mercredi 17 décembre 2008

Je retournerai à Venise

Dans une pertinente interview accordée à PREMIERE, Vincent Lindon évoque ces amis pour lesquels on s'enflamme pendant quelques années où ils paraissent indispensables, et puis, sans raison apparente, que l'on n'appelle plus, que l'on ne voit plus, que l'on n'embrasse plus. Plus du tout.
Je retournerai à Venise.
Je retournerai sur le lieu de mon crime. J'emménerai ma copine, la seule qui puisse supporter mes carences sexuelles. Je m'engloutirai dans les eaux sales de la lagune pendant qu'elle se laissera bercer par un beau gondolier. Nous retournerons au même restaurant où le patron, blagueur, avait ajouté du piment dans mes pâtes pour réveiller une ardeur qui lui semblait bien vacillante devant une femme si bien parfumée.
Contrairement aux amis dont on se sépare sans connaître le pourquoi du comment, je ne veux pas oublier Venise. On n'oublie pas la découverte d'une ville qui correspond à l'émerveillement de ses rêves d'enfant, où les palais ne sont plus en carton pâte mais en pierre ouvragée et en sculpture de marbre. Alice ne court plus après son lapin frondeur, elle se balade dans les ruelles interminables, éblouie de se trouver perdue de places en places entre des ponts qui se succèdent sans jamais se ressembler.
L'interview de Vincent Lindon me donne un parallèle à la fragilité de nos amitiés et du souvenir que l'on en garde. Jeanne Moreau arrivant dans une ville dépourvue de touristes (Eva) sous l'oeil clinique de la caméra de Joseph Losey et voilà que la bobine de cinéma repart à l'envers. Venise en hiver, Venise en noir et blanc, et Venise étouffée de touristes en ce mois de juillet où je renouerai avec cet impensable désir de faire l'amour à une ville qui ne m'a jamais oublié.

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