dimanche 18 octobre 2009

Le chef d'oeuvre d'un peintre

HUNGER est un triptyque, à la manière de Brugel ou de Francis Bacon :
1°) les corps frappés
2°) le dialogue de sourds
3°) la décomposition métaphysique.
Steve Mc Queen, le réalisateur, s'approprie la prison où croupit Bobby Sands, pour en faire son musée personnel. Rien ne lui échappe dans cet enfermement : ni les murs des cellules tachés de merde, ni les longs couloirs aux reflets métalliques, ni les coups de matraques, ni l'engencement des lumières, tout est millimétré à la mesure de son message : fasciner le spectateur plutôt que de l'instruire.
Parce que, pour ce qui est de la lutte qui oppose les prisonniers à l'inébranlable entêtement de Mme Thatcher, on ne saura que des bribes, des bouts de messages au sujet de la révolte, ou encore ce jeu de ping-pong verbal entre Bobby et le prêtre, dans la seconde partie du triptyque, qui n'est qu'une espèce de pause, un entracte entre les deux actes du drame.
La brutalité est calibrée, les déjections sont à la limite de l'abstraction -à tel point que lorsque l'on voit ces hommes presque nus avachis dans leurs cellules aux murs marron, on se demande s'il s'agit vraiment de la merde, jusqu'à ce que les nettoyeurs arrivent avec leurs masques et leurs lances pour effectuer l'assainissement des lieux.
Dans la troisième partie, quand la résolution (grève de la faim) est prise, annoncée, assumée, les couleurs s'éclaircissent. Le corps nu de Bobby est devenu un terrain de souffrance muette, avec ses plaies doucement ouvertes que le médecin couvre lentement d'une crème qui se voudrait apaisante, alors que l'esprit de Bobby s'échappe, s'envole vers un extérieur quasiment idyllique où l'enfance, la nature et le ciel se confondent :
la cause est entendue, le martyre ne sera pas inutile.
PS. Pour ceux qui ne connaissent pas vraiment ce qui se passa en cette année 1981, dans cette prison de Maze, mieux vaut se renseigner sur Internet avant de visionner ce film.

jeudi 20 août 2009

La (petite) vie de Marcel -69

Marcel termine l'année en beauté.
Lundi 12 novembre.
Claudine est allée à Londres le week-end dernier. Elle a vu Noureev dans "La belle au bois dormant" ("Il ne se cassait pas le cul" a-t-elle commenté) et elle a pris des places pour "Don Giovanni" et "La Forza del Destino" (14 et 15 décembre). Aujourd'hui, elle doit être à Paris pour la location de "Caterina Cornaro" avec La Caballé. Elle n'arrête pas, la chérie.
Hier, dimanche, ils ont reçu les trois Grâces : Bernard, Joel et Philippe. Ils voulaient aller voir Régine, à Criquetot, mais ils avaient oublié que c'était le 11 novembre et ils sont tombés sur un os : c'était fermé. Ils sont rentrés et ils ont bouffé comme des goinfres jusqu'à 20h30. Les deux jeunes picolaient et jactaient à qui mieux-mieux. Bernard y a été de sa petite histoire et leur a raconté le jour où il a annoncé à sa famille qu'il couchait avec des hommes. Son père s'est mis à chialer, son frère lui a dit : "J'aime mieux ça que si tu te droguais". Et puis un mec, qui avait été élevé avec lui, comme son frère en quelque sorte, bien foutu et tout, mais "pas du tout comme ça", un jour que Bernard était seul, plus tard évidemment, l'avait ramené, déshabillé, etc. Bernard était trop schlass pour se rendre compte de ce qui s'était passé exactement, mais il se souvient que le mec était à poil avec lui dans le plumard. Après, le mec s'est marié et a continué de fréquenter les filles. Il avait voulu avoir sa "petite émotion" avant de retrouver "le droit chemin".
Reçu lettre de Michel-Daniel, le petit militaire adoré. Marcel lui a répondu illico-presto-andiamo.
Lundi 26.
Hier soir, salle Pleyel, La Caballé était telle que sa légende l'a faite : sublime. Dès son premier grand air, la salle entière retenait son souffle, alors que la diva déployait le sien -presque sans limite. Ensuite, en coulisse, elle souriait, affable, signant les autographes avec une patience incroyable -tout le contraire de La Callas.
Le week-end précédent, ils l'avaient passé en partie chez CriCri, au "Bienvenue". "Pas mal, à condition de ne pas y être fourré tous les jours" avait commenté Claudine. Mais CriCri est plus cool que Germaine, plus féminine, plus mielleuse aussi et super-commerciale à sa façon. Elle préside, avec ses chiens, son chat blanc, et lance, de temps en temps, son fameux "Ah, la chaleur!" qui est repris en choeur par toutes les folles de l'établissement (surtout si un marin ou un docker vient s'égarer au comptoir).
Lundi 17 décembre.
Le temps passe vite, très vite.
Voyage à Londres, la semaine dernière. Covent Garden. Le public anglais est beaucoup moins bruyant que celui de Paris. Très belle prestation de Sherrill Milnes dans "La Forza del Destino". Beauté physique, prestance, et aigu magnifique. Acheté quelques disques chez Templar. Londres est une ville propre, avec de grandes places et de fort beaux jardins.
Reçu une nouvelle lettre de Michel-Daniel, maintenant à Paris, et un coup de fil de lui. Marcel était content.
Bilan de fin d'année.
Un garçon de 19 ans est décédé au mois de novembre. Claudine et Marcel le connaissaient peu. Il s'appelait P. et il est mort au volant de sa voiture, écrasé par un poids lourd au Havre. Bernard a prétendu qu'il avait trouvé là l'occasion de résoudre ses problèmes, et qu'il aurait volontairement jeté sa bagnole sous le camion. Depuis un mois seulement il fréquentait leur appartement et les accompagnait quelquefois le soir quand ils sortaient. La semaine d'avant sa mort, il les avait emmené prendre un pot à "La Marine" à Tancarville (où il avait travaillé). C'était un garçon de grandeur moyenne, très mince et très nerveux. Il parlait beaucoup, s'agitait énormément, et paraissait débordé, incapable peut-être de se contrôler.
Lundi 31 décembre.
Le midi, ils étaient invités par Bernard-Joel dans l'appartement que leur a prêté un ami à eux (un rugbyman). Joel faisait la gueule et Philippe (qui faisait la cuisine) avait plutôt envie de faire l'andouille que de faire à bouffer. Après le déjeuner, ils ont pris le café chez CriCri, au Bienvenue, et ils se sont séparés. Claudine et Marcel sont rentrés pour regarder La Traviata à la télé. Marcel s'est brusquement mis à chialer à la fin du second acte, lorsqu'Alfredo jette une bourse aux pieds de Violetta, alors ils sont sortis prendre l'air, et ils ont ramené Yvon, un étudiant de Rouen, venu au Havre pour souhaiter la bonne année à ses parents. Ils ont bavardé et écouté des disques jusqu'à minuit, heure à laquelle ils se sont séparés. La Traviata était terminée, Marcel ne pleurait plus et ils étaient heureux.

