueule sans arrêt, et les pieds, qui puent par intermittence, il y a de la place pour le coeur, que je commence à bien connaître.

Mardi soir, j'avais Hedwige et Jack à dîner, comme la plupart des mardis. Jeannot savait qu'il n'était pas invité, mais ça ne l'a pas empêché de me téléphoner à 18h. Il voulait que je passe prendre l'apéritif avec lui et Rino. Je suis allé chercher 2 bouteilles de Pastis aux Halles et je les ai retrouvés ensuite. Rino a absolument tenu à ce que je visionne le petit film X qu'ils avaient enregistré ensemble. J'étais d'accord, d'autant plus que celà me permettrait de tester les connaissances techniques de Jeannot. Ils m'ont donc passé le film, qui n'était pas trop mal réussi. Et puis Rino est parti à 19h voir un copain qui lui devait du fric.
Sur ce, un couple s'est pointé pour acheter à Jeannot un téléviseur qu'il avait mis en vente dans un journal. Jeannot leur a fait tout un baratin (très convaincant) sur l'héritage de cette télé toute neuve venant du décès de sa grand-mère. Franchement, j'y ai cru. Mais manque de bol, les deux intéressés ne voulaient la payer que 80 euros alors que Jeannot l'avait mise à 140 euros dans le canard. Ils sont partis, sans la télé. Jeannot s'est mis à gueuler "Pauvres cons, etc." Moi, toujours naïf, je lui ai dit "Pourquoi tu l'as leur à pas laissée à 80 alors qu'elle t'a rien coûté du tout?". Alors il s'est mis à m'expliquer (patiemment, et à voix presque normale) qu'il ne pouvait pas la vendre 80 vu qu'il l'avait achetée 80 la semaine précédente à un type qui avait foutu la même annonce dans un autre journal. Je commençais enfin à comprendre pourquoi il y avait tant de merdes dans son appartement, et pourquoi il était toujours fourré à la salle des ventes.
Rino s'est radiné, la tronche enfarinée car il avait récupéré son argent, et il a voulu fêter ça en vidant la première bouteille de Pastis, mais je les ai laissés pour retourner chez moi accueillir Jack et Hedwige. Celle-ci folle de joie parce que son mari avait réussi à vendre 115.000 euros leur baraque de Montivilliers qui avait été estimée 92.000 euros. Du coup, il me semble bien qu'au téléphone elle l'a appelé "chéri" et non "connard" (ils sont en instance de divorce).

Mercredi, j'ai eu à peine le temps de partir du bureau que Jeannot m'attendait déjà devant ma porte, à 16h45. Il voulait que j'aille faire les courses avec lui. Nous sommes d'abord passé à son domicile, histoire de picoler, et un autre mec s'est radiné, un certain Valery (?) si j'ai bien compris, jeune mais tout à fait à l'opposé de Rino, beaucoup plus clean et plus discret. Jeannot semblait en être autant zinzin que de Rino (ce sont ses "bézots" comme son chien!), l'entourant de ses bras protecteurs toutes les cinq minutes. Il lui a repassé un peu du film de Rino et nous sommes partis tous les trois faire les courses. En fait, il s'agissait de l'achat d'un verrou. De nouveau, je me posais des questions : pourquoi avait-il besoin de moi pour acheter un putain de verrou? N'était-ce pas encore un prétexte pour me montrer qu'il avait plusieurs "copains", tous jeunes et pas mal foutus, qui fréquentaient assidûment son appartement bordélique? Dans la bagnole il s'est lancé dans toute une histoire de verrou et de fric, d'assurance et de revente de verroux à laquelle je n'ai pas vraiment porté attention. Ensuite, le verrou acheté (quel cinéma encore, avec le vendeur! Quel baratin!) et le "bézot" parti, j'ai dîné avec Jeannot. Il était content de lui, il m'avait montré son nouveau mec, et il s'est mis à m'emmerder grave avec l'idée de faire un film avec moi, ce qui m'a tellement saoulé que je lui ai promis de le faire un de ces jours. Et nous nous sommes quittés à 21h, heure où il est parti travailler.

Aucun commentaire: