mardi 11 août 2009

La (petite) vie de Marcel -65

Marcel se coupe la barbe.
Bonne semaine.
Lundi 25 juin.
Marcel sort avec J.P. (un nouveau). Balade en voiture, beaucoup causé. Chaste idylle.
Mardi 26.
Marcel sort avec Michel-Daniel. Café de la Poste. Ils causent (Michel-Daniel surtout). Il est marrant, très naïf, au demeurant très attachant. Ils fixent le fameux week-end au Havre pour le 28 juillet.
Mercredi 27.
Marcel sort avec deux coiffeurs. Ils vont au Milord. Il n'y avait pas mis les pieds depuis deux ans. Ambiance atroce. Ils ressortent vite au grand air.
Jeudi 28.
Coup de fil de J.P. Il attend Marcel, à 11h45, devant son bureau, l'emmène rive gauche où ils mangent (la Maison de Jeunes, rive droite, est fermée pour 3 mois). A 20h30 Marcel retrouve Michel-Daniel. Ils vont voir "L'Epouvantail". Si Gene Hackman est parfait, comme d'habitude, Al Pacino ne peut s'empêcher d'en faire trop vers la fin, comme d'habitude.
Vendredi 29.
A 18h, J.P. le conduit à la gare, où il prend son train pour Le Havre. Les photos de vacances sont arrivées. Un progrès par rapport à l'année passée : délaissement des monuments au profit des personnages. Beaucoup d'animation, de couleur, de vie.
Samedi 30.
Claudine reçoit une lettre d'un de ses minets, Serge, de Dijon. Elle lui envoie un télégramme pour lui annoncer son arrivée demain dimanche. Plage toute l'après-midi. Chaleur. Réhabilitation de Joan Sutherland à propos des Contes d'Hoffmann. C'est la première fois que tous les critiques réunis (même Goléa!) sont d'accord pour lui trouver du talent.
Dimanche 1er juillet.
De plus en plus chaud. Claudine part à 9h pour Dijon. Marcel va seul à la plage.
Lundi 2.
A 20h30 J.P. se pointe chez lui, bien décidé cette fois à faire l'amour. Trop tard, Marcel ne bande pas. J.P. se fout de lui : "Où c'est que t'as acheté ça? dit-il en lui tripotant la zézette. Au marché aux puces?". Finalement, à 23h30, ils arrivent à se mettre d'accord.
Mardi 3.
Claudine est à Rouen, à midi. "Qu'est-ce qui t'arrive? lui fait Marcel. Ton minet t'a foutue dehors?" - "Non, c'est moi qui suis partie. J'en avais marre" - "Sans blague?". Ils pouffent de rire. A 20h, ils retrouvent Michel-Daniel, au Café de la Poste. Il leur parle de ses aventures. Intarissable, le chéri. Après avoir raccompagnés Claudine à la gare, il dit à Marcel : "Elle ne fait pas ses 35 ans, ton amie!" (Claudine en a 45).
Les filles de l'Instruction Publique sont folles de lui depuis qu'il a la barbe. "Puisque c'est ça, il a dit, je vais la couper!". Tollé général. "Oh non! s'est exclamée Claudette, moi qui la trouve plus douce de jour en jour!". Elles veulent toutes toucher, elles tirent sur les poils. "Qu'est-ce que je vais devenir si les filles se mettent à me sauter dessus?" s'écrie-t-il. Rolande ne dit rien, elle, car ils ne se parlent plus depuis deux mois. Tout ça parce qu'il a soutenu Marie-Christine, une fille de l'Instruction Publique, qui avait traité Poiret de "petit trou du cul" et qui avait eu le courage d'aller le lui dire en face.
Lundi 16.
Voilà, c'est fait : il s'est coupé la barbe.
Claudine raconte :
"A l'école, il y avait un garçon qui s'appelait Brandala. On l'avait surnommé "Branle-la-moi".
Et puis :
"J'ai fait un rêve, dimanche matin. J'étais avec toi, bien entendu. On était à Londres et on faisait la queue devant le Covent Garden, qui était devenu un grand bistrot (Marcel : "Un bordel, quoi!") et puis tout d'un coup, je mets la main aux fesses du gars à côté de moi, croyant que c'était toi. "Oh, pardon!" je fais. Tu t'étais débiné en douce avec un grand type baraqué. Je vous retrouve tous les deux sur un banc et j'embrasse le type qui me dit "Merci!". Tu te débines de nouveau et je me lance à ta poursuite. Je te retiens par tes bretelles, mais comme elles sont élastiques, j'ai tes bretelles dans les mains, et toi tu es à 5 mètres. On réintégre la foule, devant le Covent Garden, et il n'y a plus que des garçons. L'un d'eux s'approche de moi et me dit : "Je suis sexuel" - "Moi aussi" je lui réponds".
Dimanche après-midi, au Havre, ils vont voir "Blow up" d'Antonioni. Marcel n'a rien compris. "Faudra que je le revoie" dit-il à Claudine. "C'est ça, répond-elle, quand tu ne te seras pas endormi au bout d'une demi-heure".
Dimanche 22.
Tous ses amants sont en vacances. J.P. est en Grèce (reçu très belle carte, hier). Michel, qui lui a téléphoné fin juin pour lui dire au-revoir, et Michel-Daniel qui est à Paris en ce moment (reçu une carte avant-hier). Quant à Claudine, il l'a expédiée ce soir à Londres pour qu'elle aille au Covent Garden (qui n'est plus un café ni un bordel!) voir Shirley Verrett dans "Carmen". Elle doit rentrer mercredi soir. J.C.V., propriétaire du "Vieux Colombier" lui téléphone pour qu'il aille le voir. Il y passe jeudi soir, avec un amant de passage. J.C.V. le drague mais Marcel rigole. Un parisien l'a accosté mardi dernier place du Vieux Marché, après avoir tourné derrière lui durant un bon quart d'heure. Le mec lui a lancé : "Vous allez me fuir encore longtemps?" ce qui l'a fait éclater de rire. Le pire (ou le meilleur) c'est qu'après s'être baladés en voiture, arrêtés, fait l'amour, le parisien s'endort sur le retour, la tête dans le volant, et qu'ils se paument à 60kms de Rouen...
Samedi, il va à Paris avec Claudine acheter des disques. Un choix très baroque allant de Fischer-Dieskau à Dionne Warwick.

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