lundi 30 mars 2009

les vacances de Nicole (13)

Mercredi 29.
Encore une belle journée. Le temps, d'abord, s'est stabilisé. Juste un peu de vent, et le soleil. Nicole a bien transpiré toute la journée. José est venu la chercher à 14h, elle a repris le vélo et ils sont allés à la plage. Le plus drôle, c'est qu'il ne semblait toujours pas se douter qu'elle baisait avec Manuel, ou alors il faisait exprès de ne pas vouloir l'interroger, ce qui était un comble pour un mec qui passait son temps à se repaître de l'évaluation des différentes performances sexuelles des uns et des autres... "Tu auras passé 15 jours sans goûter à la chair locale" lui dit-il avec un certain amusement. Elle faillit tout lui révéler, mais elle se retint : Manuel n'aurait pas apprécié car José se serait empressé de lui balancer "Alors, petits cachottiers, vous m'avez bien eu!". Elle se doutait que les deux hommes ne fréquentaient pas du tout le même milieu : ils étaient copains, mais sans plus, et comme elle n'était que de passage, elle ne voulait pas les mettre mal à l'aise en proférant des insinuations inutiles.
A 18h30 elle est allée chercher le Trio Infernal. Elle ne se sentait pas très en forme (trop de chaleur, sans doute). Ils sont partis tous les 4 à Collioure. Jerry conduisait très vite, sans état d'âme, et elle aimait ça. Sophie, de son côté, était partie à rire et à déconner. Elle n'a pas arrêté de toute la soirée. Béa s'est montrée gentille, pas trop énervée (elle n'a rien bouffé, bien entendu, mais ce n'était pas grave). A Collioure, le Tapas où ils avaient mangé, avec Manuel, était fermé (il n'ouvrait que du jeudi au dimanche). Ils se sont renseignés et, avec beaucoup de mal (faut vraiment savoir où ils sont, ces putains de Tapas!) ils ont trouvé un Tapas Bodega dans une rue paumée. Forcément, ils étaient les seuls clients, puisque tout le monde se contente de bouffer sur le port! Mais qu'est-ce que c'était bon! Ils ont commandé de tout : des gambas, des escargots, du Serrano, des calamars, des coques, des moules. Nicole avait commandé du vin blanc (Salernes blanc?). Ensuite, ils se sont retrouvés sur le port, à boire de la bière fraîche. Jerry et Nicole plaisantaient, pendant que Sophie était écroulée de rire sur son jus d'ananas. Le serveur était très brun, très beau, et Nicole dit à Jerry "J'irai bien faire la vaisselle chez lui!" et Jerry "Avec des gants Matta?" - "Non, avec la langue!". Sophie n'arrêta pas de la traiter de "vieille cochonne" pendant le trajet du retour.
Couchée vers 23h.

samedi 28 mars 2009

les vacances de Nicole (12)

Mardi 28.
Pour Nicole, ce fut sans doute la plus belle journée de la semaine, et certainement de toutes ses vacances, comme quoi elle aurait eu tort de se lamenter sur l'absence de Manuel.
José est venu la chercher à 10h, avec la voiture de sa voisine. Ils sont allés directement en Espagne, à Figueras. Le temps qu'il aille signer un papier à la banque (une histoire d'héritage, semblait-il) et les voilà rendus au musée Salvador Dali.
Elle connaissait l'édifice de réputation, pour l'avoir vu dans divers bouquins d'art. Elle fut émerveillée. Pour elle, Dali était le seul vrai surréaliste, c'est-à-dire le seul artiste surréaliste qui ait fait de sa propre vie un hymne au surréalisme au point de se faire virer par les surréalistes eux-mêmes. Il ne pouvait donc se construire un sanctuaire qu'à la mesure de son génie. Et pour elle, un chef d'oeuvre absolu. Non pas un foutoir ou un attrape-nigauds, mais une oeuvre construite, ordonnée, déroutante, avec une rigueur vertigineuse : le plus incroyable des parcours oniriques. Jamais elle n'avait rien vu d'aussi beau, d'aussi magique, d'aussi incontournable, d'aussi mystique. Cet amour pour Gala, cette extraordinaire communion dynamisaient ce lieu en un puissant repaire, et un authentique repère à la célébration de l'amour-fou.
Ensuite, par une chaleur écrasante mais supportable (30° à l'ombre) ils ont remonté des routes à flanc de montagne, en passant par Mollet de Peralada et Sant Pere de Rodes, à la découverte de merveilleux sites médiévaux encore intacts, ou du moins encore fiers de leur arrogance d'antan.
José fut fabuleux, roulant sans cesse en agonisant les femmes conductrices, avec une vigueur et une mauvaise foi qui amusaient beaucoup Nicole, qui acceptait ce déréglement hormonal comme faisant partie du surréalisme environnant.

Le soir, elle est allée prendre l'apéritif dans l'appartement du Trio Infernal, à 19h45. Elle avait déjà éclusé un bière bien fraîche à Port Bou, et elle était bien mûre pour faire l'andouille. Elle avait même apporté avec elle sa bouteille de Bourbon, afin de la liquider avant son départ. Jerry a tout de suite repéré qu'elle était prête à faire des étincelles. Il a servi le Bourbon pendant que les filles sortaient de la douche. Elle leur a parlé de son emballement pour le musée Dali et Jerry a de nouveau rempli les verres. Ensuite Sophie et Béa sont allées téléphoner à Betty, qui débarque jeudi matin avec Claude. Pendant ce temps, Manuel les a rejoints. José avait prévenu Nicole que dimanche soir il l'avait rencontré à Perpignan et qu'il l'avait vu sortir son couteau à cran d'arrêt et menacer deux jeunes qu'il avait pris pour des arabes. Comme il avait parlé d'apporter du shit, elle lui en a réclamé. Il a promis d'en amener jeudi soir, et Jerry était d'accord pour en fumer tous ensemble. Nicole se disait "C'est pas vrai, Manuel n'en apportera pas. Il en rajoute toujours un peu pour bien attirer l'attention sur lui, même si les autres s'aperçoivent très vite qu'il raconte des conneries". De toute façon, elle était remontée contre lui puisqu'il l'avait laissée tomber deux soirs de suite. Et, à partir de 22h, elle a commencé vraiment à déconner. Elle avait mis exprès le tee-shirt blanc (elle a horreur du blanc) qu'il lui avait offert, elle l'a enlevé et elle l'a balancé chez les voisins du dessous. Ensuite, elle est partie, laissant tout le monde en plan (connaissant Sophie, elle savait qu'elle devait être tordue de rire en la traitant de "barjo") et elle est remontée chez elle. Elle s'est habillée rapidement et Manuel l'a emmenée bouffer une salade sur le port. Elle tenait à peine debout en rentrant, mais intérieurement elle rigolait comme une cinglée. Manuel s'est écroulé sur le divan et elle s'est assise sur lui. Elle ne savait plus très bien où elle en était, mais elle voulait lui faire payer ses absences et son manque d'amour "passionnel".

jeudi 26 mars 2009

les vacances de Nicole (11)

Lundi 27.
José avait prévenu Nicole qu'il ne viendrait pas la chercher pour aller à la plage parce que, tous les lundis, il faisait les courses.
Elle s'est donc rendue à la plage toute seule, à 15h, mais pas à celle des échangistes. Elle a préféré le côté des Marinas.. Il faisait très beau et il n'y avait pas un souffle de vent. Elle est rentrée à 17h. Elle se sentait très bien, très calme. Elle était persuadée que Manuel ne viendrait pas. Elle a poursuivi la rédaction de son récit en buvant du vin. Vers 20h30 c'est le Trio Infernal qui s'est radiné. Il se demandait ce qu'elle devenait. Elle leur a vaguement expliqué que Manuel n'était pas venu la voir dimanche soir parce qu'il devait être trop bourré. Jerry a pris un verre de vin avec elle et puis ils sont partis. Malgré tout, Nicole espérait que Manuel ferait un effort pour passer, mais ce ne fut pas le cas. Elle en conclut que cette liaison n'était pas d'une nécessité absolue.

les vacances de Nicole (10)

Dimanche 26.
Déception, en visionnant le petit film sur Collioure : rien. Ou bien Nicole n'avait pas su enregistrer, ou bien tout avait été effacé (mais comment?). Elle avait eu le tort de confier son caméscope à Manuel, pour qu'il la prenne devant le château des Templiers. Peut-être avait-il appuyé malencontreusement sur un bouton, elle ne savait pas.
Autre déception : le temps se dégradait, et José qui devait venir la chercher pour aller à la plage s'était décommandé, bien entendu. Elle est restée seule toute la journée. Elle a dormi, elle a com-
mencé un récit : "Aventure touristique" où elle refusait de révéler le sexe du personnage principal. Ainsi, elle écrivait, au lieu de "Hier, je me suis saoulé" ou "Je me suis saoulée" : "Le vin m'a tourné la tête". Ce serait son premier récit "androgyne" mais elle ne savait pas si elle pourrait tenir jusqu'au bout.
Manuel n'est pas venu la voir (c'est sans doute parce qu'il avait passé toute la nuit avec elle, la veille)... Si demain tout se passait bien à Figueras avec José elle repartirait contente, heureuse de ses vacances, et sans regret pour Manuel.
La vie est une salope et nous sommes les enfants de ses noces maudites avec le firmament.

mercredi 25 mars 2009

les vacances de Nicole (9)

Samedi 25.
Ce matin, à 8h, Nicole est allée filmer les Marinas. La chaleur était déjà omniprésente. Elle n'aurait aucun regret à retourner au Havre vendredi prochain. Physiquement, elle s'est déjà détachée de Manuel. Il a 38 ans, et comme son seul sport est la pêche, s'il continue à bouffer comme il le fait, dans 5 ans il aura pris 10 kgs et aura perdu la moitié de ses cheveux. Par contre, elle éprouvait de la sympathie pour son caractère, à la fois rude et sentimental, et elle aurait le souvenir de très agréables moments passés avec lui. Mais si un autre homme se présentait, pour sa seconde semaine à Saint-Cyprien, elle n'aurait aucun état d'âme à se laisser séduire. C'était ainsi, et ce n'était pas autrement.

