Marcel drague à tort et à travers.
Jeudi 2 mars.
Temps splendide, qui fait penser aux vacances. Ils n'arrêtent pas d'y penser, d'ailleurs. Surtout au point de vue fringues.
Ce soir, après 18h, Rolande et Marcel rencontrent Michou, dont les affaires ne s'arrangent pas. Pâle (disons livide) il n'a toujours pas de travail, et doit bientôt se faire opérer d'un cancer, et cette perspective le fait horriblement souffrir. Lui qui n'arrêtait pas de rigoler et de s'amuser avec tous ses copains a crevé de faim pendant plus de 15 jours, avec son ami Jean-Marie. Lui que tout le monde embrassait, chez Germaine comme chez Zouzous, est d'une forme accablante. Il s'en sortira peut-être, mais Marcel n'oubliera pas de sitôt son visage d'une pâleur de cadavre, ses fringues râpées (même pas une paire de chaussettes à lui -celles qu'il porte depuis un mois appartiennent à Rolande) et son odeur de cadavre en décomposition. Plus d'amis, plus de travail. Seuls ses parents consentent à le reprendre avec eux.
Après son aventure avec Michel, où il avait enfin espéré un peu de chaleur humaine, c'est au tour de Georges de se moquer de lui. Hier soir, à la gare, installé dans sa Jag, il lui a demandé d'aller lui chercher un minet (Richard, ami d'Henri B.) avec qui Marcel discutait. Ce dernier n'a pas du tout apprécié et l'a renvoyé balader.
Lundi et mardi soirs, toujours le même va-et-vient d'hommes mariés en quête d'aventures.
Vendredi 3.
Marcel est à la gare, dans l'espoir de retrouver Georges et de lui proposer un marché (de dupes) : "Je veux bien être ton entremetteur, mais il faut que tu aboules le fric!". A la place, il rencontre Raymond, qui est toujours aussi dément. Sans travail, comme Michou, mais beaucoup plus reluisant. Toujours aussi fessu et magnifiquement optimiste : "J'ai vu les flics, et je me suis refait les cils devant eux" "J'adore regarder les gens quand ils sortent du train. Ils sont encore endormis et ils bandent à moitié. Faut être vicieux dans la vie!" "Avez-vous une grosse baisette, Monsieur?" "Je l'ai touché, et il m'a touché! Tu veux te le faire? Vas-y, il est encore dans les tasses!".
Marcel décide de rentrer mais il rebrousse chemin et redescend rue du Baillage. La DS de David passe, fait le tour et s'arrête. Il lui demande de monter. Ils filent à Canteleu. Celà faisait bien trois mois, non? Après l'étreinte, Marcel lui demande de le raccompagner jusqu'à la rue des Sapins. David râle : il est 1 heure, et il doit se lever à 3h. "Je vais encore être frais!" dit-il. Marcel l'embrasse en rigolant.
Samedi 4.
Un autre parisien, brun aux yeux bleus, s'attarde rue des Sapins, de 23h à 1h du matin. Auparavant, Marcel avait passé l'après-midi chez Rolande. Les Sammy (nouveau nom de Réjane, mariée à Patrice) désirant acheter une voiture, ils sont tous allés visiter les garages Simca et Renault. La voiture achetée, ils ont fêté l'événement avec des gâteaux et du Coca-Cola. Puis, bien sage, Marcel est allé tapiner. A 23 h, quand il a vu la voiture d'un parisien arriver, il s'est précipité et il l'a emmené chez lui. Ils ont passé un agréable moment au plumard. Puis le beau brun s'est endormi, le tenant dans ses bras. Il l'a réveillé, pour lui demander ce qu'il comptait faire : rester toute la nuit ou partir. Il a écarquillé ses beaux yeux bleus et il a préféré partir. Mais avant de quitter la chambre il a tenu à remettre le couvert.
Dimanche 5.
Passage de Claudine. Ils sont allés chercher Rolande pour l'emmener au cinéma voir "Un petit garçon appelé Charlie Brown" et ils ne l'on pas regretté, car le film était génial. Marcel a particulièrement admiré le coup de chapeau à Beethoven, et toute la séquence de la recherche de la couverture, parfaitement hilarante. Un vrai régal.
Lundi 6.
Son parisien de samedi soir, visage fatigué mais regard bleuté, sourire tendu mais mains apaisantes, l'ayant réconcilié avec tous les parisiens du monde entier, il accepte de monter dans la Jaguar de Georges, lorsque celui-ci le lui demande, à 22h. Marcel aime son accent, sa façon de s'habiller en paysan (il a dit à Rolande qu'il le voyait très bien dans une ferme, botté, s'occupant de ses chevaux) : veste de daim et pantalon de velours. Pourtant, durant le parcours, il a du mal à s'extérioriser complétement. Quand il quitte Marcel, devant chez lui, vers minuit, il lui passe doucement la main dans les cheveux.
Mardi 7.
Au bureau, la routine habituelle, si ce n'est que le beau Peter s'est trouvé dernièrement dans une situation plutôt embarrassante. Ayant pris un arrêté de démolition pour un immeuble insaluble du quartier Bourg l'Abbé, il ne s'est pas soucié du relogement de la dernière famille qui y habitait (un couple et 3 enfants). Il s'est fait engueuler par Gruyère et n'a dû son salut qu'à l'intervention d'un des inspecteurs qui a réussi à reloger la famille in-extremis.
Jeudi 9.
Marcel est très étonné lorsqu'un certain Jacques lui demande ce qu'il fait le soir-même. Jacques est un mec avec qui il a passé quelques bon moments le 28 février dernier et qui lui avait demandé son numéro de téléphone avant de le quitter. Et Marcel est encore plus estomaqué lorsque Jacques, une fois chez lui, lui annonce qu'il l'aime et qu'il n'a pas cessé de penser à lui!...
Week-end au Havre, avec Rolande, dans la grande tradition des jours où ils s'entendent bien et où leurs efforts, coordonnés, donnent des résultats intéressants. Le dimanche, à 16h, ils retrouvent les Sammy (Réjane et Patrice) et leur nouvelle voiture. Ils leur passent des diapos et les gavent de coq au vin en écoutant du Wagner. Il est minuit trente lorsque les Sammy les ramènent à Rouen. Marcel essaye de s'occuper du corps de Rolande, arrivé dans son lit, mais l'esprit n'y est pas. Pourtant, à l'arrière de la voiture, ils flirtaient avec une démence qui ne laissait pas prévoir cette soudaine impuissance de sa part. Et ils s'isolent, de chaque côté du lit.
Lundi 13.
Nouveau coup de téléphone de Jacques. Il est fou, ce type! Il débarque chez Marcel à 20h10. Celui-ci ne veut pas de lui. Il en a marre des mecs mariés, pères de deux enfants! Jacques promet de lui acheter un bracelet en argent, en gage de son amour.
mardi 30 juin 2009
lundi 29 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -38
Marcel et la Jaguar de Georges.
Vendredi 4 février.
La semaine aura été longue. Marcel n'est pas sorti, et il s'emmerde au bureau. Il travaille toujours sur son dernier récit, qui est fini, mais dont il doit refaire certains passages.
Cet après-midi, il va porter du courrier à l'Urbanisme. Comme il descend la rue Bourg l'Abbé, il croise un des démolisseurs (on démolit actuellement l'ancienne baraque des Soeurs de Saint Vincent de Paul), un homme de plus de 40 ans, cheveux poivre et sel, bien bâti, qui lui fait un sourire. Ses yeux, verts, le regardent, très rieurs. Marcel est un peu étonné. En revenant, comme il lui sourit de nouveau, Marcel lui rend son sourire. Il arrive au bureau, tout excité, en chantant : "Démolissez-moi!... Mais pas trop vite!". Il demande à aller faire un tour dehors, et Peter l'envoie aux Archives. Chic, chic, chic. Entre parenthèses, tout le monde s'est mis à la fenêtre (Léontine, Rolande, Babeth) pour voir quel est ce type qui le rend dingue. Il file donc, et après avoir été aux Archives, il adresse carrément la parole au démolisseur. Ils causent, pendant plus de cinq minutes, et le "Bonne fin de journée" que l'homme lui lance lorsqu'il le quitte, le met dans un état voisin de l'extase.
Samedi 5.
Virée à Paris, tous les 3 (Claudine, Rolande et lui).
Cinéma, d'abord, avec "Les lèvres rouges", un film qui a de bons moment mais dont la direction d'acteurs, d'après Claudine, est lamentable. Apéritif, ensuite, au Flore, avec le monde habituel des polyvalents. Restaurant, pour continuer, au "Bureau" où Marcel retrouve Henri B., le "grand industriel", entouré de minets. Après avoir mangé, le trio descend au Club, qui leur fait une très bonne impression. Dommage, toutefois, qu'il y ait tant de monde. Mais, au "Nuage" où ils échouent ensuite, il y a encore plus de monde. Rolande se fait draguer pau un jeune Espagnol. Elle finit par se laisser baratiner et ils partent tous les deux pour aller dans une autre boite. Séparé de Claudine, Marcel se laisse draguer par un homme doux et viril, Noel, qui refuse de l'emmener chez lui, l'embrasse tendrement sur les lèvres et se retire. Claudine, pendant ce temps, se fait mettre la main aux fesses par un homme un peu parti. A 5h du matin, Rolande n'étant pas revenue, ils partent tous les deux en emportant son manteau. Ils prennent le train de 7h30 pour Rouen.
Lundi 7.
Visite à Henri B., à 19h30. Il a pris un bain, s'est lavé les cheveux. Enfin, il s'est fait beau. Marcel reste dans un fauteuil à siroter une bière. Henri cherche à l'avoir à la sortie. Leurs baisers s'échangent, l'un froid, l'autre insistant. Ils ont parlé de Freddy, de GiGi, des couples... Marcel était d'accord sur tout, sauf sur un point : la visite de sa chambre.
Week-end étonnant. Marcel végétait, mais le petit voyage à Paris lui a ouvert l'appêtit. Samedi 12, au Havre, il drague un minet, Christian. Ils vont chez Claudine. Ils écoutent des disques, boivent du whisky. Marcel garde ses distances. C'est Christian qui viendra à lui.
Plus intéressante est la rencontre de Michel, à Rouen, dimanche soir. Il pleut. Marcel cherche quelqu'un pour le remonter rue des Sapins. Michel est à pied, et lui propose de venir coucher chez lui, à la Grand-Mare. Marcel accepte, et ne le regrette pas. Le mec est doux, affectueux, brutal quand il le faut, et suffisamment vicieux. Son vocabulaire, dans la jouissance, vaut son pesant de décibels. Ils dorment, peu. Ils se réveillent pour un second tour de manège.
Rapide et éphémère liaison avec Michel. Marcel devait le revoir, chez lui, mercredi soir. Mais il n'y était pas. Un mot, sur la porte, qui ne lui était pas destiné, informait qu'il avait une réunion à la mairie d'Elbeuf. Marcel lui laisse son numéro de téléphone et, le lendemain, jeudi 17, Michel lui demande de venir coucher chez lui. Ce qu'il fait. Mais Michel s'annonce fatigué. Ils s'endorment, après quelques caresses. Le matin, en se quittant, Michel lui promet de l'appeler dans la journée.
Ce qu'il ne fait pas. Marcel attend son coup de fil. Rien. Celà l'énerve. Aussi, le soir, quand il le retrouve à la gare en train de draguer, il ne s'étonne pas. Ils se séparent, Marcel lui fait un sourire ironique et monte dans la Jaguar d'un parisien de passage, tandis que Michel est subitement secoué par une quinte de toux. La Jaguar file vers Canteleu, mais s'égare au milieu de nulle part, ce qui s'avère très agréable. Georges a sûrement plus de 40 ans, il a beaucoup voyagé et il est aussi doux avant et après l'étreinte sexuelle. Au bureau, lorsque Marcel raconte son aventure à Rolande, et lui affirme que les hommes disent rarement merci après avoir obtenu satisfaction, elle est assez perplexe.
Jeudi 24, après quelques fatigues dues à son oeil gauche qui lui a fait mal mardi et mercredi, il se fait draguer par un type, place du Vieux Marché, à 18h50. Baraqué, mais plutôt con. Très excité, le mec veut le baiser en cinq minutes, dans un coin sombre, avant de retrouver sa femme qui l'attend à Elbeuf. Marcel lui annonce qu'il n'est pas du tout d'accord. Déçu mais têtu, l'autre lui donne rencard mardi prochain, à 18h15, devant l'Union.
Georges lui ayant demandé à quel endroit il draguait de préférence, Marcel lui avait signalé la gare. Lorsqu'il le voit arriver, à 22h, au volant de sa Jaguar, il est étonné et content. Il monte à ses côtés et, cette fois-ci, ils réussissent à gagner Canteleu. Les lumières de la ville lui rappellent d'autres moments agréables, avec un homme aussi viril et aussi tendre que lui.
25-26-27. Week-end au Havre, avec Rolande et Claudine. Ils regardent les diapos de Venise, puisqu'ils ont prévu d'y aller tous les trois en juin. Ils écoutent du Monteverdi.
Vendredi 4 février.
La semaine aura été longue. Marcel n'est pas sorti, et il s'emmerde au bureau. Il travaille toujours sur son dernier récit, qui est fini, mais dont il doit refaire certains passages.
Cet après-midi, il va porter du courrier à l'Urbanisme. Comme il descend la rue Bourg l'Abbé, il croise un des démolisseurs (on démolit actuellement l'ancienne baraque des Soeurs de Saint Vincent de Paul), un homme de plus de 40 ans, cheveux poivre et sel, bien bâti, qui lui fait un sourire. Ses yeux, verts, le regardent, très rieurs. Marcel est un peu étonné. En revenant, comme il lui sourit de nouveau, Marcel lui rend son sourire. Il arrive au bureau, tout excité, en chantant : "Démolissez-moi!... Mais pas trop vite!". Il demande à aller faire un tour dehors, et Peter l'envoie aux Archives. Chic, chic, chic. Entre parenthèses, tout le monde s'est mis à la fenêtre (Léontine, Rolande, Babeth) pour voir quel est ce type qui le rend dingue. Il file donc, et après avoir été aux Archives, il adresse carrément la parole au démolisseur. Ils causent, pendant plus de cinq minutes, et le "Bonne fin de journée" que l'homme lui lance lorsqu'il le quitte, le met dans un état voisin de l'extase.
Samedi 5.
Virée à Paris, tous les 3 (Claudine, Rolande et lui).
Cinéma, d'abord, avec "Les lèvres rouges", un film qui a de bons moment mais dont la direction d'acteurs, d'après Claudine, est lamentable. Apéritif, ensuite, au Flore, avec le monde habituel des polyvalents. Restaurant, pour continuer, au "Bureau" où Marcel retrouve Henri B., le "grand industriel", entouré de minets. Après avoir mangé, le trio descend au Club, qui leur fait une très bonne impression. Dommage, toutefois, qu'il y ait tant de monde. Mais, au "Nuage" où ils échouent ensuite, il y a encore plus de monde. Rolande se fait draguer pau un jeune Espagnol. Elle finit par se laisser baratiner et ils partent tous les deux pour aller dans une autre boite. Séparé de Claudine, Marcel se laisse draguer par un homme doux et viril, Noel, qui refuse de l'emmener chez lui, l'embrasse tendrement sur les lèvres et se retire. Claudine, pendant ce temps, se fait mettre la main aux fesses par un homme un peu parti. A 5h du matin, Rolande n'étant pas revenue, ils partent tous les deux en emportant son manteau. Ils prennent le train de 7h30 pour Rouen.
Lundi 7.
Visite à Henri B., à 19h30. Il a pris un bain, s'est lavé les cheveux. Enfin, il s'est fait beau. Marcel reste dans un fauteuil à siroter une bière. Henri cherche à l'avoir à la sortie. Leurs baisers s'échangent, l'un froid, l'autre insistant. Ils ont parlé de Freddy, de GiGi, des couples... Marcel était d'accord sur tout, sauf sur un point : la visite de sa chambre.
Week-end étonnant. Marcel végétait, mais le petit voyage à Paris lui a ouvert l'appêtit. Samedi 12, au Havre, il drague un minet, Christian. Ils vont chez Claudine. Ils écoutent des disques, boivent du whisky. Marcel garde ses distances. C'est Christian qui viendra à lui.
Plus intéressante est la rencontre de Michel, à Rouen, dimanche soir. Il pleut. Marcel cherche quelqu'un pour le remonter rue des Sapins. Michel est à pied, et lui propose de venir coucher chez lui, à la Grand-Mare. Marcel accepte, et ne le regrette pas. Le mec est doux, affectueux, brutal quand il le faut, et suffisamment vicieux. Son vocabulaire, dans la jouissance, vaut son pesant de décibels. Ils dorment, peu. Ils se réveillent pour un second tour de manège.
Rapide et éphémère liaison avec Michel. Marcel devait le revoir, chez lui, mercredi soir. Mais il n'y était pas. Un mot, sur la porte, qui ne lui était pas destiné, informait qu'il avait une réunion à la mairie d'Elbeuf. Marcel lui laisse son numéro de téléphone et, le lendemain, jeudi 17, Michel lui demande de venir coucher chez lui. Ce qu'il fait. Mais Michel s'annonce fatigué. Ils s'endorment, après quelques caresses. Le matin, en se quittant, Michel lui promet de l'appeler dans la journée.
Ce qu'il ne fait pas. Marcel attend son coup de fil. Rien. Celà l'énerve. Aussi, le soir, quand il le retrouve à la gare en train de draguer, il ne s'étonne pas. Ils se séparent, Marcel lui fait un sourire ironique et monte dans la Jaguar d'un parisien de passage, tandis que Michel est subitement secoué par une quinte de toux. La Jaguar file vers Canteleu, mais s'égare au milieu de nulle part, ce qui s'avère très agréable. Georges a sûrement plus de 40 ans, il a beaucoup voyagé et il est aussi doux avant et après l'étreinte sexuelle. Au bureau, lorsque Marcel raconte son aventure à Rolande, et lui affirme que les hommes disent rarement merci après avoir obtenu satisfaction, elle est assez perplexe.
Jeudi 24, après quelques fatigues dues à son oeil gauche qui lui a fait mal mardi et mercredi, il se fait draguer par un type, place du Vieux Marché, à 18h50. Baraqué, mais plutôt con. Très excité, le mec veut le baiser en cinq minutes, dans un coin sombre, avant de retrouver sa femme qui l'attend à Elbeuf. Marcel lui annonce qu'il n'est pas du tout d'accord. Déçu mais têtu, l'autre lui donne rencard mardi prochain, à 18h15, devant l'Union.
Georges lui ayant demandé à quel endroit il draguait de préférence, Marcel lui avait signalé la gare. Lorsqu'il le voit arriver, à 22h, au volant de sa Jaguar, il est étonné et content. Il monte à ses côtés et, cette fois-ci, ils réussissent à gagner Canteleu. Les lumières de la ville lui rappellent d'autres moments agréables, avec un homme aussi viril et aussi tendre que lui.
25-26-27. Week-end au Havre, avec Rolande et Claudine. Ils regardent les diapos de Venise, puisqu'ils ont prévu d'y aller tous les trois en juin. Ils écoutent du Monteverdi.
samedi 27 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -37
Marcel fréquente la Bourgeoisie.
17 janvier.
Rolande : J'ai passé la nuit de samedi à dimanche à faire l'amour. Je suis claquée.
Marcel : Avec qui?
Rolande : Avec le gérant du club 115. "Patrice". 21 ans. Brun.
Particularité de l'amant de Rolande : elle l'appelle "Titus". Il adore qu'on lui fasse une fellation, mais elle n'aime pas ça. Quand il en a envie, il lui dit "Embrasse-moi partout". Il se balade tout le temps en slip (chez lui, bien sûr), il a du tempérament, et il a des cuisses "terribles".
Vendredi 21.
Marcel a rdv à 19h avec Freddy, qu'il a revu deux fois durant ces 15 derniers jours. Freddy arrive, mais le prévient que des amis à lui vont venir les rejoindre, la famille B. : Henri B., industriel, la cinquantaine, grand et laid; GiGi, 20 ans, très beau, à la fois viril et tendre, très gentil; le chien Pirate, chien de chasse noir à poil ras, très affectueux; et enfin la voiture, une BMW blanche. Tous ensemble ils vont prendre l'apéritif aux Oubliettes, puis ils vont dîner au Henri IV, à Quincampoix = foie gras, turbot grillé, fromage, glace. Arrosé de Sauterne, Beaujolais, Champagne, Cognac. Ils retournent prendre le café aux Oubliettes, et Marcel va se coucher, à 3h du matin. Il se relève à 7h pour dégueuler la glace (ça lui avait fait le même coup après un repas au Big Ben avec Claudine. Il avait dégueulé dans le train qui les ramenait au Havre). Il mange légèrement, à midi, et il retrouve Freddy à 12h30. Ils prennent le café dans une brasserie, et ils se donnent rendez-vous pour le soir, afin de prendre le train de 20h30 pour Paris. En attendant le train, à 19h, ils vont au Milord. Dans le train, gentil bavardage intime entre Freddy et lui. Arrivés à Paris, ils retrouvent les B. devant le Flore (23h30). Ils sont accompagnés de Tacou, une femme qui s'occupe de rallyes, très expansive et qui n'aime que les pédés. Ils vont manger à la Cloche d'Or, à Montmartre = huitres, entrecôte, fruits, café. La viande est accompagnée de Beaujolais frais. Marcel annonce qu'il a envie de danser. Ils débarquent, à 2h du matin, au club 7. Il y a un monde fou. Freddy, tout de suite, déclare qu'il n'aime pas. Marcel adore : tous ces mecs pleins de fric, il les trouve marrants. Un serveur leur entoure les épaules, à GiGi et à lui. Il est très gentil, et Marcel lui sourit. La deuxième fois qu'il revient il le trouve encore plus gentil, et comme il remet son bras autour de ses épaules, il lui glisse le sien autour de la taille. Freddy, offusqué, blessé dans son amour-propre, s'éloigne sur la piste de danse. Il fait une gueule démente. Marcel fait celui qui ne comprend pas. Ils partent pour Le Nuage, boite ornée de glaces et de miroirs. Freddy faisant sa petite tête d'enfant gâté, Henri B. et GiGi se croient de leur devoir de lui "ramener" Marcel. Freddy l'embrasse, Marcel se raidit et fait de l'oeil à une grande folle qui a des vues sur lui. GiGi s'interpose et apostrophe la grande folle qui recule avec des gestes effarés. Alors que Marcel commence à s'amuser, tout le monde décide de s'en aller. Marcel les suit, s'achemine vers la sortie. La folle l'arrête, tendrement :
"Etes-vous forcé de les suivre?" .
Marcel : "Hélas, oui! Mais nous nous reverrons".
La folle : "Revenez vite!".
Leurs mains se palpent. Marcel rejoint les autres au vestiaire. Le temps de prendre son manteau, la folle est de retour. Cette fois-ci, GiGi s'énerve. "Hé quoi! s'écrie la folle, vous ne vous tenez tout de même pas pour responsable de la vertu de vos amis!". "Laisse" fait Marcel à GiGi, qui lui tape sur les nerfs. Ils rentrent. Une fois couchés, Freddy le traite d'allumeuse. La nuit est plutôt agitée.
Le dimanche passe vite. Ils prennent le café au Flore et, à 13h, ils mangent tous les 5 à la Case à Pépé (moules et paella). Le patron d'une boite leur offre le champagne, auquel Marcel touche très peu, car il se sent barbouillé. Ils reprennent la route pour Rouen. Afin d'avoir avoir la paix, dans la voiture, il fait semblant de dormir, tout en caressant le chien qui somnole à ses pieds. Il se couche, seul, chez lui, à 19h.
Week-end du 29-30 passé au Havre.
Le samedi soir, ils devaient aller faire des crêpes chez une amie de Claudine, mais Marcel est pris de coliques nerveuses.
Lundi 31 il arrive au bureau, très mal en point : fiévreux, mal aux reins, mal au ventre, et avec un début d'angine. Il se couche le soir à 21h et ne s'endort qu'après un bon grog au whisky.
Rêve érotique le mardi 1er février, de bonne heure :
Il est avec Claudine dans un cinéma où on donne un film avec Martine Carol. Il s'extasie sur la beauté de cette ancienne actrice. Claudine flirte avec un type à côté d'elle. Ils se retrouvent sur un lit, tous les trois, dans une pièce nue. Le type n'est pas mal foutu du tout, et Marcel commence à s'occuper de lui.
Rêve érotique le jeudi 3 février, encore de bonne heure :
Son cher beau-frère vient le surprendre par derrière. Marcel glisse ses mains dans son dos, à l'intérieur de son slip bleu, et pétrouille avidement ses grosses fesses blondes.
La veille, reçu une lettre de Serge, des USA, qu'il fait lire à Claudine, Rolande et Léontine.
17 janvier.
Rolande : J'ai passé la nuit de samedi à dimanche à faire l'amour. Je suis claquée.
Marcel : Avec qui?
Rolande : Avec le gérant du club 115. "Patrice". 21 ans. Brun.
Particularité de l'amant de Rolande : elle l'appelle "Titus". Il adore qu'on lui fasse une fellation, mais elle n'aime pas ça. Quand il en a envie, il lui dit "Embrasse-moi partout". Il se balade tout le temps en slip (chez lui, bien sûr), il a du tempérament, et il a des cuisses "terribles".
Vendredi 21.
Marcel a rdv à 19h avec Freddy, qu'il a revu deux fois durant ces 15 derniers jours. Freddy arrive, mais le prévient que des amis à lui vont venir les rejoindre, la famille B. : Henri B., industriel, la cinquantaine, grand et laid; GiGi, 20 ans, très beau, à la fois viril et tendre, très gentil; le chien Pirate, chien de chasse noir à poil ras, très affectueux; et enfin la voiture, une BMW blanche. Tous ensemble ils vont prendre l'apéritif aux Oubliettes, puis ils vont dîner au Henri IV, à Quincampoix = foie gras, turbot grillé, fromage, glace. Arrosé de Sauterne, Beaujolais, Champagne, Cognac. Ils retournent prendre le café aux Oubliettes, et Marcel va se coucher, à 3h du matin. Il se relève à 7h pour dégueuler la glace (ça lui avait fait le même coup après un repas au Big Ben avec Claudine. Il avait dégueulé dans le train qui les ramenait au Havre). Il mange légèrement, à midi, et il retrouve Freddy à 12h30. Ils prennent le café dans une brasserie, et ils se donnent rendez-vous pour le soir, afin de prendre le train de 20h30 pour Paris. En attendant le train, à 19h, ils vont au Milord. Dans le train, gentil bavardage intime entre Freddy et lui. Arrivés à Paris, ils retrouvent les B. devant le Flore (23h30). Ils sont accompagnés de Tacou, une femme qui s'occupe de rallyes, très expansive et qui n'aime que les pédés. Ils vont manger à la Cloche d'Or, à Montmartre = huitres, entrecôte, fruits, café. La viande est accompagnée de Beaujolais frais. Marcel annonce qu'il a envie de danser. Ils débarquent, à 2h du matin, au club 7. Il y a un monde fou. Freddy, tout de suite, déclare qu'il n'aime pas. Marcel adore : tous ces mecs pleins de fric, il les trouve marrants. Un serveur leur entoure les épaules, à GiGi et à lui. Il est très gentil, et Marcel lui sourit. La deuxième fois qu'il revient il le trouve encore plus gentil, et comme il remet son bras autour de ses épaules, il lui glisse le sien autour de la taille. Freddy, offusqué, blessé dans son amour-propre, s'éloigne sur la piste de danse. Il fait une gueule démente. Marcel fait celui qui ne comprend pas. Ils partent pour Le Nuage, boite ornée de glaces et de miroirs. Freddy faisant sa petite tête d'enfant gâté, Henri B. et GiGi se croient de leur devoir de lui "ramener" Marcel. Freddy l'embrasse, Marcel se raidit et fait de l'oeil à une grande folle qui a des vues sur lui. GiGi s'interpose et apostrophe la grande folle qui recule avec des gestes effarés. Alors que Marcel commence à s'amuser, tout le monde décide de s'en aller. Marcel les suit, s'achemine vers la sortie. La folle l'arrête, tendrement :
"Etes-vous forcé de les suivre?" .
Marcel : "Hélas, oui! Mais nous nous reverrons".
La folle : "Revenez vite!".
Leurs mains se palpent. Marcel rejoint les autres au vestiaire. Le temps de prendre son manteau, la folle est de retour. Cette fois-ci, GiGi s'énerve. "Hé quoi! s'écrie la folle, vous ne vous tenez tout de même pas pour responsable de la vertu de vos amis!". "Laisse" fait Marcel à GiGi, qui lui tape sur les nerfs. Ils rentrent. Une fois couchés, Freddy le traite d'allumeuse. La nuit est plutôt agitée.
Le dimanche passe vite. Ils prennent le café au Flore et, à 13h, ils mangent tous les 5 à la Case à Pépé (moules et paella). Le patron d'une boite leur offre le champagne, auquel Marcel touche très peu, car il se sent barbouillé. Ils reprennent la route pour Rouen. Afin d'avoir avoir la paix, dans la voiture, il fait semblant de dormir, tout en caressant le chien qui somnole à ses pieds. Il se couche, seul, chez lui, à 19h.
Week-end du 29-30 passé au Havre.
Le samedi soir, ils devaient aller faire des crêpes chez une amie de Claudine, mais Marcel est pris de coliques nerveuses.
Lundi 31 il arrive au bureau, très mal en point : fiévreux, mal aux reins, mal au ventre, et avec un début d'angine. Il se couche le soir à 21h et ne s'endort qu'après un bon grog au whisky.
Rêve érotique le mardi 1er février, de bonne heure :
Il est avec Claudine dans un cinéma où on donne un film avec Martine Carol. Il s'extasie sur la beauté de cette ancienne actrice. Claudine flirte avec un type à côté d'elle. Ils se retrouvent sur un lit, tous les trois, dans une pièce nue. Le type n'est pas mal foutu du tout, et Marcel commence à s'occuper de lui.
Rêve érotique le jeudi 3 février, encore de bonne heure :
Son cher beau-frère vient le surprendre par derrière. Marcel glisse ses mains dans son dos, à l'intérieur de son slip bleu, et pétrouille avidement ses grosses fesses blondes.
La veille, reçu une lettre de Serge, des USA, qu'il fait lire à Claudine, Rolande et Léontine.
vendredi 26 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -36
Marcel se marie et divorce.
Alain est venu à Rouen, le 10 décembre au soir, pendant que Rolande était au Havre, où elle se cassera le nez, Claudine étant chez des cousines, le moral bien bas.
Alain est vorace, et tenace. Il a apporté les alliances. Les voilà mariés. Mais Marcel a mal à son oeil, et faire l'amour le fatigue. Rien que dans l'après-midi de dimanche, Alain jouira 5 fois, utilisant aussi bien sa propre main que celle de Marcel, ou encore les bulles de la baignoire ou différentes pénétrations plus ou moins performantes. Le soir, à la gare, au moment de reprendre son train, il se fait remarquer par son attitude exubérante, et un noir les apostrophe violemment.
Le week-end suivant, c'est Marcel qui va à Paris. Mais l'amour d'Alain, dévorant, capricieux et jaloux commence sérieusement à le lasser. Le samedi soir (le 18), Alain l'emmène en boite. La musique gueule, les minets se collent l'un à l'autre. Pas moyen de danser. Marcel sirote un Coca-cola, assis, et refuse de se trémousser. Il apprendra plus tard, de la bouche même d'Alain, qu'il ne l'avait emmené là que dans le but d'y rencontrer son ancien amant, Philippe, afin de le rendre jaloux et de lui casser la figure. Mais Philippe n'est pas là, et au moment où Marcel commençait enfin à s'amuser (un joli vieux s'étant assis près de lui et le regardant avec conviction), Alain saisit son blouson et l'entraîne dehors. Il fait la gueule, Marcel aussi. Le dimanche se passe un peu mieux, d'abord chez Rémy, ami d'Alain, qui a une installation électrique formidable, puis chez des amis de Rémy, nouvellement installés. Marcel prend son train, file à Rouen. Ses vacances (15 jours) sont terminées. Son amour pour Alain aussi.
Le retour au bureau est vraiment bouleversant : Peter et Babeth sont mariés! Elle est enceinte, et Peter continue de courir après Rolande. Celle-ci, croyant Marcel rangé des voitures, a accusé durement le coup, mais son divorce prochain rétablit la situation. Car Marcel a invité Alain à venir au Havre : il pense que le climat havrais lui sera fatal. En effet, Alain n'aime pas son aisance avec Claudine, et la musique classique le met hors de lui. Il n'aime et ne veut que le lit. Et, au 26 au soir, Marcel se retrouve libre. Plus de mari. Il bouquine coup sur coup "Un rêve américain", "Les marais" et deux Hadley Chase.
Mercredi 5 janvier.
Rêve, vers 6h du matin.
Marcel est dans une grande et belle pièce, meublée, fermée, avec un homme et une femme. Celle-ci, assez âgée, ne s'occupe pas d'eux. L'homme a une grande blouse grise. Il renverse Marcel complétement : tête en bas, jambes en l'air, et promène sa bouche sur ses fesses et ses parties intimes. Puis il le remet dans une position plus confortable et s'occupe de lui avec sa main. Il a ramassé un mouchoir par terre, sans doute pour y receuillir le fruit de sa jouissance, mais Marcel se réveille brusquement. Il se touche : il n'a pas joui mais il est en érection. Son voisin de pallier est levé. Il est 6h30. Il se rendort.
Deuxième rêve, plus compliqué. Il y a une maison, un parc, des barrières, des grilles. Tout celà est assez sale, boueux. Le ciel est gris. Il y a, plus loin, un charnier. C'est un décor à la Poe : pourriture et putréfaction. Les barrières sont étonnantes : il faut les soulever à deux pour les emboîter dans un énorme pilon. Après les avoir fermées, Marcel se risque de l'autre côté, dans un endroit plus accueillant : une piste où courent des élèves. Justement, un groupe arrive vers lui. Ce sont des adolescents. La plupart sont en short. Marcel les regarde et jette son dévolu sur un mec baraqué, mais qui a gardé son blue-jean. Il lui ordonne de l'enlever. Il semble gêné. En effet, il n'a pas de slip en dessous, et a honte de montrer son gros ventre et sa petite bite.
La sonnerie du réveil l'arrache à ses fantasmes.
Samedi 8.
Marcel travaille à ses récits.
Semaine peu encourageante. Rolande lui ayant fait une réflexion désagréable : "Vivement que tu ais un nouveau mari, que tu me foutes la paix!" il a décidé de ne plus l'emmerder. Depuis mercredi il ne lui parle pratiquement plus.
Ce soir, il va à la gare, dans l'espoir de voir se radiner un de ses copains. Il fait la connaissance d'un certain François, qui a une ravissante petite chienne, et qui l'emmène à La Souricière, où il retrouve son ami Patrick. Après avoir bu un coup, ils partent tous les trois chez François, une maison isolée en pleine cambrousse. Ils boivent du vin d'Anjou et ils se couchent. Une main volontaire s'égare sous les draps, et les voilà couchés les uns sur les autres.
Réveil à 6h20. Café, puis ils prennent la route de Rouen, et ils laissent Marcel devant chez lui. Il se couche, mais impossible de se rendormir. Il prend un bon bain.
Histoire connue, racontée par Noeud-Noeud, qui s'occupe du courrier à la Mairie :
Le Maître d'école à ses élèves : "Savez-vous ce que c'est qu'une rime?". Un élève : "Oui, monsieur!" - "Eh bien, Dupont, donnez-nous un exemple" - "Quand je vais à la pêche aux écrevisses, l'eau me monte jusqu'aux cuisses" - "Très bien, Dupont. Pouvez-vous nous donner un autre exemple?" - "Oui, monsieur : Quand je vais à la chasse aux grenouilles, l'eau me monte jusqu'aux... genoux" - "Mais voyons, Dupont, ça ne rime pas!" - "C'est que, monsieur... il n'y avait pas assez d'eau!".
Tout le monde se marre.
Samedi 15 - Dimanche 16. Le Havre.
Week-end assez négatif, dans l'ensemble. Un autre ménage à trois semblait se reformer, samedi soir : Claudine, Jean-Pierre, Marcel. Sur la musique de "West Side Story". Mais le Jean-Pierre en question, amené par Claudine, ne supporte pas le vin d'Anjou, que François avait donné à Marcel en souvenir du dernier week-end. Complétement bourré il crie, sur le lit "Ah! Bouffez-moi la chatte!" mais les deux autres n'ont pas du tout envie de s'exécuter, et lorsqu'il s'en va, à 19h30, ils savent qu'ils ne le reverront pas, malgré ses promesses de les emmener le soir-même au restaurant.
Le dimanche, morne, se passe entre les disques, la visite de Mamie, et la solitude à deux.
Alain est venu à Rouen, le 10 décembre au soir, pendant que Rolande était au Havre, où elle se cassera le nez, Claudine étant chez des cousines, le moral bien bas.
Alain est vorace, et tenace. Il a apporté les alliances. Les voilà mariés. Mais Marcel a mal à son oeil, et faire l'amour le fatigue. Rien que dans l'après-midi de dimanche, Alain jouira 5 fois, utilisant aussi bien sa propre main que celle de Marcel, ou encore les bulles de la baignoire ou différentes pénétrations plus ou moins performantes. Le soir, à la gare, au moment de reprendre son train, il se fait remarquer par son attitude exubérante, et un noir les apostrophe violemment.
Le week-end suivant, c'est Marcel qui va à Paris. Mais l'amour d'Alain, dévorant, capricieux et jaloux commence sérieusement à le lasser. Le samedi soir (le 18), Alain l'emmène en boite. La musique gueule, les minets se collent l'un à l'autre. Pas moyen de danser. Marcel sirote un Coca-cola, assis, et refuse de se trémousser. Il apprendra plus tard, de la bouche même d'Alain, qu'il ne l'avait emmené là que dans le but d'y rencontrer son ancien amant, Philippe, afin de le rendre jaloux et de lui casser la figure. Mais Philippe n'est pas là, et au moment où Marcel commençait enfin à s'amuser (un joli vieux s'étant assis près de lui et le regardant avec conviction), Alain saisit son blouson et l'entraîne dehors. Il fait la gueule, Marcel aussi. Le dimanche se passe un peu mieux, d'abord chez Rémy, ami d'Alain, qui a une installation électrique formidable, puis chez des amis de Rémy, nouvellement installés. Marcel prend son train, file à Rouen. Ses vacances (15 jours) sont terminées. Son amour pour Alain aussi.
Le retour au bureau est vraiment bouleversant : Peter et Babeth sont mariés! Elle est enceinte, et Peter continue de courir après Rolande. Celle-ci, croyant Marcel rangé des voitures, a accusé durement le coup, mais son divorce prochain rétablit la situation. Car Marcel a invité Alain à venir au Havre : il pense que le climat havrais lui sera fatal. En effet, Alain n'aime pas son aisance avec Claudine, et la musique classique le met hors de lui. Il n'aime et ne veut que le lit. Et, au 26 au soir, Marcel se retrouve libre. Plus de mari. Il bouquine coup sur coup "Un rêve américain", "Les marais" et deux Hadley Chase.
Mercredi 5 janvier.
Rêve, vers 6h du matin.
Marcel est dans une grande et belle pièce, meublée, fermée, avec un homme et une femme. Celle-ci, assez âgée, ne s'occupe pas d'eux. L'homme a une grande blouse grise. Il renverse Marcel complétement : tête en bas, jambes en l'air, et promène sa bouche sur ses fesses et ses parties intimes. Puis il le remet dans une position plus confortable et s'occupe de lui avec sa main. Il a ramassé un mouchoir par terre, sans doute pour y receuillir le fruit de sa jouissance, mais Marcel se réveille brusquement. Il se touche : il n'a pas joui mais il est en érection. Son voisin de pallier est levé. Il est 6h30. Il se rendort.
Deuxième rêve, plus compliqué. Il y a une maison, un parc, des barrières, des grilles. Tout celà est assez sale, boueux. Le ciel est gris. Il y a, plus loin, un charnier. C'est un décor à la Poe : pourriture et putréfaction. Les barrières sont étonnantes : il faut les soulever à deux pour les emboîter dans un énorme pilon. Après les avoir fermées, Marcel se risque de l'autre côté, dans un endroit plus accueillant : une piste où courent des élèves. Justement, un groupe arrive vers lui. Ce sont des adolescents. La plupart sont en short. Marcel les regarde et jette son dévolu sur un mec baraqué, mais qui a gardé son blue-jean. Il lui ordonne de l'enlever. Il semble gêné. En effet, il n'a pas de slip en dessous, et a honte de montrer son gros ventre et sa petite bite.
La sonnerie du réveil l'arrache à ses fantasmes.
Samedi 8.
Marcel travaille à ses récits.
Semaine peu encourageante. Rolande lui ayant fait une réflexion désagréable : "Vivement que tu ais un nouveau mari, que tu me foutes la paix!" il a décidé de ne plus l'emmerder. Depuis mercredi il ne lui parle pratiquement plus.
Ce soir, il va à la gare, dans l'espoir de voir se radiner un de ses copains. Il fait la connaissance d'un certain François, qui a une ravissante petite chienne, et qui l'emmène à La Souricière, où il retrouve son ami Patrick. Après avoir bu un coup, ils partent tous les trois chez François, une maison isolée en pleine cambrousse. Ils boivent du vin d'Anjou et ils se couchent. Une main volontaire s'égare sous les draps, et les voilà couchés les uns sur les autres.
Réveil à 6h20. Café, puis ils prennent la route de Rouen, et ils laissent Marcel devant chez lui. Il se couche, mais impossible de se rendormir. Il prend un bon bain.
Histoire connue, racontée par Noeud-Noeud, qui s'occupe du courrier à la Mairie :
Le Maître d'école à ses élèves : "Savez-vous ce que c'est qu'une rime?". Un élève : "Oui, monsieur!" - "Eh bien, Dupont, donnez-nous un exemple" - "Quand je vais à la pêche aux écrevisses, l'eau me monte jusqu'aux cuisses" - "Très bien, Dupont. Pouvez-vous nous donner un autre exemple?" - "Oui, monsieur : Quand je vais à la chasse aux grenouilles, l'eau me monte jusqu'aux... genoux" - "Mais voyons, Dupont, ça ne rime pas!" - "C'est que, monsieur... il n'y avait pas assez d'eau!".
Tout le monde se marre.
Samedi 15 - Dimanche 16. Le Havre.
Week-end assez négatif, dans l'ensemble. Un autre ménage à trois semblait se reformer, samedi soir : Claudine, Jean-Pierre, Marcel. Sur la musique de "West Side Story". Mais le Jean-Pierre en question, amené par Claudine, ne supporte pas le vin d'Anjou, que François avait donné à Marcel en souvenir du dernier week-end. Complétement bourré il crie, sur le lit "Ah! Bouffez-moi la chatte!" mais les deux autres n'ont pas du tout envie de s'exécuter, et lorsqu'il s'en va, à 19h30, ils savent qu'ils ne le reverront pas, malgré ses promesses de les emmener le soir-même au restaurant.
Le dimanche, morne, se passe entre les disques, la visite de Mamie, et la solitude à deux.
mercredi 24 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -35
Marcel va voir les ballets Moisseiev.
Mercredi 24 novembre.
Bonne soirée. Claudine l'attend à 18h. Ils vont faire des courses à Monoprix où ils ont des difficultés avec un certain savon Dédoril qui s'acharne à vouloir cavaler. Ensuite, après avoir mangé, ils montent chez Marcel se changer. Il lui apprend le prochain mariage de Christa Ludwig avec P.E.Deiber. Il lui fait part également des contrariétés de Rolande qui, ayant du retard avec ses règles, a peur d'être enceinte.
Ils redescendent passer une heure chez Germaine, où ils retrouvent Michou, et l'ami de celui-ci, Jean-Marie. Claudine, qui n'est pas d'une humeur folle (elle a passé ses 3 jours de congés à s'emmerder au Havre) retrouve un peu le sourire au contact principalement du petit chien d'Oural, qui lui léche et lui mord le nez.
Après avoir conduit Claudine à la gare, Marcel retrouve David, qui l'emmène à Canteleu. Celui-ci le fait rire en lui disant que les filles de la rue du Baillage (les nouvelles, pas les anciennes, qui n'y sont plus) voulaient l'avoir comme souteneur. Après tout, celà ne lui irait pas si mal. Moments de plaisir habituels dans la bagnole. Marcel entend dans son dos le coeur de son amant qui bat à tout rompre. Il est obligé de l'aider à se relever, non seulement parce que ça devient inquiétant, mais surtout parce qu'il l'écrabouille. Comme toujours, sur le chemin du retour, ils n'échangent pas une parole. Marcel connait désormais l'issue de cette liaision : le jour où il rencontrera quelqu'un de libre, de stable, et avec qui il pourra construire une vie à deux, il laissera tomber David, il ne cherchera pas à le revoir, et il n'en aura aucun regret même s'il éprouve pour lui une attirance incontournable.
Jeudi 25.
Histoire racontée par Léontine :
Deux bonnes soeurs veulent se démunir d'une 2CV pour acheter d'occasion une voiture plus confortable. Elles se rendent chez un garagiste, se débarrassent de leur chiotte et achètent une autre bagnole. Tous les papiers étant signés les bonnes soeurs, au lieu de s'en aller, attendent. Le revendeur s'en aperçoit et s'étonne : "Mais qu'est-ce que vous attendez, mes soeurs? Tout est réglé, terminé!...". La plus dégourdie s'avance, un peu étonnée, et explique : "Eh bien, c'est-à-dire... On nous a dit que lorsqu'on achetait une voiture d'occasion, on se faisait toujours baiser...".
Vendredi 26.
Soirée chez Germaine. Couché à 4h du matin. Quelques personnages : Michou, bien sûr, Jean-Marie, Josée (future femme de Germaine) blonde, belle, fine, un peu garce, Robert (marié, père de famille, en instance de divorce, et qui drague Rolande) et Joséphine, une superbe gouine, noire de cheveu, petite mais svelte, fine et intelligente.
Samedi 27.
Malgré la fatigue, Marcel est très en forme. Aussi, l'après-midi, lorsqu'il annonce à Rolande qu'il n'a pas l'intention de se coucher de bonne heure, elle se referme parce qu'il ne l'invite pas à sortir avec lui.
A 22h, à la gare, Daniel vient directement à lui. Ils vont rue des Sapins. Très amoureux, le mec se fout à poil à une allure record. Marcel a l'impression qu'il s'est élargi ("Il doit faire du foot, se dit-il, pour avoir des cuisses pareilles!"). Même une fois rhabillé, Daniel reste assis sur le lit, en veston et cravate, et continue à s'occuper de lui.
Dimanche 28.
Reposé, il accueille Claudine. L'après-midi, couchés, ils écoutent la Tribune des critiques de disques. Ensuite, ils vont voir "Les Diables", le film qui tient l'affiche à Rouen depuis 4 semaines (ce que les gens sont sadiques, tout de même!). "Dans 10 ans, proclame Claudine, ce navet sera un classique de l'humour noir!" mais Marcel n'est pas d'accord : il trouve Oliver Reed franchement érotique, même si son personnage n'a pas le charisme de "Women in Love".
Le samedi 4 décembre, après une Décaméronale fort réussie la veille, ils vont -Rolande, Marcel et Claudine- beau trio, à Paris.
La revue des magasins suit son cours habituel et, le soir, ils échouent dans un hôtel où un seul lit accueille leurs trois corps fatigués d'avoir trop bien dîné (à la Fagotière, un endroit fort bien, ma foi). Marcel ne dort pourtant pas, ou si peu, et il se réveille le lendemain matin -dimanche 5, donc- avec son oiseau dans la main de Rolande. Elle est étonnée de sa taille, normale pourtant, mais insoupçonnable en temps de repos. Il leur faut bien se lever, partir, dans le froid et la brume, pour échouer, complétement gelés, à Versailles. Le château a des allures de cimetière, le parc est engoncé dans un brouillard copieux. Ils rentrent à Paris.
Au fait, pourquoi sont-ils allés à Paris? C'est parce que Claudine a pris des places pour les ballets Moisseiev. Comme ils sont contents! En attendant, ils mettent la gamine (Rolande) au train. Il est 14h15. Que faire? Que faire jusqu'à 17h? Ils pensent à descendre dans le métro pour y glaner quelque chaleur. Ils seront à l'abri et ils pourront regarder passer les gens, comme de gentils touristes ébahis. Mais, ayant vu un garçon dans les tasses de la gare, pas mal foutu et d'un abord abordable, Marcel hésite, en parle à Claudine : "On peut toujours parlementer, il ne nous bouffera pas et ça nous aidera à passer le temps". Comme elle approuve, il file derrière le mec, le rejoint dans un coin de la gare où il fait semblant d'éplucher des cartes postales, et ils se parlent. Acceptée, Claudine rapplique. Le jeune loubard décide de les conduire chez lui. Il y fait bon, chaud, même si c'est plutôt le bordel. Sa collection de disques est moins passionnante que son corps de voyou musclé : Sheila, Mireille Mathieu, Dalida. Ce n'est pas ce que préfère Marcel qui réclame "Le temps des cerises" par Nana Mouskouri. Alain, il s'appelle Alain, est déjà à poil sur le lit avec Claudine : "Débrouille-toi!" crie-t-il à Marcel qui fouine dans la pièce à la recherche du disque, le trouve enfin. Il s'éloigne discrètement jusqu'à la fenêtre pour les laisser s'ébattre en paix. Lorsqu'il pense qu'ils ont fini (il entend Alain dire à Claudine qu'il en a "foutu partout") il peut retourner vers le lit. Alain, le sexe pudiquement caché sous une serviette éponge, l'invite à se soulager à son tour. Devant son refus, il insiste et Marcel cède. Les voilà au lit tous les deux. Oui mais voilà, la cloison est légère, et les voisins font tellement de bruit que Marcel n'arrive pas à se laisser aller. "Reviens ce soir, lui souffle Alain, nous ferons l'amour toute la nuit. Mais viens sans ta vieille!". Marcel promet. "Je t'aime" lui dit Alain. Marcel se marre, il connaît la chanson, mais le mec est vraiment bien foutu, avec un cul bien bombé et bien ferme.
Le temps passe, " Le temps des cerises est fini" il faut partir. 17h. Le Palais des Sports les attend, glorieux dans son horreur -et bondé. Le ballet commence bien, finit mal avec du folklo façon Châtelet (les danses du Prince Igor). Ils filent. A la gare, Alain est là! Claudine s'en va, pas contente. Les mecs jouissent à fond, avec enthousiasme. Alain veut le mariage! Sa persuasion est contagieuse. Ils essayent de dormir -mal. Il semblerait même que les voisins font la même chose qu'eux. Etrange. Toujours est-il qu'Alain est décidé à venir à Rouen, le week-end prochain.
Mercredi 24 novembre.
Bonne soirée. Claudine l'attend à 18h. Ils vont faire des courses à Monoprix où ils ont des difficultés avec un certain savon Dédoril qui s'acharne à vouloir cavaler. Ensuite, après avoir mangé, ils montent chez Marcel se changer. Il lui apprend le prochain mariage de Christa Ludwig avec P.E.Deiber. Il lui fait part également des contrariétés de Rolande qui, ayant du retard avec ses règles, a peur d'être enceinte.
Ils redescendent passer une heure chez Germaine, où ils retrouvent Michou, et l'ami de celui-ci, Jean-Marie. Claudine, qui n'est pas d'une humeur folle (elle a passé ses 3 jours de congés à s'emmerder au Havre) retrouve un peu le sourire au contact principalement du petit chien d'Oural, qui lui léche et lui mord le nez.
Après avoir conduit Claudine à la gare, Marcel retrouve David, qui l'emmène à Canteleu. Celui-ci le fait rire en lui disant que les filles de la rue du Baillage (les nouvelles, pas les anciennes, qui n'y sont plus) voulaient l'avoir comme souteneur. Après tout, celà ne lui irait pas si mal. Moments de plaisir habituels dans la bagnole. Marcel entend dans son dos le coeur de son amant qui bat à tout rompre. Il est obligé de l'aider à se relever, non seulement parce que ça devient inquiétant, mais surtout parce qu'il l'écrabouille. Comme toujours, sur le chemin du retour, ils n'échangent pas une parole. Marcel connait désormais l'issue de cette liaision : le jour où il rencontrera quelqu'un de libre, de stable, et avec qui il pourra construire une vie à deux, il laissera tomber David, il ne cherchera pas à le revoir, et il n'en aura aucun regret même s'il éprouve pour lui une attirance incontournable.
Jeudi 25.
Histoire racontée par Léontine :
Deux bonnes soeurs veulent se démunir d'une 2CV pour acheter d'occasion une voiture plus confortable. Elles se rendent chez un garagiste, se débarrassent de leur chiotte et achètent une autre bagnole. Tous les papiers étant signés les bonnes soeurs, au lieu de s'en aller, attendent. Le revendeur s'en aperçoit et s'étonne : "Mais qu'est-ce que vous attendez, mes soeurs? Tout est réglé, terminé!...". La plus dégourdie s'avance, un peu étonnée, et explique : "Eh bien, c'est-à-dire... On nous a dit que lorsqu'on achetait une voiture d'occasion, on se faisait toujours baiser...".
Vendredi 26.
Soirée chez Germaine. Couché à 4h du matin. Quelques personnages : Michou, bien sûr, Jean-Marie, Josée (future femme de Germaine) blonde, belle, fine, un peu garce, Robert (marié, père de famille, en instance de divorce, et qui drague Rolande) et Joséphine, une superbe gouine, noire de cheveu, petite mais svelte, fine et intelligente.
Samedi 27.
Malgré la fatigue, Marcel est très en forme. Aussi, l'après-midi, lorsqu'il annonce à Rolande qu'il n'a pas l'intention de se coucher de bonne heure, elle se referme parce qu'il ne l'invite pas à sortir avec lui.
A 22h, à la gare, Daniel vient directement à lui. Ils vont rue des Sapins. Très amoureux, le mec se fout à poil à une allure record. Marcel a l'impression qu'il s'est élargi ("Il doit faire du foot, se dit-il, pour avoir des cuisses pareilles!"). Même une fois rhabillé, Daniel reste assis sur le lit, en veston et cravate, et continue à s'occuper de lui.
Dimanche 28.
Reposé, il accueille Claudine. L'après-midi, couchés, ils écoutent la Tribune des critiques de disques. Ensuite, ils vont voir "Les Diables", le film qui tient l'affiche à Rouen depuis 4 semaines (ce que les gens sont sadiques, tout de même!). "Dans 10 ans, proclame Claudine, ce navet sera un classique de l'humour noir!" mais Marcel n'est pas d'accord : il trouve Oliver Reed franchement érotique, même si son personnage n'a pas le charisme de "Women in Love".
Le samedi 4 décembre, après une Décaméronale fort réussie la veille, ils vont -Rolande, Marcel et Claudine- beau trio, à Paris.
La revue des magasins suit son cours habituel et, le soir, ils échouent dans un hôtel où un seul lit accueille leurs trois corps fatigués d'avoir trop bien dîné (à la Fagotière, un endroit fort bien, ma foi). Marcel ne dort pourtant pas, ou si peu, et il se réveille le lendemain matin -dimanche 5, donc- avec son oiseau dans la main de Rolande. Elle est étonnée de sa taille, normale pourtant, mais insoupçonnable en temps de repos. Il leur faut bien se lever, partir, dans le froid et la brume, pour échouer, complétement gelés, à Versailles. Le château a des allures de cimetière, le parc est engoncé dans un brouillard copieux. Ils rentrent à Paris.
Au fait, pourquoi sont-ils allés à Paris? C'est parce que Claudine a pris des places pour les ballets Moisseiev. Comme ils sont contents! En attendant, ils mettent la gamine (Rolande) au train. Il est 14h15. Que faire? Que faire jusqu'à 17h? Ils pensent à descendre dans le métro pour y glaner quelque chaleur. Ils seront à l'abri et ils pourront regarder passer les gens, comme de gentils touristes ébahis. Mais, ayant vu un garçon dans les tasses de la gare, pas mal foutu et d'un abord abordable, Marcel hésite, en parle à Claudine : "On peut toujours parlementer, il ne nous bouffera pas et ça nous aidera à passer le temps". Comme elle approuve, il file derrière le mec, le rejoint dans un coin de la gare où il fait semblant d'éplucher des cartes postales, et ils se parlent. Acceptée, Claudine rapplique. Le jeune loubard décide de les conduire chez lui. Il y fait bon, chaud, même si c'est plutôt le bordel. Sa collection de disques est moins passionnante que son corps de voyou musclé : Sheila, Mireille Mathieu, Dalida. Ce n'est pas ce que préfère Marcel qui réclame "Le temps des cerises" par Nana Mouskouri. Alain, il s'appelle Alain, est déjà à poil sur le lit avec Claudine : "Débrouille-toi!" crie-t-il à Marcel qui fouine dans la pièce à la recherche du disque, le trouve enfin. Il s'éloigne discrètement jusqu'à la fenêtre pour les laisser s'ébattre en paix. Lorsqu'il pense qu'ils ont fini (il entend Alain dire à Claudine qu'il en a "foutu partout") il peut retourner vers le lit. Alain, le sexe pudiquement caché sous une serviette éponge, l'invite à se soulager à son tour. Devant son refus, il insiste et Marcel cède. Les voilà au lit tous les deux. Oui mais voilà, la cloison est légère, et les voisins font tellement de bruit que Marcel n'arrive pas à se laisser aller. "Reviens ce soir, lui souffle Alain, nous ferons l'amour toute la nuit. Mais viens sans ta vieille!". Marcel promet. "Je t'aime" lui dit Alain. Marcel se marre, il connaît la chanson, mais le mec est vraiment bien foutu, avec un cul bien bombé et bien ferme.
Le temps passe, " Le temps des cerises est fini" il faut partir. 17h. Le Palais des Sports les attend, glorieux dans son horreur -et bondé. Le ballet commence bien, finit mal avec du folklo façon Châtelet (les danses du Prince Igor). Ils filent. A la gare, Alain est là! Claudine s'en va, pas contente. Les mecs jouissent à fond, avec enthousiasme. Alain veut le mariage! Sa persuasion est contagieuse. Ils essayent de dormir -mal. Il semblerait même que les voisins font la même chose qu'eux. Etrange. Toujours est-il qu'Alain est décidé à venir à Rouen, le week-end prochain.
mardi 23 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -34
Marcel se bat avec Rolande.
Semaine du 10 au 17 octobre.
Marcel est sorti tous les soirs. Est-ce l'idée de passer en Correctionnelle qui le défoule à ce point?
Il a passé deux soirées avec Freddy (dimanche 11 et jeudi 14). Mercredi 13, il est sorti avec Claudine et Rolande. Ils se sont fait la gueule avec un ensemble parfait. Vendredi soir il a rencontré un type superbe qui aurait plu à Rolande : tempes grisonnantes, corps mince et musclé, entreprenant et vicieux ("Ah! Je t'encule! Je t'encule!").
Samedi 16, diner avec Freddy : Americano au Diplomate, et resto chez Tony. Repas succulent : moules à l'Espagnol, couscous, pâtisseries, thé à la menthe, en partie gâché par l'incontrôlable baratin du jeune éphèbe très porté sur les commérages interminables.
Semaine du 18 au 24 octobre.
Semaine calme dans l'ensemble. Claudine a attrapé des morpions en baisant avec un jeune loubard dans une maison en construction (ou en démolition? elle n'a pas précisé).
Mardi soir, en allant chez Rolande, Marcel est passé à la gare, où il a retrouvé, dans les tasses, le type qui faisait courir tout le monde place du Vieux Marché. Toujours aussi impressionnant et indifférent à son égard. Sans se démonter, il est donc allé chez Rolande, mais elle n'était pas là. En revenant (22h30, peut-être plus) comme il n'avait pas envie de remonter à pied, il a trouvé un homme sympa pour le raccompagner, dans une jolie 2CV. Une fois arrivé rue des Sapins, il l'a remercié et l'a laissé en plan devant la grille.
Ses rapports avec Rolande sont toujours aussi venimeux. Elle devait venir passer le week-end au Havre. Mais vendredi, elle a repris avec Peter ses mauvaises habitudes : échange de petits bouts de papier. Le midi, à la Maison des Jeunes, Marcel lui a annoncé qu'elle avait jusqu'à 16h pour avouer ce qu'elle lui avait écrit. A 16h, comme elle ne voulait rien lui dire, il a décroché le téléphone et il a annoncé à Claudine qu'elle ne viendrait pas. En partant, à 18h, il a trouvé un mot dans la poche de son imperméable : "C'est terminé, Marcel". C'était tellement absurde qu'il a ri pendant 5 minutes. Au Havre, il lui a écrit une lettre cinglante où il lui reproche sa lâcheté.
Très beau temps, samedi et dimanche. Il en a profité pour taper la 2ème partie de son nouveau récit. Il avait tapé la 1ère partie sur la machine à écrire de Babeth, au bureau.
Dimanche soir, au Havre, il drague un jeune, plutôt costaud. Il a du mal à l'avoir. Après avoir tourné en rond pendant une demi-heure, le micheton se décide enfin à se laisser aborder. Il se met dans un coin, ouvre sa braguette, sort son engin et se met à pisser. Et déclare à Marcel, qui s'approche de lui : "J'ai envie de faire l'amour". Une fois à la maison, le mec se laisser aller deux fois avec un manque de savoir-faire qui tient de la niaiserie. C'est Marcel qui est obligé de faire tout le travail. Et quand il repart, c'est après lui avoir fait un tas de recommandations qui lui flanquent le fou-rire : "Si je te rencontre de jour dans la rue, je ne te connais pas...Si nous nous rencontrons de nuit, tu n'auras qu'à me demander du feu...Je pars et si je ne trouve pas de taxi pour rentrer, je reviens et je frappe deux coups...".
Le magnifique type, sorte de catcheur-rugbyman, au regard calme, inébranlable, à l'aplomb merveilleux, taillé en armoire à glace, etc. dont il est question un peu plus haut, s'est fait sucer dans les tasses de la gare par un affreux mec à lunettes. Le scoop a duré 2 minutes, avec tous les bruits à l'appui. Après avoir déchargé, le beau macho s'est reboutonné et s'en est allé, le regard toujours aussi impénétrable.
Lundi 25.
Passage au Tribunal Correctionnel. Marcel n'avait pas envie d'y aller, mais Léontine l'a poussé à s'y rendre. Condamnation : une semaine avec sursis. Soulagement.
Mardi 2 novembre.
Rolande vient passer la nuit chez lui. Elle est excitée et ils se battent comme des chiffonniers. Mais comme ils n'ont envie de faire l'amour ni l'un ni l'autre, ils s'endorment chacun de leur côté.
Jeudi 4.
Au bureau, échange de propos acerbes entre eux deux. Elle décide de récidiver et lui annonce qu'à 21h elle sera chez lui. Il lui répond qu'à 21h il sera ailleurs. Ils se croisent à la Foire. Si elle était venue seule, comme une grande, il l'aurait acceptée dans son lit avec joie. Mais elle se fait traîner en voiture par sa soeur et il la renvoie balader.
A 21h, dans un état voisin du somnambulisme où il a cru entrevoir David, il est rue du Baillage. Mais David est bien là, et lui fait signe de monter dans sa voiture. Du côté de Canteleu le brouillard, par nappes, les force à ralentir. Ils parlent peu, comme d'habitude. Les gestes sont les mêmes. Marcel aime que David lui caresse les cheveux pendant que, tout en roulant, il s'occupe de son sexe. La main de l'homme est douce, comme retenue.
Sur le retour, à 23h, le brouillard descend, frôle la voiture. Tandis que David se penche pour allumer la radio, son avant-bras s'appuie sur la cuisse de Marcel. Puis il le retire, et sa main palpe son genou avant de reprendre le volant. Tout ça sans un mot. Marcel a le souffle coupé.
Fin de semaine dégueulasse, avec pluie, vent, froid, et pour couronner le tout, toute une envolée de flics, sortis de nulle part, en uniforme comme en civil, avec des voitures différentes (4L rouge, 404 noire et 4L grise). Ils contrôlent tout le monde et ils font des plaisanteries d'un goût douteux, du genre :
Le flic : Quelle est votre profession?
David : Monteur.
Le flic : Ah oui? Et lequel des deux monte sur l'autre?
Lundi 15.
A la gare, Marcel voit une voiture s'arrêter, un jeune mec en descendre et entrer directement dans les tasses. Il l'y rejoint et lui demande s'il ne connaît pas un endroit plus discret. L'homme parle, et sa voix déraille. Emotion? Timidité? Marcel veut le rejeter mais il insiste, il est tendu à l'extrème et semble torturé par d'insondables contrarietés. Marcel lui demande de l'embrasser, il refuse, prétextant qu'il n'embrasse que les femmes. Alors il lui propose un marché : "Je monte dans votre voiture, mais vous me promettez de m'embrasser sur la bouche". Il accepte.
Un coin perdu, du côté du Mont Saint Aignan. Voiture arrêtée, commencent les questions. Le type harcèle Marcel qui trouve en lui un mélange de passion (son étreinte est forte, presque sauvage), de froideur, de liberté et de frigidité qui l'intrigue et le pousse à devenir cynique. Il ment à toutes ses questions, lui réclame son baiser, et comme il essuie un refus il le fait bondir en lui lançant : "Au fait, c'est toi qui baises ou tu te fais baiser?". Les mots le hérissent. "Faire le tapin", "Aller dans les tasses" lui font l'effet de coups de poignard. Et puis il se laisse embrasser, s'enflamme. Marcel lui demande brusquement de le raccompagner.
Il aurait dû le laisser à la grille, mais il n'est pas assez vache pour ne pas le faire entrer dans sa chambre. Il lui dit qu'il n'a pas envie de lui (ce qui est faux) et le mec lui répond qu'il a tout son temps, et s'installe pour passer la nuit. Ils se cherchent, se chamaillent, finissent par se jeter sur le lit. Une fois l'acte sexuel accompli Marcel se redresse brusquement et lui crie : "Alors, tu es content? Tu as eu ce que tu voulais? Maintenant va-t-en!". L'homme le traitre de dingue, de malade, s'habille et s'en va.
Ils sont retournés chez Germaine, Rolande et lui. Michou tient le bar et, tout compte fait, ils se sont bien amusés. Ils y retourneront.
Claudine va faire aménager sa chambre. Marcel lui a acheté une table en verre pour le salon, dont il est tombé amoureux, et un tapis.
Ils sont allés voir quelques bons films : "Un dimanche comme les autres" (Claudine a trouvé que Glenda Jackson était la Simone Signoret anglaise), "Le Sauveur" avec une scène de bain magnifique et un modèle de perversion morale, et "Easy Rider" qui contribue à démystifier l'Amérique tout en devenant, lui-même, un film mythique.
Il y a un nouveau à l'Instruction Publique, un jeune de 20 ans, pas mal foutu, qui s'appelle Jean-René, qui intéresse Rolande et qui s'intéresse à elle. "Attendons de voir ce que ça va donner..." se dit Marcel, toujours méfiant vis-à-vis des humeurs de son amie.
Semaine du 10 au 17 octobre.
Marcel est sorti tous les soirs. Est-ce l'idée de passer en Correctionnelle qui le défoule à ce point?
Il a passé deux soirées avec Freddy (dimanche 11 et jeudi 14). Mercredi 13, il est sorti avec Claudine et Rolande. Ils se sont fait la gueule avec un ensemble parfait. Vendredi soir il a rencontré un type superbe qui aurait plu à Rolande : tempes grisonnantes, corps mince et musclé, entreprenant et vicieux ("Ah! Je t'encule! Je t'encule!").
Samedi 16, diner avec Freddy : Americano au Diplomate, et resto chez Tony. Repas succulent : moules à l'Espagnol, couscous, pâtisseries, thé à la menthe, en partie gâché par l'incontrôlable baratin du jeune éphèbe très porté sur les commérages interminables.
Semaine du 18 au 24 octobre.
Semaine calme dans l'ensemble. Claudine a attrapé des morpions en baisant avec un jeune loubard dans une maison en construction (ou en démolition? elle n'a pas précisé).
Mardi soir, en allant chez Rolande, Marcel est passé à la gare, où il a retrouvé, dans les tasses, le type qui faisait courir tout le monde place du Vieux Marché. Toujours aussi impressionnant et indifférent à son égard. Sans se démonter, il est donc allé chez Rolande, mais elle n'était pas là. En revenant (22h30, peut-être plus) comme il n'avait pas envie de remonter à pied, il a trouvé un homme sympa pour le raccompagner, dans une jolie 2CV. Une fois arrivé rue des Sapins, il l'a remercié et l'a laissé en plan devant la grille.
Ses rapports avec Rolande sont toujours aussi venimeux. Elle devait venir passer le week-end au Havre. Mais vendredi, elle a repris avec Peter ses mauvaises habitudes : échange de petits bouts de papier. Le midi, à la Maison des Jeunes, Marcel lui a annoncé qu'elle avait jusqu'à 16h pour avouer ce qu'elle lui avait écrit. A 16h, comme elle ne voulait rien lui dire, il a décroché le téléphone et il a annoncé à Claudine qu'elle ne viendrait pas. En partant, à 18h, il a trouvé un mot dans la poche de son imperméable : "C'est terminé, Marcel". C'était tellement absurde qu'il a ri pendant 5 minutes. Au Havre, il lui a écrit une lettre cinglante où il lui reproche sa lâcheté.
Très beau temps, samedi et dimanche. Il en a profité pour taper la 2ème partie de son nouveau récit. Il avait tapé la 1ère partie sur la machine à écrire de Babeth, au bureau.
Dimanche soir, au Havre, il drague un jeune, plutôt costaud. Il a du mal à l'avoir. Après avoir tourné en rond pendant une demi-heure, le micheton se décide enfin à se laisser aborder. Il se met dans un coin, ouvre sa braguette, sort son engin et se met à pisser. Et déclare à Marcel, qui s'approche de lui : "J'ai envie de faire l'amour". Une fois à la maison, le mec se laisser aller deux fois avec un manque de savoir-faire qui tient de la niaiserie. C'est Marcel qui est obligé de faire tout le travail. Et quand il repart, c'est après lui avoir fait un tas de recommandations qui lui flanquent le fou-rire : "Si je te rencontre de jour dans la rue, je ne te connais pas...Si nous nous rencontrons de nuit, tu n'auras qu'à me demander du feu...Je pars et si je ne trouve pas de taxi pour rentrer, je reviens et je frappe deux coups...".
Le magnifique type, sorte de catcheur-rugbyman, au regard calme, inébranlable, à l'aplomb merveilleux, taillé en armoire à glace, etc. dont il est question un peu plus haut, s'est fait sucer dans les tasses de la gare par un affreux mec à lunettes. Le scoop a duré 2 minutes, avec tous les bruits à l'appui. Après avoir déchargé, le beau macho s'est reboutonné et s'en est allé, le regard toujours aussi impénétrable.
Lundi 25.
Passage au Tribunal Correctionnel. Marcel n'avait pas envie d'y aller, mais Léontine l'a poussé à s'y rendre. Condamnation : une semaine avec sursis. Soulagement.
Mardi 2 novembre.
Rolande vient passer la nuit chez lui. Elle est excitée et ils se battent comme des chiffonniers. Mais comme ils n'ont envie de faire l'amour ni l'un ni l'autre, ils s'endorment chacun de leur côté.
Jeudi 4.
Au bureau, échange de propos acerbes entre eux deux. Elle décide de récidiver et lui annonce qu'à 21h elle sera chez lui. Il lui répond qu'à 21h il sera ailleurs. Ils se croisent à la Foire. Si elle était venue seule, comme une grande, il l'aurait acceptée dans son lit avec joie. Mais elle se fait traîner en voiture par sa soeur et il la renvoie balader.
A 21h, dans un état voisin du somnambulisme où il a cru entrevoir David, il est rue du Baillage. Mais David est bien là, et lui fait signe de monter dans sa voiture. Du côté de Canteleu le brouillard, par nappes, les force à ralentir. Ils parlent peu, comme d'habitude. Les gestes sont les mêmes. Marcel aime que David lui caresse les cheveux pendant que, tout en roulant, il s'occupe de son sexe. La main de l'homme est douce, comme retenue.
Sur le retour, à 23h, le brouillard descend, frôle la voiture. Tandis que David se penche pour allumer la radio, son avant-bras s'appuie sur la cuisse de Marcel. Puis il le retire, et sa main palpe son genou avant de reprendre le volant. Tout ça sans un mot. Marcel a le souffle coupé.
Fin de semaine dégueulasse, avec pluie, vent, froid, et pour couronner le tout, toute une envolée de flics, sortis de nulle part, en uniforme comme en civil, avec des voitures différentes (4L rouge, 404 noire et 4L grise). Ils contrôlent tout le monde et ils font des plaisanteries d'un goût douteux, du genre :
Le flic : Quelle est votre profession?
David : Monteur.
Le flic : Ah oui? Et lequel des deux monte sur l'autre?
Lundi 15.
A la gare, Marcel voit une voiture s'arrêter, un jeune mec en descendre et entrer directement dans les tasses. Il l'y rejoint et lui demande s'il ne connaît pas un endroit plus discret. L'homme parle, et sa voix déraille. Emotion? Timidité? Marcel veut le rejeter mais il insiste, il est tendu à l'extrème et semble torturé par d'insondables contrarietés. Marcel lui demande de l'embrasser, il refuse, prétextant qu'il n'embrasse que les femmes. Alors il lui propose un marché : "Je monte dans votre voiture, mais vous me promettez de m'embrasser sur la bouche". Il accepte.
Un coin perdu, du côté du Mont Saint Aignan. Voiture arrêtée, commencent les questions. Le type harcèle Marcel qui trouve en lui un mélange de passion (son étreinte est forte, presque sauvage), de froideur, de liberté et de frigidité qui l'intrigue et le pousse à devenir cynique. Il ment à toutes ses questions, lui réclame son baiser, et comme il essuie un refus il le fait bondir en lui lançant : "Au fait, c'est toi qui baises ou tu te fais baiser?". Les mots le hérissent. "Faire le tapin", "Aller dans les tasses" lui font l'effet de coups de poignard. Et puis il se laisse embrasser, s'enflamme. Marcel lui demande brusquement de le raccompagner.
Il aurait dû le laisser à la grille, mais il n'est pas assez vache pour ne pas le faire entrer dans sa chambre. Il lui dit qu'il n'a pas envie de lui (ce qui est faux) et le mec lui répond qu'il a tout son temps, et s'installe pour passer la nuit. Ils se cherchent, se chamaillent, finissent par se jeter sur le lit. Une fois l'acte sexuel accompli Marcel se redresse brusquement et lui crie : "Alors, tu es content? Tu as eu ce que tu voulais? Maintenant va-t-en!". L'homme le traitre de dingue, de malade, s'habille et s'en va.
Ils sont retournés chez Germaine, Rolande et lui. Michou tient le bar et, tout compte fait, ils se sont bien amusés. Ils y retourneront.
Claudine va faire aménager sa chambre. Marcel lui a acheté une table en verre pour le salon, dont il est tombé amoureux, et un tapis.
Ils sont allés voir quelques bons films : "Un dimanche comme les autres" (Claudine a trouvé que Glenda Jackson était la Simone Signoret anglaise), "Le Sauveur" avec une scène de bain magnifique et un modèle de perversion morale, et "Easy Rider" qui contribue à démystifier l'Amérique tout en devenant, lui-même, un film mythique.
Il y a un nouveau à l'Instruction Publique, un jeune de 20 ans, pas mal foutu, qui s'appelle Jean-René, qui intéresse Rolande et qui s'intéresse à elle. "Attendons de voir ce que ça va donner..." se dit Marcel, toujours méfiant vis-à-vis des humeurs de son amie.
dimanche 21 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -33
Marcel fréquente des maniaques.
Dimanche 19 septembre.
Jeudi, Marcel avait téléphoné à Bernard, mais il était en conférence. Bernard l'a rappelé vendredi et l'a invité à venir dîner et à passer la soirée chez lui. Pendant que Marcel accaparait la baignoire, Bernard en a profité pour ouvrir deux boites de thon, faire une pleine assiette de carottes râpées et une pleine casserole de nouilles.
Marcel : Mais nous ne mangerons jamais tout ça!
Bernard : Peut-être pas toi, mais moi, oui!
Dans le lit, c'est le même problème : le sexe du mec est un véritable poignard, mais Marcel sait comment s'y prendre pour le faire jouir en vitesse afin d'être débarrassé de ses instincts barbares.
Le samedi matin, debout à 7h30, Marcel comprend très vite que son amant n'a pas du tout envie de le raccompagner même si, couché dans le lit, il évoque vaguement la possibilité de le faire ("J'ai mal dormi, lui dit-il, j'ai fait des cauchemars"). Il part donc à pied (8h) et se perd dans ce vaste bordel que sont la Grand-Mare et les Sapins. Heureusement, un brave vieux lui indique la bonne route à prendre. Arrivé chez lui en courant (9h30) il a juste le temps de se raser, de se changer, et de prendre le train de 10h pour Paris.
L'après-midi, aux Tuileries, il se fait draguer par un type aux yeux magnifiques. Il reste une heure avec lui, d'abord dans le jardin à discuter art lyrique, ensuite dans un taxi à se tripoter les doigts, et finalement chez lui à se branler devant la glace. Sa quasi-impuissance pousse le mec à employer des expédients hors du commun comme, par exemple, à se mettre le doigt dans le fondement pour forcer Marcel à le lécher ensuite. Ce genre de jeu finit par lasser ce dernier qui se barre avant que l'homme ne devienne franchement méchant.
Mercredi 22.
Mauvaise semaine. Au bureau, Gruyère n'est pas de bon poil et les harcèle, tantôt Rolande, tantôt lui. De plus, le souvenir du parisien aux beaux yeux mais aux moeurs vicieuses ne l'incite pas à sortir à la recherche d'un compagnon. Comble d'emmerdements, il reçoit ce jour une convocation du Chef du Personnel, pour jeudi 30. Il se doute que c'est l'affaire du Printemps qui rebondit.
Mardi 28.
Eh bien, Marcel n'a plus rien à apprendre à David. Il ne sait pas si c'est sa nouvelle voiture (une DS bleue) qui l'excite à ce point, mais de 22h45 à 23h45, il n'arrive pas à l'épuiser. Au bout de la 3ème fois, il lui demande d'arrêter car David a le coeur qui bat la breloque. Mais il en veut encore et se remet à l'ouvrage. Et quand il se relève, après avoir joui, il ne peut plus tenir debout. Dehors, il s'écroule sur la voiture. Une fois rassis, dans la voiture, il lui faut un bon quart d'heure pour se reprendre. Le volant en mains, la route devant lui, les yeux fixes, il conduit comme un somnambule.
Lundi 4 octobre.
Semaine assez mauvaise dans l'ensemble. Mal au reins, difficultés à uriner. Le médecin lui donne un traitement à base d'ampoules.
Jeudi, il était convoqué dans le bureau du Chef du Personnel. Il l'embrouille tellement qu'il finit par s'embrouiller lui-même.
Samedi soir, un certain Francis lui fait oublier un peu tout ça en passant toute la nuit avec lui. Beau corps et tête de voyou.
Ce lundi matin, rêve érotique. Il est couché et, près de lui, il y a un fort beau mec. Marcel soulève sa chemise et lui montre ses fesses. L'homme relève la sienne : ses cuisses sont superbes, rondes et chaudes, lisses comme de l'or. Il y a dans son visage et dans son corps une nonchalance voisine de la volupté. Marcel lui relève sa chemise par derrière et lui frappe les fesses. Elles sont magnifiques, ce qui le fait jouir. Il se réveille aussitôt et se tâte pour voir s'il n'en a pas foutu partout. Mais non, il n'a joui que dans son rêve. Rassuré, il se rendort.
Le soir, pour essayer de réaliser son rêve, il sort draguer. Peu de monde, et un froid de canard. Il ramène quand même chez lui un parisien de Toulouse, Guy, étalagiste envoyé à Rouen pour l'inauguration du magasin de confection "Burton of London". Il est gentil, bien fait, mais ne reste que quelques heures avec lui.
Dimanche 10. Le Havre.
Jour de foire. Marcel s'abrutit dans la foule.
Rhume, nez qui coule. Il doit passer en Correctionnelle lundi 25. Il pose des questions à Claudine : est-ce que ce sera en public? en privé? Il lui demande de se renseigner. Pour oublier, il écrit beaucoup (deux nouveau récits) à cause aussi de Réjane, la soeur de Rolande, qui a trouvé "terrible" le dernier en date.
Vendredi soir, il est allé au cinéma avec Rolande, et elle n'a rien trouvé de mieux que d'amener son nouvel amant : Jimmy. Il a 18 ans. Pendant toute la soirée, Marcel n'a pas desserré les dents. Et après le film, qu'il a trouvé pesant ("L'homme de désir") il a fallu raccompagner le gamin. Une fois seul avec Rolande, ils sont retournés chez Germaine. Puis ils ont dormi ensemble, nus, sans se toucher, chastement.
Malgré tous ses efforts pour essayer de ne pas penser à David, Marcel ne peut l'arracher de lui-même. Cet homme qu'il a tant aimé, cet homme qui, au bout d'un an, continue à lui faire l'amour sans qu'ils aient échangé un vrai dialogue, sans qu'il sache ni son nom, ni son âge, ni où il habite. C'est incroyable, et pourtant c'est vrai. Il pense à lui, avec moins d'intensité que lors de leurs premières rencontres, mais tout de même avec passion.
Il rentre à Rouen à 20h30. Avec Claudine, ils ont écouté pas mal de musique, dont la nouvelle version des "Meistersingers" de Von Karajan.
A 21h30, il est rue du Baillage et, quelques instants après, il ramène Freddy chez lui. Il est jeune, blond, fade. Il travaille chez Raphaël, et il a des idées sur la vie. Grand bourgeois, petites passions. Ils passeront quand même toute la nuit ensemble.
Dimanche 19 septembre.
Jeudi, Marcel avait téléphoné à Bernard, mais il était en conférence. Bernard l'a rappelé vendredi et l'a invité à venir dîner et à passer la soirée chez lui. Pendant que Marcel accaparait la baignoire, Bernard en a profité pour ouvrir deux boites de thon, faire une pleine assiette de carottes râpées et une pleine casserole de nouilles.
Marcel : Mais nous ne mangerons jamais tout ça!
Bernard : Peut-être pas toi, mais moi, oui!
Dans le lit, c'est le même problème : le sexe du mec est un véritable poignard, mais Marcel sait comment s'y prendre pour le faire jouir en vitesse afin d'être débarrassé de ses instincts barbares.
Le samedi matin, debout à 7h30, Marcel comprend très vite que son amant n'a pas du tout envie de le raccompagner même si, couché dans le lit, il évoque vaguement la possibilité de le faire ("J'ai mal dormi, lui dit-il, j'ai fait des cauchemars"). Il part donc à pied (8h) et se perd dans ce vaste bordel que sont la Grand-Mare et les Sapins. Heureusement, un brave vieux lui indique la bonne route à prendre. Arrivé chez lui en courant (9h30) il a juste le temps de se raser, de se changer, et de prendre le train de 10h pour Paris.
L'après-midi, aux Tuileries, il se fait draguer par un type aux yeux magnifiques. Il reste une heure avec lui, d'abord dans le jardin à discuter art lyrique, ensuite dans un taxi à se tripoter les doigts, et finalement chez lui à se branler devant la glace. Sa quasi-impuissance pousse le mec à employer des expédients hors du commun comme, par exemple, à se mettre le doigt dans le fondement pour forcer Marcel à le lécher ensuite. Ce genre de jeu finit par lasser ce dernier qui se barre avant que l'homme ne devienne franchement méchant.
Mercredi 22.
Mauvaise semaine. Au bureau, Gruyère n'est pas de bon poil et les harcèle, tantôt Rolande, tantôt lui. De plus, le souvenir du parisien aux beaux yeux mais aux moeurs vicieuses ne l'incite pas à sortir à la recherche d'un compagnon. Comble d'emmerdements, il reçoit ce jour une convocation du Chef du Personnel, pour jeudi 30. Il se doute que c'est l'affaire du Printemps qui rebondit.
Mardi 28.
Eh bien, Marcel n'a plus rien à apprendre à David. Il ne sait pas si c'est sa nouvelle voiture (une DS bleue) qui l'excite à ce point, mais de 22h45 à 23h45, il n'arrive pas à l'épuiser. Au bout de la 3ème fois, il lui demande d'arrêter car David a le coeur qui bat la breloque. Mais il en veut encore et se remet à l'ouvrage. Et quand il se relève, après avoir joui, il ne peut plus tenir debout. Dehors, il s'écroule sur la voiture. Une fois rassis, dans la voiture, il lui faut un bon quart d'heure pour se reprendre. Le volant en mains, la route devant lui, les yeux fixes, il conduit comme un somnambule.
Lundi 4 octobre.
Semaine assez mauvaise dans l'ensemble. Mal au reins, difficultés à uriner. Le médecin lui donne un traitement à base d'ampoules.
Jeudi, il était convoqué dans le bureau du Chef du Personnel. Il l'embrouille tellement qu'il finit par s'embrouiller lui-même.
Samedi soir, un certain Francis lui fait oublier un peu tout ça en passant toute la nuit avec lui. Beau corps et tête de voyou.
Ce lundi matin, rêve érotique. Il est couché et, près de lui, il y a un fort beau mec. Marcel soulève sa chemise et lui montre ses fesses. L'homme relève la sienne : ses cuisses sont superbes, rondes et chaudes, lisses comme de l'or. Il y a dans son visage et dans son corps une nonchalance voisine de la volupté. Marcel lui relève sa chemise par derrière et lui frappe les fesses. Elles sont magnifiques, ce qui le fait jouir. Il se réveille aussitôt et se tâte pour voir s'il n'en a pas foutu partout. Mais non, il n'a joui que dans son rêve. Rassuré, il se rendort.
Le soir, pour essayer de réaliser son rêve, il sort draguer. Peu de monde, et un froid de canard. Il ramène quand même chez lui un parisien de Toulouse, Guy, étalagiste envoyé à Rouen pour l'inauguration du magasin de confection "Burton of London". Il est gentil, bien fait, mais ne reste que quelques heures avec lui.
Dimanche 10. Le Havre.
Jour de foire. Marcel s'abrutit dans la foule.
Rhume, nez qui coule. Il doit passer en Correctionnelle lundi 25. Il pose des questions à Claudine : est-ce que ce sera en public? en privé? Il lui demande de se renseigner. Pour oublier, il écrit beaucoup (deux nouveau récits) à cause aussi de Réjane, la soeur de Rolande, qui a trouvé "terrible" le dernier en date.
Vendredi soir, il est allé au cinéma avec Rolande, et elle n'a rien trouvé de mieux que d'amener son nouvel amant : Jimmy. Il a 18 ans. Pendant toute la soirée, Marcel n'a pas desserré les dents. Et après le film, qu'il a trouvé pesant ("L'homme de désir") il a fallu raccompagner le gamin. Une fois seul avec Rolande, ils sont retournés chez Germaine. Puis ils ont dormi ensemble, nus, sans se toucher, chastement.
Malgré tous ses efforts pour essayer de ne pas penser à David, Marcel ne peut l'arracher de lui-même. Cet homme qu'il a tant aimé, cet homme qui, au bout d'un an, continue à lui faire l'amour sans qu'ils aient échangé un vrai dialogue, sans qu'il sache ni son nom, ni son âge, ni où il habite. C'est incroyable, et pourtant c'est vrai. Il pense à lui, avec moins d'intensité que lors de leurs premières rencontres, mais tout de même avec passion.
Il rentre à Rouen à 20h30. Avec Claudine, ils ont écouté pas mal de musique, dont la nouvelle version des "Meistersingers" de Von Karajan.
A 21h30, il est rue du Baillage et, quelques instants après, il ramène Freddy chez lui. Il est jeune, blond, fade. Il travaille chez Raphaël, et il a des idées sur la vie. Grand bourgeois, petites passions. Ils passeront quand même toute la nuit ensemble.
vendredi 19 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -32
Marcel n'arrive pas à bronzer.
Jeudi 9 septembre.
Le beau temps, institué depuis début septembre, continue. Mercredi, Marcel a téléphoné à Bernard. Il avait envie d'aller au cinéma. Bernard s'est radiné à 20h30, en le maudissant à moitié parce qu'il avait dû faire vite, retenu par son travail jusqu'à 20h, mangeant chez lui un sandwich ("debout!" insiste-t-il) ce qui fait marrer Marcel, et ils partent chercher Rolande ...
Bernard : Faudra que je raccompagne la vieille?
Marcel : La vieille? Moins vieille que toi!
En route, comme Marcel lui reproche de ne pas aller assez vite, il rouspéte :
Bernard : On te verrait à l'oeuvre si t'avais une voiture!
Marcel : J'attends que tu me la payes!
Bernard : Pas tout de suite.
Le plus fort, c'est qu'il semble parler sérieusement. Le premier mot de Rolande, lorsqu'ils entrent chez elle, c'est : "Il est de bonne humeur?". Ils partent pour Mont Saint Aignan, voir "Bof" à l'Ariel. Le film leur paraît pas mal, avec de bons moments. Bernard a retenu une phrase dont il se délecte : "Je vis sous ton toit...j'ai tué ta mère...je couche avec ta femme...tu ne peux plus m'appeler papa...appelle-moi Paulo!". Ils raccompagnent Rolande, puis Bernard lui demande de ne pas venir coucher chez lui ce soir, il est trop fatigué.
Marcel ne se sent pas du tout fatigué et, une demi-heure plus tard, il se retrouve à Mont Saint Aignan, mais pas à l'Ariel, dans l'appartement de Guy, au 10ème étage, un très chouette appartement. Dans la chambre à coucher (lit rond), de grandes photographies en noir et blanc : l'une représente des chevaux, une autre deux hommes nus vus de dos, et les deux autres des croupes d'hommes, horizontalement, avec des cuisses très musclées. C'est du très beau travail, bien en évidence au-dessus du plumard.
Pour ce qui concerne la croupe et le muscle, Guy a tout ce qu'il faut. Il se jette sur Marcel comme un affamé, et le surprend en lui léchant le trou du cul. Marcel se déchaîne, au point que Guy n'arrête pas de lui dire "Arrête de bouger comme ça, tu vas me faire jouir!" et il se met à éjaculer en poussant des cris de putois. Ensuite il le prévient : "Lorsque je commencerai à m'endormir, je te repousserai". Il ne le repousse pas, mais il ronfle. Marcel ne trouvant pas le sommeil, il fait diversion en furetant dans la baraque.
Le lendemain matin, à 7h, réveil et, de nouveau, Guy se jette sur lui. Il a l'art et la manière, et toujours un tube de vaseline à portée de la main. Heureusement que les murs sont épais car sa jouissance avoisine les cris répétés d'une Walkyrie wagnérienne.
A poil dans le salon, tandis que le soleil se dégage des nuages, c'est idéal, avec les grandes baies vitrées surplombant, du 10ème étage, le paysage. Ils mangent, Marcel fait une toilette des plus sommaires, Guy l'emmène chez lui pour qu'il prenne quelques affaires, et le conduit à son travail.
Léontine a mal aux dents, mais ça ne l'empêche pas de faire l'imbécile. A 13h, profitant de ce qu'ils sont seuls, elle poursuit Marcel à travers les bureaux en le chatouillant pour le faire hurler. Etant donné qu'il n'a pas eu le temps (ou l'envie) de se raser chez Guy le matin, elle l'appelle "le clodo" :
Léontine : J'ai honte de toi!
Marcel : Pour une fois que tu as honte dans ta vie!
Et ils se remettent à rire et à chahuter.
Marcel passe le week-end au Havre. Samedi, le temps est couvert. Impossible d'aller à la plage. Lui qui pensait bronzer, c'est raté! Il faudra qu'il continue à s'exposer au bureau, entre 12h15 et 13h30. Il va faire quelques courses, car il est d'excellente humeur. Le soir, il va au cinéma avec Claudine voir "Taking off" de Forman. Il trouve que c'est assez ressemblant à "Bof" : même gentillesse, même bonheur de vivre malgré la bêtise de la société. "Décidément, se dit-il, je me complais dans le cinéma bon enfant, en ce moment!".
En rentrant à Rouen, il trouve une lettre de Robert, le Versaillais entrevu aux Tuileries ("Tiens! Il s'appelle Robert!") qui lui propose de l'emmener voir Le Jardin du Roi. ("C'est fou ce qu'il est amusant, ce petit!"). Il lui répond qu'il n'a pas d'argent à dépenser pour aller à Versailles. A moins qu'il ne consente à lui payer le voyage....
Lundi 13.
Babeth, qui était partie en vacances pour une semaine, est revenue. Elle est rouge, à défaut d'être bronzée, et très aimable avec lui. Elle va même jusqu'à lui acheter un flan pour 16h. Rolande n'est pas là, ce qui est bizarre (elle devait aller à Cabourg pour le week-end).
En rentrant chez lui, Marcel trouve un paquet : ce sont des prospectus concernant le Canada, envoyés par Serge, le Canadien avec qui il avait parlementé aux Tuileries, dont la courte lettre le ravit. Claudine serait là, elle lui dirait : "Je me demande comment tu te débrouilles!". Il fout les prospectus à la poubelle et il garde la lettre.
Les soirées commencent à fraîchir. Rue du Baillage, une espèce d'huluberlu le croise, les yeux hébétés. Il n'a pas l'air très malin, et il mettra bien une demi-heure à tourner en rond autour de lui avant de lui adresser la parole -chose que Marcel aurait faite tout de suite si le mec lui avait plu. Dans sa voiture, comme il n'a pas du tout envie de lui, il lui demande de le laisser à la gare. Mais l'homme l'invite à prendre un pot. Ok! Levons le coude ensemble! Ils se retrouvent place du Vieux Marché où le mec commande une douzaine d'huitres! Marcel sirote sa bière en le regardant manger et en l'écoutant raconter sa vie. Finalement, peut-être sous l'effet d'une vague ivresse due à la bière ou à l'odeur des huitres, Marcel l'emmène chez lui et ils font l'amour. Il s'appelle Alain, il est pilote, il n'est pas con du tout, il aime plaisanter, il baise bien et il est tout à fait oubliable, une fois la porte franchie.
Mercredi 15.
Hier soir, deux (ou trois?) petits merdeux sont venus coucher dans la chambre à côté de la sienne. Ils se sont bagarrés et ils ont dégueulé dans le couloir. La propriétaire en parle à Marcel ce soir, alors qu'il revient du boulot.
Vers 21h Marcel est à la gare où il voit débarquer Bernard. Il revient d'Orléans et très excité, il l'interprelle : "Tiens! T'es là, la tapineuse?". Marcel est choqué : "Moi je veux bien que tu m'appelles la Tapineuse, mais toi, comment il faut que je t'appelle : la Grande Pute?". Bernard rigole et lui demande s'il a vu quelque chose d'intéressant dans le coin.
Marcel : Oui, j'ai repéré un mec dans une bagnole.
Bernard : Attends! Tu vas voir!
Marcel attend mais ne voit rien venir. Bernard fait tout un cinéma : il monte dans sa bagnole, va se garer à côté de celle du mec, descend, va aux tasses...le mec ne bronche pas. Il en est pour ses frais, remonte dans sa chiotte et se barre, pas content. A peine est-il parti que le mec fait signe à Marcel de venir le rejoindre. Il le fait monter dans sa voiture. Ils vont rue des Sapins et passent la nuit ensemble. Il s'appelle Dominique et il a des couilles superbes. Le matin, Marcel le réveille en mettant sa main froide sur ses couilles chaudes. "J'ai bien dormi" dit Dominique. "Tant mieux pour toi" répond Marcel.
Jeudi 9 septembre.
Le beau temps, institué depuis début septembre, continue. Mercredi, Marcel a téléphoné à Bernard. Il avait envie d'aller au cinéma. Bernard s'est radiné à 20h30, en le maudissant à moitié parce qu'il avait dû faire vite, retenu par son travail jusqu'à 20h, mangeant chez lui un sandwich ("debout!" insiste-t-il) ce qui fait marrer Marcel, et ils partent chercher Rolande ...
Bernard : Faudra que je raccompagne la vieille?
Marcel : La vieille? Moins vieille que toi!
En route, comme Marcel lui reproche de ne pas aller assez vite, il rouspéte :
Bernard : On te verrait à l'oeuvre si t'avais une voiture!
Marcel : J'attends que tu me la payes!
Bernard : Pas tout de suite.
Le plus fort, c'est qu'il semble parler sérieusement. Le premier mot de Rolande, lorsqu'ils entrent chez elle, c'est : "Il est de bonne humeur?". Ils partent pour Mont Saint Aignan, voir "Bof" à l'Ariel. Le film leur paraît pas mal, avec de bons moments. Bernard a retenu une phrase dont il se délecte : "Je vis sous ton toit...j'ai tué ta mère...je couche avec ta femme...tu ne peux plus m'appeler papa...appelle-moi Paulo!". Ils raccompagnent Rolande, puis Bernard lui demande de ne pas venir coucher chez lui ce soir, il est trop fatigué.
Marcel ne se sent pas du tout fatigué et, une demi-heure plus tard, il se retrouve à Mont Saint Aignan, mais pas à l'Ariel, dans l'appartement de Guy, au 10ème étage, un très chouette appartement. Dans la chambre à coucher (lit rond), de grandes photographies en noir et blanc : l'une représente des chevaux, une autre deux hommes nus vus de dos, et les deux autres des croupes d'hommes, horizontalement, avec des cuisses très musclées. C'est du très beau travail, bien en évidence au-dessus du plumard.
Pour ce qui concerne la croupe et le muscle, Guy a tout ce qu'il faut. Il se jette sur Marcel comme un affamé, et le surprend en lui léchant le trou du cul. Marcel se déchaîne, au point que Guy n'arrête pas de lui dire "Arrête de bouger comme ça, tu vas me faire jouir!" et il se met à éjaculer en poussant des cris de putois. Ensuite il le prévient : "Lorsque je commencerai à m'endormir, je te repousserai". Il ne le repousse pas, mais il ronfle. Marcel ne trouvant pas le sommeil, il fait diversion en furetant dans la baraque.
Le lendemain matin, à 7h, réveil et, de nouveau, Guy se jette sur lui. Il a l'art et la manière, et toujours un tube de vaseline à portée de la main. Heureusement que les murs sont épais car sa jouissance avoisine les cris répétés d'une Walkyrie wagnérienne.
A poil dans le salon, tandis que le soleil se dégage des nuages, c'est idéal, avec les grandes baies vitrées surplombant, du 10ème étage, le paysage. Ils mangent, Marcel fait une toilette des plus sommaires, Guy l'emmène chez lui pour qu'il prenne quelques affaires, et le conduit à son travail.
Léontine a mal aux dents, mais ça ne l'empêche pas de faire l'imbécile. A 13h, profitant de ce qu'ils sont seuls, elle poursuit Marcel à travers les bureaux en le chatouillant pour le faire hurler. Etant donné qu'il n'a pas eu le temps (ou l'envie) de se raser chez Guy le matin, elle l'appelle "le clodo" :
Léontine : J'ai honte de toi!
Marcel : Pour une fois que tu as honte dans ta vie!
Et ils se remettent à rire et à chahuter.
Marcel passe le week-end au Havre. Samedi, le temps est couvert. Impossible d'aller à la plage. Lui qui pensait bronzer, c'est raté! Il faudra qu'il continue à s'exposer au bureau, entre 12h15 et 13h30. Il va faire quelques courses, car il est d'excellente humeur. Le soir, il va au cinéma avec Claudine voir "Taking off" de Forman. Il trouve que c'est assez ressemblant à "Bof" : même gentillesse, même bonheur de vivre malgré la bêtise de la société. "Décidément, se dit-il, je me complais dans le cinéma bon enfant, en ce moment!".
En rentrant à Rouen, il trouve une lettre de Robert, le Versaillais entrevu aux Tuileries ("Tiens! Il s'appelle Robert!") qui lui propose de l'emmener voir Le Jardin du Roi. ("C'est fou ce qu'il est amusant, ce petit!"). Il lui répond qu'il n'a pas d'argent à dépenser pour aller à Versailles. A moins qu'il ne consente à lui payer le voyage....
Lundi 13.
Babeth, qui était partie en vacances pour une semaine, est revenue. Elle est rouge, à défaut d'être bronzée, et très aimable avec lui. Elle va même jusqu'à lui acheter un flan pour 16h. Rolande n'est pas là, ce qui est bizarre (elle devait aller à Cabourg pour le week-end).
En rentrant chez lui, Marcel trouve un paquet : ce sont des prospectus concernant le Canada, envoyés par Serge, le Canadien avec qui il avait parlementé aux Tuileries, dont la courte lettre le ravit. Claudine serait là, elle lui dirait : "Je me demande comment tu te débrouilles!". Il fout les prospectus à la poubelle et il garde la lettre.
Les soirées commencent à fraîchir. Rue du Baillage, une espèce d'huluberlu le croise, les yeux hébétés. Il n'a pas l'air très malin, et il mettra bien une demi-heure à tourner en rond autour de lui avant de lui adresser la parole -chose que Marcel aurait faite tout de suite si le mec lui avait plu. Dans sa voiture, comme il n'a pas du tout envie de lui, il lui demande de le laisser à la gare. Mais l'homme l'invite à prendre un pot. Ok! Levons le coude ensemble! Ils se retrouvent place du Vieux Marché où le mec commande une douzaine d'huitres! Marcel sirote sa bière en le regardant manger et en l'écoutant raconter sa vie. Finalement, peut-être sous l'effet d'une vague ivresse due à la bière ou à l'odeur des huitres, Marcel l'emmène chez lui et ils font l'amour. Il s'appelle Alain, il est pilote, il n'est pas con du tout, il aime plaisanter, il baise bien et il est tout à fait oubliable, une fois la porte franchie.
Mercredi 15.
Hier soir, deux (ou trois?) petits merdeux sont venus coucher dans la chambre à côté de la sienne. Ils se sont bagarrés et ils ont dégueulé dans le couloir. La propriétaire en parle à Marcel ce soir, alors qu'il revient du boulot.
Vers 21h Marcel est à la gare où il voit débarquer Bernard. Il revient d'Orléans et très excité, il l'interprelle : "Tiens! T'es là, la tapineuse?". Marcel est choqué : "Moi je veux bien que tu m'appelles la Tapineuse, mais toi, comment il faut que je t'appelle : la Grande Pute?". Bernard rigole et lui demande s'il a vu quelque chose d'intéressant dans le coin.
Marcel : Oui, j'ai repéré un mec dans une bagnole.
Bernard : Attends! Tu vas voir!
Marcel attend mais ne voit rien venir. Bernard fait tout un cinéma : il monte dans sa bagnole, va se garer à côté de celle du mec, descend, va aux tasses...le mec ne bronche pas. Il en est pour ses frais, remonte dans sa chiotte et se barre, pas content. A peine est-il parti que le mec fait signe à Marcel de venir le rejoindre. Il le fait monter dans sa voiture. Ils vont rue des Sapins et passent la nuit ensemble. Il s'appelle Dominique et il a des couilles superbes. Le matin, Marcel le réveille en mettant sa main froide sur ses couilles chaudes. "J'ai bien dormi" dit Dominique. "Tant mieux pour toi" répond Marcel.
mercredi 17 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -31
Marcel se fait arrêter.
Triste vendredi 27 août.
Le type qui le reluquait depuis quelques mois, et que ses trois copines traitaient de con, n'est rien d'autre qu'un inspecteur des Galeries. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il en voulait énormément à Marcel depuis ce lointain et fameux soir où il l'avait nargué, rue du Baillage, en présence des trois filles de joie.
Marcel venait de faire quelques "achats" en compagnie de Rolande, lorsqu'il leur a mis la main dessus. Rolande s'est enfuie, une bouteille de scotch dans son sac. Marcel s'est laissé docilement conduire au poste de police, boulevard de l'Yser. Il a gardé son calme, et il a eu raison, car il allait en avoir besoin par la suite. Après avoir fait sa déclaration à la police, il est retourné au bureau où Léontine l'a mis au courant des faits : Rolande est revenue, dans un état voisin de la syncope. Il a fallu l'emmener en voiture chez elle (grâce à l'amitié des gens du Labo).
Marcel décide d'agir vite. Il va chez elle la persuader d'aller au commissariat pour faire une déclaration en règle, puisque de toute façon l'inspecteur a relevé son nom et sait où ils travaillent. Pendant qu'il la raisonne, le mec va au bureau raconter ce qu'ils ont fait. Heureusement, Gruyère est encore en vacances. Rolande se rend donc au commissariat, mais c'est pour faire une déclaration mensongère. Elle ne se pose pas en complice, mais en témoin de ce que Marcel a fait. Pour lui, c'est la fin de ses illusions -s'il en avait encore- et la confirmation de ce qu'il pensait d'elle. Mais il ne lui en veut pas et propose de l'emmener avec lui au Havre, pour le week-end, afin de se détendre un peu et de parler calmement de la suite des événements.
La veille, le jeudi 26, il avait fait la connaissance de Bernard, un type pas mal foutu mais assez dérangé du ciboulot, et faisant l'amour comme s'il avait un poignard à la place du sexe.
Le week-end se passe assez bien, au Havre, avec beaucoup de musique. Dimanche après-midi, ils vont dire bonjour à Mamie, qui leur offre le thé en présence de son petit-fils, Patrick, qui s'empâte. Rolande fait semblant d'être détendue mais elle est toujours aussi angoissée.
Lundi 30.
Lettre de Bernard, qui relance Marcel. Celui-ci lui répond illico. Léontine est là pour lui remonter le moral et, à 18h, ils vont bras-dessus, bras-dessous à travers les rues de la ville.
Mardi 31.
L'atmosphère est détendue au bureau. Le chef est de bonne humeur, bien rentré d'Espagne. Marcel doit ménager Peter, car il n'a pas confiance en lui. Aussi, lorsque ce dernier invite Rolande a venir manger des moules chez lui, il sait d'avance qu'elle va tout lui raconter, par paresse, par trouille, et pour se faire réconforter.
Mercredi 1er septembre.
Carte de Tadziu. Souvenir. Légère déprime.
Vendredi 3.
Bernard vient le chercher à 18h30. Ils vont manger à la Maison des Jeunes. Ils devaient passer le week-end ensemble, à Paris, où Bernard a de la famille. Oui mais voilà : il ne pourra pas le faire coucher et ne pourra pas s'occuper de lui avant dimanche midi. Marcel commence à se demander pourquoi il fréquente ce zigoto. Mais Bernard est beau, il est intelligent, même s'il baise comme un sauvage. Alors, oui, ok, Paris, même s'ils ne pourront même pas s'y voir!
En fait, le seul moment agréable, il le passera avec Claudine, venue le retrouver samedi midi, au Self de Saint Lazare. Ensuite, déçu, déprimé, il rentrera à Rouen par le train de 17h30.
Samedi 4.
Bien décidé à se venger de Bernard et de ses rendez-vous à la con, Marcel sort afin de se dégourdir les jambes. Le premier homme à l'aborder a la même voiture que David, mais ce n'est pas lui, malheureusement. Marcel le laisse pour monter à la gare où il est abordé gaillardement par un certain Daniel :
Daniel : Bon, alors, on y va?
Marcel : Où ça?
Daniel : Chez toi, tiens!
Marcel : Minute! Je viens juste d'arriver. Laisse-moi le temps de voir s'il y a des têtes nouvelles!"
Deux loubards se radinant avec des intentions malveillantes, Daniel se barre en vitesse, abandonnant Marcel qui commence à trouver la situation saumâtre. Heureusement, Christian, un ancien copain, le fait monter dans sa voiture et le sauve in-extremis.
Dimanche 3.
Paris, encore Paris! Christian lui avait dit : "Si tu veux voir du spectacle, va aux Tuileries le dimanche après-midi!". Donc il va au spectacle. Il fait un temps splendide et les hommes sont suffisamment dévêtus pour faire apprécier leur bronzage, leurs biceps et leurs pectoraux. La plupart sont superbes, avec des corps magnifiques et de vraies gueules d'hommes. Après son Polonais, Marcel n'a pas envie de se cataloguer dans les étrangers, et pourtant il est abordé par un Espagnol, puis par un Canadien, et enfin par un Indien (de Calcutta) mais dont les conditions sont inacceptables : il lui faut un lit et d'autres personnes (c'est un adepte du diction : "plus on est de folles, plus on se marre"). Le cirque continue avec un type qui s'avère être un con doublé d'un maquereau, et un Versaillais qui travaille dans la confection mais n'est même pas foutu de lui payer l'apéritif. Il rentre, fatigué, morose. Sommeil trouble.
Triste vendredi 27 août.
Le type qui le reluquait depuis quelques mois, et que ses trois copines traitaient de con, n'est rien d'autre qu'un inspecteur des Galeries. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il en voulait énormément à Marcel depuis ce lointain et fameux soir où il l'avait nargué, rue du Baillage, en présence des trois filles de joie.
Marcel venait de faire quelques "achats" en compagnie de Rolande, lorsqu'il leur a mis la main dessus. Rolande s'est enfuie, une bouteille de scotch dans son sac. Marcel s'est laissé docilement conduire au poste de police, boulevard de l'Yser. Il a gardé son calme, et il a eu raison, car il allait en avoir besoin par la suite. Après avoir fait sa déclaration à la police, il est retourné au bureau où Léontine l'a mis au courant des faits : Rolande est revenue, dans un état voisin de la syncope. Il a fallu l'emmener en voiture chez elle (grâce à l'amitié des gens du Labo).
Marcel décide d'agir vite. Il va chez elle la persuader d'aller au commissariat pour faire une déclaration en règle, puisque de toute façon l'inspecteur a relevé son nom et sait où ils travaillent. Pendant qu'il la raisonne, le mec va au bureau raconter ce qu'ils ont fait. Heureusement, Gruyère est encore en vacances. Rolande se rend donc au commissariat, mais c'est pour faire une déclaration mensongère. Elle ne se pose pas en complice, mais en témoin de ce que Marcel a fait. Pour lui, c'est la fin de ses illusions -s'il en avait encore- et la confirmation de ce qu'il pensait d'elle. Mais il ne lui en veut pas et propose de l'emmener avec lui au Havre, pour le week-end, afin de se détendre un peu et de parler calmement de la suite des événements.
La veille, le jeudi 26, il avait fait la connaissance de Bernard, un type pas mal foutu mais assez dérangé du ciboulot, et faisant l'amour comme s'il avait un poignard à la place du sexe.
Le week-end se passe assez bien, au Havre, avec beaucoup de musique. Dimanche après-midi, ils vont dire bonjour à Mamie, qui leur offre le thé en présence de son petit-fils, Patrick, qui s'empâte. Rolande fait semblant d'être détendue mais elle est toujours aussi angoissée.
Lundi 30.
Lettre de Bernard, qui relance Marcel. Celui-ci lui répond illico. Léontine est là pour lui remonter le moral et, à 18h, ils vont bras-dessus, bras-dessous à travers les rues de la ville.
Mardi 31.
L'atmosphère est détendue au bureau. Le chef est de bonne humeur, bien rentré d'Espagne. Marcel doit ménager Peter, car il n'a pas confiance en lui. Aussi, lorsque ce dernier invite Rolande a venir manger des moules chez lui, il sait d'avance qu'elle va tout lui raconter, par paresse, par trouille, et pour se faire réconforter.
Mercredi 1er septembre.
Carte de Tadziu. Souvenir. Légère déprime.
Vendredi 3.
Bernard vient le chercher à 18h30. Ils vont manger à la Maison des Jeunes. Ils devaient passer le week-end ensemble, à Paris, où Bernard a de la famille. Oui mais voilà : il ne pourra pas le faire coucher et ne pourra pas s'occuper de lui avant dimanche midi. Marcel commence à se demander pourquoi il fréquente ce zigoto. Mais Bernard est beau, il est intelligent, même s'il baise comme un sauvage. Alors, oui, ok, Paris, même s'ils ne pourront même pas s'y voir!
En fait, le seul moment agréable, il le passera avec Claudine, venue le retrouver samedi midi, au Self de Saint Lazare. Ensuite, déçu, déprimé, il rentrera à Rouen par le train de 17h30.
Samedi 4.
Bien décidé à se venger de Bernard et de ses rendez-vous à la con, Marcel sort afin de se dégourdir les jambes. Le premier homme à l'aborder a la même voiture que David, mais ce n'est pas lui, malheureusement. Marcel le laisse pour monter à la gare où il est abordé gaillardement par un certain Daniel :
Daniel : Bon, alors, on y va?
Marcel : Où ça?
Daniel : Chez toi, tiens!
Marcel : Minute! Je viens juste d'arriver. Laisse-moi le temps de voir s'il y a des têtes nouvelles!"
Deux loubards se radinant avec des intentions malveillantes, Daniel se barre en vitesse, abandonnant Marcel qui commence à trouver la situation saumâtre. Heureusement, Christian, un ancien copain, le fait monter dans sa voiture et le sauve in-extremis.
Dimanche 3.
Paris, encore Paris! Christian lui avait dit : "Si tu veux voir du spectacle, va aux Tuileries le dimanche après-midi!". Donc il va au spectacle. Il fait un temps splendide et les hommes sont suffisamment dévêtus pour faire apprécier leur bronzage, leurs biceps et leurs pectoraux. La plupart sont superbes, avec des corps magnifiques et de vraies gueules d'hommes. Après son Polonais, Marcel n'a pas envie de se cataloguer dans les étrangers, et pourtant il est abordé par un Espagnol, puis par un Canadien, et enfin par un Indien (de Calcutta) mais dont les conditions sont inacceptables : il lui faut un lit et d'autres personnes (c'est un adepte du diction : "plus on est de folles, plus on se marre"). Le cirque continue avec un type qui s'avère être un con doublé d'un maquereau, et un Versaillais qui travaille dans la confection mais n'est même pas foutu de lui payer l'apéritif. Il rentre, fatigué, morose. Sommeil trouble.
dimanche 14 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -30
Marcel visite la Pologne.
Week-end à Paris.
Samedi 21 août, Marcel avait rdv à 19h place du Vieux Marché, avec un Suisse et -à la même heure- gare Saint Lazare avec un parisien. Or, à cette heure-là, il était à Neuilly, dans les bras d'un Polonais.
C'est, en très bref, le résumé d'un week-end passionnant, sillonné de pluie, mais d'un intérêt toujours constant.
Mais tout a commencé vendredi soir, à Rouen.
De 22h à 23h, il n'y avait personne, ni à la gare, ni rue du Baillage. Seul, un ancien copain l'avait accepté dans sa voiture, et ils avaient fait le tour de la ville ensemble (Vieux Marché, Saint Maclou, etc.). Puis ils s'étaient séparés rue du Baillage. Là, Marcel avait remarqué une Volkswagen bleu sombre, mais elle n'avait fait que passer, et puis une voiture suisse à l'arrêt. Il est monté dans celle-ci. Il a flirté avec le conducteur, qui lui a annoncé qu'il venait de tirer son coup et qui lui a donné rdv pour le lendemain, à 19h, place du Vieux Marché où il devait aller faire son tiercé. Marcel est descendu de sa voiture et a rencontré un autre ancien copain qui voulait monter chez lui, mais il a refusé. C'était la Volkswagen bleue qui l'intriguait. Allait-elle repasser? Il décida d'attendre. Elle ne tarda pas à revenir, s'arrêta plus loin, et il se précipita. Il aborda directement le conducteur et l'amena chez lui. Il s'appelait Jean-Claude apparemment, habitait Le Havre et avait de très belles cuisses, bien rondes. Ils firent l'amour et le mec, très bronzé, lui dit "Heureusement que tu n'es pas raciste!". Il partit, et Marcel se coucha, à 3h du matin.
Il se réveilla, ce samedi 21 août, à 8h, dans une forme exceptionnelle. D'ailleurs il ne se souvenait pas, en se remémorant sa vie à Rouen, d'avoir été dans une forme pareille : absolument sûr de lui! Aussi, pas question de rester sur place : vite, Paris et sa drague permanente!
Il partit au train de 10h. Il commença par faire ses courses, le train-train habituel : le Printemps, les Galeries, et Brummel. A 13h15, débarrassé de la corvée des magasins, il fila directement aux Tuileries. Tout en lui désirait une rencontre. Il fit le tour de l'emplacement réservé aux habitués, et remarqua un homme d'âge moyen (certainement plus de 40 ans) bien habillé sans ostentation, cheveux courts et grisonnants, teint hâlé, yeux clairs, grand (1m80) qui, assis, le regardait. Il s'assit, lui tourna le dos, et contempla la place de la Concorde d'un air absent.. Cinq minutes après il se leva, se retourna. L'homme était debout et parlait avec un autre mec, plus jeune, genre métis, très bien fait. Marcel passa près d'eux, les regarda et commença à redescendre la rampe, où il s'accouda. Apparut, venant de l'extérieur, un jeune homme, sûr de lui, démarche adéquate, pas mal, mais tout à fait le genre gigolo. Il monta, tandis que l'autre redescendait. Ils se regardèrent. Le gigolo s'arrêta, au-dessus de Marcel, s'appuya à la rampe à son tour. Le type était en bas, et n'arrêtait pas de le regarder, avant de se diriger vers les tasses. Aussitôt, le gigolo redescendit et alla l'y rejoindre. Marcel ne bougea pas et patienta, intrigué par leur manège. Le gigolo sortit de la tasse le premier, remonta vers la rampe, se posa. Le type sortit à son tour, leva les yeux vers lui, hésita, alla vers la grille qui donnait sur la place, s'arrêta, revint. Marcel décida d'intervenir. Il descendit, passa devant l'homme, le regarda intensément, stoppa à la grille puis revint à la charge, le fixant sans ambiguité. L'homme se décida enfin et l'aborda. Le gigolo, au-dessus d'eux, émettait des sons divers avec sa bouche. Marcel parla, du mauvais temps, tout en assurant que septembre serait magnifique. L'homme, alors, se rapprocha lentement de lui et, à voix basse :
Lui : Je tiens à vous prévenir : je suis très bien monté.... C'est quelque chose d'énorme...
Marcel (les yeux ébahis) : ..........
Lui : Avez-vous quelque chose? De la crème?
Marcel : Non, je ne mets rien... Un peu de salive, peut-être...
Lui (étonné) : Mais ça ne vous fait pas mal?
Marcel : Non, j'adore ça.
Le dialogue continua. Le mec lui expliqua qu'il habitait en banlieue, qu'il ne pouvait pas l'y emmener tout de suite mais que, s'il voulait, ce soir....
Lui : A 19h, gare Saint Lazare. Et je t'assure que tu n'auras pas à te plaindre : je te prendrai autant de fois que tu voudras.
Marcel acquiesça, et s'en alla. Il regarda sa montre : 14h. Son train pour Rouen était à 16h15, l'autre à 17h30. Il avait tout son temps. Il refit le tour des allées et avisa un homme, blond, jeune (pas 30 ans, se dit-il) qui était assis et lisait un journal posé sur sa braguette ouverte. Marcel se mit devant lui et l'homme lui désigna la chaise près de lui où il s'assit. Redémarrage. Passage en première d'une façon très détendue puisque le type faisait semblant de lire un journal qui était placé à l'envers sur ses cuisses. Rigolade, et pointe d'accent dans la voix. Marcel, passant en seconde, chercha à localiser sa nationalité. Le Nord? Non. L'Allemagne? C'est presque ça. Heu... La Pologne? Nous y sommes. Voilà, la route est dégagée, la voie est libre. Philo, examens, et prise en main du levier de vitesse dans la braguette ouverte. Tout va bien.
Ils se lèvent, prennent le métro, arrivent à Neuilly, près de l'Etoile, montent chez lui. Une petite chambre, louée nue 450F par mois. Plein de bouquins entassés les uns sur les autres, des souvenirs de Pologne, un ours que Marcel baptise Antoine, un magnifique tapis et un désordre indescriptible. Tadziu lui parle de sa faim, de son désir, de son corps, de son frère, de la vie, des études, de sa concierge, de son logement. A 18h, sortis du lit, épuisés mais non rassasiés, ils vont faire un tour au Bois de Boulogne. Ciel bas. Ils parlent de l'eau, vertige et miroir, de la vie en Pologne. Ils rentrent, mangent et refont l'amour.
Dimanche 22.
Après des rêves et des caresses ébauchés, ils se réveillent à 8h15. Il faut se lever, se laver, et aller faire le marché. Sous la pluie, Marcel tenant le pépin, lui en dégueulasse. Puis ils rentrent, prennent le petit déjeuner. Pendant qu'il fait des confitures, Marcel épluche les haricots. Ils se quittent.
Marcel va sur les Champs Elysées, l'air ensommeillé, et retourne à la gare.
Il est à Rouen à 15h et va directement chez Rolande. Claudine vient les rejoindre à 19h30. Elle a déjà passablement bu chez sa cousine, et Marcel craint fort que la soirée se termine mal. Elle se termine mal, en effet, mais par la faute de Rolande qui touche à peine aux plats, pourtant bons, qu'on lui sert, et se venge par des méchancetés soudaines que le vin ne fait qu'accentuer. Elle les reconduit, mais avec une hargne qui semble ridicule. Après la tempête c'est la décrépitude : Claudine se met à chialer dans le lit. Charmante soirée. Heureusement, Marcel se referme en lui-même, évoquant avec émotion son beau Polonais et leurs ébats pleins de tendresse et de vivacité.
Week-end à Paris.
Samedi 21 août, Marcel avait rdv à 19h place du Vieux Marché, avec un Suisse et -à la même heure- gare Saint Lazare avec un parisien. Or, à cette heure-là, il était à Neuilly, dans les bras d'un Polonais.
C'est, en très bref, le résumé d'un week-end passionnant, sillonné de pluie, mais d'un intérêt toujours constant.
Mais tout a commencé vendredi soir, à Rouen.
De 22h à 23h, il n'y avait personne, ni à la gare, ni rue du Baillage. Seul, un ancien copain l'avait accepté dans sa voiture, et ils avaient fait le tour de la ville ensemble (Vieux Marché, Saint Maclou, etc.). Puis ils s'étaient séparés rue du Baillage. Là, Marcel avait remarqué une Volkswagen bleu sombre, mais elle n'avait fait que passer, et puis une voiture suisse à l'arrêt. Il est monté dans celle-ci. Il a flirté avec le conducteur, qui lui a annoncé qu'il venait de tirer son coup et qui lui a donné rdv pour le lendemain, à 19h, place du Vieux Marché où il devait aller faire son tiercé. Marcel est descendu de sa voiture et a rencontré un autre ancien copain qui voulait monter chez lui, mais il a refusé. C'était la Volkswagen bleue qui l'intriguait. Allait-elle repasser? Il décida d'attendre. Elle ne tarda pas à revenir, s'arrêta plus loin, et il se précipita. Il aborda directement le conducteur et l'amena chez lui. Il s'appelait Jean-Claude apparemment, habitait Le Havre et avait de très belles cuisses, bien rondes. Ils firent l'amour et le mec, très bronzé, lui dit "Heureusement que tu n'es pas raciste!". Il partit, et Marcel se coucha, à 3h du matin.
Il se réveilla, ce samedi 21 août, à 8h, dans une forme exceptionnelle. D'ailleurs il ne se souvenait pas, en se remémorant sa vie à Rouen, d'avoir été dans une forme pareille : absolument sûr de lui! Aussi, pas question de rester sur place : vite, Paris et sa drague permanente!
Il partit au train de 10h. Il commença par faire ses courses, le train-train habituel : le Printemps, les Galeries, et Brummel. A 13h15, débarrassé de la corvée des magasins, il fila directement aux Tuileries. Tout en lui désirait une rencontre. Il fit le tour de l'emplacement réservé aux habitués, et remarqua un homme d'âge moyen (certainement plus de 40 ans) bien habillé sans ostentation, cheveux courts et grisonnants, teint hâlé, yeux clairs, grand (1m80) qui, assis, le regardait. Il s'assit, lui tourna le dos, et contempla la place de la Concorde d'un air absent.. Cinq minutes après il se leva, se retourna. L'homme était debout et parlait avec un autre mec, plus jeune, genre métis, très bien fait. Marcel passa près d'eux, les regarda et commença à redescendre la rampe, où il s'accouda. Apparut, venant de l'extérieur, un jeune homme, sûr de lui, démarche adéquate, pas mal, mais tout à fait le genre gigolo. Il monta, tandis que l'autre redescendait. Ils se regardèrent. Le gigolo s'arrêta, au-dessus de Marcel, s'appuya à la rampe à son tour. Le type était en bas, et n'arrêtait pas de le regarder, avant de se diriger vers les tasses. Aussitôt, le gigolo redescendit et alla l'y rejoindre. Marcel ne bougea pas et patienta, intrigué par leur manège. Le gigolo sortit de la tasse le premier, remonta vers la rampe, se posa. Le type sortit à son tour, leva les yeux vers lui, hésita, alla vers la grille qui donnait sur la place, s'arrêta, revint. Marcel décida d'intervenir. Il descendit, passa devant l'homme, le regarda intensément, stoppa à la grille puis revint à la charge, le fixant sans ambiguité. L'homme se décida enfin et l'aborda. Le gigolo, au-dessus d'eux, émettait des sons divers avec sa bouche. Marcel parla, du mauvais temps, tout en assurant que septembre serait magnifique. L'homme, alors, se rapprocha lentement de lui et, à voix basse :
Lui : Je tiens à vous prévenir : je suis très bien monté.... C'est quelque chose d'énorme...
Marcel (les yeux ébahis) : ..........
Lui : Avez-vous quelque chose? De la crème?
Marcel : Non, je ne mets rien... Un peu de salive, peut-être...
Lui (étonné) : Mais ça ne vous fait pas mal?
Marcel : Non, j'adore ça.
Le dialogue continua. Le mec lui expliqua qu'il habitait en banlieue, qu'il ne pouvait pas l'y emmener tout de suite mais que, s'il voulait, ce soir....
Lui : A 19h, gare Saint Lazare. Et je t'assure que tu n'auras pas à te plaindre : je te prendrai autant de fois que tu voudras.
Marcel acquiesça, et s'en alla. Il regarda sa montre : 14h. Son train pour Rouen était à 16h15, l'autre à 17h30. Il avait tout son temps. Il refit le tour des allées et avisa un homme, blond, jeune (pas 30 ans, se dit-il) qui était assis et lisait un journal posé sur sa braguette ouverte. Marcel se mit devant lui et l'homme lui désigna la chaise près de lui où il s'assit. Redémarrage. Passage en première d'une façon très détendue puisque le type faisait semblant de lire un journal qui était placé à l'envers sur ses cuisses. Rigolade, et pointe d'accent dans la voix. Marcel, passant en seconde, chercha à localiser sa nationalité. Le Nord? Non. L'Allemagne? C'est presque ça. Heu... La Pologne? Nous y sommes. Voilà, la route est dégagée, la voie est libre. Philo, examens, et prise en main du levier de vitesse dans la braguette ouverte. Tout va bien.
Ils se lèvent, prennent le métro, arrivent à Neuilly, près de l'Etoile, montent chez lui. Une petite chambre, louée nue 450F par mois. Plein de bouquins entassés les uns sur les autres, des souvenirs de Pologne, un ours que Marcel baptise Antoine, un magnifique tapis et un désordre indescriptible. Tadziu lui parle de sa faim, de son désir, de son corps, de son frère, de la vie, des études, de sa concierge, de son logement. A 18h, sortis du lit, épuisés mais non rassasiés, ils vont faire un tour au Bois de Boulogne. Ciel bas. Ils parlent de l'eau, vertige et miroir, de la vie en Pologne. Ils rentrent, mangent et refont l'amour.
Dimanche 22.
Après des rêves et des caresses ébauchés, ils se réveillent à 8h15. Il faut se lever, se laver, et aller faire le marché. Sous la pluie, Marcel tenant le pépin, lui en dégueulasse. Puis ils rentrent, prennent le petit déjeuner. Pendant qu'il fait des confitures, Marcel épluche les haricots. Ils se quittent.
Marcel va sur les Champs Elysées, l'air ensommeillé, et retourne à la gare.
Il est à Rouen à 15h et va directement chez Rolande. Claudine vient les rejoindre à 19h30. Elle a déjà passablement bu chez sa cousine, et Marcel craint fort que la soirée se termine mal. Elle se termine mal, en effet, mais par la faute de Rolande qui touche à peine aux plats, pourtant bons, qu'on lui sert, et se venge par des méchancetés soudaines que le vin ne fait qu'accentuer. Elle les reconduit, mais avec une hargne qui semble ridicule. Après la tempête c'est la décrépitude : Claudine se met à chialer dans le lit. Charmante soirée. Heureusement, Marcel se referme en lui-même, évoquant avec émotion son beau Polonais et leurs ébats pleins de tendresse et de vivacité.
La (petite) vie de Marcel -29
Marcel dialogue avec un Lillois.
Lundi 16 août.
"Même ceux avec qui il avait fait l'amour -surtout ceux-là- avaient fui, une fois leur plaisir obtenu, tout contact affectif avec lui".
Marcel, en lisant çelà, s'était dit "Pas mal!". Il s'agissait du bouquin "Macadam Cow-Boy". Il n'avait pas vu le film (Claudine l'avait vu, et l'avait trouvé meilleur que le livre). Et c'était un superbe mec qui disait ça, avec des muscles et des épaules!