lundi 17 août 2009

La (petite) vie de Marcel -68

Marcel va beaucoup au spectacle.
Lundi 1er octobre.
Claudine est allée voir La Traviata de Béjart, poussée par l'enthousiasme de Marcel, et Les Noces de Figaro, à l'Opéra. Les deux spectacles lui ont plu.
Ils ont vu, au cinéma, le dernier Bergman "Cris et chuchotements". Durant tout le film, la salle n'a pas cessé de ricaner. La majorité des spectateurs était composée de jeunes.
Claudine a beaucoup apprécié le jeu d'Ingrid Thulin, qu'elle avait déjà aimée dans "Le Silence" et "Les Damnés".
Mardi 2.
Marcel a rdv avec Jean-Pierre (la Grèce et l'Angleterre...). Ils se voient peu souvent et c'est tout aussi bien. Par contre il voit M.C. de l'Auberge, à peu près une fois par semaine depuis un mois, mais les exigences du bonhomme deviennent insupportables. Après la main nue, il manie la ceinture et parle déjà du fouet. Question "culture" il ne sait pas ce que c'est que La Traviata (il dit "La Bacarat") et il prononce Salomé comme "Slalome". Comme quoi le fric et l'art ne font pas toujours bon ménage.
Lundi 15 octobre.
Claudine dit : "Heureusement que la musique ne nous a jamais déçus".
Ils ont passé le week-end à Paris. "Des bâtons dans les roues" mentionnait l'horoscope de Marcel. Il n'a pas voulu y croire, samedi matin en partant, et puis il a bien fallu qu'il s'incline. Le film "underground" du Studio Christine était un monument d'ennui ("Dyn-amo") deux heures de connerie imbuvable. Et puis le soir ils rencontrent des voyous de Rouen qu'ils renvoient chier sans ménagement. La soirée est définitivement gâchée par une Fagoterie fermée et un Flore dégueulasse où les tasses du 1er étage subissent le va-et-vient ininterrompu de mecs à la recherche de clients éventuels.
Mais ils sont surtout allés à Paris pour écouter le Requiem de Verdi. Après la version de Karajan, à Rouen, et celle de Schippers, à Venise, ils voulaient voir Giulini à l'oeuvre. Orchestre de Paris, choeurs du New Philharmonia, et quatuor irréprochable : Bergonzi, Scotto, Cossotto, Arié. Superbe ambiance et triomphe final.
Mardi 16.
Marcel a terminé "La Mort du Paysage". Il est content.
Lundi 22.
Dans le film de Billy Wilder (Avanti), le personnage joué par Jack Lemmon est assez étonnant : chauvin et xénophobe, égoïste et grossier, odieux et vulgaire.
Reçu "Ovide" le bel album photographique de Cadinot.
Rêve érotique dimanche matin, vers 6h. Après de longues péripéties, toujours riches en couleurs, Marcel se rend dans une maison porter quelque chose (une valise). Un jeune homme en costume le guide à travers les couloirs. Il est un peu guindé (blond) mais ne rechigne pas à lui laisser passer sa main le long du pantalon. Ils entrent dans une pièce où ils surprennent un grand type genre italien, occupé à se branler, accroupi. Marcel ne demande qu'à l'aider et lui propose de faire l'amour avec lui. Mais le garçon blond-guindé le devance et se déshabille avant lui, et les voilà tous les deux qui se roulent par terre l'un sur l'autre, laissant Marcel en plan qui se contente de les regarder.
Lundi 29.
Vous connaissez Germaine? Oui, bien sûr, vous la connaissez! Elle tenait un petit bistrot dans une rue dont les extrémités donnaient, l'une sur la rue des Bons Enfants, l'autre sur la place du Vieux-Marché. Tant que le café ne lui appartenait pas (il était à son mari) elle fit recette. Elle avait l'art et la manière d'attirer tout le monde. Alors que les clubs privés recrutent souvent la même catégorie de personnes, elle savait réunir entre ses murs un éventail de personnalités marquantes qui faisait de son bar un lieu unique. Ici, les homos cotoyaient les couples hétéros, et les lesbiennes fréquentaient les travailleurs et les femmes en quête d'aventures. Michou, Peter, Rolande y sont passés, et tout le monde s'y sentait à l'aise. C'était merveilleux, sans discrémination. Marcel se souvenait de son étonnement, la première fois, lorsqu'un fort bel homme, à côté de lui, se faisait traiter d'enculé par un habitué et qu'il lui répondit simplement : "Mais oui, de temps en temps". Et Germaine régnait sur tout son monde avec humour, amour, sensibilité et quelques coups de gueule, histoire d'asseoir son autorité. Et puis elle acheta le commerce.... Et maintenant sa boite est plus souvent fermée qu'ouverte..
Mais si vous connaissez Germaine, vous ne connaissez peut-être pas Régine. Elle tient un bar-restaurant, perché sur une place, à Criquetot. Ils y sont allés dimanche, tous les 5 : Bernard, Joel, Philippe, Claudine et Marcel. Misère, qu'est-ce que c'était pourri! Et la Régine, quel engin! Un mari qui ne l'ouvre que pour se faire engueuler, une flopée de gosses, et des clients "very-exciting". Ils y ont bu de la bière et du Berger. Foutre! Marcel était complétement bourré en rentrant au Havre. Et puis les prix, incroyables! trois double-Berger : 5,10F. Ils ont dit : "Doit y avoir un truc!" mais ils n''ont pas pigé.. Ils ont même décidé d'aller y fêter Noël. Parce que la Régine, elle est vraiment démente. Elle attrape le briquet de Claudine : "Il a déjà été à Paris?". Claudine, étonnée : "Non" - "Ben ça y est, il y est parti!" et la Régine balance le briquet à travers la pièce. Quand ils sont entrés elle a gueulé : "Bonjour les Travestis!". Elle a même fait une partie de baby-foot avec Bernard : "Attends un peu, qu'elle lui a dit, tu vas t'en prendre plein le cul!". Quand elle trinque, elle donne un coup dans ton verre, elle dit : "Tchin" et puis elle donne un autre coup et elle ajoute "Toc". Elle a beau être de la campagne, elle a de l'esprit. En tout cas, ils se sont fendus la gueule toute l'après-midi.

dimanche 16 août 2009

La (petite) vie de Marcel -67

Marcel se demande s'il n'est pas déjà "vieux jeu".
Lundi 3 septembre.
A 17 ans Marcel n'était pas un ange, mais il ne faisait pas encore l'amour. Il se branlait, il rêvait, et ça s'arrêtait là. Rien de comparable avec les deux minets que Bernard leur radine vendredi soir. L'un, Joel, blond à force de se faire des shampoings au thé, l'autre, Philippe, un mélange étonnant de hardiesse et de naïveté. Pas encore de poils sur le menton, mais un appêtit féroce pour la vodka et pour les slows. Tous les deux ont 17 ans. Le samedi midi ils viennent manger, et Bernard emmène tout le monde à la campagne. Philippe, qui a sifflé allégrement vermouth, vin blanc, vin rouge, champagne et whisky, a le coup de pompe et s'étale momentanément par terre (une heure après, il sera de nouveau en forme) tandis que Bernard et Joel tirent leur coup dans le maïs ("Dommage qu'on n'ait pas emporté l'appareil photo" fait remarquer Claudine). Dans le sous-bois, Philippe crêpe les cheveux de Joel. Celui-ci raconte : "Une fois je me suis pointé à la maison, les cheveux tout crêpés. Mon père a failli avoir une attaque. Il m'a dit : "Maintenant, tu n'as plus qu'à aller montrer ton cul sur le cours". J'ai failli lui répondre : "Mais c'est fait, papa!".
Le dimanche soir, ils reviennent bouffer, sans Philippe, parti à Rouen. Bernard, qui est tenté d'ouvrir une boîte, en pleine campagne, fait preuve de son réalisme habituel en décrétant :
"Moi, je serai le patron, Claudine sera à la caisse, Philippe et Joel feront les entraîneuses, et Marcel sera là pour faire payer le champagne aux vieux pleins de fric".
Tout le monde bat des mains, ravi pour son bon sens.
Jeudi 6.
Bien entendu, pas de nouvelles du faux-flic. Par contre Marcel a eu un coup de fil de son petit militaire, Michel-Daniel, et une lettre de Jean-Pierre. Celui-ci était en Angleterre depuis le 1er août.
Sur la place du Vieux-Marché, il se fait draguer par un type d'une trentaine d'année, M.B., qui l'emmène à l'Auberge, ouverte depuis peu. Dans la nuit, les tables mises, dans ce vieux décor luxueux, ont un aspect presque irréel. M.B. le fait monter dans une chambre abandonnée : "Tu es vicieux!" lui dit-il en le jetant sur un vieux matelas, posé à même le sol. Et il ajoute, après s'être défoulé : "La prochaine fois, je te fesserai et je te baiserai après!".
Vendredi 7.
En arrivant au bureau, il raconte son aventure à Léontine et à Sylvie (les Poiré sont en vacances depuis le 3). Elles se marrent. Il leur dit : "Ce soir, je me couche de bonne heure, je suis crevé" mais, à 15h30, coup de téléphone de M.B. Il repose le téléphone, vaincu, et leur dit : "Eh bien non, mes chéries, je vais encore être obligé de me coucher à minuit!". "Il en re-veut!" commente Léontine.
Lundi 10.
Le faux-flic, le mythomane, continue ses bourdes. Samedi soir, à Franklin, il prétend ne pas avoir reçu la deuxième lettre que Marcel lui a envoyée. Puis il lui dit : "C'est vrai que ton coiffeur ne t'a pas loupé!" en constatant combien ses cheveux sont courts. Or, c'était justement dans sa deuxième lettre qu'il lui signalait : "Tu vas avoir une surprise : je me suis fait couper les cheveux très courts".
Le week-end fut plutôt calme dans l'ensemble. Le meilleur souvenir qu'il en a gardé c'est dimanche, en fin d'après-midi, alors qu'ils revenaient en voiture de la plage, tous les quatre (Bernard, Joel, Claudine et lui). Pour sortir du parking, ils passent devant une rangée de types (5 ou 6) qui, assis sur un petit mur, regardent défiler les bagnoles. Beaux mâles, souriants, sans arrogance, ils répondent au grand sourire que Marcel leur fait par des signes amicaux. Celà le met dans une telle forme que, une fois rentré à la maison, il ne peut s'empêcher de faire une démonstration de strip-tease qui laisse Bernard pantelant. Il s'écrie : "Si jamais j'ouvre une boîte, je t'engage!" et Joel le regarde, bouche-bée.
Il a revu M.B. à l'Auberge jeudi soir, qui lui a présenté sa femme, Annette, jeune, blonde et obèse. L'espace d'un instant, il s'est cru dans l'univers de James Hadley Chase, cotoyant le fric et le vice.
Samedi 22.
Il est allé voir "La Traviata" version Béjart. Seul, hélas, Claudine travaillant. C'était d'ailleurs elle qui s'était rendue à Paris pour lui chercher une place. Sans se soucier des critiques qui prétendaient que Béjart ne respectait pas Verdi, et que ses solistes n'étaient pas de vrais chanteurs d'opéra, Marcel a beaucoup aimé la mise en scène. Vivante, fourmillante d'inventions. Il ne les a pas toutes comprises, mais il ne devait pas être le seul. La fameuse scène de la réception chez Flora, où Violetta est l'enjeu des turpitudes bourgeoises de ses admirateurs, déchaina un enthousiasme indescriptible de la part du public. Derrière lui, une spectatrice se plaignait du prix des places (50F). L'homme qui l'accompagnait s'est alors écrié : "Cher? Pas si cher que ça! Cet après-midi, tu as bien dépensé pour plus de 50F de conneries!".
Lundi 24.
Tandis que Claudine, qui devait être à Londres, est restée bloquée à Dieppe, Marcel téléphone à Jean-François de Caen, pour avoir de ses nouvelles. Intuition ou coup de pot? Ce qu'il attendait est arrivé : il s'est séparé de Denis. Prudemment, il lui demande : "As-tu un nouvel ami?". Non, il n'en a pas. Et il l'invite à venir un week-end. Le téléphone reposé, Marcel sourit. Il ne retournera peut-être pas à Caen, mais il est content tout de même.

