mardi 4 août 2009

La (petite) vie de Marcel -62

Marcel découvre Les Baladins.
Marcel commente les élucubrations d'Union, la revue sexuelle à la mode, où l'on fait des choses formidablement belles, et où l'on voudrait nous faire croire que faire des pipes est aussi bon que de se les faire faire, et il est plutôt intrigué par certaines lettres de femmes proclamant les plaisirs voluptueux de la fessée... "Mais les marques, Mesdames, vous aimez ça? Les boursouflures, les brûlures que laisse le fouet, vous trouvez ça plaisant?". Il se plonge alors dans la lecture du "Musée des Supplices" et il médite : Georges, qui le fessait dans sa Jaguar, Philippe, à Epernon, qui avait une petite collection de fouets et qui bandait fort, autrefois, durant son service militaire, lorsqu' à l'infirmerie, il faisait des piqûres dans les fesses des Noirs. Et puis Gillou, bien sûr. L'homme rêvé pour ce genre d'expérience : grand et fort, tout en béton, jaloux, têtu et obstiné.
Justement, ce week-end, Claudine n'était pas libre, recevant de la famille. L'occasion était alléchante. Il envoya un mot à sa proie. Réponse rapide, comme il s'y attendait.
Samedi 14 avril.
16h. Gillou était au rendez-vous, devant la gare de Rouen. Petite balade jusqu'à Honfleur. A peine arrivés là-bas, Marcel se fait remarquer par deux hommes mariés : l'un, avec sa bourgeoise, a un regard interminable; l'autre sort de sa voiture où s'ébat une ribambelle de gosses : grand, mince, musclé, parisien, il le fixe intensément. Mais ce n'est pas l'heure de la drague. Promenade et restaurant, puis direction Le Havre, dans l'appartement de Gillou. Au lit, le conflit habituel : étreintes dures et envolées lyriques sur l'amitié sans faille et la relation privilégiée. Le dimanche matin est calme. Des amis à lui, un couple de garçons, doit passer à 18h. Marcel a le temps. Et, à 14h, après avoir bouffé, il lui propose innocemment de jouer au Maître et à l'Elève. Gillou, qui regardait mollement la télé, est d'accord. Marcel ferme les persiennes du salon, allume une lampe discrète et lui demande de lui trouver un chapitre de livre qu'il devra lire : au bout de 10 fautes de prononciation, il aura droit à une fessée. Il se prépare : un simple chemisier et, autour de la taille, un tablier qui lui cache le sexe mais lui laisse les fesses à l'air. Gillou a choisi un chapitre sur l'Ecologie, avec plein de jolis mots à la con. Marcel se met debout à côté de lui et commence. Pas besoin de faire un gros effort pour buter sur les mots, et les claques se mettent à tomber. Gillou a la main aussi lourde que son esprit intransigeant, et comme celà lui procure une certaine excitation, il n'attend pas la tombée des 10 fautes pour continuer à frapper. Marcel finit le chapitre en catastrophe, le cul brûlant. Mais Gillou veut continuer, et comme il a mal aux mains il propose... sa ceinture. Merci beaucoup, ça suffit pour aujourd'hui, on verra ça une autre fois.... Marcel se rhabille, Gillou hésite, mais il n'ose pas aller plus loin. Ils vont prendre l'air sur la plage et ils rentrent pour recevoir les amis attendus. Puis, à 19h, Gillou le conduit à la gare, pour qu'il puisse prendre son train. "Je voudrais être ton bourreau" lui dit-il dans l'auto. Et : "Tes fesses te font encore mal?" - "Non, c'est déjà du passé" - "Si j'avais su, j'aurais tapé plus fort, pour que ton cul te fasse mal dans le train".
Week-end de Pâques au Havre.
Dimanche 22 avril.
Retransmission, à 14h, d'un concert de la BBC : "Tamerlano" de Handel, avec Janet Baker et Alexander Young.
Marcel était sorti, vendredi soir, pour voir si Willy était libre pour les emmener aux Baladins, à Honfleur, la boite dont on leur râbache les oreilles depuis le début de l'année. Il avait bien pensé à y aller samedi soir avec Gillou mais, aïe aïe aïe, bonjour l'angoisse! Aller dans une boite pareille où l'on boit, danse et drague avec un mec aussi jaloux et taciturne, merci pour la prise de tête! Mais Willy n'est pas libre, il a un mec ("Pour 15 jours!" affirme-t-il). Il lui faudra donc chercher quelqu'un d'autre. Ils le trouveront ce dimanche-soir. C'est un ami de Claudine, Christian. Jeune (20 ans) et barbu. Il est grand (1m80), il a de belles fesses et il a bon caractère. Chez Claudine ils lui servent l'apéritif et lui demandent s'il voudra bien les emmener aux Baladins samedi prochain. Il est d'accord. Il passe la nuit sur le divan, comme un grand garçon bien sage et, le lundi, ils profitent du soleil et de sa chiotte pour aller se balader tous les trois : Valmont (très beau château) et Les Petites Dalles. Le vent est frais aux pieds de la falaise. Les premières photos de l'année. Orage soudain, et bonne humeur. Ils rentrent sous la flotte, hilares, flirtent pour entretenir la forme et se donnent rendez-vous pour samedi prochain.
Enregistrements divers : 3e acte d'"Attila", airs du "Roi Pasteur" et intégrale du "Barbier von Bagdad" de Cornelius.
Encore une fin de semaine au Havre.
Mauvaise retransmission du "Don Giovanni" en direct du Covent Garden.
Samedi 28 avril.
Ils vont aux Baladins, à Honfleur. Dans la voiture de Christian, qui conduit, ils retrouvent Dany et Richard. "Celle-ci" est folle, et elle n'arrête pas de débloquer. Quant à Dany, il est marié depuis 5 ans et il a deux filles, mais il veut divorcer pour vivre avec Christian. "Le cirque, quoi!" commente Claudine. La boite est agréable, spacieuse, mais "Il y a trop de minets" s'exclame Marcel, habitué aux "vrais mecs". La soirée commence bien mais l'arrivée de Martin-le-Guadeloupéen, vers minuit, ranime des souvenirs désagréables. Et, de minuit à 2 heures du matin, Marcel fait la gueule. Il veut rentrer, alors que Christian a jeté son dévolu sur un petit mec que La Goudoue a amené avec elle.
Lundi soir, ils retrouvent toute la bande : Willy, Christian, Sergio, Dominique... Ils vont draguer, de Franklin à Gambetta. Dialogue de sourd avec un mec que Marcel a reconnu mais dont il fait semblant de ne pas se souvenir:
Le mec : Il me semble que nous nous sommes déjà vus....
Marcel : Non, je ne crois pas.
Le mec : Vous n'habitez pas Le Havre?
Marcel : Non, j'habite Rouen.
Le mec : Mais vous n'avez pas habité Le Havre?
Marcel : Non.
Le mec : Pourtant je suis sûr que nous avons fait l'amour ensemble.
Marcel : Même si c'était vrai, pourquoi devrai-je m'en souvenir?
Il le plaque et achève la soirée au Welcome, avec toute la bande.
Mardi 1er mai.
Christian vient les chercher pour aller faire un tour à Bolbec. Il est accompagné d'un petit mec qui rigole tout le temps. L'ambiance est au beau fixe. Marcel et Claudine ne s'ennuient pas.

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