samedi 21 février 2009

Rétroviseur

Un voyage insolite
Ce matin à 7h, Luc est venu me chercher pour aller à Val-de-Reuil chercher un de ses amis qui sort de prison aujourd'hui. Nous nous sommes paumés, bien entendu, en cours de route (Luc n'est pas un mauvais conducteur mais il parle beaucoup et se soucie très peu des panneaux). Pendant le parcours j'ai demandé des détails sur l'ami en question. Marié, père d'un enfant, divorcé, condamné pour attouchements sur garçon mineur, et puis récidiviste. Passé près de 10 ans en prisons : Fresnes, Suresnes, Val-de-Reuil. Libéré aujourd'hui avec 3 ans de sursis. Bon. Nous devons le prendre pour le conduire chez sa mère, à Evreux. Mon imagination clignote entre OZ et Prison Break, alors que je sais très bien que la réalité n'a rien à voir avec ce genre de feuilletons.
Nous arrivons à 9h, il nous attend devant la prison avec... une femme et plein de bagages. Je suis surpris : pourquoi Luc a-t-il insisté pour que je vienne? Il m'explique que je suis son alibi, pour ne pas rester à Evreux trop longtemps. Je suis sceptique : alibi, garde-fou, témoin à charge? Pendant un quart d'heure nous entassons les bagages sur les sièges arrières de la voiture de Luc, et quels bagages! Des bouquins pour la plupart, et tous pornographiques. Je suis un peu largué, l'esprit troublé. Je reste assis pendant que Luc discute avec son ami, car il leur faut une autre voiture. Luc sort son portable et appelle un taxi. Pendant ce temps je regarde l'homme et la femme. Un couple ordinaire, parfaitement discret. Il n'a pas de tatouages sur tout le corps et elle n'a pas les cheveux rouges. Le taxi ne tarde pas à arriver, nous partons les premiers, ils nous suivent et nous dépassent ensuite pour pouvoir nous guider.
Nous voilà arrivés à Evreux, devant chez sa mère, derrière la gare. Une vieille maison, un jardin défoncé, et des voisins dont les bergers allemands sont omniprésents. La mère est une femme marquée, petite, au visage douloureux. On sort les bagages, on les entasse dans la chambre du fils. Mais la plus gênée, là-dedans, c'est la fille. Je ne sais pas qui elle est, et je ne le saurai pas. Luc n'était pas au courant qu'elle serait avec lui. Elle regarde autour d'elle mais ne parle pas. Nous n'en saurons pas plus. Il est 11h. La mère nous offre un café, pour nous remercier, mais Luc sort son alibi : MOI. Je dois être rentré au Havre pour midi ! Je suis rouge de honte. Je balbutie n'importe quoi et Luc me pousse dans la voiture. Je ne lui en veux pas, parce que c'est mon ami, mais tout de même! Une petite visite dans le centre d'Evreux me redonne un peu de courage. Je filme, je me calme. Nous partons. Mais Luc veut profiter de la voiture (en location pour la journée) et du temps libre pour visiter les églises de la campagne environnante. Je parlemente : puisque je ne suis plus un alibi, je veux rentrer au Havre! Je ne cède que pour l'église de Saint-Sebastien, parce qu'il paraît qu'il n'y a que trois communes en France qui s'appellent Saint-Sebastien.
Retour au Havre à 15h. Je ne sais pas pourquoi, je me sens vide et frustré, mais je n'ai pas envie de m'analyser le cerveau...

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