"Qu'est-ce que je devrais dire, moi alors, qui n'ai que la peau sur les os!".
Vendredi soir, David a fait au moins dix fois le tour avant d'aller s'arrêter dans une rue déserte où Marcel doit aller le rejoindre. "Ai-je encore envie de lui?" se dit-il. Par orgueil, il le lui prouve, en le faisant jouir intensément, pour lui faire croire qu'il n'a pas perdu son temps pendant son absence et qu'il a perfectionné son style. Mais David s'en soucie-t-il? Sa pensée va-t-elle jusque-là?
Ce lundi, il est 23h30 quand Marcel commence à désespérer de trouver une bonne poire pour le ramener rue des Sapins. Il a été voir ses petites copines : la brune a grossi, la rousse est toujours aussi garce.
En dernier ressort, à la gare, il va aux tasses. Un jeune le remarque, entre avec lui, se met à ses côtés, ressort. Marcel le suit et le mec lui fait signe de monter dans sa voiture. Les voilà partis rue des Sapins. Le mec est pressé. Tant mieux, car Marcel a sommeil.
Dialogue :
Marcel : Tu es fiancé?
Lui : Oui.
Marcel : Ca se voit.
Lui : A quoi tu vois ça?
Marcel : A ta façon d'embrasser -ou plutôt de ne pas embrasser!
Lui : C'est vrai, je n'aime pas embrasser les garçons.
Marcel : Si tu es fiancé, pourquoi est-ce que tu dragues?
Lui (hésitant) : Je ne sais pas... par attirance...
Marcel : Qu'est-ce que tu aimes, chez un garçon? Qu'est-ce que tu aimes faire avec lui?
Lui : Le voir à poil. Le prendre. Et toi?
Marcel (tout en se déculottant) : La même chose que toi : le voir à poil, et me faire prendre.
Lui : Tu aimes te faire prendre?
Marcel : Oui.
Ils sont assis sur le lit, ils se touchent, le mec est raide.
Lui : Tu veux que je te prenne?
Marcel : On peut toujours essayer.
Lui (se levant, tenant son froc) : Allons-y. Tu fais ça comment : debout? couché? assis?
Il se couche derrière Marcel et le pénètre.
Lui : En tout cas, tu sais bien baiser.
Marcel : .........
Lui : Tu en as déjà eu d'aussi grosses?
Marcel : Tais-toi!
Le mec jouit et se retire très vite.
Marcel : Je sais que tu es pressé, mais quand même!
Il rit, se lave le sexe, se rhabille. Marcel s'allonge et le regarde.
Lui : Bon, je m'en vais.
Marcel : Tu pourrais au moins m'embrasser.
Il revient vers lui, se penche, l'embrasse sur le front.
Marcel : Salaud!
Il rit et s'en va. Marcel se couche. Minuit dix. Il s'endort aussitôt. Le mec venait de Lille, et s'appelait... Comment s'appelait-il donc? Est-ce qu'il avait seulement un prénom?
Mardi 17.
Rolande et Marcel vont, à 18h, chez Germaine pour lui souhaiter sa fête. Beaucoup de fleurs, et toujours les mêmes têtes de tapettes.
Mercredi 18.
Rue du Baillage, la blonde, qui était tout le temps fourrée avec les deux autres, s'arrête devant Marcel. Elle est au volant d'une belle voiture blanche où il y a trois autres personnes. Elle lui présente son mari, lui avoue qu'elle ne fait plus la retape et lui souhaite bon courage.
Lundi 16 août.
"Même ceux avec qui il avait fait l'amour -surtout ceux-là- avaient fui, une fois leur plaisir obtenu, tout contact affectif avec lui".
Marcel, en lisant çelà, s'était dit "Pas mal!". Il s'agissait du bouquin "Macadam Cow-Boy". Il n'avait pas vu le film (Claudine l'avait vu, et l'avait trouvé meilleur que le livre). Et c'était un superbe mec qui disait ça, avec des muscles et des épaules!
"Qu'est-ce que je devrais dire, moi alors, qui n'ai que la peau sur les os!".
Vendredi soir, David a fait au moins dix fois le tour avant d'aller s'arrêter dans une rue déserte où Marcel doit aller le rejoindre. "Ai-je encore envie de lui?" se dit-il. Par orgueil, il le lui prouve, en le faisant jouir intensément, pour lui faire croire qu'il n'a pas perdu son temps pendant son absence et qu'il a perfectionné son style. Mais David s'en soucie-t-il? Sa pensée va-t-elle jusque-là?
Ce lundi, il est 23h30 quand Marcel commence à désespérer de trouver une bonne poire pour le ramener rue des Sapins. Il a été voir ses petites copines : la brune a grossi, la rousse est toujours aussi garce.
En dernier ressort, à la gare, il va aux tasses. Un jeune le remarque, entre avec lui, se met à ses côtés, ressort. Marcel le suit et le mec lui fait signe de monter dans sa voiture. Les voilà partis rue des Sapins. Le mec est pressé. Tant mieux, car Marcel a sommeil.
Dialogue :
Marcel : Tu es fiancé?
Lui : Oui.
Marcel : Ca se voit.
Lui : A quoi tu vois ça?
Marcel : A ta façon d'embrasser -ou plutôt de ne pas embrasser!
Lui : C'est vrai, je n'aime pas embrasser les garçons.
Marcel : Si tu es fiancé, pourquoi est-ce que tu dragues?
Lui (hésitant) : Je ne sais pas... par attirance...
Marcel : Qu'est-ce que tu aimes, chez un garçon? Qu'est-ce que tu aimes faire avec lui?
Lui : Le voir à poil. Le prendre. Et toi?
Marcel (tout en se déculottant) : La même chose que toi : le voir à poil, et me faire prendre.
Lui : Tu aimes te faire prendre?
Marcel : Oui.
Ils sont assis sur le lit, ils se touchent, le mec est raide.
Lui : Tu veux que je te prenne?
Marcel : On peut toujours essayer.
Lui (se levant, tenant son froc) : Allons-y. Tu fais ça comment : debout? couché? assis?
Il se couche derrière Marcel et le pénètre.
Lui : En tout cas, tu sais bien baiser.
Marcel : .........
Lui : Tu en as déjà eu d'aussi grosses?
Marcel : Tais-toi!
Le mec jouit et se retire très vite.
Marcel : Je sais que tu es pressé, mais quand même!
Il rit, se lave le sexe, se rhabille. Marcel s'allonge et le regarde.
Lui : Bon, je m'en vais.
Marcel : Tu pourrais au moins m'embrasser.
Il revient vers lui, se penche, l'embrasse sur le front.
Marcel : Salaud!
Il rit et s'en va. Marcel se couche. Minuit dix. Il s'endort aussitôt. Le mec venait de Lille, et s'appelait... Comment s'appelait-il donc? Est-ce qu'il avait seulement un prénom?
Mardi 17.
Rolande et Marcel vont, à 18h, chez Germaine pour lui souhaiter sa fête. Beaucoup de fleurs, et toujours les mêmes têtes de tapettes.
Mercredi 18.
Rue du Baillage, la blonde, qui était tout le temps fourrée avec les deux autres, s'arrête devant Marcel. Elle est au volant d'une belle voiture blanche où il y a trois autres personnes. Elle lui présente son mari, lui avoue qu'elle ne fait plus la retape et lui souhaite bon courage.
vendredi 12 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -28
Marcel retrouve ses femmes.
Mardi 3 août.
Marcel a retrouvé ses femmes. C'est bon de retrouver ses femmes. Léontine, bien sûr, toujours aussi mordante, et Rolande, qui n'arrête pas de parler de ce qu'ils pourraient faire, tous les deux, si seulement il voulait....
Hier soir, il a fait monter chez lui un grand et gros type, avec un sexe de 2 mètres de long, qui n'arrêtait pas de lui mordre les burnes.
Mercredi 4.
Connaissez-vous "Monsieur Pleins-pouvoirs"? C'est le nouveau surnom de Peter. II écrit à son ami d'Albi que Gruyère, en partant en vacances, lui a donné les "pleins pouvoirs", et qu'il va pouvoir en profiter pour réformer tout le service. Aussi, il faut voir avec quel zèle il fourre son nez partout : vaccinations, logement, hygiène, il commence tout, ne finit rien, donne des conseils, ne veut démordre sur rien. Et il s'occupe aussi du service d'ordre, ce qui met Marcel en boule. Babeth approuve, et prépare son rapport au chef lorsqu'il rentrera : "Vous pouvez être fier de Peter, il a assuré au maximum pendant votre absence...".
Nuit du jeudi 5 au vendredi 6.
Après avoir été réveillé par l'arrivée de son voisin, Marcel se rendort et fait un rêve. Il se rend chez son ancien professeur, Mme Déporte. Elle est beaucoup plus jeune, et alitée. Elle se lève et il l'aide à faire son lit. Ils plaisantent, elle ne tarde pas à être nue et elle se colle à lui. Elle lui dit qu'elle est seule depuis longtemps et qu'elle a des besoins. Il la prévient tout de suite qu'il est vierge et qu'il va lui falloir de la patience. Elle est assez docile. Ils sont l'un sur l'autre, elle se laisse caresser mais il ne bande pas, ce qui ne semble pas beaucoup la déranger. Elle l'aide assez peu et il est obligé de se toucher pour s'exciter. La bonne doit être arrivée car il l'entend qui parle à sa maîtresse dans l'entrebaillement de la porte. Il se retrouve sur le bord du lit, en train de se branler pour se faire bander. Enfin il bande, et il se précipite en criant : "Ca y est! Je bande! Allons-y!". Son rêve s'arrête au moment où il s'élance vers les deux femmes.
Samedi 7 - Dimanche 8.
Il passe l'après-midi avec Rolande, à faire des courses dans différents magasins. Le soir, après avoir mangé à la Maison des Jeunes, ils vont chez Patrice, le petit ami de Réjane (soeur de Rolande) manger une fondue. Il y a pas mal de monde (10 en tout) : Thérèse, Alain son mari, Sylvie, Jamy (qui a des vues sur Rolande) et un couple de minet-minette sans intérêt. Thérèse essaye de saouler Sylvie, parce que Sylvie est rigolote quand elle est bourrée. Mais Thérèse finit par être aussi saoule et aussi malade que Sylvie. Ils vont prendre le café chez Rolande, puis la bande s'en va, laissant seuls Rolande et Marcel. Ils se couchent, chacun de leur côté. Marcel se lève, à 7h, pour faire un peu de vaisselle et sortir la chienne. Puis il va chercher des croissants et se rend au-devant de Claudine. De retour avec elle chez Rolande ils mangent tous les trois, et toute la bande se radine pour finir le gâteau et boire le café.
L'après-midi se passe mal : Marcel est en pleine forme mais Rolande fait sa tête de cochon. Ils vont à l'ile Lacroix, voir la piscine que Marcel trouve horrible. Comme il n'arrête pas de faire le con, Rolande s'énerve après lui. Ils rentrent, refont à manger, bouffent. Réjane et Patrice se radinent, Marcel et Claudine s'en vont.
Lundi 9.
A 22h, Marcel va draguer. En arrivant à la gare, il voit une voiture s'arrêter près des tasses, mais le conducteur ne descend pas. "Trop bien pour moi" pense-t-il aussitôt : beau et viril, gros sans lourdeur, avec une belle gueule de mâle. Il se dit : "Inutile d'insister, il attend une nénette qui doit arriver par le train". Il va faire un tour mais, quand il revient vers 23h, le type est toujours là. Plus de trains. Donc... Un vieux essaye de le draguer, mais n'ose pas l'aborder. Faut dire que les vitres de sa voiture sont obstinément fermées. A 23h30, fatigué et trop myope pour voir s'il s'intéresse ou non à lui, Marcel décide de foutre le camp. Mais avant de partir, il prend l'initiative de passer à côté de lui et de le regarder en plein dans les yeux. Le mec soutient son regard. Marcel, un peu scotché, s'éloigne, s'arrête, ne sait plus ce qu'il doit faire. Les phares de la bagnole s'allument, le moteur gronde. Marcel s'avance sur le bord du trottoir, de façon à l'avoir sous les yeux lorsqu'il passera. Vitre baissée, il s'avance lentement, l'oeil fixé sur lui. Mais il cause! Et c'est à lui qu'il lance : "Tu montes?". Merde! Marcel ne se le fait pas dire deux fois....
"Prenons le rêve à pleines mains, se dit-il un fois chez lui. Pour un soir, pour une heure, je veux m'en repaître les yeux, des ses fesses qui débordent de son petit slip noir, de sa poitrine large, bronzée et velue, de la lourdeur de ses cuisses, de la soudain poussée de son sexe...".
Quand le reverra-t-il? Jamais, certainement et, sur son bras, un coeur percé d'une flèche avec ces deux initiales : RM.CM.
Christian. Le premier, tiens. Pas mal, pour un début. Il y en aura d'autres, évidemment, mais des mieux que lui, non, faut pas rêver!
Mardi 3 août.
Marcel a retrouvé ses femmes. C'est bon de retrouver ses femmes. Léontine, bien sûr, toujours aussi mordante, et Rolande, qui n'arrête pas de parler de ce qu'ils pourraient faire, tous les deux, si seulement il voulait....
Hier soir, il a fait monter chez lui un grand et gros type, avec un sexe de 2 mètres de long, qui n'arrêtait pas de lui mordre les burnes.
Mercredi 4.
Connaissez-vous "Monsieur Pleins-pouvoirs"? C'est le nouveau surnom de Peter. II écrit à son ami d'Albi que Gruyère, en partant en vacances, lui a donné les "pleins pouvoirs", et qu'il va pouvoir en profiter pour réformer tout le service. Aussi, il faut voir avec quel zèle il fourre son nez partout : vaccinations, logement, hygiène, il commence tout, ne finit rien, donne des conseils, ne veut démordre sur rien. Et il s'occupe aussi du service d'ordre, ce qui met Marcel en boule. Babeth approuve, et prépare son rapport au chef lorsqu'il rentrera : "Vous pouvez être fier de Peter, il a assuré au maximum pendant votre absence...".
Nuit du jeudi 5 au vendredi 6.
Après avoir été réveillé par l'arrivée de son voisin, Marcel se rendort et fait un rêve. Il se rend chez son ancien professeur, Mme Déporte. Elle est beaucoup plus jeune, et alitée. Elle se lève et il l'aide à faire son lit. Ils plaisantent, elle ne tarde pas à être nue et elle se colle à lui. Elle lui dit qu'elle est seule depuis longtemps et qu'elle a des besoins. Il la prévient tout de suite qu'il est vierge et qu'il va lui falloir de la patience. Elle est assez docile. Ils sont l'un sur l'autre, elle se laisse caresser mais il ne bande pas, ce qui ne semble pas beaucoup la déranger. Elle l'aide assez peu et il est obligé de se toucher pour s'exciter. La bonne doit être arrivée car il l'entend qui parle à sa maîtresse dans l'entrebaillement de la porte. Il se retrouve sur le bord du lit, en train de se branler pour se faire bander. Enfin il bande, et il se précipite en criant : "Ca y est! Je bande! Allons-y!". Son rêve s'arrête au moment où il s'élance vers les deux femmes.
Samedi 7 - Dimanche 8.
Il passe l'après-midi avec Rolande, à faire des courses dans différents magasins. Le soir, après avoir mangé à la Maison des Jeunes, ils vont chez Patrice, le petit ami de Réjane (soeur de Rolande) manger une fondue. Il y a pas mal de monde (10 en tout) : Thérèse, Alain son mari, Sylvie, Jamy (qui a des vues sur Rolande) et un couple de minet-minette sans intérêt. Thérèse essaye de saouler Sylvie, parce que Sylvie est rigolote quand elle est bourrée. Mais Thérèse finit par être aussi saoule et aussi malade que Sylvie. Ils vont prendre le café chez Rolande, puis la bande s'en va, laissant seuls Rolande et Marcel. Ils se couchent, chacun de leur côté. Marcel se lève, à 7h, pour faire un peu de vaisselle et sortir la chienne. Puis il va chercher des croissants et se rend au-devant de Claudine. De retour avec elle chez Rolande ils mangent tous les trois, et toute la bande se radine pour finir le gâteau et boire le café.
L'après-midi se passe mal : Marcel est en pleine forme mais Rolande fait sa tête de cochon. Ils vont à l'ile Lacroix, voir la piscine que Marcel trouve horrible. Comme il n'arrête pas de faire le con, Rolande s'énerve après lui. Ils rentrent, refont à manger, bouffent. Réjane et Patrice se radinent, Marcel et Claudine s'en vont.
Lundi 9.
A 22h, Marcel va draguer. En arrivant à la gare, il voit une voiture s'arrêter près des tasses, mais le conducteur ne descend pas. "Trop bien pour moi" pense-t-il aussitôt : beau et viril, gros sans lourdeur, avec une belle gueule de mâle. Il se dit : "Inutile d'insister, il attend une nénette qui doit arriver par le train". Il va faire un tour mais, quand il revient vers 23h, le type est toujours là. Plus de trains. Donc... Un vieux essaye de le draguer, mais n'ose pas l'aborder. Faut dire que les vitres de sa voiture sont obstinément fermées. A 23h30, fatigué et trop myope pour voir s'il s'intéresse ou non à lui, Marcel décide de foutre le camp. Mais avant de partir, il prend l'initiative de passer à côté de lui et de le regarder en plein dans les yeux. Le mec soutient son regard. Marcel, un peu scotché, s'éloigne, s'arrête, ne sait plus ce qu'il doit faire. Les phares de la bagnole s'allument, le moteur gronde. Marcel s'avance sur le bord du trottoir, de façon à l'avoir sous les yeux lorsqu'il passera. Vitre baissée, il s'avance lentement, l'oeil fixé sur lui. Mais il cause! Et c'est à lui qu'il lance : "Tu montes?". Merde! Marcel ne se le fait pas dire deux fois....
"Prenons le rêve à pleines mains, se dit-il un fois chez lui. Pour un soir, pour une heure, je veux m'en repaître les yeux, des ses fesses qui débordent de son petit slip noir, de sa poitrine large, bronzée et velue, de la lourdeur de ses cuisses, de la soudain poussée de son sexe...".
Quand le reverra-t-il? Jamais, certainement et, sur son bras, un coeur percé d'une flèche avec ces deux initiales : RM.CM.
Christian. Le premier, tiens. Pas mal, pour un début. Il y en aura d'autres, évidemment, mais des mieux que lui, non, faut pas rêver!
mercredi 10 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -27
Marcel combat le choléra.
Jeudi 22 juillet.
La menace du choléra en Espagne fait défiler les gens aux vaccinations. Rolande n'étant pas là, Marcel doit garder la tête froide au milieu des infirmières qui s'agitent. En définitive, tout se passe bien.
Il met un mot sous la porte de Jean-Michel. Va-t-il mordre à l'hameçon?
Vendredi 23.
C'est la deuxième nuit qu'il se réveille avec des douleurs dans le ventre. Ce doit être la faute à la caféine.
Il a fait des rêves idiots, voisins du cauchemar.
Au bureau, coups de téléphone, sans arrêt : choléra, choléra. Tout celà à cause des déclarations optimistes faites à la télévision. Les gens rappliquent, croyant que les infirmières disposent de vaccins. Or, elles n'en ont pas. Elles en attendent.
Marcel a lu "L'enfant de choeur" d'Etiemble. Il y voit la confirmation du manque d'imagination dans les traverses de l'érotisme. André apaise sa sensualité avec ce qu'il a sous la main : branlage, copains d'école, puis sa mère. Marcel se rappelle son adolescence, à Tours, lorsqu'il sortait le soir pour rencontrer des inconnus qui lui feraient oublier l'ambiance familiale (frangin, frangine, beau-frère, jusqu'à sa grand-mère impotente).
A 14h45 Jean-Michel lui téléphone. Il est d'accord pour le voir, lundi soir. A ses risques et périls.
Mme B., l'infirmière en chef, court d'un bureau à l'autre, répond au téléphone, aux clients, fait des grimaces, s'agite, hilare, les mains sur les hanches. Elle est déchaînée. Tout ça, évidemment, à cause du choléra. Un chauffeur est parti chercher des vaccins à Paris. Il a intérêt à en ramener car lundi il y aura plus de 200 personnes à attendre devant la porte.
A 22h30, rue du Baillage, Marcel aborde un type, planqué dans l'ombre. Le physique est bon, la tête rappelle un peu David, mais en plus cynique. Marcel lui demande s'il a un endroit où aller, il lui répond : "Oui, ma Cadillac". C'est une vulgaire 2CV toute dégueulasse. Marcel refuse. L'homme est pressé. "Sans blague? Ta femme t'attend?". Ca le fait rire. Non seulement sa femme, mais ses deux gosses, et il embrasse Marcel à pleine bouche sur le trottoir. Les présentations étant faites, Marcel emmène ce salaud chez lui qui, à peine arrivé dans la chambre, lui demande de le sucer. Après avoir joui, pressé de rentrer chez lui, il va partir, tenant son froc, hésite, branle Marcel. Comme il bande encore, celui-ci lui dit "Tu ne vas pas partir comme ça!". Le mec rigole et se jette sur lui. "Vas-y! crie-t-il, vas-y! C'est bon!".
Marcel le raccompagne, à poil, dans le couloir. Il est minuit. Il s'endort, claqué.
Samedi 24.
Il décide d'aller à Paris et prend le train de 10h, bien décidé à venger l'honneur de Claudine. Il jette son dévolu sur le Printemps et son rayon de disques.
Lundi 26.
Vaccinations. Le vaccin est là. Beaucoup de monde. Marcel a pourtant le temps de remarquer un Espagnol, la chemise entrouverte sur sa poitrine bronzée et poilue, l'air réservé, avec une sorte de brutalité dans le regard. Comme il n'a pas apporté de flacon d'urine il lui donne un récipient et, quand il le lui rend, il lui sourit. L'espagnol répond à son sourire.
Vendredi 30, quand il revient pour la deuxième piqûre, il va directement voir Marcel. Ils se sourient, il prend son tour d'attente. Et pendant que Marcel discute avec Mme D. et Babeth, il vient lui parler : il doit aller chercher de l'argent à sa banque, à Saint Etienne du Rouvray. Peut-il y aller? Oui, mais faites vite! Merci. Il part (16h30), Marcel met son carnet international de côté, et commence à l'attendre, et à avoir peur. A 17h30, il n'y a presque plus personne. L'infirmière en chef parle de fermer, le docteur R., un petit tortilleur du cul qui fait des manières, de partir. Marcel supplie tout le monde. A 17h50 l'espagnol arrive enfin, en courant. Marcel lui dit, tout ému : "Vous m'avez fait peur". Il se justifie avec un faible sourire mouillé de sueur : "Je ne fais que ça : courir!". Il va se faire piquer et Marcel l'attend dehors. Il passe devant lui, le regarde, lui sourit : "Merci" lui dit-il. Marcel cherche ses mots en espagnol mais s'étrangle. Il se contente d'un "Bonsoir" que l'autre lui retourne avant de s'enfoncer dans la moiteur de la rue.
Marcel a pensé à lui tout le dimanche (1er août), ainsi qu'à David, en écoutant un disque de Bach. Il se sentait doux, et tendre, et mélancolique, et éperdu d'amour. Pour des ombres, des chimères, des images et des sons.
Pour en revenir au lundi 26, il est allé chez Jean-Michel, avec une heure et demie de retard. Celui-ci était, lui a-t-il avoué, en train de le maudire, et prêt à aller rue du Baillage pour l'étrangler. Mais Marcel n'était pas rue du Baillage, il était chez lui à se reposer de cette journée anti-cholérique. C'est ce qu'il lui explique, sans lui mentionner son coup de coeur pour l'espagnol et, à 22h30, avant de passer au lit, il a une envie folle de foutre le camp, de se retrouver seul dans sa piaule à repenser au regard de cet homme, à son sourire, à sa poitrine velue entrevue... Pourtant, après quelques préparatifs et pas mal de verres de vin, il est obligé de reconnaître que Jean-Michel sait très bien s'y prendre, et son désir balaye tous ses scrupules et ses indécisions. Il reste dans son lit, et il n'en est pas plus malheureux pour celà.
Samedi 31, à minuit, il est allé voir le beau film de Ken Russell "Women in love", dans un cinéma habitué à passer des films de cul, où la clientèle manifestait hautement sa déception lorsque le dialogue venait interrompre l'âpre volupté qu'elle prenait aux scènes d'amour.
Par contre, il n'a pas réussi à s'intéresser au livre de Patricia Highsmith "Ce mal étrange". Au bout de la 50ème page il était fixé sur le sort réservé au héros : devenir fou ou se suicider. Le ressort dramatique ne jouant plus, le facteur psychologique s'avérait inconsistant : une femme, Anabelle, sans volonté, sans caractère, comme les autres personnages. Un échec complet.
Jeudi 22 juillet.
La menace du choléra en Espagne fait défiler les gens aux vaccinations. Rolande n'étant pas là, Marcel doit garder la tête froide au milieu des infirmières qui s'agitent. En définitive, tout se passe bien.
Il met un mot sous la porte de Jean-Michel. Va-t-il mordre à l'hameçon?
Vendredi 23.
C'est la deuxième nuit qu'il se réveille avec des douleurs dans le ventre. Ce doit être la faute à la caféine.
Il a fait des rêves idiots, voisins du cauchemar.
Au bureau, coups de téléphone, sans arrêt : choléra, choléra. Tout celà à cause des déclarations optimistes faites à la télévision. Les gens rappliquent, croyant que les infirmières disposent de vaccins. Or, elles n'en ont pas. Elles en attendent.
Marcel a lu "L'enfant de choeur" d'Etiemble. Il y voit la confirmation du manque d'imagination dans les traverses de l'érotisme. André apaise sa sensualité avec ce qu'il a sous la main : branlage, copains d'école, puis sa mère. Marcel se rappelle son adolescence, à Tours, lorsqu'il sortait le soir pour rencontrer des inconnus qui lui feraient oublier l'ambiance familiale (frangin, frangine, beau-frère, jusqu'à sa grand-mère impotente).
A 14h45 Jean-Michel lui téléphone. Il est d'accord pour le voir, lundi soir. A ses risques et périls.