jeudi 13 août 2009

La (petite) vie de Marcel -66

Marcel fête ses 29 ans.
Lundi 6 août.
Claudine, le 24 juillet, était à Londres pour voir la Carmen ironique et sinueuse de Shirley Verrett : "Des décors de patronage, mais un superbe quintette". Marcel, de son côté, s'aperçoit qu'il plait de plus en plus aux minets! Mais il est vrai qu'il va avoir 29 ans dans deux jours, alors, évidemment, il n'est plus un minet lui-même.. Ce soir, il y en a deux qui lui courent après (littéralement!). Un maigre, avec pantalon blanc, pas très beau, qui le suit pas à pas. . A un tournant débouche une voiture rouge conduite par un jeune mec qu'il avait déjà vu sur la place la semaine dernière. Le mec le regarde et refait le tour, essaye de le rattraper en haut de la rue, mais Marcel va plus vite que lui, il redouble et le rattrape au carrefour. Il le fait monter, ils bavardent et Marcel lui donne rencart pour jeudi prochain, le 16. Il s'appelle Jean-Marie.
Vendredi 10.
L'intermède Jean-Marie suit son cours. Ils se sont revus ce soir et Jean-Marie l'a emmené chez lui, à Oissel. Sa famille a l'air sympa, pas bégueule pour deux sous. Lui est bien foutu, mais il est vraiment trop jeune. Par contre, il a un excellent bourbon. Ils ont flirté sans faire l'amour, histoire de s'étirer les flûtes.
Jeudi 16.
La ronde continue.
Marcel est au Havre pour quatre jours. Mais avant, samedi 11, il va faire une tour à Paris avec Claudine. Il fait beau, très beau. Aux Tuileries, à 14h, ils s'installent sur une chaise, à l'ombre, pour causer gentiment. Un type passe, jeune, en pull jaune très collant sur ses épaules et ses pectoraux. Il a un regard très pénétrant.
A 15h les deux tourtereaux se lèvent de leur chaise, prêts à repartir pour Saint-Lazare, et voilà que se radine Michel-Daniel. Jusque-là, ils ne l'avaient vu qu'en militaire, et ils le retrouvent en civil. Quel choc! Petit polo bleu sans manche, pantalon blanc. Ils comprennent pourquoi ça le faisait tant chier de porter des habits militaires! Il sourit, gentiment, devant leur regard admiratif.Ils vont prendre un pot près de la Madeleine. Marcel ne veut pas trop lui faire de compliments, il serait trop content, mais il se rend bien compte que tout le monde le suit des yeux. Ils se rincent la dalle et se promettent de s'envoyer quelques mots doux en attendant de se revoir.
Retour au Havre. Lundi soir, Bernard vient les chercher pour aller faire un tour. Il les emmène à la plage, puis à Franklin. Là, une Ford est arrêtée. Bernard dit : "Je l'ai vu l'autre soir. Il est pas mal. Il me plairait assez". "Et moi donc!" pense Marcel qui, pour se faire remarquer, s'assoit sur le capot de la chiotte à Bernard. Il ne sait pas si ça plaît à la Ford, mais en tout cas elle se barre illico. Le lendemain soir, il sort avec Claudine, à pied cette fois. La Ford est là. Marcel vient de boire un punch qu'il a préparé lui-même -c'est dire si il carbure! Il passe tout près de la voiture. Le mec lui dit de monter. Ils causent, Claudine attend, patiemment. Marcel invite l'homme à venir les rejoindre, at home, mercredi. Il est d'accord. Ce jour-là, il passe l'après-midi avec eux, et lorsqu'il leur annonce qu'il est flic, Marcel s'enthousiasme : "Mon premier flic!" et Claudine ouvre une bouteille de champagne pour fêter l'événement. Pendant qu'elle va chercher la bouteille, Marcel susurre au flic de revenir le voir samedi, quand elle sera partie travailler.
