mercredi 20 août 2008

Les Rescapés (suite)

Deuxième Partie (suite) : Adam et Sabuni
Le président se leva et frappa du poing sur la table "Il est inadmissible que le Petit Génie déclenche le début du combat avant que mon palais ne soit complètement achevé! Vous devez absolument l'en empêcher! ". Pour une fois son air bonasse avait définitivement disparu au profit d'un rictus franchement déterminé.
Marc et Joelle se tenaient devant lui, l'un navré, l'autre butée. Il regarda Joelle "Vous avez de l'influence sur lui, ma chère, demandez-lui de retarder l'affrontement. Vous savez qu'il en a la capacité. Il est le plus fort, il vaincra son adversaire de toute façon". Joelle releva fièrement la tête . Elle n'appréciait pas du tout que ce tyran ridicule traita son Fils de "Petit Génie". Il ne l'a pas encore localisé, dit-elle. Ce devrait ête l'affaire de quelques jours, de quelques semaines peut-être. Dès qu'il saura où il se trouve, il pourra commencer à se mesurer à lui!" - "Très bien, dit le dicateur en se frottant les mains, parfait. Que votre Petit Génie poursuive ses recherches..." et, se tournant vers Marc "Dites-moi, mon ami, mon palais est-il prêt? Vais-je pouvoir enfin m'y installer?" - "Absolument. Encore quelques travaux de peinture et tout sera conforme à vos désirs!" - "Très bien, très bien, je m'y rendrai prochainement pour étudier mon emménagement". Il fit un geste de la main, Joelle se retira sans lui concéder le moindre salut. Marc allait s'en aller mais le président s'écria "Restez, mon ami, j'ai du nouveau pour vous!". Il sursauta, son coeur se mit à battre très fort "Vous l'avez retrouvée?" s'écria-t-il. Le président fit la moue et cligna des yeux "Oui" murmura-t-il d'une voix presque efféminée. "Où est-elle? Que fait-elle? Me reconnaîtra-t-elle?" - "Ca, mon ami, je n'en sais rien" et il le regarda fixement. "Puis-je entrer en contact avec elle?" - "Bien sûr. Venez avec moi".
Ils suivirent un long couloir où quelques gardes somnolaient et entrèrent dans le laboratoire près de la salle d'audience. Une dizaine de savants aux visages figés repéraient sur des écrans géants des planètes lointaines qui n'avaient pas encore été répertoriées. Le président tapa sur l'épaule de l'un d'eux et lui donna des ordres à voix basse. Le savant s'installa à sa console et se concentra sur une série de touches vocales qui lui permirent d'animer son écran. Le pâle reflet d'une jeune femme apparut, comme désincarné. Marc blémit. Il distinguait les traits succints d'un visage filiforme où seul le rouge de la bouche semblait encore vivant. Le savant se leva, donna sa place à l'architecte et lui fit signe de mettre les écouteurs. "Parlez, lui dit-il, je crois qu'elle peut vous entendre". Marc s'assit en tremblant et ajusta le micro et les écouteurs.
"Suzy, est-ce vous? M'entendez-vous?" - "Marc! J'ai l'impression de vous entendre pour la dernière fois!". Le pâle reflet s'anima, mais le regard n'existait pas, seules les lignes rouges de la bouche s'animaient. "Que dites-vous? s'écria-t-il. J'ai du mal à vous reconnaître. Où êtes-vous?" - "Je l'ignore, Marc. Je suis dans une ville, sans doute, mais j'ignore laquelle. Je suis enfermée depuis de longs mois. Je ne sors presque plus" - "Enfermée, dites-vous? Qui vous tient prisonnière? Expliquez-moi, Suzy! Nous avons le pouvoir de vous délivrer, donnez-nous seulement quelques précisions sur l'endroit où vous êtes, et nous irons vous délivrer!" - "Je ne suis pas prisonnière, mon cher Marc, je suis avec David, un étudiant, et nous soutenons un être étrange, Adam, qui va nous délivrer de tous les complots qui se trament autour de nous. Cet être exceptionnel, qui s'est libéré de la subordination des technocrates, vient tout juste de se mettre en contact avec l'Ennemi juré! Rendez-vous compte, Marc, dans une simple chambre d'étudiant! Un petit réduit encombré de machines et de fils! David et moi, nous sommes les tuteurs de cet incroyable génie...". Tous les savants s'étaient regroupés autour de Marc , et ils dodelinaient de la tête en fixant les lèvres rouges de la femme qui n'arrêtaient pas de remuer. "Continuez de lui parler" souffla le président à l'oreille de Marc. Et bientôt tous les écrans s'illuminèrent. Les savants se redressèrent et levèrent les mains au ciel en proférant des "Ah!" et des "Oh!" émerveillés. "Nous l'avons repéré! trépigna le président. Nous savons où il se trouve!" et, secouant la manche d'un savant qui gesticulait "Transmettez ses coordonnées au fils de Joelle!". Il se pencha vers Marc "Nous le tenons, lui dit-il en lui tapotant l'épaule. Vous avez fait du bon travail. Demain, vous m'emménerez voir mon palais afin que je puisse m'y installer pour suivre le combat final".
Marc transpirait comme un malade. Il rejeta les écouteurs et se dressa d'un bond. "Faites-la venir jusqu'ici!" dit-il. Les savants le contemplèrent avec de grands yeux étonnés. Il regarda autour de lui "Où est le président? Pourquoi est-il parti?". Ils levèrent les bras avec un geste d'impuissance. Il voulut se rasseoir devant l'écran mais un savant avait déjà repris sa place. "Laissez-moi l'avertir!" dit-il en essayant de le relever de son siège, mais déjà les gardes étaient entrés et se saisissaient de lui. Ils le firent sortir du laboratoire et le traînèrent jusqu'à ses appartements privés. Les trois baigneuses lui firent de grands signes et l'invitèrent à venir les rejoindre mais il les ignora. Il se mit à tourner en rond dans le salon, se tordant les doigts de douleur. Brusquement, s'arrêtant devant le portrait de sa femme, il sursauta "Joelle!" s'écria-t-il. Il regagna le couloir, descendit jusqu'aux appartements de Sabuni. Deux gardes lui barrèrent la porte. "Je veux voir ma femme!" cria-t-il. "Impossible, monsieur l'architecte, répondirent-ils en choeur, le grand combat va commencer!".

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