Mme B., l'infirmière en chef, court d'un bureau à l'autre, répond au téléphone, aux clients, fait des grimaces, s'agite, hilare, les mains sur les hanches. Elle est déchaînée. Tout ça, évidemment, à cause du choléra. Un chauffeur est parti chercher des vaccins à Paris. Il a intérêt à en ramener car lundi il y aura plus de 200 personnes à attendre devant la porte.
A 22h30, rue du Baillage, Marcel aborde un type, planqué dans l'ombre. Le physique est bon, la tête rappelle un peu David, mais en plus cynique. Marcel lui demande s'il a un endroit où aller, il lui répond : "Oui, ma Cadillac". C'est une vulgaire 2CV toute dégueulasse. Marcel refuse. L'homme est pressé. "Sans blague? Ta femme t'attend?". Ca le fait rire. Non seulement sa femme, mais ses deux gosses, et il embrasse Marcel à pleine bouche sur le trottoir. Les présentations étant faites, Marcel emmène ce salaud chez lui qui, à peine arrivé dans la chambre, lui demande de le sucer. Après avoir joui, pressé de rentrer chez lui, il va partir, tenant son froc, hésite, branle Marcel. Comme il bande encore, celui-ci lui dit "Tu ne vas pas partir comme ça!". Le mec rigole et se jette sur lui. "Vas-y! crie-t-il, vas-y! C'est bon!".
Marcel le raccompagne, à poil, dans le couloir. Il est minuit. Il s'endort, claqué.
Samedi 24.
Il décide d'aller à Paris et prend le train de 10h, bien décidé à venger l'honneur de Claudine. Il jette son dévolu sur le Printemps et son rayon de disques.
Lundi 26.
Vaccinations. Le vaccin est là. Beaucoup de monde. Marcel a pourtant le temps de remarquer un Espagnol, la chemise entrouverte sur sa poitrine bronzée et poilue, l'air réservé, avec une sorte de brutalité dans le regard. Comme il n'a pas apporté de flacon d'urine il lui donne un récipient et, quand il le lui rend, il lui sourit. L'espagnol répond à son sourire.
Vendredi 30, quand il revient pour la deuxième piqûre, il va directement voir Marcel. Ils se sourient, il prend son tour d'attente. Et pendant que Marcel discute avec Mme D. et Babeth, il vient lui parler : il doit aller chercher de l'argent à sa banque, à Saint Etienne du Rouvray. Peut-il y aller? Oui, mais faites vite! Merci. Il part (16h30), Marcel met son carnet international de côté, et commence à l'attendre, et à avoir peur. A 17h30, il n'y a presque plus personne. L'infirmière en chef parle de fermer, le docteur R., un petit tortilleur du cul qui fait des manières, de partir. Marcel supplie tout le monde. A 17h50 l'espagnol arrive enfin, en courant. Marcel lui dit, tout ému : "Vous m'avez fait peur". Il se justifie avec un faible sourire mouillé de sueur : "Je ne fais que ça : courir!". Il va se faire piquer et Marcel l'attend dehors. Il passe devant lui, le regarde, lui sourit : "Merci" lui dit-il. Marcel cherche ses mots en espagnol mais s'étrangle. Il se contente d'un "Bonsoir" que l'autre lui retourne avant de s'enfoncer dans la moiteur de la rue.
Marcel a pensé à lui tout le dimanche (1er août), ainsi qu'à David, en écoutant un disque de Bach. Il se sentait doux, et tendre, et mélancolique, et éperdu d'amour. Pour des ombres, des chimères, des images et des sons.
Pour en revenir au lundi 26, il est allé chez Jean-Michel, avec une heure et demie de retard. Celui-ci était, lui a-t-il avoué, en train de le maudire, et prêt à aller rue du Baillage pour l'étrangler. Mais Marcel n'était pas rue du Baillage, il était chez lui à se reposer de cette journée anti-cholérique. C'est ce qu'il lui explique, sans lui mentionner son coup de coeur pour l'espagnol et, à 22h30, avant de passer au lit, il a une envie folle de foutre le camp, de se retrouver seul dans sa piaule à repenser au regard de cet homme, à son sourire, à sa poitrine velue entrevue... Pourtant, après quelques préparatifs et pas mal de verres de vin, il est obligé de reconnaître que Jean-Michel sait très bien s'y prendre, et son désir balaye tous ses scrupules et ses indécisions. Il reste dans son lit, et il n'en est pas plus malheureux pour celà.
Samedi 31, à minuit, il est allé voir le beau film de Ken Russell "Women in love", dans un cinéma habitué à passer des films de cul, où la clientèle manifestait hautement sa déception lorsque le dialogue venait interrompre l'âpre volupté qu'elle prenait aux scènes d'amour.
Par contre, il n'a pas réussi à s'intéresser au livre de Patricia Highsmith "Ce mal étrange". Au bout de la 50ème page il était fixé sur le sort réservé au héros : devenir fou ou se suicider. Le ressort dramatique ne jouant plus, le facteur psychologique s'avérait inconsistant : une femme, Anabelle, sans volonté, sans caractère, comme les autres personnages. Un échec complet.
lundi 8 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -26
Marcel fait de nouvelles rencontres.
Mardi 29 juin.
Marcel a été "saoûlé" par sa dernière conquête, au point d'en avoir marre, mais, une fois l'homme parti, il s'est retrouvé seul, plus seul que jamais. Pour fuir la panique, et le sentiment insistant des amours inutiles, il est sorti dimanche et lundi soirs. En vain.
Pourtant, il lui fallait une compensation, brutale, rapide. Il l'a eue ce soir, à 23h passées, alors qu'il n'y croyait plus, après avoir bavardé avec ses 2 copines revenues pour un soir rue du Baillage, avec un type en 4L, grand et costaud, avec de fortes cuisses et un membre viril très impressionnant
Lui : "Tu dragues?".
Marcel : "Ben oui, faut bien gagner sa vie".
Rigolo, va!
Jeudi 8 juillet.
18h. Chaleur accablante. Il espère trouver un coin d'ombre dans le jardin Solférino. Malheureusement tous les bancs sont pris : étalage de jambes dans l'atmosphère surchauffée.
Donc, résigné, il va faire un tour rive gauche. Là, le jardin de la Maison des Jeunes est moins encombré. Lunettes sur le nez, tête basse, il se fait intercepter par un homme assis sur un banc. C'est Jean-Paul, rencontré souvent chez Germaine, "mari" de Noël. En définitive, c'est une bonne surprise. Il s'assoit, et Jean-Paul se met à parler. Il parle -entre autre, car il a un baratin monstre- de la "mère Noël" avec qui il a rompu. A 19h, Marcel le quitte, et lui promet de revenir vers 21h30. Mais à 21h30 il est encore à la gare, où il poste une lettre pour Rolande. Il retourne là-bas à 21h50. Jean-Paul est toujours là. Ils vont boire un pot. Marcel est plein de bonne volonté, mais quand le mec commence par lui dire qu'il ne peut pas le faire venir chez lui parce qu'il y a ses parents, il se rebiffe -hé quoi, il a tant honte de lui qu'il ne veut même pas le présenter à eux?. Jean-Paul lui propose les bords de la Seine, comme à une vulgaire putain.
Marcel : "Mais non, mon chéri, j'ai mieux : pourquoi ne pas aller chez moi?"
Jean-Paul : "Tiens, c'est une bonne idée! Je n'y avais même pas pensé!"
Rasséréné, il se lance dans un baratin monstre. Tout y passe : service militaire, adoption, Saint- Tropez, reniement de sa vraie et riche famille, défilé des élèves de Saint Cyr, grandes manoeuvres, tapinage, salon de coiffure. Marcel n'a ni le temps, ni l'envie d'en placer une. Aussi, arrivés devant chez lui, il le remercie de l'avoir raccompagné et lui ferme la grille au nez. Il se couche. Il est 23h30.
Vendredi 9.
De nouveau, chaleur accablante. Tonton Gruyère a tombé la veste et retroussé les manches : ce n'est pas beau à voir. Claudine apporte "The Gramophone" qui concrétise la rivalité EMI-DECCA en matière d'enregistrements lyriques.
A 18h45 Jean-Paul, visiblement pas fâché d'avoir été plaqué devant la grille, se radine avec un mec barbu qu'il présente comme son neveu. Grande famille bourgeoise. Fortune faite en Algérie. Marcel les écoute sagement et puis les laisse, à 19h, pour aller manger, et donne rendez-vous à Jean-Paul pour le lundi suivant.
Mardi 20.
Le temps passe. Au bureau Léontine et Rolande sont en vacances. Babeth est gentille, Peter est en arrêt de maladie.
Quelques surprises amusantes : un mec qui le reconduit chez lui sans l'ombre d'une hésitation, alors que Marcel ne l'avait pas renseigné sur son adresse, un autre qui débarque directement, lundi 12, et qui le trouve en peignoir, les cheveux encore mouillés. Aussi, lorsqu'il part en lui affirmant qu'il reviendra le voir le lendemain soir, mardi 13, Marcel décide d'aller faire un tour au Havre pour ne pas le revoir. Au Havre, découpages, collages, enregistrements, engueulades avec Claudine, raccommodages.
Hier soir, lundi 19, une voiture immatriculée 94 s'arrête près de lui, rue du Baillage. Première phrase de Marcel :
- Vous n'êtes pas de la région. Et, bien sûr, vous n'avez pas d'endroit où aller coucher!
Le mec est écroulé : "Qu'est-ce qui vous fait droire ça? Allez, montez, je vous emmène at home!"
Il l'emmène chez lui, un grand meublé, genre bric-à-brac, qu'on lui loue, paraît-il, 850F par mois. C'est affolant (le prix, parce que le mec, lui, ne l'affole pas du tout -c'est le genre snobinard qui parle un langage recherché semé de mots d'argot). Marcel réclame du scotch. La soirée commence bien, en dents de scie. A 1h50 du matin, l'homme raconte sa vie. Déprimant. Marcel, la bouche sèche, réclame un autre verre de scotch, mais la bouteille est vide. Il s'endort, vers 3h, dans les bras de Jean-Michel, l'affreux Jojo en question. A 7h, réveil, machins de maïs, lait froid, café. Jean-Michel le raccompagne chez lui, où il se change.
Donc, aujourd'hui, mardi 20. Marcel va faire un tour à 19h à la Maison des Jeunes, puis il se rend chez Jean-Michel, qui le reçoit en short blanc, torse nu. Il est en train de s'escrimer avec les plats, dans la cuisine. Marcel en profite pour se faufiler dans la salle de bain et accaparer la baignoire.
Jean-Michel : "Mais pourquoi t'enfermes-tu?".
Marcel : "Par timidité".
En sortant du bain il trouve la table mise et se sert un grand verre de vin. Hélas! le beefsteak est dur et les patates sont cramées. Heureusement, Jean-Michel est assez convaincant pour le retenir. Une bonne soirée, très "bourgeoise" en fin de compte. Raccompagné, Marcel se couche, à 23h30, et s'endort ausitôt.
Mercredi 21.
A 18h, Claudine n'est pas là. Elle devait aller à Paris. Deux hypothèses : ou bien elle est malade, ou bien elle s'est fait pincer. Or, si elle était malade, elle l'aurait prévenu. Donc, elle s'est fait pincer. Marcel va manger et remonte vers la gare. Elle en sort juste au moment où il y arrive. C'est bien ce qu'il pensait : elle s'est fait pincer aux Galeries Lafayette. C'est malin! Elle lui raconte son histoire, avec forces détails. "La prochaine fois, qu'elle lui fait, j'irai en taule!". Ils rigolent comme des tordus.
Mardi 29 juin.
Marcel a été "saoûlé" par sa dernière conquête, au point d'en avoir marre, mais, une fois l'homme parti, il s'est retrouvé seul, plus seul que jamais. Pour fuir la panique, et le sentiment insistant des amours inutiles, il est sorti dimanche et lundi soirs. En vain.
Pourtant, il lui fallait une compensation, brutale, rapide. Il l'a eue ce soir, à 23h passées, alors qu'il n'y croyait plus, après avoir bavardé avec ses 2 copines revenues pour un soir rue du Baillage, avec un type en 4L, grand et costaud, avec de fortes cuisses et un membre viril très impressionnant
Lui : "Tu dragues?".
Marcel : "Ben oui, faut bien gagner sa vie".
Rigolo, va!
Jeudi 8 juillet.
18h. Chaleur accablante. Il espère trouver un coin d'ombre dans le jardin Solférino. Malheureusement tous les bancs sont pris : étalage de jambes dans l'atmosphère surchauffée.
Donc, résigné, il va faire un tour rive gauche. Là, le jardin de la Maison des Jeunes est moins encombré. Lunettes sur le nez, tête basse, il se fait intercepter par un homme assis sur un banc. C'est Jean-Paul, rencontré souvent chez Germaine, "mari" de Noël. En définitive, c'est une bonne surprise. Il s'assoit, et Jean-Paul se met à parler. Il parle -entre autre, car il a un baratin monstre- de la "mère Noël" avec qui il a rompu. A 19h, Marcel le quitte, et lui promet de revenir vers 21h30. Mais à 21h30 il est encore à la gare, où il poste une lettre pour Rolande. Il retourne là-bas à 21h50. Jean-Paul est toujours là. Ils vont boire un pot. Marcel est plein de bonne volonté, mais quand le mec commence par lui dire qu'il ne peut pas le faire venir chez lui parce qu'il y a ses parents, il se rebiffe -hé quoi, il a tant honte de lui qu'il ne veut même pas le présenter à eux?. Jean-Paul lui propose les bords de la Seine, comme à une vulgaire putain.
Marcel : "Mais non, mon chéri, j'ai mieux : pourquoi ne pas aller chez moi?"
Jean-Paul : "Tiens, c'est une bonne idée! Je n'y avais même pas pensé!"
Rasséréné, il se lance dans un baratin monstre. Tout y passe : service militaire, adoption, Saint- Tropez, reniement de sa vraie et riche famille, défilé des élèves de Saint Cyr, grandes manoeuvres, tapinage, salon de coiffure. Marcel n'a ni le temps, ni l'envie d'en placer une. Aussi, arrivés devant chez lui, il le remercie de l'avoir raccompagné et lui ferme la grille au nez. Il se couche. Il est 23h30.
Vendredi 9.
De nouveau, chaleur accablante. Tonton Gruyère a tombé la veste et retroussé les manches : ce n'est pas beau à voir. Claudine apporte "The Gramophone" qui concrétise la rivalité EMI-DECCA en matière d'enregistrements lyriques.
A 18h45 Jean-Paul, visiblement pas fâché d'avoir été plaqué devant la grille, se radine avec un mec barbu qu'il présente comme son neveu. Grande famille bourgeoise. Fortune faite en Algérie. Marcel les écoute sagement et puis les laisse, à 19h, pour aller manger, et donne rendez-vous à Jean-Paul pour le lundi suivant.
Mardi 20.
Le temps passe. Au bureau Léontine et Rolande sont en vacances. Babeth est gentille, Peter est en arrêt de maladie.
Quelques surprises amusantes : un mec qui le reconduit chez lui sans l'ombre d'une hésitation, alors que Marcel ne l'avait pas renseigné sur son adresse, un autre qui débarque directement, lundi 12, et qui le trouve en peignoir, les cheveux encore mouillés. Aussi, lorsqu'il part en lui affirmant qu'il reviendra le voir le lendemain soir, mardi 13, Marcel décide d'aller faire un tour au Havre pour ne pas le revoir. Au Havre, découpages, collages, enregistrements, engueulades avec Claudine, raccommodages.
Hier soir, lundi 19, une voiture immatriculée 94 s'arrête près de lui, rue du Baillage. Première phrase de Marcel :
- Vous n'êtes pas de la région. Et, bien sûr, vous n'avez pas d'endroit où aller coucher!
Le mec est écroulé : "Qu'est-ce qui vous fait droire ça? Allez, montez, je vous emmène at home!"
Il l'emmène chez lui, un grand meublé, genre bric-à-brac, qu'on lui loue, paraît-il, 850F par mois. C'est affolant (le prix, parce que le mec, lui, ne l'affole pas du tout -c'est le genre snobinard qui parle un langage recherché semé de mots d'argot). Marcel réclame du scotch. La soirée commence bien, en dents de scie. A 1h50 du matin, l'homme raconte sa vie. Déprimant. Marcel, la bouche sèche, réclame un autre verre de scotch, mais la bouteille est vide. Il s'endort, vers 3h, dans les bras de Jean-Michel, l'affreux Jojo en question. A 7h, réveil, machins de maïs, lait froid, café. Jean-Michel le raccompagne chez lui, où il se change.
Donc, aujourd'hui, mardi 20. Marcel va faire un tour à 19h à la Maison des Jeunes, puis il se rend chez Jean-Michel, qui le reçoit en short blanc, torse nu. Il est en train de s'escrimer avec les plats, dans la cuisine. Marcel en profite pour se faufiler dans la salle de bain et accaparer la baignoire.
Jean-Michel : "Mais pourquoi t'enfermes-tu?".
Marcel : "Par timidité".
En sortant du bain il trouve la table mise et se sert un grand verre de vin. Hélas! le beefsteak est dur et les patates sont cramées. Heureusement, Jean-Michel est assez convaincant pour le retenir. Une bonne soirée, très "bourgeoise" en fin de compte. Raccompagné, Marcel se couche, à 23h30, et s'endort ausitôt.
Mercredi 21.
A 18h, Claudine n'est pas là. Elle devait aller à Paris. Deux hypothèses : ou bien elle est malade, ou bien elle s'est fait pincer. Or, si elle était malade, elle l'aurait prévenu. Donc, elle s'est fait pincer. Marcel va manger et remonte vers la gare. Elle en sort juste au moment où il y arrive. C'est bien ce qu'il pensait : elle s'est fait pincer aux Galeries Lafayette. C'est malin! Elle lui raconte son histoire, avec forces détails. "La prochaine fois, qu'elle lui fait, j'irai en taule!". Ils rigolent comme des tordus.
dimanche 7 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -25
Marcel continue de draguer.
Lundi 21 juin.
Vers 6h, Marcel rêve : Claudine fait l'andouille avec un gamin. Comme punition, elle doit recevoir 20 coups d'aiguille dans les fesses. Elle le supplie du regard. Il reste stoïque. L'un des bourreaux n'est autre que David.
Retour au bureau, après les vacances. Réflexions très plaisantes du personnel:
- Vous êtes bronzé de l'intérieur (Gruyère).
- Tu as dû être plus souvent dessous que dessus (un inspecteur).
Léontine n'étant pas là (grippe), l'ambiance est des plus excitante : Peter va de l'une à l'autre avec la légéreté qui lui est propre (celle d'un éléphant portant des couches), la bouche en coeur, les yeux brillants.
Le soir, Marcel retrouve un habitué (Belle Gueule) qui lui jette un coup d'oeil languissant. Il se souvient de leur première rencontre : c'était au café de la Poste. Marcel y était avec Serge (triste souvenir!) tandis que Belle Gueule mangeait avec une copine à lui, mais il n'avait pas arrêté de le reluquer de toute la soirée. Après, quand il l'avait revu, place du Vieux Marché, Belle Gueule n'était jamais seul. Mais il lui accordait toujours un sourire qui lui faisait plaisir. Ensuite, Marcel l'a revu chez Germaine (veille du 1er mai?) : il était encore très entouré. A la gare, il a essayé de l'aborder, mais il l'a renvoyé balader. Et enfin, rue du Baillage, il l'a vu avec Raymond, qui lui a dit bonjour. Depuis l'incident de la gare, Marcel l'avait toujours regardé avec insistance, mais sans essayer de lui reparler. C'est un homme assez petit, bien fait, avec surtout une tête très fine et de beaux yeux vifs. Un peu plus grand, il serait irrésistible...
Pendant ce temps, ce soir, rue du Baillage, les voitures font la queue devant une occasionnelle, petite et grosse, qu'ils essaient d'avoir au rabais.
Mardi 22.
Marcel se remet à écrire. Il commence à ébaucher une nouvelle qu'il pense pouvoir étoffer au bureau, pendant les vacances de Gruyère (au mois d'août).
Jeudi 24.
L'atmosphère, au bureau, est à la fraternité collective. Rolande, reprenant ses bonnes habitudes (tantôt blanc, tantôt noir) se remet en cheville avec Peter et minaude avec Babeth. Léontine les a baptisé "le trio des masques".
Certains soirs Marcel s'emmerde à s'en faire crever le moral, d'autres, comme ce soir, ça va tout seul, comme une mécanique bien huilée qui ne demande qu'à se mettre en route. Il va à la gare (22h) où il rencontre un ancien copain. Ils bavardent, le temps de voir défiler les voitures habituelles, et puis il va faire un tour rue du Baillage (22h20). A peine arrivé, il remarque un type qui le rattrape et qui le ramène chez lui en camionnette. Le temps de lui faire son affaire et de remarquer qu'il a des chaussettes archi-trouées, il retourne en courant rue du Baillage (23h30) où il se fait embarquer par un second type qu'il pense avoir déjà amené chez lui puisque ses mensurations lui reviennent en mémoire au moment opportun....
Vendredi 25.
Pas trop épuisé, le Marcel, mais la fatigue commence tout de même à se faire sentir.
Il reste de marbre au bureau. Le chef étant à Paris, il passe l'après-midi avec Léontine. Le trio semble s'amuser follement mais Rolande, qui d'habitude est très franche avec lui (parfois même brutalement) n'a pas le même langage avec les deux autres. Avec Léontine, ce n'est pas pareil, ils s'entendent parfaitement, souvent ils n'ont même pas besoin de se parler : un seul regard leur suffit. Elle lui dit toujours "Comment se fait-il que tu penses la même chose que moi?".
Le soir, malgré une légère fatigue, il se sent en forme. Il le faut, car il veut profiter de la chance qu'il a en ce moment.
Il sort (21h30). Il n'y a pas grand monde rue du Baillage. Il remonte vers la gare (22h10). En chemin, il croise un homme qui, lui, descend de la gare. Marcel le regarde intensément (il lui dira plus tard "Quels yeux tu me lançais!"). Ils se retournent mutuellement et continuent, en hésitant, chacun leur chemin.Le type s'éloigne du côté du boulevard. Marcel s'arrête, suppute ses chances et, en souriant, se lance à sa poursuite.
Marcel : "Qu'aurais-tu fait si je ne t'avais pas rejoint?".
Lui : "J'aurais continué mon chemin".
Marcel insiste, pose des questions.
Lui : "A quoi bon toutes ces questions?".
Marcel : "Pour essayer de se connaître, non?".
L'homme hausse les épaules mais, une fois au lit, c'est lui qui n'arrêtera pas de parler au point que Marcel ne saura plus comment le faire taire : "On est bien, non? Pourquoi veux-tu absolument parler, maintenant?".
Le type de la veille (le 2ème, pas celui aux chaussettes trouées mais celui aux mensurations étonnantes) le faisait baîller d'ennui avec ses histoires de travail, de femme et d'enfants. Celui de ce soir, une fois lancé, ne connaît plus de freins. Au lit, le premier assaut passé, c'est une avalanche de "si" et de "mais". A partir de minuit il regarde sa montre toutes les 5 minutes. Pour le faire taire, Marcel s'occupe de son corps, et le deuxième assaut est beaucoup plus dur, plus violent, plus instructif.
Lui : "Pourquoi tu as envie de moi?".
Marcel : "Parce que tu as une grosse bite".
Lui : "Et tu l'as su, tout de suite, en me voyant?".
Marcel : "J'avais cinquante chances sur cent pour que ce soit vrai. J'avais donc raison de le croire. De toute façon, même si tu en avais eu une petite, tu m'aurais pris quand même!".
Lui : "Ben oui!".
Marcel : "Bon, alors!".
A 1h du matin, il faut se lever. Marcel le raccompagne, par la rue Saint Hilaire et la rue Bourg l'Abbé. Là, il recommence. Marcel a eu le malheur, au début, de lui dire que les vieilles maisons de Rouen étaient très jolies pour l'oeil du touriste mais qu'elles étaient pourries à l'intérieur. Depuis, il n'arrête pas. Marcel est obligé d'employer un langage plus précis, du genre "Tu m'emmerdes" ou "Fous-moi la paix" mais il le retient par le bras : "Et celle-là, tu la foutrais en l'air?...et celle-là aussi?". Ils se séparent au Palais de Justice, où le type prend un taxi.
Rentré à 2h du matin.
Samedi 26.
Réveillé à 8h, puis à 10h30. Complètement lessivé, mal à l'oeil. Il va manger, puis il va faire des courses. C'est la braderie. Autant dire un déballage d'horreurs où on a des chances de rencontrer des gens qu'il vaut mieux éviter. Lunettes noires sur les yeux, il évite soigneusement les endroits encombrés.
A 14h30 il va chercher Claudine à la gare. Ils vont directement chez lui. A 19h ils mangent des sandwiches puis ils s'habillent et vont au Théâtre des Arts. Pas mal de monde, mais ce n'est pas plein. Il y a quelques jeunes. Karajan paraît et attaque le Requiem de Verdi avec une rapidité qu'il n'abandonnera jamais tout au long de l'ouvrage. Marcel est complétement sidéré par l'ampleur de la voix de Ghiaurov. Il est heureux de retrouver la belle Mirella Freni, plus en valeur ici qu'à Rome, mais il n'arrive pas à comprendre ce qui a bien pu pousser un chef d'orchestre aussi illustre à venir se produire dans une ville comme Rouen.
Dimanche 27.
Marcel avait vu "Leviathan" de Léonard Keigel, et il avait beaucoup aimé. Il attendait donc avec une certaine curiosité son nouvel opus : "Qui?". La déception fut à la hauteur de l'attente. Passe encore sur Maurice Ronet, habitué désormais aux rôles de "beau gosse qui trouve toujours le moyen de se bourrer la gueule à un moment donné" mais Romy Schneider!... Pourquoi avoir accepté un rôle aussi con? Et puis l'intrigue!... L'enterrement du cadavre dans le jardin fut pour lui un grand morceau de cinéma loufoque. Il sortit du cinoche mort de rire, et fila vite boire un verre avec Claudine pour oublier sa déception et s'occuper l'esprit à d'autres élucubrations plus enrichissantes.