Lundi 20.
Le flic n'était pas un vrai flic! Dommage. Mais il a bien passé un examen pour être flic. Et il a réussi. Mais ses parents ne veulent pas qu'il soit flic. Et comme il ne veut pas se brouiller avec ses parents, il hésite. Pourquoi ne veut-il pas, soi-disant, se brouiller avec ses parents? Par intérêt, certainement. Sa tante lui a promis de lui acheter un studio au Havre. Sa tante? Possible, mais Marcel a des doutes. Et pourquoi au Havre puisqu'il travaille à Paris? Mais justement, il ne travaille pas à Paris, contrairement à ce qu'il avait dit. Il y a travaillé. Mais maintenant il vit au Havre.. Bon. Pourquoi tous ces mensonges? Parce qu'il se méfiait, au début, ce qui l'avait incité à raconter toutes ces salades. Mais qu'est-ce qu'il a de belles cuisses!
Samedi, donc, il s'est pointé à 14h, comme convenu. Décontracté. Marcel, avide d'être dans ses bras. Ce fut un charmant après-midi, vraiment. Il a prétendu ne pas vouloir faire l'amour, car il avait peur d'être dérangé, n'étant pas chez lui. Marcel l'a approuvé et, d'une main délicate, s'est assuré qu'il n'était pas insensible. L'homme n'a pas beaucoup hésité avant de réfuter ses arguments, d'ailleurs inconsidérés, et lui montrer qu'il avait plus d'appêtit que de frayeur. En partant, il lui a dit qu'il viendrait le chercher dimanche et qu'il l'emménerait chez ses parents, en vacances jusqu'à mercredi.
Dimanche, ça s'est gâté. Il s'est pointé, à pied. "J'ai laissé ma voiture à mon frère". "Et ta soeur?" a pensé Marcel, qui s'en foutait. Ils ont pris le bus pour monter à Bléville. Là, le mec lui sort : "Je ne sais pas si on va pouvoir entrer, j'ai laissé les clés aux voisins. Ils ne seront peut-être pas là". Marcel commence à fulminer (Faux-flic, fausse-voiture, fausses-clés) : "Tu savais pourtant que nous devions y aller aujourd'hui!" - "Mais non! Pourquoi dis-tu ça?" - "Mais putain! Tu me l'as dit hier après-midi!" - "Excuse-moi mais ça m'était complétement sorti de l'esprit!". "Il se fout de ma gueule!" pense Marcel. Une fois chez ses parents, après la comédie avec ses cons de voisins qui lui font des tas de manières (des "mon lapin" par-ci, des "mon chéri" par-là) mais qui reluquent à travers la porte pour voir qui-c'était-i- qu'il amène, il allume la télé et se tient à distance. Marcel est vexé, piqué au vif dans son amour-propre et son amour-tout court. "Je suis pas venu pour voir la télé!" qu'il fait en se jetant sur lui. L'autre assume. Au bout d'une demi-heure de combat genre interrogatoire musclé dans les locaux de la police, Monsieur le Flic-qui-se-la-pète, doit redescendre en ville pour retrouver son frère!
Un vrai gugusse, ce mec-là! Tandis que Marcel rentre à pied, il s'aperçoit que la rage qu'il éprouve était habilement prévue par son amant. "Remarquable, mon petit gars! Tu m'as fait languir, tu m'as raconté plein de conneries, tu as fabriqué tout un scénario pour te mettre en valeur et je suis tombé dedans à pieds joints".
De retour à Rouen, il lui envoie une lettre pleine de charme, où il vante les proportions idéales de son corps, sa musculature de maître-nageur, et autres bricoles pas négligeables dont il est "tombé amoureux". Après tout, pouquoi ne pas jouer le jeu, puisque le mec vaut le coup de se mettre en quatre!

mardi 11 août 2009

La (petite) vie de Marcel -65

Marcel se coupe la barbe.
Bonne semaine.
Lundi 25 juin.
Marcel sort avec J.P. (un nouveau). Balade en voiture, beaucoup causé. Chaste idylle.
Mardi 26.
Marcel sort avec Michel-Daniel. Café de la Poste. Ils causent (Michel-Daniel surtout). Il est marrant, très naïf, au demeurant très attachant. Ils fixent le fameux week-end au Havre pour le 28 juillet.
Mercredi 27.
Marcel sort avec deux coiffeurs. Ils vont au Milord. Il n'y avait pas mis les pieds depuis deux ans. Ambiance atroce. Ils ressortent vite au grand air.
Jeudi 28.
Coup de fil de J.P. Il attend Marcel, à 11h45, devant son bureau, l'emmène rive gauche où ils mangent (la Maison de Jeunes, rive droite, est fermée pour 3 mois). A 20h30 Marcel retrouve Michel-Daniel. Ils vont voir "L'Epouvantail". Si Gene Hackman est parfait, comme d'habitude, Al Pacino ne peut s'empêcher d'en faire trop vers la fin, comme d'habitude.
Vendredi 29.
A 18h, J.P. le conduit à la gare, où il prend son train pour Le Havre. Les photos de vacances sont arrivées. Un progrès par rapport à l'année passée : délaissement des monuments au profit des personnages. Beaucoup d'animation, de couleur, de vie.
Samedi 30.
Claudine reçoit une lettre d'un de ses minets, Serge, de Dijon. Elle lui envoie un télégramme pour lui annoncer son arrivée demain dimanche. Plage toute l'après-midi. Chaleur. Réhabilitation de Joan Sutherland à propos des Contes d'Hoffmann. C'est la première fois que tous les critiques réunis (même Goléa!) sont d'accord pour lui trouver du talent.
Dimanche 1er juillet.
De plus en plus chaud. Claudine part à 9h pour Dijon. Marcel va seul à la plage.
Lundi 2.
A 20h30 J.P. se pointe chez lui, bien décidé cette fois à faire l'amour. Trop tard, Marcel ne bande pas. J.P. se fout de lui : "Où c'est que t'as acheté ça? dit-il en lui tripotant la zézette. Au marché aux puces?". Finalement, à 23h30, ils arrivent à se mettre d'accord.
Mardi 3.
Claudine est à Rouen, à midi. "Qu'est-ce qui t'arrive? lui fait Marcel. Ton minet t'a foutue dehors?" - "Non, c'est moi qui suis partie. J'en avais marre" - "Sans blague?". Ils pouffent de rire. A 20h, ils retrouvent Michel-Daniel, au Café de la Poste. Il leur parle de ses aventures. Intarissable, le chéri. Après avoir raccompagnés Claudine à la gare, il dit à Marcel : "Elle ne fait pas ses 35 ans, ton amie!" (Claudine en a 45).
Les filles de l'Instruction Publique sont folles de lui depuis qu'il a la barbe. "Puisque c'est ça, il a dit, je vais la couper!". Tollé général. "Oh non! s'est exclamée Claudette, moi qui la trouve plus douce de jour en jour!". Elles veulent toutes toucher, elles tirent sur les poils. "Qu'est-ce que je vais devenir si les filles se mettent à me sauter dessus?" s'écrie-t-il. Rolande ne dit rien, elle, car ils ne se parlent plus depuis deux mois. Tout ça parce qu'il a soutenu Marie-Christine, une fille de l'Instruction Publique, qui avait traité Poiret de "petit trou du cul" et qui avait eu le courage d'aller le lui dire en face.
Lundi 16.
Voilà, c'est fait : il s'est coupé la barbe.
Claudine raconte :
"A l'école, il y avait un garçon qui s'appelait Brandala. On l'avait surnommé "Branle-la-moi".
Et puis :
"J'ai fait un rêve, dimanche matin. J'étais avec toi, bien entendu. On était à Londres et on faisait la queue devant le Covent Garden, qui était devenu un grand bistrot (Marcel : "Un bordel, quoi!") et puis tout d'un coup, je mets la main aux fesses du gars à côté de moi, croyant que c'était toi. "Oh, pardon!" je fais. Tu t'étais débiné en douce avec un grand type baraqué. Je vous retrouve tous les deux sur un banc et j'embrasse le type qui me dit "Merci!". Tu te débines de nouveau et je me lance à ta poursuite. Je te retiens par tes bretelles, mais comme elles sont élastiques, j'ai tes bretelles dans les mains, et toi tu es à 5 mètres. On réintégre la foule, devant le Covent Garden, et il n'y a plus que des garçons. L'un d'eux s'approche de moi et me dit : "Je suis sexuel" - "Moi aussi" je lui réponds".
Dimanche après-midi, au Havre, ils vont voir "Blow up" d'Antonioni. Marcel n'a rien compris. "Faudra que je le revoie" dit-il à Claudine. "C'est ça, répond-elle, quand tu ne te seras pas endormi au bout d'une demi-heure".
Dimanche 22.
Tous ses amants sont en vacances. J.P. est en Grèce (reçu très belle carte, hier). Michel, qui lui a téléphoné fin juin pour lui dire au-revoir, et Michel-Daniel qui est à Paris en ce moment (reçu une carte avant-hier). Quant à Claudine, il l'a expédiée ce soir à Londres pour qu'elle aille au Covent Garden (qui n'est plus un café ni un bordel!) voir Shirley Verrett dans "Carmen". Elle doit rentrer mercredi soir. J.C.V., propriétaire du "Vieux Colombier" lui téléphone pour qu'il aille le voir. Il y passe jeudi soir, avec un amant de passage. J.C.V. le drague mais Marcel rigole. Un parisien l'a accosté mardi dernier place du Vieux Marché, après avoir tourné derrière lui durant un bon quart d'heure. Le mec lui a lancé : "Vous allez me fuir encore longtemps?" ce qui l'a fait éclater de rire. Le pire (ou le meilleur) c'est qu'après s'être baladés en voiture, arrêtés, fait l'amour, le parisien s'endort sur le retour, la tête dans le volant, et qu'ils se paument à 60kms de Rouen...
Samedi, il va à Paris avec Claudine acheter des disques. Un choix très baroque allant de Fischer-Dieskau à Dionne Warwick.

dimanche 9 août 2009

La (petite) vie de Marcel -64

Marcel se laisse pousser la barbe.
Lundi 18 juin. Rouen.
Comme en décembre dernier, lors de son retour de vacances, une lettre l'attendait. Mais cette fois-ci, Marcel comptait sur elle. Michel-Daniel, son militaire, n'avait pas oublié leurs promesses.
Bien. Ceci dit, il est allé en vacances. Pas de quoi s'emballer. Deux semaines à Venise : une semaine de beau temps, une semaine de ciel couvert-vent et flotte. Après, ce fut Milan, Paris et Le Havre. Des bons souvenirs, il y en eut, certes : le restaurant de Paolino sur la plage, où l'on bouffait à deux pour 3.000 lires; le self-service à Padoue où ils se sont jetés sur la charcuterie avec des mines de goinfres; la librairie -toujours à Padoue- où ils ont acheté un splendide bouquin sur Michelangelo à 8.000 lires au lieu de 16.000; les photos de culs et de bites qu'ils prenaient en douce sur la plage de tous les beaux mâles (il y en eut!) qui passaient près d'eux; l'amant allemand de Marcel qui l'emmena dans sa cabine de plage pour le sidérer par la longueur (incroyable) de son membre viril; et la crise de rire qu'ils eurent, Claudine et lui, le soir-même au "Chat qui rit" lorsqu'il lui raconta cette aventure....
Mais il y eut aussi de vagues déceptions : sa rencontre sur la plage avec Martial, le Niçois avec lequel il entretint une longue correspondance il y a presque 10 ans, et qui ne le reconnut pas. Et puis, question spectacles : le seul opéra visible était le 30 juin, donc trop tard; plus de places pour le Casse-Noisette. Et encore : le temps pluvieux; les infects touristes français qui, au restaurant, ne trouvaient jamais rien de bon....
Claudine fut de bonne humeur durant toute la période des vacances. Elle eut la chance de rencontrer, dès les premiers jours, un jeune italien, Wilmer, avec qui elle sortit tous les soirs. Ils ne firent l'amour qu'une seule fois, avant de partir de Venise, et Claudine, sur la fin, en avait ras-le-bol, ce qui était assez drôle. Marcel, lui, n'eut pas d'amant italien, mais un merveilleux souvenir : le 11 ils étaient à Milan, le 12 à Paris -et là, en attendant Claudine partie chercher les valises, il rencontra gare Saint-Lazare un Grec, formidablement bien bâti, avec un regard bleu à vous faire dégringoler de votre piédestal. Ils prirent le même train, et l'homme vint s'installer dans leur compartiment. Quelques mots en anglais, des regards appuyés, Marcel (pas rasé, fatigué de sa nuit passée sans sommeil) se demandant ce qu'un aussi beau mec pouvait bien lui trouver... Au Havre, après quelques mots amicaux et une séparation douloureuse, ils retrouvèrent Sergio, le coiffeur, qui les amena aux Baladins le samedi soir, et Bernard, de retour après son escapade à Louviers, qui avait grossi de partout, ce qui lui allait fort bien.
Mardi 19.
Ah, la vache! Quel accueil au bureau, lorsque Marcel s'est radiné avec son collier de barbe et sa moustache! Léontine lui a dit : "Je ne t'embrasse plus!" et plus tard : "Ca fait mâle! Quelle déception quand on connaît le bonhomme!" Ce matin, il s'est pointé en douce derrière Marie-Jo, Léontine et Sylvie. Marie-Jo a cru en tomber à la renverse. "N'aie pas peur, lui a soufflé Léontine sans se retourner, surtout n'aie pas peur!" et après : "C'est pour faire plus viril!". Alors, Marie-Jo : "Oui, ça ne peut pas lui faire de mal!".
Les seules à le trouver bien, ce furent Sylvie et la Chef des infirmières. Et puis...
Hier soir, lundi, première sortie depuis son retour de vacances. Et quel succès, avec la barbe! Un coiffeur, ami de Sergio, veut l'emmener aux Baladins après lui avoir payé un pot au Robertys, mais Marcel n'a pas envie d'aller danser. Une voiture clinquante, contenant trois folles, s'arrête à ses pieds. Stoïque, il les laisse déconner jusqu'à ce que le conducteur lui offre enfin une cigarette ("Mais le Monsieur, là, il veut peut-être fumer?..."). Oui, le Monsieur veut bien fumer, mais il ne veut pas jouer un quatuor avec le trio des folles...
Mercredi 20.
Le petit cadeau qu'il voulait faire à Claudine le week-end prochain, ce sera pour plus tard : Michel-Daniel a trouvé un prétexte pour ne pas venir au Havre : l'anniversaire de mariage de ses cousins parisiens. "La prochaine fois, lui a dit Marcel hier soir, trouve autre chose, et ment un peu mieux". Le joli militaire a promis de faire tout son possible pour trouver une excuse valable.
Cinéma : "La grande bouffe" de Ferreri. Après le Bunuel, les repas bourgeois virent à l'indigestion.