Manuel est venu la chercher à 16h30. En partant, ils sont allés voir si le Trio Infernal était encore là mais il était déjà parti. Nicole était un peu déçue, mais cette impression s'est vite dissipée dans la voiture. Pour une fois qu'ils étaient seuls, Manuel et elle, elle n'allait pas se plaindre. Ils ont opté pour Collioure, puisqu'elle n'avait vu la ville que de nuit. Le temps était en train de changer : toute une zone de nuages leur arrivait de la montagne. Collioure lui apparut comme une ville charmante, un peu comme Honfleur, mais avec moins de cachet du fait de restaurations modernes incongrues. Elle a filmé les principaux monuments. Elle aurait bien voulu monter à pied jusqu'au vieux château des Templiers, à travers les vignes, mais Manuel était essoufflé au bout de 5 minutes. Inutile d'insister. Ils sont redescendus manger au Tapas de la dernière fois. Arrivés à 19h, ils étaient les premiers. et ils ont pu avoir une petite table. Elle a mangé du jambon, de la saucisse, des gambas et de la poire au Banyuls, le tout arrosé de vin blanc. Elle en a profité pour mettre les choses au point, en regardant Manuel bien dans les yeux : "Pendant une semaine, tu m'as obligée à aller chez Hélène. J'ai obéi pour te faire plaisir. Tu me l'as imposée. Mais elle n'a aucune sympathie pour moi et je n'en ai aucune pour elle. C'est terminé. Dorénavant, tu vas la voir sans moi. Je ne veux plus la supporter. J'ai horreur de me sacrifier pour des gens à qui je suis indifférente". Il a accusé le coup. Net et sans bavure.
Ils sont rentrés à 21h. Le vent soufflait maintenant en rafales et les éclairs sillonnaient le ciel. La pluie s'est mise à tomber : pas question d'aller sur le port. Ils se sont couchés, ils ont fait l'amour. Il l'a faite jouir. Il semblait content.

lundi 23 mars 2009

les vacances de Nicole (8)

Vendredi 24.
Nicole est allée passer l'après-midi à Perpignan.
Elle aurait dû prendre le car de 9h mais elle n'était pas en forme. Alors, elle a pris celui de 13h. Il faisait très chaud, et énormément de vent à Saint-Cyprien (un peu moins à Perpignan). Elle n'était pas habituée à cette chaleur surtout en ville et, malgré la bouteille d'eau fraîche qu'elle avait emportée, elle avait tout le temps la bouche sèche. Elle s'est rendue chez José, mais il n'était pas là (déjà en train de draguer?). Alors, elle a fait un tour au Palais des Congrés où elle est tombée sur un type super-charmant qui lui a donné un plan et lui a indiqué plusieurs endroits et monuments à visiter. Elle s'est aperçue qu'elle avait du mal à le quitter (sa façon de la regarder) mais elle pouvait difficilement lui demander s'il était libre le soir! Alors elle s'est contentée de prendre une série de photos (Préfecture, église, château des rois maures) et elle a repris le car de 18h30, un peu déçue de ne pas avoir trouvé José chez lui. En rentrant, elle s'est sentie très fatiguée et littéralement déshydratée.

Manuel est venu à 21h et il voulait l'emmener de nouveau chez Josef à Perpignan pour bouffer les restes du midi. S'il n'y avait pas eu Hélène elle aurait peut-être accepté, mais elle y serait (avec son fils, rentré pour le week-end). Elle en avait marre de se taper cette bonne femme tous les soirs. Heureusement que, la veille, elle avait déjà refusé l'invitation de Josef. Tant pis pour le plateau de fruits de mer . Ils ont fait l'amour par terre, sur le matelas, pour ne pas péter d'autres lames du lit. Elle a fait jouir Manuel sans y trouver de plaisir particulier. Pour le rassurer elle lui a raconté une histoire bidon de blocage à cause d'un ami qui s'était tué au volant de sa voiture. Elle ne sait pas très bien pourquoi elle lui a raconté ça, mais quand il est parti, à 23h, elle s'est sentie plus libre, plus détendue. Elle souriait même, avec la certitude qu'elle allait passer une bonne nuit. D'ailleurs, au milieu de la nuit, elle s'est réveillée en repensant à cette histoire, et ça l'a bien fait marrer.

dimanche 22 mars 2009

les vacances de Nicole (7)

Jeudi 23.
Nicole s'est réveillée à 9h, avec des coups de soleil sur les genoux et les chevilles, dûs à sa nouvelle activité cyclomotorique. En mettant les pieds par terre, elle s'est même demandée si elle allait pouvoir tenir debout.
A 10h, elle est allée chercher le Trio Infernal : Jerry l'Ourson, Sophie la Teigne et Béa la Maligne, pour aller avec eux à Elne, et filmer le cloître qu'elle n'avait pas pu voir la veille. Ce n'est que devant un bon verre de bière bien fraîche, à 11h, qu'elle s'est remise à vivre.
A 14h, José est venu la chercher, mais une fois à la plage, elle a refusé de se mettre avec les deux Marseillais. Leurs commérages l'emmerdent, et elle s'est mise à l'écart, un peu plus bas près de la mer. De toute façon, demain elle va passer la journée à Perpignan, et mardi prochain José l'emménera en Espagne. Dimanche, par contre, Manuel est pris de son côté...

Sophie a fini par avoir gain de cause. Elle est allée ce matin voir le directeur qui lui a refilé un appartement comme celui de Nicole. En fait, il s'agit d'une question de soleil : elle n'avait pas le soleil, elle était trop près de la rue, gnagnagna... Ce soir, c'est la Saint Jean. Manuel va venir la prendre à 20h30. Elle est sûre qu'il va vouloir emmener sa copine Hélène. Déjà, hier soir, il voulait aller se baigner à poil avec elle dans le port. Nicole lui a dit : très peu pour moi ! Il ne l'a pas fait, de toute façon, parce que José l'a vu vers minuit à Perpignan.

Il est donc venu la chercher à 20h. Il l'a emmenée bouffer directement à Perpignan, chez Josef, son "beau-père" ou "second père" ou "père de substitution" selon les versions privée, officielle ou officieuse, et selon l'humeur de l'intéressé ! Puisqu'on ne prenait pas Hélène au passage, elle aurait dû se douter qu'elle serait déjà sur place. Josef est un catalan pure race, extrémement simple et extrémement généreux. Il a engueulé Manuel parce que Manuel ne l'avait pas prévenu que nous arrivions (heureusement, ils n'étaient que quatre à table) sinon "il aurait fait à manger". Nicole ne savait pas très bien au juste ce qu'il entendait par là, car sur la table il y avait déjà un plat entier de charcuterie du pays (saucisses, jambon, boudin, etc...), un plat de beefsteaks de cheval avec haricots verts, un plat de rognons sauce madère... Il a fallu qu'elle goûte de tout, sinon elle aurait eu l'air d'une imbécile, et Josef qui lui demanda encore si elle voulait de l'omelette au fromage (non, non, merci, c'est très gentil).
A 22h ils sont allés voir la fête de la Saint Jean au Castillet. C'était très beau, magnifique. Elle a bien aimé lorsque les personnalités locales (maire, notamment) faisaient leur discours, Manuel se mettait à gueuler "On n'en a rien à foutre!" se faisant remarquer dans la foule. Là, elle était écroulée. Ensuite ils ont allumé les bûchers et il y a eu le feu d'artifice. Ils auraient dû partir après, mais Josef a tenu à danser la Sardane (la Sardine, comme dit Hélène) et là, Nicole a commencé à sentir la fatigue et à tirer la gueule "Arrête de ronchonner!" lui a dit Manuel (toujours très amoureux, d'ailleurs -elle s'est demandé comment il faisait!). Finalement, c'est Hélène qui l'a ramenée à Saint Cyprien. Il était plus de minuit, Josef voulait la réinviter pour le lendemain (non, merci beaucoup). Dans la voiture, elle a essayé de faire parler Hélène, mais le courant ne passait toujours pas. De toute façon, elle s'en foutait royalement. Autrefois, dix ans plus tôt, elle aurait peut-être fait des efforts, mais maintenant...

vendredi 20 mars 2009

les vacances de Nicole (6)

Mercredi 22.
Ce matin, à 6h30, Manuel s'est mis à déconner, en prenant son café. "J'ai des yeux marron-vert, avec du bleu dedans, a-t-il dit, très beaux, très romantiques, très sensuels!". Nicole mordait le bord de son bol pour ne pas lui éclater de rire au nez.
Au fait, il s'est également plaint de son lit : il lui a dit qu'il ne dormait que sur de l'Epeda -elle n'a rien répliqué.
Mais passons : aujourd'hui, mercredi, c'est la journée du Sport. D'abord, à 9h, une heure de tennis avec Jerry avant que Sophie et Béa ne les rejoignent. Ils se sont filmés mutuellement. Et puis, de 10h à midi, Nicole a pris le vélo que José lui a prêté pour se rendre à Elne photographier la cathédrale. Mais elle n'a pas pu voir le cloitre car il fallait payer pour entrer et elle n'avait pas pris d'argent sur elle.
Juste le temps de manger et à 14h José venait la chercher pour aller à la plage, toujours en vélo. Ils ont rejoint les deux Marseillais de la veille (amusants mais vraiment trop pipelettes). Le vent s'était calmé et il faisait très chaud. Heureusement, les horaires de José sont immuables : à 17h, il range ses affaires, et Nicole a préfèré partir avec lui, parce que la plage ça va bien deux heures, mais après ça la gonfle. De toute façon elle avait trouvé l'eau trop froide pour se baigner.

Ce matin, après le tennis, Sophie a piqué sa crise à la réception, parce que son F2 est moins bien que celui de Nicole et que les employés ne veulent pas lui en donner un autre. Elle était mauvaise comme un pou "Vous êtes nuls, là-dedans!" qu'elle leur a lancé. Bof, elle n'avait ni tort ni raison.

Vers 19h45 Jerry est venu la chercher pour l'inviter à prendre l'apéritif avec eux. Elle a laissé un mot à Manuel sur la porte pour lui demander de venir les rejoindre. A 20h30 ils ont commencé à dîner. Comme ils n'avaient pas de vin, Nicole est retournée chercher la bouteille qu'elle avait achetée la veille. Jerry avait fait un canard, acheté à Mammouth, et le canard était infect : une vieille carne toute dure. Même la peau, qui est si bonne dans le canard, était à chier. Manuel s'est radiné à 21h. Il était stressé par son travail (entretien des piscines) mais le courant a passé très vite entre lui et Jerry. Ils ont parlé boulot et puis, une fois que Béa était partie se coucher, ils se sont mis à parler sexe, et surtout bisexualité et échangisme. En regardant Sophie, Nicole se doutait un peu que les propos que tenait Manuel au sujet des hommes mariés qui vont tirer leur coup avec des mecs parce qu'ils ne trouvent pas ce qu'il faut chez eux ne lui plaisaient guère (elle a juste dit "C'est parce que leurs femmes sont des connes, elles n'ont qu'à se laisser faire") et plusieurs fois elle a essayé de détourner la conversation sur un autre sujet. Jerry est allé chercher la bouteille de rhum, il ne voulait plus qu'ils s'en aillent. Mais ils sont partis. Nicole s'est jetée sur le lit et Manuel s'est jeté sur elle, résultat : 3 lattes pétées. "C'est vraiment de la merde, ces logements!" qu'ils ont crié, tous les deux, en se fendant la gueule...

jeudi 19 mars 2009

les vacances de Nicole (5)

Mardi 21.
Ce matin, Nicole et Jerry sont allés retenir le court de tennis pour en faire demain à 9h. Ensuite, Nicole s'est rendue sur la plage pour faire le marché. Le vent soufflait très fort (la tramontane). Signe de beau temps, mais les gens du pays s'en plaignent, ainsi que de la sécheresse.
A 14h, José est venu la rejoindre en vélo pour retourner à la plage, mais comme le vent ne s'était pas calmé elle n'a pas pu prendre le sien, et ils sont partis, l'une à pied, l'autre tenant son vélo à la main. Il l'a d'ailleurs avertie que si la tramontane s'accentuait les balades en bicyclette deviendraient problèmatiques. Alors ils ont élaboré quelques projets : une journée entière à Perpignan pour qu'elle visite la ville et peut-être une autre journée en Espagne pour qu'elle aille voir le musée Salvador Dali. Oui, ce serait vachement chouette.
Sur la plage, José s'est mis avec un couple de Marseillais sans intérêt. Il devait commencer à se douter de quelque chose entre elle et Manuel car elle refusait toujours de faire de nouvelles connaissances. De son côté il essayait de draguer tout ce qui se profilait à l'horizon. Il a même voulu se taper un beau mec, en slip blanc, très bronzé avec une superbe gueule de catalan, mais ça n'a pas marché. Ce n'était pourtant pas faute d'insister : "Ramène-moi en voiture à Perpignan, lui disait-il, je mettrai mon vélo dans ton coffre!" mais il a refusé. Les deux Marseillais n'arrêtaient pas de se tartiner de l'ambre solaire sur le corps (surtout elle) : ils papotaient, se couchaient, se levaient, se tartinaient, se recouchaient et se remettaient à papoter... Ils voulaient ramener Nicole avec eux à Saint Cyprien, mais pas avant 18h. Elle a refusé car il n'était que 17h et elle en avait marre de la plage : le vent, le sable, le soleil, c'était déjà trop pour le premier jour de bronzage. Ils sont repartis, José et elle, lui en vélo pour Perpignan, et elle à pied. Il ramait dur contre la tramontane, mais il était habitué.

Dans la soirée Manuel le Magnifique est devenu Manuel le Teigneux. Plus rien ne lui plaisait dans le réfrigérateur de Nicole. Pourtant, elle s'était cassé le cul à faire le marché pour lui rapporter une spécialité catalane (sorte de pizzas artisanales). C'est tout juste s'il ne lui a pas dit que c'était de la merde (en fait, oui, il le lui a dit!) . Elle s'en foutait : le vin était frais et bon. Ensuite, ils ont fait l'amour. Plutôt bien : elle était assise sur lui, face à lui, et elle le travaillait dur. A ce propos, il a une petite bite avec un petit gland un peu tordu. Mais ça ne l'empêche pas de baiser pas trop mal. Seulement voilà, après l'intermède sexuel, il a voulu retourner chez Hélène. Elle ne voulait pas y aller (elle ne voulait pas se la taper tous les soirs) mais elle a cédé, pour ne pas faire d'histoire. Il y avait du monde, en plus des trois femmes : le fameux Josef (beau-père? deuxième père?) et un Portuguais avec sa femme. Nicole a prétexté que c'était aujourd'hui la fête de la musique pour demander à Manuel de l'y emmener. Mais il a fallu qu'Hélène et sa brue, la poule de son fils (une Marilyn des faubourgs) viennent avec eux. Et elles se sont longuement préparées : Hélène en rouge avec talons aiguilles et l'autre godiche tout en blanc pour accentuer ses cheveux blond-platine. Mais à Saint Cyprien il y avait beaucoup de monde dans les rues mais pas de musiciens. Alors il a fallu qu'Hélène fasse son cinéma. Elle voulait aller à La Cahute, un bistrot situé tout au bout de la plage devant un parking fréquenté par des homos et des échangistes. Bien entendu, quand ils sont arrivés, le bar était ouvert mais il n'y avait pas de musiciens et encore moins de clients. Mais Hélène était contente, elle pouvait parler avec le patron des années où elle tenait une boîte (ou un café, ou un clandé). Toujours est-il qu'il n'y avait qu'elle qui parlait, qu'il était plus de minuit, que Manuel et la belle-fille buvaient ses paroles, et que Nicole faisait carrément la gueule. Pourquoi lui imposait-il sa copine tous les soirs? Il a bien vu à son coup d'oeil qu'elle se retenait pour ne pas lui balancer quelques vacheries devant tout le monde, et il lui a dit "Qu'est-ce que t'as?" et elle a répliqué, du ton qu'elle employait avec André B. et qu'il n'appréciait pas "Je veux rentrer, c'est tout!". C'était fini. Hélène avait compris, et ça la faisait marrer. Manuel a raccompagné tout le monde. Comme il devait être deux heures du matin, il est resté coucher. Mais il ne semblait pas avoir compris l'objet de son irritation et elle ne voulait pas reparler d'Hélène pour ne pas envenimer les choses.
Ils ont refait l'amour, et elle s'est vengée en le harcelant comme si le sexe était le seul moyen de lui faire oublier cette femme dont il semblait incapable de mettre de côté l'influence envahissante.

mercredi 18 mars 2009

les vacances de Nicole (4)

Lundi 20.
Nicole s'est levée tranquillement à 7h. Elle avait beaucoup bu la veille -vin blanc, très bon, mais elle n'avait pas mal au crane. Elle est allée se promener et faire des courses du côté du port (assez joli, sans plus) et puis, à 10h, elle est allée voir où se planquaient Sophie, arrivée la veille avec son mari Jerry et leur fille Béa. Elle s'est d'abord renseignée à l'accueil et puis elle est allée taper à leur porte. Eh bien ils étaient vachement contents de se retrouver! "Merde alors, s'est dit Nicole, je crois que je vais apprécier mes vacances!". Ils voulaient même l'emmener à Mammouth (celui de Canet) faire des courses. "Non, quand même pas! Mais on va pas tarder à se prendre l'apéro, promis, juré!".
19h. Nicole a attendu que la tribu arrive de se promener et elle a sauté sur Jerry pour les inviter à prendre l'apéritif. Ils sont venus chez elle car elle ne savait pas à quelle heure Manuel devait lui apporter le vélo. Jerry avait amené sa bouteille de rhum. Elle a donné du Bourbon à Sophie mais elle n'en a presque pas goûté, se réservant pour le vin du dîner. Ensuite elle a distribué une tranche de jambon à tout le monde, et une salade de tomates avec du thon (sauce catalane, bien entendu). Elle a voulu leur faire croire que le Rouy était un fromage catalan, mais ça n'a pas du tout marché. Béa faisait sa teigne, trimbalant sa poupée du salon à la chambre, de la chambre au balcon, et refusant de manger son jambon. Nicole aurait voulu qu'ils restent pour voir Manuel, mais la gosse était énervée et voulait rentrer. Ils sont partis vers 22h et cinq minutes après Manuel se radinait. Il était remonté, mal rasé. Il voulait sortir, aller manger des glaces sur le port. Elle lui a donné du Bourbon et il lui a dit qu'il préférait du Whisky. Comme il n'avait pas mangé elle a voulu lui faire des oeufs mais il a prétendu que ses oeufs n'étaient pas frais et qu'il préférait aller gober ceux de sa copine. Nicole savait qu'Hélène avait des chiens, mais elle ignorait qu'elle avait aussi un poulailler! Bon, elle a cédé, et ils sont allés chez Hélène. Elle s'est vengée en s'envoyant 2 verres de vodka pendant que Manuel bouffait ses oeufs, et ensuite elle leur a fait le coup de l'arbre, à tous les trois (la fiancée du pompier était venue les rejoindre). "Dessine-moi un arbre, je te dirai qui tu es!". Stupeur! Manuel et Hélène avaient deux arbres totalement antagonistes : lui complétement fermé, elle complétement éclaté avec deux yeux au milieu. Nicole n'avait pas raté sa soirée. De plus, elle était bourrée. Dans la rue elle a déboutonné son corsage et elle s'est baladée le soutien gorge à l'air en faisant l'imbécile. Puisqu'il voulait de la fantaisie, il allait en avoir. Il était ravi et n'arrêtait pas de l'embrasser. Il y avait longtemps qu'un homme ne l'avait pas autant embrassée dans la rue. Sur le balcon, elle a retiré son soutien gorge et il n'arrêtait pas de rigoler en l'embrassant et en la tripotant. Apparemment, ils commençaient à en avoir un grain tous les deux.

mardi 17 mars 2009

les vacances de Nicole (3)

Dimanche 19 (suite).
Manuel (il s'appelle Manuel) est arrivé à 9h, avec confiture, café, baguette et croissants. Ils ont pris le petit déjeuner. Il avait même amené du sucre et du lait! Et puis ils sont passés au lit...Non, ils ont d'abord fait les courses, au Casino du coin. Nicole a acheté du vin, et puis une salade de fruits de mer, et aussi des quiches au poireau. C'est donc en rentrant qu'ils se sont mis à faire l'amour. Il a joui en elle mais elle ne s'est pas laissée aller. Il lui a demandé si elle pensait à quelqu'un d'autre. A qui aurait-elle pu penser? Il lui a dit qu'elle était "contrariée" C'était un euphémisme, mais c'était mieux que "contrariante". Elle pensa "C'est curieux, je crois que nous allons faire beaucoup de choses, ce dimanche, mais est-ce que je me souviendrai de tous les détails. Pourquoi?" et puis, en rigolant "Il faudra que je me fasse psychanalyser à la rentrée!".
Oui, encore un truc : le soir, lorsqu'elle a enfin pris son pied, il lui a dit "Je crois que tu te méfiais de moi, au début". Ce n'était pas le mot exact, mais c'était à peu près le fondement de la situation.
Après le déjeuner il y avait cette situation un peu en porte-à-faux : un homme qui a joui et qui se demande pourquoi sa maîtresse n'a pas joui, et qui se met à avoir des doutes. A la limite, Nicole s'en foutait un peu, et s'il s'était barré en lui disant "Bon, puisque ça ne marche pas, restons-en là" elle ne lui en aurait pas voulu. Mais comme c'était un Lion, et qu'elle lui plaisait vraiment, il a préféré jouer la patience.
A 14h ils sont allés à la plage retrouver José. Là encore, la situation s'est avérée "retorse". Manuel lui a demandé de ne pas laisser entendre à José qu'ils étaient amants "A cause de ses commérages" a-t-il précisé. Oui, elle comprenait, parce que l'ami José était un vrai concierge, mais elle trouvait stupide de jouer l'indifférence lorsqu'il se trouvait auprès d'eux. Manuel est allé faire trempette deux fois (d'après lui l'eau était froide). Il y avait une vingtaine de personnes sur la plage, dont plusieurs à poil, tous assez bien foutus, les filles surtout, très minces et déjà bronzées, et les jeunes jouaient au ballon tout près de l'eau. Ensuite, vers 17h, ils sont allés à Canet chercher un vélo que José destinait à Nicole (un vélo de course -elle allait en chier, avec ça!). Ils ont traversé Canet en voiture, Canet plage, sorte de Deauville en plus grand, avec presque que des hôtels, des restaurants, des locations pour touristes. Ensuite retour à Perpignan, par des chemins détournés (José voulait montrer à Manuel un endroit où un mec -un taré, dit-il- mate les couples en train de baiser, dans une pinède. Il s'est gourré trois fois de chemin. A ce moment, Nicole a admiré la patience de Manuel -à sa place, elle l'aurait renvoyé chier!). Et puis encore un arrêt à Perpignan, dans un square "où ont lieu des échanges". Et Manuel s'est cru obligé d'avouer à Nicole que José était "pénible" et que tous les jours, immanquablement, il faisait le même circuit : à telle heure à telle plage, à telle heure le même square, etc... Retraité, il passait ses journées à draguer et à commérer. Il nous a fait monter chez lui, dans un logement tout en angles avec une jolie véranda au dernier étage. Nicole a entrevu son père, qu'il cache aux yeux de tous (Manuel a avoué que c'était la première fois que José l'invitait chez lui). Son père préparait à dîner (il mange tous les soirs à 20h et ensuite il retourne draguer). Ils ont bu un coup, et puis Manuel et Nicole sont retournés à Saint Cyprien. Elle s'est lavé les cheveux, il a pris une douche, et elle l'a filmé. Est-ce à ce moment qu'elle a commencé vraiment à se détendre? à être moins "contrariée"? Et ils sont allés chercher Hélène. Il paraît qu'elle est gouine, et qu'ils travaillent plus ou moins ensemble. Elle aime les chiens (elle en a plusieurs) elle a une mère énervante et un fils pompier à Paris. A part ça le courant n'a pas passé entre elle et Nicole, et comme elles n'avaient l'air, ni l'une ni l'autre, d'avoir envie de faire des efforts... Ils sont allés dîner dans une petit restaurant catalan à Collioure. Cuisine superbe, artisanale (calamars, pain de tomates, etc.).
C'était vachement bon, vachement sympa, mais comme il n'y avait pas de place dans la salle (trop petite) ils ont mangé au bar, et Manuel était placé entre Hélène et Nicole, ce qui fait que lorsque l'une parlait, l'autre ne comprenait strictement rien de ce qu'elle disait. En sortant du resto ils ont marché dans les rues piétonnes et, l'espace de quelques secondes (ce fut vraiment très court dans son esprit) Nicole se crut presque à Venise, l'atmosphère en moins. Il devait être une heure du matin lorsqu'il a fallu aller boire le dernier verre chez Hélène. Ce n'était pas vraiment indispensable mais bon, allez, elle s'est dévouée! Elle a joué un peu avec l'un des chiens, et puis, une fois rentrés, elle a consenti à lui faire plaisir et à se laisser aller. Il est reparti à 2h du matin, il ne pouvait pas rester...il a parlé de quelqu'un d'handicapé qui vit chez lui et dont il doit s'occuper, elle n'a pas insisté. De toute façon elle était contente de se retrouver seule, pour repenser à tout ça, à ce premier jour de vacances, à ce corps qu'elle venait de découvrir, à cette nouvelle étreinte qui ne lui semblait pas vraiment indispensable...

lundi 16 mars 2009

les vacances de Nicole (2)

