Vendredi, vers 19h, Jeannot m'appelle. Je les invite, lui et Rino, à venir dîner chez moi.
Ils arrivent. Rino est beau, avec un pull rouge qui lui va très bien, mettant en valeur sa chevelure noire et ses yeux bleu-marine. Jeannot est très amoureux de lui. Il le dévore des yeux, mais celà ne semble pas réciproque. Il est prêt à pleurer lorsque Rino m'explique son enfance, la DASS, beau-père, rejets successifs... Il est donc décidé à héberger Rino, à le nourrir, à l'habiller, etc. Mais Rino a-t-il, en échange, envie de baiser avec lui? Toute la question est là. Le petit film ne montrait qu'un strip-tease, une provocation de potache, quelques gestes vaguement obscènes pour voyeurisme rigolard. Bon, après tout, c'est leur problème!
En tout cas, après dîner, je repasse "Total Recall" avec Schwarzenegger, et Rino est fasciné par le film alors que Jeannot est fasciné par Rino. Je les fous à la porte à 22h30.
Samedi matin je les réveille à 8h30, car Jeannot m'a promis de m'emmener faire des courses à Auchan. J'aurais dû me douter que cette acceptation cachait encore un coup tordu de sa part. Il vient me chercher à 10h, mais il est absolument impossible, insortable, complétement associal. Passe encore en voiture, où il gueule après tout le monde, mais dans le magasin il est à chier, apostrophant les clients, faisant un scandale parce qu'il a trouvé un paquet de sucre entamé dans un rayon, etc. Je le quitte à 11h30, très mécontent.
Mercredi soir, je tenais particulièrement à réunir Jeannot et Rino, chez moi, devant un plat de spaghettis, afin de faire le point vis-à-vis de l'un et de l'autre.
D'abord, pour ce qui concerne Jeannot, je n'avais pas du tout apprécié le petit scandale qu'il avait fait à Auchan, samedi dernier. Passe encore qu'il agresse verbalement le personnel, celà ne m'impressionnait pas du tout, connaissant le bonhomme, mais le fait qu'il me prenne pour un con en me refilant toutes ses courses et en me laissant carrément tout payer à la caisse ne m'avait pas du tout (mais alors pas du tout!) fait plaisir. Aussi, je ruminais ma vengeance. Alors, quand il s'est radiné avec des DVD de cul qu'il avait commandés et qu'il voulait me "céder" pour 40 euros le DVD (au nombre de 5, donc pour 200 euros -rien que ça!) je lui ai aussitôt sorti le ticket de caisse d'Auchan, et ce devant Rino, afin de lui faire comprendre que je n'étais pas dupe de ses manigances, et je lui ai dit "Faisons les comptes!". Au vu des bouteilles de rhum (dont l'une à 12 euros) et autres bouteilles de jus d'orange pour faire son "punch-maison" dont il revendrait la bouteille 7 ou 8 euros à d'autres pigeons, sans compter les paquets de café, il a tout de suite sourcillé mais il a fermé sa gueule, devant un Rino goguenard. Et ensuite j'ai pu m'occuper tranquillement de Rino, du fait que le beau Jeannot n'a pratiquement plus pipé mot de toute la soirée, sidéré d'avoir été contré à froid dès son arrivée, et sidéré-bis par le contact que j'établissais aussitôt avec son "bézot". Car ce petit voyou, délinquant sympathique, m'apparaissait comme issu des films en noir et blanc de Pasolini et de Visconti. Il fallait donc que je sache à quoi m'en tenir puisque Jeannot, trop amoureux, était incapable d'éclairer sereinement ma lanterne à son sujet. Pourquoi, en effet, Rino n'avait-il plus aucun point d'attache, et devait-il se rabattre sur des amis occasionnels afin de l'héberger? Pourquoi avait-il eu maille à partir avec les propriétaires de la Taverne Rouge, resto-club que fréquentait Jack? Et des tas d'autres questions qui, je le savais bien, ne seraient pas élucidées en deux heures d'entretien. Mais au moins pourrais-je me faire une idée sur le bonhomme, sur sa façon de travestir les faits ou de reconnaître ses torts. Pour ce qui concernait la Taverne Rouge, je me souvenais d'un cambriolage, il y avait deux ans je crois, à la suite de quoi Christiane avait pris un berger allemand pour monter la garde. Rino me dit que Christiane l'avait accusé formellement, lui et son beau-frère, d'avoir volé des bouteilles d'alcool et des denrées. Rino nie farouchement. J'ai des doutes à la fois sur sa culpabilité et sur son innocence. Il est capable de larcins si l'occasion se présente. Toujours est-il que Christiane et Joel (les propriétaires), d'après ses dires, se seraient servis de lui pour profiter de sa jeunesse et coucher tous les deux avec lui. Et voilà qu'il se met à me donner des détails sur le couple (la nervosité de Christiane, la taille du zizi de Joel...) qui me semblent tout à fait pertinents. Il y eut donc, au début, commerce. Mais Rino, comme beaucoup de gosses abandonnés, a sa fierté et ses magouilles. Ainsi, lorsque brusquement Jeannot sort de sa torpeur pour lui reprocher de coucher avec lui tout en lui refusant son corps, Rino réplique qu'il ne fait l'amour que s'il en a envie!
Et ils partent tous les deux, Jeannot pantelant d'amour, et Rino étonnant de candeur!
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