mercredi 24 décembre 2008

La Baise en public

Renan Luce et Thomas Dutronc, mines réjouies et guitares virtuoses, se retrouvent sur la scène du Zénith pour chanter une chanson de Brassens dont le refrain entraînant évoque les "95% de femmes qui s'emmerdent en baisant".
A l'heure mondiale où les sexes d'hommes et de femmes s'affichent librement sur les sites et les blogs, il est rafraichissant de voir ces deux jeunes artistes se marrer en chantant ce classique.

La baise est interdite à la télé. Bien sûr, il y a tout un tas de colloques où d'éminents spécialistes nous parlent des bienfaits de la sexualité consentante, du danger du Sida et des élucubrations du coït parleur ("Je te préviens, dit-il, j'aime parler en faisant l'amour!") mais la baise est évoquée à demi-mots, comme ces adolescents qui, lorsqu'on les interroge, pouffent de rire si on leur parle de la masturbation.
Même Bernard Lavilliers, il y a peu, un dimanche midi au journal télé, s'énervait en constatant qu'on n'a plus le droit de rien faire : ni boire, ni fumer, ni se payer une petite ligne de coke sans se retrouver banni de la bonne société moralisatrice et hypocrite. Mais je ne l'ai pas entendu dire "Bientôt, on n'aura plus le droit de baiser!". Pourtant, ce beau mec viril et bien chantant, n'est pas un adepte de la langue de bois.
Des fois, en dehors des humoristes qui en rajoutent à la pelle pour que l'on s'extasie devant leurs mots d'esprit, quelqu'un (quelqu'une, en l'occurrence) lance une petite phrase qui vient rejoindre la candide effronterie de Brassens. A un "Vivement dimanche" la pétulante Victoria Abril, en répondant à Drucker qui lui demandait comment elle se comportait, enfant, avec ses frères et soeurs à propos de la nudité, elle répondit "Il n'y avait que des chattes chez nous!". Un soupçon de fraîcheur dans un monde où certaines élites veulent faire la morale sur la baise, mais n'hésitent pas à plumer sans vergogne de simples épargnants qui n'ont pas toujours le mode d'emploi des transactions boursières.

Dans le très beau film de Joe Wright "Atonement", le mot CON a une importance fondamentale. Mais il ne s'agit pas d'un personnage odieux ou écervelé, mais bel et bien du sexe de la femme aimée. Ce mot, écrit sur papier par le chevalier servant de la belle, provoquera le drame.
Dans un des épisodes de "Sex and the city", le CON de Charlotte faisait l'objet d'un tableau en gros plan, parmi d'autres CONS, qu'un public amateur de belles couleurs venait dévorer des yeux, remplis d'admiration et de gourmandise.
Mais en France? Où est passé le CON? Ce mot est-il trop cru, trop brutal?
Gainsbourg n'est plus là pour en faire une chanson. Dommage. Il nous reste toujours les rimes de Brassens et l'inébranlable ZIZI du génial Perret.

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