Dimanche 19 - 8h.
Tout a basculé, hier soir, à l'arrivée à 19h47. Dans le train, bizarrement, Nicole retrouvait quelque chose de son enfance. Non pas à Limoges, qui ne lui fit aucun effet (la gare - et alors?) mais à partir de Brive. Elle ne se souvenait pas de la gare, mais elle la retrouvait, vieille et moche, complétement usée, et en 10 ans elle n'avait certainement pas changé. Et ensuite, ces paysages brûlés par le soleil, ces vieilles maisons avec leurs pierres si lourdes, si brunes, leurs toits de tuile, impossible de se tromper : c'était bien là son enfance, terrienne et présente.
Au fur et à mesure que le voyage se poursuivait, que l'accent des contôleurs se mettait à chanter, que leurs sourires devenaient plus aimables que leurs collègues parisiens, son angoisse augmentait : qu'allait-elle trouver à Perpignan? José, bien sûr, mais ensuite? Sans doute un taxi qui la conduirait à Saint Cyprien, et basta!
Mais ce fut mieux que ça, ou peut-être pire encore, elle ne savait pas, il était trop tôt pour le dire. Elle était contente de voir José sur le quai de la gare, de l'embrasser, et il lui a présenté un type de Saint Cyprien qui allait la conduire là-bas : brun, carré, pas trop grand, juste sa taille. José ne viendrait pas avec eux, mais lui donnait rdv le lendemain à 14h, dans un endroit impossible : un parking, près de la plage, avec un vieux bistrot, elle ne comprenait pas très bien. De toute façon, que pouvait-elle comprendre? Debout à 4h du matin, avec plus de 9h de train dans le cul (c'est le cas de le dire, elle en avait plein le cul d'être assise dans le train!). Et maintenant elle était seule avec un homme, qui lui paraissait sympathique et qui la conduisait n'importe où. Et quand il lui a dit "Si quelqu'un me plaît, je le lui dis, et toi tu me plais!" elle s'est sentie plus à l'aise, même si elle trouvait ça plutôt rapide mais c'était assez agréable -question de tempérament, sans doute, mais surtout de caractère. Sur la route brûlante, coupée par les bambous, ils ont rencontré un homme couché sur le sol, épuisé, son étui à guitare à côté de lui. Impossible de le résoudre à se lever. Il cherchait la gare, leur dit-il. Et puis tout a été très vite. Par l'intermédiaire d'une copine de Saint Cyprien ils ont trouvé le Clos. Il était 20h35. Elle a payé la caution, récupéré la clé. Dans son appartement, ils se sont embrassés. Il lui a dit qu'il avait un couteau à cran d'arrêt dans la poche de son blouson "pour se défendre en cas d'attaque". Elle y a vu un symbole phallique, le truc "toujours prêt si on m'excite". Ils sont descendus prendre une bière dans un bar tenu par un couple "d'homosexuels" dit-il (sans intérêt) et remontés pour flirter à nouveau. Elle ne pensait pas prudent de faire l'amour tout de suite, même si elle avait envie qu'il reste. Il est parti à 22h, en lui promettant de revenir pour 8h , pour prendre le petit déjeuner avec elle.
Elle l'attend.
Il est parti danser sous la lune, avec son couteau à cran d'arrêt, et elle a écouté les bruits de la nuit, beaucoup moins romantiques, jusqu'à minuit : la circulation, surtout, dans la rue en bas de sa chambre, et puis, vers 2h, le chauffe-eau qui se mettait en route dans le placard.

dimanche 15 mars 2009

Les vacances de Nicole (1)

Samedi 18.
Eh bien voilà, ça y est : Nicole est en vacances! Ou bien presque. En tout cas elle est partie.
Toute la semaine elle a fait sa teigne. Et pourtant tout le monde a été gentil avec elle, au bureau comme à l'extérieur (les copains, les copines, les relations amoureuses, etc.). Oui. Eric lui a téléphoné, et André B. (mais lui, c'est tous les 2 soirs qu'il lui téléphone...et pour lui dire quoi?).
Et Jacques, ce cher Jacques, qui lui a laissé un message, avant qu'elle parte, pour lui annoncer qu'il avait préparé l'ex-chambre de sa fille pour y recevoir Sarah (la chatte de Nicole) pendant 15 jours.
Eh bien malgré ça elle n'était pas contente. Pourquoi? Trop vieille (la trentaine) pour partir en vacances? Ou bien alors (surtout) parce qu'elle partait seule? Et puis tout ça, Austerlitz, Brive-la-Gaillarde, ça lui rappelait trop de souvenirs -à elle qui, pourtant, avait si peu de mémoire! Combien de fois était-elle partie, et arrivée, combien de fois s'était-elle payé Austerlitz (payé? non, gratuit, jusqu'à sa majorité!). Voilà : Brive, son premier vrai amant, un homme marié, père de famille, la femme et les enfants en Bretagne, l'homme seul errant dans la gare à la recherche d'une fille comme elle, paumée. Une rencontre de salle d'attente.
Le soleil brille, le ciel est bleu, pas un souffle de vent. Elle va retrouver José (sera-t-il à la gare? elle l'espère) et demain ce sera Sophie, son mari (Jerry) et leur fille (Béa) qui débarqueront dans son campement, mais tant pis, jusqu'au bout elle aura regretté de partir, d'abandonner son logement, ses disques, sa Sarah (pourtant, qu'est-ce qu'elle est chiante, en ce moment). Voilà : la vieillerie, sans doute.
Aujourd'hui, à Paris, c'est la Gay-Pride, et c'était si bien, l'année dernière, avec Eric, et il fait si beau. Cette année, il va y avoir plein de beaux mecs, torses nus et en shorts. Basta, elle est vraiment trop conne. Elle a fait un rêve, cette nuit, alors que son corps était en sueur, le rêve sans doute de toute sa vie. Le dernier rêve, avant 4h moins 5 (elle avait mis le réveil sur 4h, elle l'a arrêté juste avant qu'il sonne). Elle ne se rappelait plus très bien, mais c'était à peu près pareil, il y avait du monde dans la maison (celle de Tours). Dans la chambre, tout le monde dormait mais elle était inquiéte, on devait être debout à 2h du matin, et elle s'est réveillée à 4h, l'horreur! Elle a demandé à JGLG (pourquoi lui?) de l'emmener à la gare. Il était d'accord. Mais pendant qu'il se préparait, en haut, elle est descendue et elle a ouvert la porte de la cuisine. Il ne fallait pas. Elle a vu sa mère avec une gamine. Son visage (le sien dans dix ans!). Elle a refermé la porte, elle est remontée aussitôt : il n'y avait plus personne, JGLG s'était barré! Il l'avait abandonnée. Elle était seule. Après tout, n'était-ce pas ce qu'elle avait toujours voulu?

Avant que le train ne parte, il faut qu'elle reparle d'André B. Il lui a téléphoné la veille. Lui aussi, il partait ce matin, en voiture avec sa copine et il était en train de faire cuire une tarte aux pommes pour le voyage! Voilà au moins un type prévoyant. C'est sans doute ce qu'elle lui reproche : son trop plein de prévoyance. Et pourtant, partir en vacances avec un mec comme ça, c'est vachement rassurant, mais aussi qu'est-ce que c'est chiant, ce manque de fantaisie, de "turbulence". Et puis il s'était mis à recommencer, comme d'habitude, les mêmes sempiternelles questions qui n'ont plus aucun sens : "Pourquoi est-ce que tu m'engueules tout le temps? Est-ce que tu fais la même chose avec les autres?". Mais, mon pauvre chéri, les autres, ça n'existe pas, on s'en fout! et puis, tout le monde est différent!

Maintenant, la gare de l'Est, le soleil, le monde, les gens qui cherchent leur place, elle aussi. Un serrement de coeur : qu'est-ce qui l'attend, là-bas? Pourtant, tout est bien programmé, non?
Allez, merde, c'est parti!

jeudi 12 mars 2009

Jeannot BeGood (10)

Comme il fallait s'y attendre, la relation Jeannot-Biquet ne s'est pas très bien terminée.
Jeannot est allé le voir à Montivilliers, où le jeune homme s'est installé depuis peu avec sa copine. Et ils ont eu une entrevue "extrémement tendue". Cédric lui avait dit en partant du Havre qu'il ne voulait plus le voir parce qu'il avait peur de ses réactions (Jack ne m'a-t-il pas dit que Jeannot était "un type dangereux"?). Le pic de la discussion fut atteint lorsque celui-ci sortit son revolver, qu'il avait pris soin d'amener avec lui, bien entendu, et menaça de se suicider devant son ami quelque peu énervé, dubitatif, mais tout de même perturbé par le ton que prenait la dispute. Il a réussi à le calmer, lui a fait entrevoir quelques espoirs de rencontres "amicales" tout en lui faisant comprendre qu'il ne tolérerait pas le moindre chantage auprès de sa famille ou de son amie.
Et bien entendu le sentiment qui domine désormais dans l'esprit de Jeannot, c'est le désir de vengeance.
Puisqu'il ne peut plus avoir son amant, il est justement décidé à lui casser son ménage, à l'obliger à quitter sa copine, même s'il doit pour celà aller la voir et lui expliquer la situation, preuves à l'appui, en lui montrant les films et les photos, et en lui faisant écouter les messages enregistrés qu'il a soigneusement conservés.
Devant toutes ses menaces, Cédric a consenti à passer le voir jeudi après-midi, afin de le raisonner une fois pour toutes, et Jeannot m'a demandé de nouveau de lui confier mon appareil photo, ce que j'ai refusé. Ok, il essayera donc de filmer son Biquet à son insu et ça, c'est tout à fait dans ses capacités. Je le vois bien, dès jeudi matin, en train de calculer la position adéquate pour planquer la caméra, et bien sûr l'endroit exact où il s'assiera avec son ami pour qu'aucunes de leurs expressions ou de leurs paroles ne soient perdues.

