jeudi 9 octobre 2008

Rappel à l'Ordre

Dans les années 50 mon père avait acheté l'intégrale des symphonies de Beethoven (en 33 tours, bien entendu, et par Karajan, certainement). Le coffret trônait dans le salon. Mais il n'y avait pas de reproductions de Picasso sur les murs. Non. Quand nous nous promenions, ma famille et moi, le week-end, et que mon père regardait les vitrines ou les étalages des peintres du dimanche, lorsqu'il voyait un tableau qui ne lui plaisait pas il disait "C'est du Picasso!".
Bien des années après, lors d'une seule et unique matinée de pluie à Antibes, je me réfugiai au Musée de la ville. Parmi les oeuvres de Picasso (que je ne recherchais pas) il y avait, bien sûr, des peintures, des sculptures, mais aussi des assiettes. Et c'est en voyant ces assiettes que je commençai vraiment à me passionner pour ce génie.
Le plus marrant c'est que je lus dans un magazine, encore plus tard, que J.Luc Godard n'aimait pas du tout les assiettes de Picasso et que pour lui elles étaient toutes à jeter à la poubelle.
Aujourd'hui, alors que la Crise devient de plus en plus évidente, et qu'elle va entraîner un nombre considérable de chômeurs et de déréglements en tous genres, le Grand Palais rend un vibrant hommage à l'artiste, et Paul Newman vient de mourir.
Quel rapport?
Quel rapport entre deux êtres intègres qui vécurent "de" et "pour" leur art, et le basculement de certains spéculateurs avides de s'enrichir aux dépens des autres qui poussèrent le système jusqu'à un point de non-retour qu'il va va bien falloir payer dans les années à venir?
Quel rapport entre l'art de peindre des chefs d'oeuvre ou de jouer dans un film d'Arthur Penn, et celui de foutre le bordel sur la planète entière?
Deux réponses possibles : "The Mackintosh Man" de John Huston (avec Paul Newman) et "Guernica" de Picasso.

Aucun commentaire: