mardi 29 juillet 2008

le Conte, la Folie, et l'Ordinaire

Charles Bukowski (1920-1994) est connu en France pour son passage dans l'émission de Pivot, en 1978, où il marmonna et but beaucoup avant de se faire virer, ce qui lui donna, définitivement, l'étiquette d'écrivain-culte, et d'appartenance à une Beat-Generation dont il se foutait éperdûment.
En 1981 Marco Ferreri tourna "Conte de la Folie Ordinaire" d'après le bouquin de Bukowski. Le film est meilleur que le livre, recueil de nouvelles scabreuses qui racontent d'une façon souvent drôlatique les tribulations de l'auteur, entre beuveries incessantes et rencontres de personnages tous plus pittoresques les uns que les autres (prostituées, travestis, piliers de bar....) dans un langage frénétique et corrosif.
Sur l'écran, les deux personnages principaux sont joués par Ben Gazzara et Ornella Muti. L'un boit sans arrêt, et l'autre ne pense qu'à s'auto-mutiler. Mais ils ont tous les deux des visages d'anges. Plus tard, dans "Barfly", autre adaptation, Barbet Schroeder fera jouer Mickey Rourke et Faye Dunaway, et ce sera beaucoup moins convaincant parce que beaucoup plus "hollywoodien". Hollywood n'a rien à voir avec l'univers de Bukowski.
Marco Ferreri, cinéaste franco-italien, décrit parfaitement la crasse et la pureté. Il n'enjolive pas. Même dans les scénarios les plus crades, les américains cherchent à enjoliver. Dans "Seven", David Fincher rendait le vomi recyclable.
Aujourd'hui, tous les jours, des centaines de gens meurent, dans des attentats, des accidents, des explosions ou dans des réglements de compte familiaux sordidement répétés, mais ils sont rapidement rejetés au profit de la vie des célébrités, du glamour et du show-biz.
Sur la couverture du prochain Vanity Fair : "Carla Bruni : the new Jackie O ?". Les photos sont de la grande Annie Leibovitz. J'avais vu un reportage sur cette illustre photographe et sa façon de travailler. Je crois que c'était à propos d'une série concernant Demi Moore. Nous autres, pauvres mortels, nous croyons qu'avec nos petits appareils rikikis et super-perfectionnés nous n'avons besoin que de 5 minutes pour faire une série de portraits dont nous garderons les meilleurs éléments pour le plaisir de nos échanges Internet. Eh bien non, les professionnels ne bossent pas comme ça. Dans le reportage, on voyait une horde d'assistants, d'appareils, d'éclairages, de maquilleurs, et surtout : l'attente. L'attente de la lumière, de l'éclairage, de la pose adéquate. Un boulot de pro, loin de notre amateurisme goguenard.

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