Jeannot est venu dîner chez moi jeudi soir. Il était désespéré. Cédric n'a rien cédé et le film est à chier : images floues, texte inaudible, à se tirer une balle dans la tête! Il avait amené sa paire de menottes, il voulait que je les lui mette et que je le fouette. Heu...non, pas envie du tout! Je lui ai fait des pâtes et on a beaucoup picolé, je lui ai dit qu'avec son charme fou il trouverait très vite un nouveau copain ou une nouvelle copine, et ça l'a rassuré. "Tiens, ai-je insisté, je suis sûr qu'en sortant de chez moi, à Saint François, tu vas faire une rencontre décisive et que tu vas t'emballer de nouveau!". Et j'ai pensé, dans ma tête "Si ce n'est pas le cas, nous voilà reparti pour quinze jours de vaisselle sale et d'appartement dégueulasse!" mais il était content quand il est parti, bourré mais content, et disponible comme jamais...

mardi 10 mars 2009

Jeannot BeGood (9)

Samedi je ne suis pas allé à la campagne car Jack avait des ennuis avec sa voiture. La sienne est chez le garagiste, et celle que sa voisine lui a prêtée refusait de démarrer.
Le soir, je suis allé voir Jeannot. Il m'a reçu complétement à poil dans son désordre habituel. Il était en manque. Son Biquet déménage. Il quitte l'apartement qu'il occupait avec sa copine et retourne vivre chez ses parents à...Montivilliers! Voilà qui ne va pas arranger les affaires de ce pauvre Jeannot, qui se voyait enfin en ménage avec lui. Tout celà me semble assez problématique. Mais tant que je n'aurai pas vu et entendu parler la Bête (Cédric) je devrai me contenter des messages, téléphoniques ou écrits, que celle-ci lui laisse : "Mon Jeannot, je ne pourrai pas te voir aujourd'hui...Je t'aime...Ton Biquet" "Mon Jeannot, etc...je n'ai pas pu me libérer....On ne se verra que vendredi....Je t'aime...Ton Biquet"....

Eh bien la Bête est venue, hier soir, avec son Monstre. Jeannot m'a téléphoné, il passera avec Cédric vers 21h pour prendre l'apéritif et pour que je finisse (enfin!) ma pellicule de photos commencée avec Rino.
Ils se sont pointés à 21h30. Je ne me souvenais plus que Cédric était si grand (1m80), aussi grand que Jeannot. Beau gosse, pas vraiment, mais typé et propre. Amoureux? Peut-être. Mais de quoi? Mais de qui? Jeannot est égal à lui-même : non point désagréable mais inconscient. Avec un short trop court, et pas de slip en dessous pour bien montrer qu'il ne veut surtout pas quitter ses habitudes, et s'amusant de réparties qui semblent lasser Cédric. Je demande à celui-ci si son copain a enfin fait du ménage chez lui en l'attendant "Non, me répond-il, c'est encore pire qu'avant" et Jeannot rigole. Mais je sens dans la voix de son Biquet une espèce de "faux départ", de déception. Espérait-il le changer en quoi que ce soit? Comment un tel couple pourrait-il durer? Comment a-t-il pu seulement exister? Seul Cédric, s'il était sincère, pourrait me l'expliquer. Mais je ne suis pas suffisamment ami avec lui pour qu'il éprouve le besoin de s'épancher même si, d'ailleurs, je connais la plupart des réponses : besoin de changement, de connaître de nouvelles expériences sexuelles, attirance des contraires, etc...
Ils partent et je reste seul, perplexe. J'aime bien Jeannot, mais pour moi son comportement me paraît sans issue et, face à lui, je ne peux être que spectateur.

dimanche 8 mars 2009

Jeannot BeGood (8)

Mardi soir, Jack et Hedwige sont venus dîner, comme d'habitude. Hedwige était très énervée. Nous avons pas mal picolé, et ce fut le bouquet lorsque son mari lui a téléphoné. Celà l'a définitivement mise de mauvais poil. Je crois que c'était au sujet de leur fille, qui est malade ou je ne sais plus quoi...
Mercredi midi, j'ai décidé de faire une petite visite impromptue à Jeannot car ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu, ni chez moi, ni chez lui. Il était tout seul, à 11h30. Son Biquet (Cédric) me dit-il, venait juste de partir. Je ne lui ai pas dit que j'étais en congé mais j'ai inventé un stage, à la Mailleraye, afin de pouvoir me libérer en toute quiétude. Toujours le même incroyable désordre chez lui : des cartons partout, des vêtements empilés, des cassettes, un désordre indescriptible. Ai-je déjà mentionné que, dans un de ses tiroirs, j'avais découvert, entre autres ustensiles, un revolver et une paire de menottes? Mais il a une explication à celà : il paraît que chez certaines personnes, tout est net, tout est clean; mais quand tu ouvres une armoire ou un tiroir, chez ces gens-là, tout s'écroule, parce qu'ils veulent donner une impression de rangement, mais l'intérieur des meubles ce n'est que du foutoir à l'exemple de leur apparence, costume-cravate alors que dans leur tête c'est la merde absolue!
Bon, passons, parce que justement je me suis habillé comme il aime : veste, chemise, et pantalon à boutons. Nous prenons l'apéritif. Vu le bordel, je n'ai pas l'intention de bouffer avec lui, mais il est plus calme que d'habitude. Il commence à me raconter ses incroyables histoires de ventes et d'achats et, l'alcool aidant, ça me fait marrer. Je le fixe dans les yeux en me foutant de lui. Je sens une belle connivence entre nous comme je les aime, et je décide finalement de rester déjeuner. Il me raconte qu'il a attrapé des morpions, et qu'il les a refilés à son Biquet, qui a dû les refiler à sa copine. Ca le fait vachement rigoler, et ce n'est pas pour me déplaire.
Ensuite je le quitte, prétextant une reprise de stage à 14h. Nous avons bouffé du jambon avec des pâtes.

jeudi 5 mars 2009

Jeannot BeGood (7)

Mardi soir, Jack est venu manger à la maison, mais Hedwige avait oublié le jour ("mangé la commission"). Ainsi, lorsqu'elle s'est radinée le lendemain soir, nous sommes allés dîner chez Jack, à la campagne. Il faisait trop beau pour rester enfermés. Instant de bonheur où, par amitié, Hedwige a consenti à monter voir les lapins et les canards avec Jack, jusqu'en haut du pré, alors qu'elle déteste la campagne et les animaux...

"L'homme est un abîme, la tête vous tourne quand vous regardez dedans"
Woyzeck
J'avais laissé un message sur le répondeur de Jeannot. il me rappelle à 20 heures. Il a fait une rencontre merveilleuse vendredi soir. Un hétéro de 24 ans qui est (follement) amoureux de lui. Un scoop. Il est heureux, il m'appelle sa "caille d'amour", son "lapin chéri". Il va venir ce midi me raconter ça. OK. Je t'attends, mon Jeannot.

Dimanche. Je voulais en avoir le coeur net. J'étais ivre de jalousie. Comment un type comme Jeannot, qui gueule sans arrêt, qui pue des pieds, qui se traîne dans un désordre incroyable, peut-il voir défiler autant de jolis mecs chez lui? Merde, c'était à devenir dingue, à perdre tout sens de la logique. J'en crevais de rage. Il m'a téléphoné à 10h, ce matin. Je m'en doutais. Son nouveau bézot, le beau Cédric, devait être occupé dans sa famille, alors, délaissé, il se tournait vers moi. Je décide de passer le voir à 11h, sous prétexte de récupérer 2 DVD, et surtout pour voir le petit film qu'il a tourné de ses deux chéris, le fameux Cédric et un autre du nom de Fabrice. Eh bien c'est vrai! Après avoir vu Rino, il fallait que je me rende à l'évidence : les mecs de Jeannot sont beaux! Chacun à leur manière, mais ils sont beaux! Lui-même n'en revient pas "Tu te rends compte, me dit-il, la chance que j'ai!". Je l'avoue, je l'admets, même si j'en crève. Et je ne suis pas chez lui depuis un quart d'heure qu'on frappe à sa porte, et c'est Cédric qui entre, en personne. Très brun, mince, souriant, bien foutu, à la fois simple, affable, etc... Un vrai trésor. Pas du tout mon genre physiquement (je préfère les durs, les voyous) mais vraiment bien. C'est donc celui-là, son nouveau grand amour, celui qui vit avec une fille, une étudiante, et qui ne sait pas s'il va franchir le pas ou s'il va continuer sa carrière bisexuelle. Et voilà qu'on frappe encore à la porte. C'est un monde! Et Jeannot qui se plaint de crises de solitude! Serait-ce Fabrice? Je fais semblant de regarder la télé, le dos tourné aux arrivants. Non, c'est un certain Christian. "Mais tu connais peut-être Daniel" dit Jeannot. Je me retourne aussitôt pour dévoiler ma tronche. "Mais bien sûr que je le connais!" s'exclame la vieille (40 ans) folle en me tendant la main. Alors ça, vraiment, c'est le genre de connerie qui a le don de me foutre en l'air! Il me connaît, cet imbécile, et depuis quand? Parce que moi, alors, négatif. Ah, si Jack était là, il serait content, parce que c'est au Bienvenu que ce mec prétend nous avoir vus! Vive les années 80 et vive la taulière! Décidément, on n'en sort pas, c'est un cercle vicieux! Et le fameux Christian de me dire "Tu étais toujours avec un mec, à l'époque (ben oui, crétine, avec Jack) mais nous ne nous parlions pas. Il a grisonné très vite, je crois. Qu'est-ce qu'il est devenu?". Qu'est-ce que ça peut lui foutre? Et puis de toute façon Jack ne grisonne plus parce qu'il a les cheveux blancs et que ça lui va très bien! Pendant ce temps-là le beau Cédric est parti, et moi j'en fais autant. Bien entendu j'invite Jeannot, au cas où il se retrouverait seul, à venir bouffer chez moi à 13h. Je n'ai pas envie de le lâcher de sitôt, c'est un sacré phénomène, même si je regrette qu'il n'ait pas su garder Rino.