Lundi 21 juin.
Vers 6h, Marcel rêve : Claudine fait l'andouille avec un gamin. Comme punition, elle doit recevoir 20 coups d'aiguille dans les fesses. Elle le supplie du regard. Il reste stoïque. L'un des bourreaux n'est autre que David.
Retour au bureau, après les vacances. Réflexions très plaisantes du personnel:
- Vous êtes bronzé de l'intérieur (Gruyère).
- Tu as dû être plus souvent dessous que dessus (un inspecteur).
Léontine n'étant pas là (grippe), l'ambiance est des plus excitante : Peter va de l'une à l'autre avec la légéreté qui lui est propre (celle d'un éléphant portant des couches), la bouche en coeur, les yeux brillants.
Le soir, Marcel retrouve un habitué (Belle Gueule) qui lui jette un coup d'oeil languissant. Il se souvient de leur première rencontre : c'était au café de la Poste. Marcel y était avec Serge (triste souvenir!) tandis que Belle Gueule mangeait avec une copine à lui, mais il n'avait pas arrêté de le reluquer de toute la soirée. Après, quand il l'avait revu, place du Vieux Marché, Belle Gueule n'était jamais seul. Mais il lui accordait toujours un sourire qui lui faisait plaisir. Ensuite, Marcel l'a revu chez Germaine (veille du 1er mai?) : il était encore très entouré. A la gare, il a essayé de l'aborder, mais il l'a renvoyé balader. Et enfin, rue du Baillage, il l'a vu avec Raymond, qui lui a dit bonjour. Depuis l'incident de la gare, Marcel l'avait toujours regardé avec insistance, mais sans essayer de lui reparler. C'est un homme assez petit, bien fait, avec surtout une tête très fine et de beaux yeux vifs. Un peu plus grand, il serait irrésistible...
Pendant ce temps, ce soir, rue du Baillage, les voitures font la queue devant une occasionnelle, petite et grosse, qu'ils essaient d'avoir au rabais.
Mardi 22.
Marcel se remet à écrire. Il commence à ébaucher une nouvelle qu'il pense pouvoir étoffer au bureau, pendant les vacances de Gruyère (au mois d'août).
Jeudi 24.
L'atmosphère, au bureau, est à la fraternité collective. Rolande, reprenant ses bonnes habitudes (tantôt blanc, tantôt noir) se remet en cheville avec Peter et minaude avec Babeth. Léontine les a baptisé "le trio des masques".
Certains soirs Marcel s'emmerde à s'en faire crever le moral, d'autres, comme ce soir, ça va tout seul, comme une mécanique bien huilée qui ne demande qu'à se mettre en route. Il va à la gare (22h) où il rencontre un ancien copain. Ils bavardent, le temps de voir défiler les voitures habituelles, et puis il va faire un tour rue du Baillage (22h20). A peine arrivé, il remarque un type qui le rattrape et qui le ramène chez lui en camionnette. Le temps de lui faire son affaire et de remarquer qu'il a des chaussettes archi-trouées, il retourne en courant rue du Baillage (23h30) où il se fait embarquer par un second type qu'il pense avoir déjà amené chez lui puisque ses mensurations lui reviennent en mémoire au moment opportun....
Vendredi 25.
Pas trop épuisé, le Marcel, mais la fatigue commence tout de même à se faire sentir.
Il reste de marbre au bureau. Le chef étant à Paris, il passe l'après-midi avec Léontine. Le trio semble s'amuser follement mais Rolande, qui d'habitude est très franche avec lui (parfois même brutalement) n'a pas le même langage avec les deux autres. Avec Léontine, ce n'est pas pareil, ils s'entendent parfaitement, souvent ils n'ont même pas besoin de se parler : un seul regard leur suffit. Elle lui dit toujours "Comment se fait-il que tu penses la même chose que moi?".
Le soir, malgré une légère fatigue, il se sent en forme. Il le faut, car il veut profiter de la chance qu'il a en ce moment.
Il sort (21h30). Il n'y a pas grand monde rue du Baillage. Il remonte vers la gare (22h10). En chemin, il croise un homme qui, lui, descend de la gare. Marcel le regarde intensément (il lui dira plus tard "Quels yeux tu me lançais!"). Ils se retournent mutuellement et continuent, en hésitant, chacun leur chemin.Le type s'éloigne du côté du boulevard. Marcel s'arrête, suppute ses chances et, en souriant, se lance à sa poursuite.
Marcel : "Qu'aurais-tu fait si je ne t'avais pas rejoint?".
Lui : "J'aurais continué mon chemin".
Marcel insiste, pose des questions.
Lui : "A quoi bon toutes ces questions?".
Marcel : "Pour essayer de se connaître, non?".
L'homme hausse les épaules mais, une fois au lit, c'est lui qui n'arrêtera pas de parler au point que Marcel ne saura plus comment le faire taire : "On est bien, non? Pourquoi veux-tu absolument parler, maintenant?".
Le type de la veille (le 2ème, pas celui aux chaussettes trouées mais celui aux mensurations étonnantes) le faisait baîller d'ennui avec ses histoires de travail, de femme et d'enfants. Celui de ce soir, une fois lancé, ne connaît plus de freins. Au lit, le premier assaut passé, c'est une avalanche de "si" et de "mais". A partir de minuit il regarde sa montre toutes les 5 minutes. Pour le faire taire, Marcel s'occupe de son corps, et le deuxième assaut est beaucoup plus dur, plus violent, plus instructif.
Lui : "Pourquoi tu as envie de moi?".
Marcel : "Parce que tu as une grosse bite".
Lui : "Et tu l'as su, tout de suite, en me voyant?".
Marcel : "J'avais cinquante chances sur cent pour que ce soit vrai. J'avais donc raison de le croire. De toute façon, même si tu en avais eu une petite, tu m'aurais pris quand même!".
Lui : "Ben oui!".
Marcel : "Bon, alors!".
A 1h du matin, il faut se lever. Marcel le raccompagne, par la rue Saint Hilaire et la rue Bourg l'Abbé. Là, il recommence. Marcel a eu le malheur, au début, de lui dire que les vieilles maisons de Rouen étaient très jolies pour l'oeil du touriste mais qu'elles étaient pourries à l'intérieur. Depuis, il n'arrête pas. Marcel est obligé d'employer un langage plus précis, du genre "Tu m'emmerdes" ou "Fous-moi la paix" mais il le retient par le bras : "Et celle-là, tu la foutrais en l'air?...et celle-là aussi?". Ils se séparent au Palais de Justice, où le type prend un taxi.
Rentré à 2h du matin.
Samedi 26.
Réveillé à 8h, puis à 10h30. Complètement lessivé, mal à l'oeil. Il va manger, puis il va faire des courses. C'est la braderie. Autant dire un déballage d'horreurs où on a des chances de rencontrer des gens qu'il vaut mieux éviter. Lunettes noires sur les yeux, il évite soigneusement les endroits encombrés.
A 14h30 il va chercher Claudine à la gare. Ils vont directement chez lui. A 19h ils mangent des sandwiches puis ils s'habillent et vont au Théâtre des Arts. Pas mal de monde, mais ce n'est pas plein. Il y a quelques jeunes. Karajan paraît et attaque le Requiem de Verdi avec une rapidité qu'il n'abandonnera jamais tout au long de l'ouvrage. Marcel est complétement sidéré par l'ampleur de la voix de Ghiaurov. Il est heureux de retrouver la belle Mirella Freni, plus en valeur ici qu'à Rome, mais il n'arrive pas à comprendre ce qui a bien pu pousser un chef d'orchestre aussi illustre à venir se produire dans une ville comme Rouen.
Dimanche 27.
Marcel avait vu "Leviathan" de Léonard Keigel, et il avait beaucoup aimé. Il attendait donc avec une certaine curiosité son nouvel opus : "Qui?". La déception fut à la hauteur de l'attente. Passe encore sur Maurice Ronet, habitué désormais aux rôles de "beau gosse qui trouve toujours le moyen de se bourrer la gueule à un moment donné" mais Romy Schneider!... Pourquoi avoir accepté un rôle aussi con? Et puis l'intrigue!... L'enterrement du cadavre dans le jardin fut pour lui un grand morceau de cinéma loufoque. Il sortit du cinoche mort de rire, et fila vite boire un verre avec Claudine pour oublier sa déception et s'occuper l'esprit à d'autres élucubrations plus enrichissantes.
jeudi 4 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -24
Marcel part en vacances avec Claudine.
Mardi 1er juin.
Troisième journée à Rome. Aujourd'hui, il ne fait pas beau. Ciel couvert.
Revenons en arrière.
Samedi, à Paris, Marcel et Claudine sont allés voir "La Mort à Venise" de Visconti. Ils ont trouvé que l'adaptation était assez fidèle au roman de T. Mann, à part que dans le film Tadziu en fait beaucoup plus (regards, sourires). Au début, Marcel se demandait si Dirk Bogarde n'allait pas en faire trop, lui aussi, mais non, il l'a trouvé épatant (comme d'habitude) et, dans la scène du faux-départ, carrément sublime.
Ce mardi matin, donc, à Rome, Marcel est abordé par un jeune romain, près du Colisée, qui parlemente, se met la main entre les cuisses, réclame 1.000 lires pour baiser ou être baisé. Ca se termine par un échange de colliers. Celui de Marcel ne lui avait pas coûté cher, car il l'avait piqué le matin même dans un magasin genre Monoprix.
Mercredi 2.
Le soleil est revenu. Il fait chaud, très beau. C'est jour de fête nationale. Marcel perd très vite son enthousiasme : son oeil lui refait mal et son rhume, dû à une insolation, le fait chialer comme un gamin. Ils vont au Pincio, mais il y a vraiment trop de monde. Ils mettent les voiles pour le parc de la villa Borghese où ils mangent sur l'herbe. Un homme passe, châtain, s'assoit plus loin puis revient s'asseoir plus près. Il les regarde, écarte les cuisses et ouvre sa braguette. Pas de doute. Marcel se lève et s'approche de lui. L'homme est irlandais, instituteur à Londres, et parle très bien le français. Il dit qu'il a essayé de draguer les jeunes italiens, mais qu'ils ne font ça que pour du fric. Il accepte la présence de Claudine, qui les rejoint. Ils flirtent à la sauvette.
Jeudi 3.
L'oeil de Marcel lui fait mal et il en a déjà marre de Rome. Ils partiront demain, mais il a l'impression qu'ailleurs ce ne sera pas mieux qu'ici. Le soir, ils assistent à une représentation sans intérêt des "Puritains" de Bellini. Dans des décors (?) d'un autre âge dont la laideur fait frémir, les choeurs se pavanent avec l'envie manifeste de ne pas se fatiguer la voix, et l'orchestre fait des siennes, cherchant à défigurer le plus possible une musique qui est pourtant la souplesse même. Le baryton lance des aigus très applaudis. Mirella Freni, la beauté même, incarne une pauvre fille que l'on martyrise à plaisir. Les italiens sont ravis, mais les anglais et les américains, venus ce soir-là, ne semblent guère apprécier. Ceux qui ronchonnent, près de Claudine, partiront bien avant la fin.
Vendredi 4.
Florence. Chaleur. La ville apparaît en déséquilibre. Pour Marcel, la place dei Signori, en particulier, est totalement disproportionnée.
Le temps se gâte très vite et l'orage gronde.
Dimanche 6.
Superbe représentation de "Turandot" au Teatro Communale, l'après-midi, à 16h. Le spectacle était autant dans la salle que sur la scène. Dans la salle, Marcel se fait remarquer par un groupe d'hommes très excentrique. Sur scène, Placido Domingo se taille un succès fou. C'est en effet la grande révélation de ces dernière années : une voix riche, avec un medium très corsé, beaucoup d'assurance et un jeu d'acteur assez exceptionnel. Claudine le compare à Jussi Björling.
Lundi 7.
Retour au Havre. Semaine de repos. Marcel soigne son oeil, Claudine achète une nouvelle chaîne stéréo. Pour compléter le voyage italien, ils écoutent beaucoup d'opéras de Verdi.
Mardi 1er juin.
Troisième journée à Rome. Aujourd'hui, il ne fait pas beau. Ciel couvert.
Revenons en arrière.
Samedi, à Paris, Marcel et Claudine sont allés voir "La Mort à Venise" de Visconti. Ils ont trouvé que l'adaptation était assez fidèle au roman de T. Mann, à part que dans le film Tadziu en fait beaucoup plus (regards, sourires). Au début, Marcel se demandait si Dirk Bogarde n'allait pas en faire trop, lui aussi, mais non, il l'a trouvé épatant (comme d'habitude) et, dans la scène du faux-départ, carrément sublime.
Ce mardi matin, donc, à Rome, Marcel est abordé par un jeune romain, près du Colisée, qui parlemente, se met la main entre les cuisses, réclame 1.000 lires pour baiser ou être baisé. Ca se termine par un échange de colliers. Celui de Marcel ne lui avait pas coûté cher, car il l'avait piqué le matin même dans un magasin genre Monoprix.
Mercredi 2.
Le soleil est revenu. Il fait chaud, très beau. C'est jour de fête nationale. Marcel perd très vite son enthousiasme : son oeil lui refait mal et son rhume, dû à une insolation, le fait chialer comme un gamin. Ils vont au Pincio, mais il y a vraiment trop de monde. Ils mettent les voiles pour le parc de la villa Borghese où ils mangent sur l'herbe. Un homme passe, châtain, s'assoit plus loin puis revient s'asseoir plus près. Il les regarde, écarte les cuisses et ouvre sa braguette. Pas de doute. Marcel se lève et s'approche de lui. L'homme est irlandais, instituteur à Londres, et parle très bien le français. Il dit qu'il a essayé de draguer les jeunes italiens, mais qu'ils ne font ça que pour du fric. Il accepte la présence de Claudine, qui les rejoint. Ils flirtent à la sauvette.
Jeudi 3.
L'oeil de Marcel lui fait mal et il en a déjà marre de Rome. Ils partiront demain, mais il a l'impression qu'ailleurs ce ne sera pas mieux qu'ici. Le soir, ils assistent à une représentation sans intérêt des "Puritains" de Bellini. Dans des décors (?) d'un autre âge dont la laideur fait frémir, les choeurs se pavanent avec l'envie manifeste de ne pas se fatiguer la voix, et l'orchestre fait des siennes, cherchant à défigurer le plus possible une musique qui est pourtant la souplesse même. Le baryton lance des aigus très applaudis. Mirella Freni, la beauté même, incarne une pauvre fille que l'on martyrise à plaisir. Les italiens sont ravis, mais les anglais et les américains, venus ce soir-là, ne semblent guère apprécier. Ceux qui ronchonnent, près de Claudine, partiront bien avant la fin.
Vendredi 4.
Florence. Chaleur. La ville apparaît en déséquilibre. Pour Marcel, la place dei Signori, en particulier, est totalement disproportionnée.
Le temps se gâte très vite et l'orage gronde.
Dimanche 6.
Superbe représentation de "Turandot" au Teatro Communale, l'après-midi, à 16h. Le spectacle était autant dans la salle que sur la scène. Dans la salle, Marcel se fait remarquer par un groupe d'hommes très excentrique. Sur scène, Placido Domingo se taille un succès fou. C'est en effet la grande révélation de ces dernière années : une voix riche, avec un medium très corsé, beaucoup d'assurance et un jeu d'acteur assez exceptionnel. Claudine le compare à Jussi Björling.
Lundi 7.
Retour au Havre. Semaine de repos. Marcel soigne son oeil, Claudine achète une nouvelle chaîne stéréo. Pour compléter le voyage italien, ils écoutent beaucoup d'opéras de Verdi.
mercredi 3 juin 2009
La (petite) vie de Marcel -23
Marcel soigne son oeil.
Lundi 3 mai.
Difficile, pour Marcel, après un week-end aussi long et aussi mouvementé, de se retrouver au bureau.
Café au Donjon. Il fait beau et frais. Il y a beaucoup de gens bronzés. A 13h30, de retour au bureau, violente prise de bec avec Rolande, qui recommence à avoir ses nerfs.
Il rentre chez lui, à 18h. Quel bordel dans sa chambre! Il redescend retrouver Rolande, à 19h45, à la Maison des Jeunes. Après avoir mangé ils vont chez Germaine, où c'est le calme plat. Michou, Jean-Pierre, Jean-Paul qui lui paye un pot. Il n'a qu'une hâte : partir, pour voir si son homme est là. Après la fréquentation de toutes ces tapettes, il a envie de David. Il raccompagne Rolande et, à 22h15, alors qu'un gros type le baratine, il voit David arriver. Il court le rejoindre et ils filent à Canteleu. Difficile pour lui d'expliquer ce qui se passe. L'étreinte de David, avant même de faire l'amour, aura été la plus longue, la plus forte de toutes celles qu'il lui a déjà données. Marcel s'accroche à ses épaules, à ses bras, et il a la sensation de revivre. Il retrouve l'homme qu'il aime. Et David, si prudent au début, n'hésite pas ce soir à laisser sa voiture sur le sentier et à faire l'amour les fesses à l'air, la portière ouverte. Charmant spectacle pour quelqu'un qui serait passé par là! Sa possession est intense, encore plus que d'habitude, et ils restent longtemps enlacés, comme s'ils ne voulaient plus se séparer.
Marcel rentre, à 23h30.
Jeudi 6.
Son oeil gauche recommence à lui faire mal. A 17h, il va chez le docteur, qui l'envoie à l'hôpital Charles Nicolle où on lui donne les premiers soins.
Vendredi 7.
Arrêt de travail. Il part pour Le Havre à 11h40, afin de se reposer et de se soigner.
Mercredi 12.
Prolongation de son arrêt de travail. Il enregistre de la musique et écoute la radio. Il apprend aux Italiens que "La Gioconda" avec Cerquetti va ressortir en série économique chez Decca.
Samedi 15.
Il va à Paris avec Claudine. Rolande devait venir avec eux, mais elle n'est pas à la gare. Ils font des courses. Chez Brummel, un débardeur et, aux Galeries Lafayette, deux jupes Cacharel pour Rolande. Le soir, ils vont chez Rolande lui porter les jupes. Ils passent la soirée chez Germaine, où il y a Peter (qu'est-ce qu'il fait là?) et peu de gens intéressants (pour ne pas dire pas du tout). Claudine est en forme. Tata Fanny recommence à vouloir flirter avec Marcel. Ils préfèrent s'en aller.
Dimanche 16.
Temps fade. Il lit Colette "Julie de C." qui, lui plaisant au début, finit par l'agacer par son style qu'il juge artificiel.
Le soir, ils vont voir si Germaine est ouverte, mais en pure perte. Place du Vieux Marché il entend crier son prénom. Il se retourne. Un type se tient à la porte du bar qui fait face aux tasses. "Qui est-ce?" - "C'est ton Jules" répond Claudine. Oui, mais lequel? C'est François (Tata Fanny). Entre deux verres, il leur raconte sa vie. Pas très reluisant.
Marcel raccompagne Claudine au train.
Lundi 17.
Retour au bureau, où il retrouve sa Léontine préférée. Rolande a la tête de travers. Elle est toute à son aventure avec Jean-Pierre et traite Marcel de con.
Mercredi 17.
Catastrophe au bureau lorsqu'il arrive en débardeur. Léontine et Babeth trouvent ça affreux. Vexé, il leur lance "Faudra vous y faire!".
Le soir, rue du Baillage, il retrouve un mec qui lui rappelle qu'ils ont couché ensemble la semaine dernière, mais dont il a oublié à la fois le nom et l'existence. Il le laisse et tombe sur l'étudiant, petit et musclé, qui l'avait dragué en voiture rouge il y a quelques mois. Il a le tort de le faire monter chez lui. Ne lui trouvant rien de fascinant, il le met dehors sans lui laisser le temps de se déshabiller.
22 et 23.
Week-end au Havre. Ecoute d'opéras : "Les Huguenots" et "La Forza del Destino".
Lundi 24.
Depuis qu'il a vu Peter chez Germaine (pourquoi ce soudain intérêt pour les bars homos?) Marcel se méfie de lui. Au bureau, il l'évite le plus possible et se réfugie le plus souvent chez Léontine.
Semaine d'ennui. Il va une ou deux fois chez Germaine, il n'aime pas les têtes qu'il y retrouve. Il ne s'y amuse pas et il ne s'y sent pas à son aise. Les problèmes de coeur de Germaine (avec Corinne) et de Rolande (avec Jean-Pierre) l'emmerdent.
Rue du Baillage, calme plat jusqu'au vendredi soir (le 28) où il se fait suivre par un homme qu'il ne reconnaît pas tout d'abord (lui non plus d'ailleurs) et qui se trouve être Gérard. Il le fait monter chez lui mais, comme avec l'étudiant musclé, il reste de marbre.
Ouf, enfin, c'est bientôt les vacances en Italie avec Claudine!
Lundi 3 mai.
Difficile, pour Marcel, après un week-end aussi long et aussi mouvementé, de se retrouver au bureau.
Café au Donjon. Il fait beau et frais. Il y a beaucoup de gens bronzés. A 13h30, de retour au bureau, violente prise de bec avec Rolande, qui recommence à avoir ses nerfs.
Il rentre chez lui, à 18h. Quel bordel dans sa chambre! Il redescend retrouver Rolande, à 19h45, à la Maison des Jeunes. Après avoir mangé ils vont chez Germaine, où c'est le calme plat. Michou, Jean-Pierre, Jean-Paul qui lui paye un pot. Il n'a qu'une hâte : partir, pour voir si son homme est là. Après la fréquentation de toutes ces tapettes, il a envie de David. Il raccompagne Rolande et, à 22h15, alors qu'un gros type le baratine, il voit David arriver. Il court le rejoindre et ils filent à Canteleu. Difficile pour lui d'expliquer ce qui se passe. L'étreinte de David, avant même de faire l'amour, aura été la plus longue, la plus forte de toutes celles qu'il lui a déjà données. Marcel s'accroche à ses épaules, à ses bras, et il a la sensation de revivre. Il retrouve l'homme qu'il aime. Et David, si prudent au début, n'hésite pas ce soir à laisser sa voiture sur le sentier et à faire l'amour les fesses à l'air, la portière ouverte. Charmant spectacle pour quelqu'un qui serait passé par là! Sa possession est intense, encore plus que d'habitude, et ils restent longtemps enlacés, comme s'ils ne voulaient plus se séparer.
Marcel rentre, à 23h30.
Jeudi 6.
Son oeil gauche recommence à lui faire mal. A 17h, il va chez le docteur, qui l'envoie à l'hôpital Charles Nicolle où on lui donne les premiers soins.
Vendredi 7.
Arrêt de travail. Il part pour Le Havre à 11h40, afin de se reposer et de se soigner.
Mercredi 12.
Prolongation de son arrêt de travail. Il enregistre de la musique et écoute la radio. Il apprend aux Italiens que "La Gioconda" avec Cerquetti va ressortir en série économique chez Decca.
Samedi 15.
Il va à Paris avec Claudine. Rolande devait venir avec eux, mais elle n'est pas à la gare. Ils font des courses. Chez Brummel, un débardeur et, aux Galeries Lafayette, deux jupes Cacharel pour Rolande. Le soir, ils vont chez Rolande lui porter les jupes. Ils passent la soirée chez Germaine, où il y a Peter (qu'est-ce qu'il fait là?) et peu de gens intéressants (pour ne pas dire pas du tout). Claudine est en forme. Tata Fanny recommence à vouloir flirter avec Marcel. Ils préfèrent s'en aller.
Dimanche 16.
Temps fade. Il lit Colette "Julie de C." qui, lui plaisant au début, finit par l'agacer par son style qu'il juge artificiel.
Le soir, ils vont voir si Germaine est ouverte, mais en pure perte. Place du Vieux Marché il entend crier son prénom. Il se retourne. Un type se tient à la porte du bar qui fait face aux tasses. "Qui est-ce?" - "C'est ton Jules" répond Claudine. Oui, mais lequel? C'est François (Tata Fanny). Entre deux verres, il leur raconte sa vie. Pas très reluisant.
Marcel raccompagne Claudine au train.
Lundi 17.
Retour au bureau, où il retrouve sa Léontine préférée. Rolande a la tête de travers. Elle est toute à son aventure avec Jean-Pierre et traite Marcel de con.
Mercredi 17.
Catastrophe au bureau lorsqu'il arrive en débardeur. Léontine et Babeth trouvent ça affreux. Vexé, il leur lance "Faudra vous y faire!".
Le soir, rue du Baillage, il retrouve un mec qui lui rappelle qu'ils ont couché ensemble la semaine dernière, mais dont il a oublié à la fois le nom et l'existence. Il le laisse et tombe sur l'étudiant, petit et musclé, qui l'avait dragué en voiture rouge il y a quelques mois. Il a le tort de le faire monter chez lui. Ne lui trouvant rien de fascinant, il le met dehors sans lui laisser le temps de se déshabiller.
22 et 23.
Week-end au Havre. Ecoute d'opéras : "Les Huguenots" et "La Forza del Destino".
Lundi 24.
Depuis qu'il a vu Peter chez Germaine (pourquoi ce soudain intérêt pour les bars homos?) Marcel se méfie de lui. Au bureau, il l'évite le plus possible et se réfugie le plus souvent chez Léontine.
Semaine d'ennui. Il va une ou deux fois chez Germaine, il n'aime pas les têtes qu'il y retrouve. Il ne s'y amuse pas et il ne s'y sent pas à son aise. Les problèmes de coeur de Germaine (avec Corinne) et de Rolande (avec Jean-Pierre) l'emmerdent.
Rue du Baillage, calme plat jusqu'au vendredi soir (le 28) où il se fait suivre par un homme qu'il ne reconnaît pas tout d'abord (lui non plus d'ailleurs) et qui se trouve être Gérard. Il le fait monter chez lui mais, comme avec l'étudiant musclé, il reste de marbre.
Ouf, enfin, c'est bientôt les vacances en Italie avec Claudine!
Inscription à :
Articles (Atom)