Lundi. Et pourtant je ne donne pas deux mois à Cédric pour le larguer, pour aller voir ailleurs. Je m'explique. Je suis retourné chez Jeannot ce soir, à 19h. Il travaillait la nuit dernière. Ce matin, en rentrant du boulot, comme il n'avait pas de message de Cédric il est allé carrément sous ses fenêtres, dans un bistrot en bas de chez lui d'où il lui a téléphoné. Il a eu sa copine et elle lui a passé Cédric. Celui-ci est venu le chercher et ils sont aller baiser chez Jeannot. Ensuite, à midi, Cédric est parti. Ce soir, il doit venir pour 20h30. Et Jeannot est sur les nerfs. Il repique sa crise de nerfs après sa fenêtre qui ne fonctionne pas comme il voudrait. Au lieu de s'occuper à ranger un peu tout ce qui traîne dans sa piaule en attendant son chéri il regarde la télé et picole, la cigarette au bec. Et sa baraque est un vrai bordel. Alors? Alors je donne deux mois à Cédric pour supporter un tel gâchis. On verra...

mercredi 4 mars 2009

Jeannot BeGood (6)

Vendredi, vers 19h, Jeannot m'appelle. Je les invite, lui et Rino, à venir dîner chez moi.
Ils arrivent. Rino est beau, avec un pull rouge qui lui va très bien, mettant en valeur sa chevelure noire et ses yeux bleu-marine. Jeannot est très amoureux de lui. Il le dévore des yeux, mais celà ne semble pas réciproque. Il est prêt à pleurer lorsque Rino m'explique son enfance, la DASS, beau-père, rejets successifs... Il est donc décidé à héberger Rino, à le nourrir, à l'habiller, etc. Mais Rino a-t-il, en échange, envie de baiser avec lui? Toute la question est là. Le petit film ne montrait qu'un strip-tease, une provocation de potache, quelques gestes vaguement obscènes pour voyeurisme rigolard. Bon, après tout, c'est leur problème!
En tout cas, après dîner, je repasse "Total Recall" avec Schwarzenegger, et Rino est fasciné par le film alors que Jeannot est fasciné par Rino. Je les fous à la porte à 22h30.

Samedi matin je les réveille à 8h30, car Jeannot m'a promis de m'emmener faire des courses à Auchan. J'aurais dû me douter que cette acceptation cachait encore un coup tordu de sa part. Il vient me chercher à 10h, mais il est absolument impossible, insortable, complétement associal. Passe encore en voiture, où il gueule après tout le monde, mais dans le magasin il est à chier, apostrophant les clients, faisant un scandale parce qu'il a trouvé un paquet de sucre entamé dans un rayon, etc. Je le quitte à 11h30, très mécontent.

Mercredi soir, je tenais particulièrement à réunir Jeannot et Rino, chez moi, devant un plat de spaghettis, afin de faire le point vis-à-vis de l'un et de l'autre.
D'abord, pour ce qui concerne Jeannot, je n'avais pas du tout apprécié le petit scandale qu'il avait fait à Auchan, samedi dernier. Passe encore qu'il agresse verbalement le personnel, celà ne m'impressionnait pas du tout, connaissant le bonhomme, mais le fait qu'il me prenne pour un con en me refilant toutes ses courses et en me laissant carrément tout payer à la caisse ne m'avait pas du tout (mais alors pas du tout!) fait plaisir. Aussi, je ruminais ma vengeance. Alors, quand il s'est radiné avec des DVD de cul qu'il avait commandés et qu'il voulait me "céder" pour 40 euros le DVD (au nombre de 5, donc pour 200 euros -rien que ça!) je lui ai aussitôt sorti le ticket de caisse d'Auchan, et ce devant Rino, afin de lui faire comprendre que je n'étais pas dupe de ses manigances, et je lui ai dit "Faisons les comptes!". Au vu des bouteilles de rhum (dont l'une à 12 euros) et autres bouteilles de jus d'orange pour faire son "punch-maison" dont il revendrait la bouteille 7 ou 8 euros à d'autres pigeons, sans compter les paquets de café, il a tout de suite sourcillé mais il a fermé sa gueule, devant un Rino goguenard. Et ensuite j'ai pu m'occuper tranquillement de Rino, du fait que le beau Jeannot n'a pratiquement plus pipé mot de toute la soirée, sidéré d'avoir été contré à froid dès son arrivée, et sidéré-bis par le contact que j'établissais aussitôt avec son "bézot". Car ce petit voyou, délinquant sympathique, m'apparaissait comme issu des films en noir et blanc de Pasolini et de Visconti. Il fallait donc que je sache à quoi m'en tenir puisque Jeannot, trop amoureux, était incapable d'éclairer sereinement ma lanterne à son sujet. Pourquoi, en effet, Rino n'avait-il plus aucun point d'attache, et devait-il se rabattre sur des amis occasionnels afin de l'héberger? Pourquoi avait-il eu maille à partir avec les propriétaires de la Taverne Rouge, resto-club que fréquentait Jack? Et des tas d'autres questions qui, je le savais bien, ne seraient pas élucidées en deux heures d'entretien. Mais au moins pourrais-je me faire une idée sur le bonhomme, sur sa façon de travestir les faits ou de reconnaître ses torts. Pour ce qui concernait la Taverne Rouge, je me souvenais d'un cambriolage, il y avait deux ans je crois, à la suite de quoi Christiane avait pris un berger allemand pour monter la garde. Rino me dit que Christiane l'avait accusé formellement, lui et son beau-frère, d'avoir volé des bouteilles d'alcool et des denrées. Rino nie farouchement. J'ai des doutes à la fois sur sa culpabilité et sur son innocence. Il est capable de larcins si l'occasion se présente. Toujours est-il que Christiane et Joel (les propriétaires), d'après ses dires, se seraient servis de lui pour profiter de sa jeunesse et coucher tous les deux avec lui. Et voilà qu'il se met à me donner des détails sur le couple (la nervosité de Christiane, la taille du zizi de Joel...) qui me semblent tout à fait pertinents. Il y eut donc, au début, commerce. Mais Rino, comme beaucoup de gosses abandonnés, a sa fierté et ses magouilles. Ainsi, lorsque brusquement Jeannot sort de sa torpeur pour lui reprocher de coucher avec lui tout en lui refusant son corps, Rino réplique qu'il ne fait l'amour que s'il en a envie!
Et ils partent tous les deux, Jeannot pantelant d'amour, et Rino étonnant de candeur!

mardi 3 mars 2009

Jeannot BeGood (5)

Plus les jours passent, plus je cotoie Jeannot et plus je l'apprécie. Les premières craintes se sont complétement dissipées (complétement?) et ce sont finalement ses qualités qui l'emportent sur ses défauts. Entre la tête, qui gueule sans arrêt, et les pieds, qui puent par intermittence, il y a de la place pour le coeur, que je commence à bien connaître.

Mardi soir, j'avais Hedwige et Jack à dîner, comme la plupart des mardis. Jeannot savait qu'il n'était pas invité, mais ça ne l'a pas empêché de me téléphoner à 18h. Il voulait que je passe prendre l'apéritif avec lui et Rino. Je suis allé chercher 2 bouteilles de Pastis aux Halles et je les ai retrouvés ensuite. Rino a absolument tenu à ce que je visionne le petit film X qu'ils avaient enregistré ensemble. J'étais d'accord, d'autant plus que celà me permettrait de tester les connaissances techniques de Jeannot. Ils m'ont donc passé le film, qui n'était pas trop mal réussi. Et puis Rino est parti à 19h voir un copain qui lui devait du fric.
Sur ce, un couple s'est pointé pour acheter à Jeannot un téléviseur qu'il avait mis en vente dans un journal. Jeannot leur a fait tout un baratin (très convaincant) sur l'héritage de cette télé toute neuve venant du décès de sa grand-mère. Franchement, j'y ai cru. Mais manque de bol, les deux intéressés ne voulaient la payer que 80 euros alors que Jeannot l'avait mise à 140 euros dans le canard. Ils sont partis, sans la télé. Jeannot s'est mis à gueuler "Pauvres cons, etc." Moi, toujours naïf, je lui ai dit "Pourquoi tu l'as leur à pas laissée à 80 alors qu'elle t'a rien coûté du tout?". Alors il s'est mis à m'expliquer (patiemment, et à voix presque normale) qu'il ne pouvait pas la vendre 80 vu qu'il l'avait achetée 80 la semaine précédente à un type qui avait foutu la même annonce dans un autre journal. Je commençais enfin à comprendre pourquoi il y avait tant de merdes dans son appartement, et pourquoi il était toujours fourré à la salle des ventes.
Rino s'est radiné, la tronche enfarinée car il avait récupéré son argent, et il a voulu fêter ça en vidant la première bouteille de Pastis, mais je les ai laissés pour retourner chez moi accueillir Jack et Hedwige. Celle-ci folle de joie parce que son mari avait réussi à vendre 115.000 euros leur baraque de Montivilliers qui avait été estimée 92.000 euros. Du coup, il me semble bien qu'au téléphone elle l'a appelé "chéri" et non "connard" (ils sont en instance de divorce).

Mercredi, j'ai eu à peine le temps de partir du bureau que Jeannot m'attendait déjà devant ma porte, à 16h45. Il voulait que j'aille faire les courses avec lui. Nous sommes d'abord passé à son domicile, histoire de picoler, et un autre mec s'est radiné, un certain Valery (?) si j'ai bien compris, jeune mais tout à fait à l'opposé de Rino, beaucoup plus clean et plus discret. Jeannot semblait en être autant zinzin que de Rino (ce sont ses "bézots" comme son chien!), l'entourant de ses bras protecteurs toutes les cinq minutes. Il lui a repassé un peu du film de Rino et nous sommes partis tous les trois faire les courses. En fait, il s'agissait de l'achat d'un verrou. De nouveau, je me posais des questions : pourquoi avait-il besoin de moi pour acheter un putain de verrou? N'était-ce pas encore un prétexte pour me montrer qu'il avait plusieurs "copains", tous jeunes et pas mal foutus, qui fréquentaient assidûment son appartement bordélique? Dans la bagnole il s'est lancé dans toute une histoire de verrou et de fric, d'assurance et de revente de verroux à laquelle je n'ai pas vraiment porté attention. Ensuite, le verrou acheté (quel cinéma encore, avec le vendeur! Quel baratin!) et le "bézot" parti, j'ai dîné avec Jeannot. Il était content de lui, il m'avait montré son nouveau mec, et il s'est mis à m'emmerder grave avec l'idée de faire un film avec moi, ce qui m'a tellement saoulé que je lui ai promis de le faire un de ces jours. Et nous nous sommes quittés à 21h, heure où il est parti travailler.

lundi 2 mars 2009

Jeannot BeGood (4)

Exit Danièle, bonjour Rino.
Jeannot aime pratiquer la douche écossaise.
Une semaine après, un samedi soir, il me téléphone vers 18h. Il se fait chier, alors il vient passer la soirée chez moi. Sans le brusquer dans ses sentiments (car il n'aime pas ça) j'essaye d'en savoir un peu plus sur lui, sur son passé, et j'apprends que ses parents étant divorcés, il fut mis en pension avec son frère, dès l'âge de 8 ans, chez les bonnes soeurs...
Après avoir dîné ensemble (dindonneau froid et mayonnaise) il s'installe sur le divan et il me demande de lui passer un film "gore". Comme je ne suis pas un fanatique de ce genre de cinéma, je mets "Gothic" dans le lecteur de DVD. Résultat, il s'endort au bout d'un quart d'heure. Je le laisse dormir, je regarde le film jusqu'à 22h30. Je m'occupe, je fais la vaisselle mais, à 23h30, je suis forcé de le réveiller : je ne veux pas qu'il reste coucher chez moi. Il part, sans trop faire la gueule.

Dimanche midi, il me téléphone et m'annonce qu'en sortant de chez moi il a traîné dans Le Havre jusqu'à 4h du matin, et que c'est finalement dans la tasse de St François qu'il a tiré son coup avec un mec "en costume" comme il les aime. Bon, passons, je suppose que c'est sa façon de me provoquer. Il me demande de passer le voir et j'accepte en lui annonçant que je me pointerai vers 14h.
Il pleuvait des cordes depuis le matin, et il devait pleuvoir toute la journée. Je me suis radiné chez lui à l'heure dite. Il bouffait des escargots. Mais, putain, la vaisselle! Ca faisait 3 semaines qu'elle fermentait dans les deux bacs. Je me suis mis à la faire, et ça a duré jusqu'à 16h. Mais j'en avais marre. Je suis rentré chez moi pour faire une pause et pour me calmer car je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il se comportait de cette façon. Et je suis retourné le voir à 19h.
Et c'est là que je l'ai vu attablé avec RINO. Putain! Est-ce que cet enfoiré de Jeannot m'avait fait venir chez lui uniquement pour faire la vaisselle, afin de recevoir son nouveau copain dans un environnement un peu moins dégueulasse? J'ai donc vu un jeune mec de 23 ans, qui m'a dit être né à Venise. En tout cas une belle gueule d'italien, brun aux yeux bleus, un beau corps d'après ce que j'ai aperçu, et un bagou monstre, ni ange ni démon, à la façon des voyous de Pasolini. Attachant, mais assez gigolo sur les bords, se vantant de ses conquêtes autant masculines que féminines, et décidé à tourner avec Jeannot un 2ème film X (parce qu'il y en avait eu un premier???) prévu dans le courant de la semaine.
Et puis le gamin s'est barré à 19h45 et nous avons mangé tous les deux, omelette et bouteille de vin que j'avais amenée. Mais quand j'ai voulu interroger Jeannot sur les activités réelles de son nouveau boyfriend (arnaques? larcins? prostitution?) j'ai vu la barrière de ses beaux yeux bleus se refermer avec une lenteur étudiée qui en disait long sur son refus de collaborer.
Je n'ai pas insisté, et comme il travaillait de nuit, nous nous sommes quittés à 21h. La pluie, qui s'était calmée, en hommage sans doute à la beauté du jeune "vénitien", s'était remise à tomber en voyant débouler ma tronche de cake.

dimanche 1 mars 2009

Jeannot BeGood (3)

Un week-end d'enfer
Vendredi soir j'ai téléphoné à Robert, pour avoir de ses nouvelles, et surtout pour me renseigner sur l'imprévisible Jeannot. A nouveau, en l'écoutant, je recommençais à douter. Jeannot ne m'avait pas dit (ou c'était bien gardé de me dire) que Robert l'avait chargé d'aller à la gare, ce vendredi soir, pour accueillir une certaine Danièle, Canadienne et amie commune, qui venait passer le week-end avec eux, qu'ils connaissaient déjà depuis décembre à Paris, et qui plaisait un peu à Jeannot -ce même Jeannot qui allait l'héberger pendant ces trois jours puisque Robert en était incapable physiquement, vu son accident de travail qui le laissait sacrément handicapé.
Donc je me couchai ce vendredi soir avec une impression mitigée au fond de la tête.
Le lendemain, samedi, je préférai filer à Paris pour me dépoussiérer l'esprit du côté des Halles et de la Fnac.
Retour au Havre, le soir, fatigué, mal au crane et mal aux reins. Sur ce, Jeannot me téléphone et m'engueule : ça n'allait pas du tout comme il l'espérait. Danièle ne voulait pas faire la vaisselle, et il avait essayé plusieurs fois de m'appeler, ne sachant pas que je m'étais barré à Paris. Je le laisse là-dessus et me passe le DVD du "Tess" de Polanski que je n'avais pas vu depuis longtemps.

Dimanche matin, à 10h30, j'appelle Robert pour avoir des nouvelles un peu moins brèves. Il attend les deux zigotos, qui doivent venir déjeuner chez lui, Jeannot s'occupant de préparer, at home, le "lapin chasseur". Comme Robert ne me dit pas de monter, j'en conclus que je ne suis pas invité. Ok, c'est pas grave, mais je rumine sec. Et, après mûrs grognements intérieurs, je me décide à appeler Jeannot. Oui, Robert les attend bien pour manger, etc.... Comprenant (sans doute) que je suis un peu vexé d'être largué, il s'invite à venir prendre l'apéritif chez moi, avec Danièle, avant de monter chez Robert. J'accepte et je raccroche. Nouvelle appréhension : comment va être Danièle? Coment va se comporter Jeannot? Je prends un Vermouth-bianco, pour me donner du courage. Ils se pointent à 12h30. Jeannot s'est fait de grandes méches blondes sur tout le devant des cheveux. Il est déchaîné, comme d'habitude, il gueule mais je le calme un peu. Danièle est plus discrète, assez insignifiante, mais tout de même mieux que je ne l'imaginais. Je m'attendais tellement au pire! Je téléphone à Robert pour l'avertir que ses invités sont chez moi et qu'ils ne vont pas tarder à monter chez lui. Catastrophe! Il se met à gueuler "Je ne suis pas content du tout! Ils m'avaient dit à midi, et il est déjà 13 heures. Je vais manger sans eux!". Je le calme, tandis que Jeannot s'énerve de nouveau : si Robert n'est pas content, il va rester bouffer chez moi, avec Danièle, puisqu'il a le "lapin chasseur" tout prêt dans sa voiture. Pas question, je ne veux pas les avoir ici toute la journée, surtout que Jeannot est déjà à moitié bourré. Non, Robert les attend, ils n'ont qu'à y aller! Jeannot veut m'emmener avec eux, mais je lui dis que je ne suis pas invité. Ils partent. Je n'en entendrai plus parler de toute la journée. Pas de coup de fil, rien.
Je m'accorde une heure de sieste.
A 20h, j'appelle Jack. Neuf canards sont nés samedi. Il a passé toute sa journée à leur construire une cabane et un enclos pour les protéger des chats qui ont manifestement envie de faire jou-jou avec eux...